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 Retour perdu, les pieds dans le vide [libre]

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Breïna Elatha
Breïna Elatha
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MessageRetour perdu, les pieds dans le vide [libre] EmptyLun 20 Aoû 2007 - 20:30

Voilà un retour inattendu...enfin pas si inattendu que cela en définitive. Breïna avait bien évidemment prévue de revenir quelque soit l'issue de la guerre qui eut lieu au sein de Elament et sa cité. Après tout, elle n'avait rien à craindre dans les deux cas car elle avait assuré avec neutralité ses arrières. Si les démons avaient eu le dessus, elle avait des relations haut placés, si c'était les élementalistes, elle avait quelques amis... de plus, la jeune femme ne pouvait être accusée d'aucune trahison étant donné qu'elle n'avait pas pris partie au combat... Oh non! Elle en avait trop connu autrefois pour y prendre par de nouveau. Trop de sang, et encore en ces temps sombres celui-ci avait coulé... Mais néanmoins, ce fut avec un pincement au coeur qu'elle s'en était retirée de la contrée... pour ses amis qui étaient resté, et pour tous les innocents qui allaient y perdre la vie. D'ailleurs, la fée était revenue sans savoir quoique se soit... Que s'était-il passé? Qui avait péri? Qui avait gagné? Elle n'avait eu simplement vent que tout c'était à peu près calmer... à peu près seulement car tout le monde le savait... les démons étaient toujours présent.

Enfin... Où était-elle partie à propos? Hahahaha! Cela resterait un mystère... Et oui, Breîna avait encore plein de secret en poche...d'ailleurs, elle en concervait toujours un au sein de son bras puisque le mal qui la rongeait déjà avant que la bataille n'éclate n'avait pu être ôté... Pfff... le monde démoniaque devait être sans dessus dessous... pas étonnant que la personne concernait ne pouvait tenir sa promesse et puis, Breïna savait pertinamment qu'il fallait se méfier des paroles de démons...

Voilà donc notre grande fée, toujours aussi impérieuse, nonchalante et provocatrice. Elle n'avait pas changé d'un pouce. Ses longs cheveux étaient toujours aussi noirs, ses yeux dorés pétillants et son sourire malicieux. Sa décandante démarche était toujours capable déchauffer quelques esprits... Sacré Breïna! Ses deux célèbres dagues pendaient toujours à son ceinturon, ses jupes étaient toujours faites de voilages translucides... la guerre n'avait fait que la survoler. Bien évidemment, elle portait son éternel gant à sa main gauche, celui qui cachait sa brûlure. La voilà qui avançait droit vers les falaises, lassives, soupirantes. Son regard se perdit quelques instants vers l'horizon océanique, respirant à plein poumons l'air marin.


" Mmmmm.... pourquoi j'appréhende mon retour chez moi...chez moi... pffff... cela sonne terriblement dans ma bouche... j'ai laissé derrière ce lieu... mais je me demande si elle est toujours en état dans ma chère rue de la rosée??... Hahahaha.... nous verrons bien..."

Mais alors qu'elle arborait un léger sourire sur son visage de porcelaine, celui-ci s'effaça lentement et son regard se ternit. Elle agita la tête et porta sa main gantée à son front.

" Je suis stupide.... qu'est-ce que j'espère, hein? Pffff... ma pauvre Breïna, tu es pathétique.... "

La jeune femme s'assit alors près du rebord, laissant ses jambes dans le vide. Elle sentait alors le poid de la gravité lui tirer les mollets, les rendant pesant. C'est alors que la demoiselle se pencha en arrière, tendant les bras, glonflant sa poitrine et respirant de nouveau l'air vivifiant qui venait lui fouetter le visage.

" Tout cela m'avait manqué... vraiment manqué...décidemment, je deviens fleur bleur... c'est mauvais signe..."

A ces paroles, la jeune femme se laissa tomber sur le sol, plaçant ses bras croisés derrière la tête. Ses cheveux d'ébène se mélèrent à la couleur ocre de la terre, se voyant balayer parfois par le vent léger et parfumé par la mer. Les yeux dorés de la fée se fixèrent alors sur la toile azur du ciel, observant les nuages qui voyageaient depuis certainement des kilomètres déjà.

" Mmmmm.... Elament.... es-tu donc à présent défiguré? Sans doute.... et je te redoute maintenant.... toi qui n'est que des bâtiments de pierre... pffff débile....ce n'est pas la ville que je crains, mais les rencontres que je pourrais y faire..."

La jeune femme se laissa alors emporter par ses pensées, imaginant le pire comme du meilleur... mais lorsque le doute est dans les esprits, il est toujours difficile de le mettre de côté... Mais Breïna était de retour...c'était ce qu'il comptait non?
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MessageRetour perdu, les pieds dans le vide [libre] EmptyMer 29 Aoû 2007 - 22:15

Aux hauteurs de ce monde, dominantes, fières, dressées, provocatrices. Au courant aérien qui balayait ces lieux sans même les observer, lassé, mais poli. Au flux aquatique qui s'aventurait contre les parois qui le blessait, puissamment, et avec élégance. A tous ces éléments ; on pouvait courber l'échine, leur montrer le haut de notre crâne, leur exprimer notre infinie admiration. Mais pas un être, parce qu'être est égoïste, n'utilisait son temps, Ô combien libre, à agir ainsi...

... En revanche, l'observation dans le propre humain est une nature, la curiosité un besoin, mais ne serait-il pas impossible qu'un ange soit affecté par ce genre de futilité ? Que motiva alors Edward Elëane, cette heure précise, à se diriger vers cet être qui, tranquillement, prenait l'air, face à l'infinité bleutée ? On l'appellera sans doute hasard. Quoi qu'il en fût, le Trône, dont la démarche signait par son élégance, et dont l'expression semblait figée à jamais dans la beauté, se porta jusqu'à sa future interlocutrice. Celle-ci observait patiemment l'océan céleste, et l'on pouvait douter qu'elle ait entendu l'Aqua arriver, puisque comme à l'habitude qui formait sa personne, il fit preuve d'une discrétion sans pareil. Ses pas s'enchaînaient à un rythme régulier, dans une fluidité propre aux anges, même s'il pouvait paraître peu aisé de deviner la véritable nature d'Edward. Les ailes n'ayant pas élu domicile dans son corps, la question sur son identité revenait souvent, dans les conversations à l'abri de son oreille.


« Crains-tu dont à ce point ton prochain ? »

Un souffle, un simple murmure, une agréable déformation du flux sonore, une perturbation mielleuse. Sans le moindre effort, Edward venait de réaliser une prouesse. Ses simples paroles, aux buts divers et variés, avaient dans la forme tant que par le font, quelque chose de particulier. L'intonation propre des mots avait composé une mélodie, qui, traversant le vent, alla s'arrêter doucement jusqu'à celle à qui elles étaient destinées. C'était à peine si on avait vu les lèvres de l'ange bouger, et pourtant, l'espace d'un instant elles s'étaient autorisées à danser, avant que la symphonie ne s'arrête. Et suivant ces dires, venait ce regard. Doré, doux et perçant, magnifique, et terrifiant.

Désormais, si le temps s'écoulait comme il se le devait, Edward se tenait au dessus de Breïna, dont le prénom ne pouvait que lui échapper. Il la regardait, sans vraiment y prendre attention, comme il aurait pu regarder n'importe qui, avec, néanmoins, ce petit détail en plus qui faisait qu'Edward était bien Edward. Le vent balayait ses cheveux mi-longs, il les repoussait de telle manière qu'il n'y ait plus que quelques mèches cuivrés sur son visage angélique. Sa peau blanche comme neige semblait presque fragile, comme un miroir prêt à se briser, et cette illusion ne faisait que renforcer l'attention de ceux qui osaient l'observer.
Et, comme si quelque chose l'avait soudainement attiré, le 'jeune' ange se fixa. Son regard se plongea dans celui de son interlocutrice, et si l'on pouvait penser qu'il analysait sa personne, l'acte ne demeurait -étrangement- pas gênant, presque au contraire. C'était bien là tout l'art d'Edward, sa faculté à mettre en valeur son être. L'une de ces longues mains fines se leva lentement, sans que cela soit péniblement, jusqu'à ses cheveux arrangés dans un désordre volontaire, afin de dégager les dernières mèches somnolant sur son front.
Ses habits, comme à l'habitude sombres et proche du corps, dévoilaient pleinement sa silhouette élancée, et l'on distinguait dans sa façon de se tenir une certaine noblesse. De là à conclure qu'Edward avait vu le jour dans la haute bourgeoisie était quelque peu proche de la caricature, mais ce n'était pas une option à écarter, bien au contraire.

La main encore libre de l'ange prit enfin la décision de se lever, mais de façon très légère cette fois. Ses doigts tendus vers l'océan, de très fines bulles s'échappèrent de la surface et escaladèrent la falaise avant de tourner à quelques millimètres de la paume d'Edward, dans un ballet aérien et aquatique, plus ou moins agréable, mais bien loin d'être impressionnant. De toute manière, l'être angélique ne comptait pas s'épuiser en exercice aujourd'hui, pas en présence d'une autre forme de vie « humaine ».

L'eau au pied des rochers s'écrasait dans un spectacle saisissant, polissant la pierre tout en s'y tuant, puis y revenant, dans un passage éphémère. Dire qu'Edward détestait ça...
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Breïna Elatha
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MessageRetour perdu, les pieds dans le vide [libre] EmptyJeu 30 Aoû 2007 - 20:17

La jeune femme était alors toujours allongée sur le sol, les yeux dans le vagues et l'esprit dans les vieux souvenirs. Tous les évènements lui paraissaient si sombres, si confus. Elle se torturait encore l'esprit pour savoir si elle avait fait le bon choix. Le bon choix.... quelle bien drôle d'idée qui effleurait toujours les esprits humains... le bon choix... c'était toujours celui là qui menait au doute, c'était toujours pareil...
Combien de fois la belle fée rebelle avait pris le mauvais chemin? Combien de fois s'était-elle trompée?

Et elle se le répétait sans cesse : "non... ce n'était pas une erreur de ma part... je n'ai pas salie mes mains de nouveau...". Breïna était toujours hantée par ses démons passées, par ses meurtres, par la guerre qu'elle avait déjà connu. A présent, les élémentalistes y avaient goûté aussi... voilà bien une chose qu'elle n'aurait jamais aimé leur souhaiter... mais voilà.

Finalement qu'importe. Oublions cela. De toute façon, elle ne pouvait faire qu'avec, d'autant plus que quelqu'un s'approchait, quelqu'un qu'elle navait pas entendu venir... Cela ne lui ressemblait pas du tout mais ses préoccupations avaient gagné sa raison et sa prudence.
Une douce voix la ramena à la réalité, dans un petit soubresaut. La jeune femme se redressa légéremment alors, se tournant, faisant voler sa chevelure d'ébène dont quelques brins d'herbes séchés avaient pris possession. Elle n'était que légèrement décollée du sol, appuyée sur ses coudes. Son regard d'or s'interloqua de cette soudaine visite et se mirent à dévisager l'innoportun.

Un ange...encore un... elle en voyait de plus en plus, ou en fréquentait. Devait-elle y voir une curieuse marque du destin? Les êtres ailés étaient réputés pour bien des choses, le mythe voulait qu'ils soient comme des messagers d'une mort annoncée. Néanmoins, elle constatait comme toujours la beauté de ces êtres, le visage plein de douceur et de tendresse, un regard inspirateur.

L'expression de la fée finit par par faire de même. Sa mine circonspète s'oublia dans ses traits parfaits. Ses lèvres carmins finirent également par donner une réponse.


" Oh.... je ne les crains pas... j'ai bien peur, que ma situation soit plus compliquée que les apparences ne le laissent présager..."

Breïna ne quitta des yeux le jeune homme qui se tenait en face d'elle, et il semblait en faire de même. Quel étrange rencontre...

C'est alors que le curieux individu lui offrit un spectacle de bulle assez intéressant qui la fit étrangement sourire. Un ange... un aqua.... décidément. Elle l'observait en silence, suivant le moindre de ses gestes comme pour les apprendre un à un, alors qu'en fond sonore, on entendait le fracassement des vagues sur les rochers de la falaise.

La voix suave de la jeune femme retentit de nouveau, brisant le bruit de la mer.


" Vous êtes un homme au don bien habile... je suis enchantée de voir que nous appartenons tout deux au monde aquatique...curieuse conïncidence car je ne crois nullement au destin... "

Le sourire de Breïna s'élargit en une plus large esquisse sur son visage de fée. C'est alors qu'avec politesse, elle lui tendit sa main pour une poignée. Il est vrai que le geste en paru plus viril que féminin, mais sa vie n'évait été en rien en proie au bonne manière et à la bonne éducation. Cependant, dans cette main tendue, il y résidait une grâce étrange que son énigmatique regard d'or ne semblait pas trahir.

" Permettez moi de me présenter. Breïna Elatha. Excusez ma surprise mais... je dois avouer que je n'attendais nulle compagnie. "

La fée ne le quitta du regard.
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MessageRetour perdu, les pieds dans le vide [libre] EmptyMar 4 Sep 2007 - 20:06

{ Désolé d'avoir mis tant de temps à répondre ^^' }

L'or rencontra la topaze, dans un doux choc. L'échange aurait pu être bref, voire violent, mais les regards s'emmêlèrent, et l'un dans l'autre ils créèrent une harmonie. La fée avait pris une position qui lui était plus adaptée pour observer l'ange, et elle dégagea son bras du sol pour l'offrir dans un mouvement qui ne laissait place à l'hésitation. Ses paroles avaient étiré un léger sourire sur le visage de notre protagoniste. Sans rien brusquer, celui-ci ferma sa main qui devint poing, renvoyant les quelques gouttes qui sommeillaient dans l'air timide, jusqu'au néant infini. Et s'il ne s'en rendit pas compte, tout en appliquant cette destruction, il lui échappa un soupir, bien que le mot sembla bien peu gracieux pour le geste qu'il désignait. Cet acte entraîna enchaînement, dont la conclusion se forma dans un battement de cils, et les yeux ne revirent plus le jour.

Cri, rage de bataille, sans espoir si ce n'est folie, se battre pour sa patrie, pour les siens ou son propre chef, il n'y avait de différence tant que le mot restait guerrier. Étrangement à ces instants, l'on frappe sans se préoccuper du retour, contre toute nature préventive constituant habituellement l'humain, même l'ange. Les lames transpercent, elles tuent, assassinent, envoient la poussière à la poussière. Mais le propre de la vie est dans sa destruction, elle s'y retrouve avant de revenir à son état commun. Tout ceux qui côtoyèrent le sol ce jour là, toutes ces existences qui perdirent leur lueur, toutes ces âmes qui ne reverraient plus jamais leur hôte, tout cela, à cause d'un propre membre de sa propre race. Vils traîtres qui devaient leur vie à la mort, et qui bientôt devraient leur mort à leur vie. Ces énormités angéliques ne méritaient pas le statut d'être, mais de créature, et de créature ils avaient aidé d'autres créatures, afin d'annihiler leur nation. Qu'ils disparaissent, tous autant qu'ils sont. Ils disparaîtront, avec autant de leurs anciens collègues, trop de ceux-là, trop de ceux qui ne le méritaient pas. La faille créa la guerre, la guerre créa les guerriers, les guerriers créèrent les morts, les morts causèrent la peine, la peine à son tour causa la mort, et cette mort devint la réalité de trop d'existences. Que pourrait-il bien arriver, Ô diable que se passerait-il si ces mémoires hantaient vos jours, vos nuits, vos rêves autant que vos pensées. Que pourriez vous faire, si d'une lame on vous transperçait le coeur, et tout en sentant la douleur, vous seriez simple spectateur ? Il y a là des forces qui nous dépassent, des forces que l'on fuit, ou que l'on tente d'affronter, car jamais gagner n'a été évoquer. Certains n'ont pu survivre à ce traitement, d'autres ont cherché l'antidote. Pauvre d'eux, ils n'ont fait que mourir dans leur éternelle quête. Et il y en a d'autres encore, ceux qui vivent, avec cela sur le dos, leur moral est d'acier, mais eux non plus, on aurait du mal à leur énoncer le récit de victoire, sans qu'ils ne puissent laisser dévaler tous ces sentiments, ces larmes, ces peines, ces cris. Ces vies, et ces morts.

Et ainsi, sa vision rouge du monde s'échappa, s'envola, comme un mauvais rêve, une pensée abstraite, ses paupières se soulevèrent, malgré l'effort nécessaire, et à nouveau il affronta son interlocutrice. Ses yeux avaient viré du bleu au violet, mais l'importance de cette différence semblait minime. L'on sentait surtout la haine s'évanouir, peu à peu, son regard reprenait du sens à cette vie. Sa main, qui, du bout de son bras levé, avait saisit le poignet de Breïna entre le pouce et l'index, s'était permis d'agir dans un automatisme de noblesse. L'ange toléra son acte, mais il en restait à la simple tolérance, pour ne pas se perdre dans des émotions qui n'étaient pas siennes. Ainsi, alors que ce ne demeurait pas le mouvement désiré, il approcha ses lèvres de la main de la fée, et les caressa d'un baiser. Face à une telle personne, cela était peut être osé, sans doute même, mais Edward n'avait plus rien à craindre dans la gêne, tant il se sentait prêt à céder.

Son visage se releva, presque trop lentement, nuisant ainsi à son reflet de perfection, et à nouveau ses yeux se plongèrent dans ceux de l'être qui lui faisait face. Les flots aux bas de la scène se déchaînaient, comme autant de rage déversé dans un espoir de s'épuiser un jour. Et si notre protagoniste haïssait cela, il s'y savait semblable, en tout point semblable. Peut être était-ce la raison de cette haine. L'eau se voyait en lui, et il se voyait dans l'eau, au moins aussi imprévisible qu'elle ne se le montrait. Cela était effrayant, voire déprimant, même énervant. Mais l'ange savait ne rien pouvoir y faire, du moins pour l'instant, il ne se sentait pas capable de se battre sur deux fronts, et si les fantômes du passé taquinaient déjà son esprit torturé, ceux du présent ne pouvaient en faire autant. Ils ne pouvaient tricher de cette façon. Pourtant le coup l'atteint au creux du ventre, remontant jusqu'à sa gorge, en s'arrêtant une seconde sur son coeur. Un coup que personne ne pouvait ne serait-ce que voir, tant il résidait dans ses entrailles. Il le tuait de l'intérieur. Mais pas un instant, l'être angélique ne tressaillit, pas devant quelqu'un. Et s'échapper de cette situation semblant difficile, il resta donc impassible. Son esprit se tourna vers le ciel, alors que ses yeux tentaient de viser éternellement la fée. Sa tentative semblait vouer à l'échec, mais ça ne l'empêcha pas d'essayer de penser à autre chose. De quitter ces souvenirs de vengeance cachée, ces souvenirs qui n'étaient même pas siens. Il les possédait pour une quelconque raison, qui ne l'intéressait que trop, tout en sachant que la réponse ne pourrait lui être donnée.

Edward sentit sa main gauche, celle qui demeurait libre, se fermer, s'ouvrir, puis à nouveau ses doigts se délier, et ses ongles s'enfoncer dans sa peau. Son coeur battait si vite qu'on semblait l'entendre, le sang bouillonnait dans ses veines et la raison de cet affolement était simple. Il rageait tellement que se contenir devenait difficile. La similitude de cette soif se comparait à celle des vampires, si ce n'est que pour l'un c'était un besoin physique, dans ce cas présent, il serait difficile de l'assimiler à une quelconque atteinte au corps d'un être. Mais les lèvres de l'ange faillirent s'éloigner, dans un cri aussi libérateur que dément, un cri de douleur, un cri de rage, un cri de haine, un cri tant empli de vie, qu'il désignait la mort. Il la pointerait du doigt comme l'on pointe une étoile, sans jamais l'atteindre. Et l'être, preuve de l'existence de sa volonté, résista, toujours, encore, contre son besoin. Jamais il ne devait montrer sa folie intérieur devant une autre personne que la sienne...

Malgré tout cela, l'ange réussit à se contenir, l'espace de quelques minutes, d'un faux répit, simulé par un esprit presque inutile à ce stade de la maladie. Des lettres s'échappèrent de sa bouche pour former des mots, jusqu'à donner sens à une phrase. La voix n'était plus mielleuse, et au grand étonnement de l'hôte de ses sons, bien que rien en ce monde ne pouvait plus l'atteindre, si ce n'est la violence de sa douleur, elle demeura glaciale. Pas méprisante, juste dénuée d'émotions, tout le talent de l'artiste s'envola. L'être réel, celui qui vivait sous ce masque parla.


« Edward Elëane, ravi de vous rencontrer. »

Certes, prononcées sur un tel ton, ses paroles semblaient perdre leur véritable but, en fait, elle semblait ne plus avoir de réel sens, comme elles auraient du en avoir...


« Puis-je vous demander... d'ignorer ce qui va suivre ? »

Une fois de plus, le sens de ces mots échappaient, leur expression même semblait folle. Et pour les comprendre, il fallut justement suivre ce qui venait. Prenant un appui plus que tangent, Edward s'élança dans le vide. Un saut de l'ange, dans toute sa splendeur, et dans le dernier stade de son risque. Une fois de plus, comme la dernière fois, l'être avait agit bêtement, il s'écraserait sur les flots comme les flots sur les rochers. Quelle folie s'était emparée de son corps ? Il ne devait pas faire cela devant autre personne que lui, ne jamais révéler cela...

Sa bêtise résonna dans sa tête, avec autant de vigueur que les voix qui le torturaient.

La fée avait tout le loisir d'assister au spectacle, et Edward n'avait pas pensé à cela. Il n'avait pensé à rien. A rien. Crétin qu'il était...
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Breïna Elatha
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MessageRetour perdu, les pieds dans le vide [libre] EmptyVen 7 Sep 2007 - 12:06

[Ce n'est vraiment pas grave!! Je suis patiente!! ^^]

Etrange rencontre que celle-ci. Peu de mot s'échangeait mais tout passait par le regard, une autre forme de communication. Cependant, il n'y avait nul malaise pour notre énigmatique fée, peut-être sans doute était-elle habituée à ce genre de confrontation...
Les deux jeunes gens ne se quittaient des yeux, comme si ils échangeaient des pensées dont le chemin de l'information passait par leur iris. Deux couleurs différentes et pourtant attractives. Etrange contact, serein, las et pourtant commun, comme si un lien se tressait.

La jeune femme dont les cheveux longs et ébènes virevoltait au grès de la brise marine observa longuement le comportement de son interlocuteur, presque muet. Mais elle ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire au coin de ses lèvres carmins. Ses pensées n'eurent qu'une seule conclusion.


* En voilà un autre qui cache bien des secrets... n'ouvrons pas la boîte de pandorre... pas encore... *

Les gestes de l'ange étaient lents, graciles, surnaturels. Peut-être étais-ce simplement l'imagination de notre désinvolte demoiselle qui avouait sans détour avoir une certaine fascination pour les êtres ailés, elle qui avait toujours souffert du mal de l'air.

Lui était là, les paupières lourdes et fermées. Sans doute se remémorrait-il des choses dont la fée ne pouvait avoir conscience, ou peut-être pas... Soupirant, le poing fermé... elle connaissait ses signes... celui d'une rage contenue. Elle ne connaissait que trop bien cette sensation, ce qui lui avait valu la malédiction des furies, cette marque noire qui apparassait au creux de son bras lorsqu'elle ne pouvait contrôler sa colère, et qui s'étendait de façon proportionnelle à sa haine sous formes d'étranges arabesques ayant des allures de tatouages mouvants.... avant de disparaître et de laisser sa peau pâle naturelle reprendre le dessus.

Oh... ce mal.... elle ne s'en était pas encore libérée... ceci était encore en négociations avec un démon, démon disparu de la circulation qui plus est. Mais il était le seul ayant la sagesse nécessaire pour extraire cette malédiction de son âme, ou du moins le seul qui vueille bien accepter de le faire. Mais tout avait son prix... Affronter le mal par le mal. Son unique chance. C'était ce que son voyage lui avait appris pendant que la guerre éclatait ici bas, dans cette région... Il n'y avait pas que la guerre elle-même qu'elle avait fui, et les fantômes du passé... mais aussi ce qu'elle était capable de faire. Si la furie qui sommeillait en elle s'était réveillée par l'appel de l'épée brandie et de la vengeance, elle n'aurait fait aucune différence entre son camp et celui de son adversaire... triste réalité que celui du non contrôle de soi...

Ce fut à cet instant, à ce navrant rappel de ce qu'était sa vie, que son compagnon ailé revint dans le monde vivant, ouvrant les yeux tel un nouveau né, péniblement, avec un regard nouveau.
Beïna prit alors la peine de se présenter, tendant une main frêle vers son camarade, une main découverte. L'autre se tenait toujours comme une épée dans son fourreau, dans son éternel gant de cuir. Elle évitait toujours de serrer la main avec cette grande blessée ou de l'exiber d'une queconque façon.
Etonnamment, elle eut droit au baise-main, geste des grands gentlemen. Breïna eut un vague sourcillement, puis un sourire.

Une nouvelle confrontation, un nouveau regard étrange et pénétrant. l'ange et la fée se faisait face comme des adversaires d'escrime.
Mais une curieuse sensation vibrait alors en elle, celui de la colère, de la heaine de la rage... elle la sentait irriter sa peau, elle la sentait dans l'air, si palpable, si matérielle pourtant elle n'était pas sienne, elle appartenait à l'ange qui se tenait impassible, sous ses allures de démoiseau bienveillant. Ce mal n'était pas dirigé contre elle, si cela avait été le cas, ils ne joueraient pas tout deux avec leur apparence.

Mais brusquement, la sensation se désagrégea, lentement mais toujours éparpillée dans l'air, seulement calmée. La fée comprit. L'ange se tenait toujours près d'elle, contenu, replié sur lui-même en un sens avec son esprit. Sa voix se fit glacial pour apporter une réponse à notre jolie fée. Un nom. Edward Elëane. Ravi avait-il dit? Pendant une fraction de secondes, Breïna aurait pu rire de cela. Son ravissement était tellement paradoxale à sa façon de l'exprimer. Quelle ironie.

Mais c'est alors que l'ange devint encore plus étrange aux yeux de la demoiselle. Il lui quémanda une requête : ignorer. Bien. Ignorons. L'indifférence faisait partie des attibutions de Breïna. Quand elle était autrefois une femme à gages, c'était sa qualité première. Ignorer.

Il sauta. L'ange plongea comme un suicidaire dans les flots, du haut de la falaise. Quelle peine, quelle tristesse... mais en réalité, Breïna sourit. Pourquoi? Parce que cela lui rapellait une scène bien familière. Ce saut libérateur, ce saut dont l'adrénaline calmait les ardeurs de la colère, elle avait fait. Oui, elle avait fait, ici même. Elle se rappelait étrangement qu'un démon y était venue l'observer et comprendre ce comportement. Mais il n'y avait rien à comprendre.

Stupide, lâche... ce saut était un moyen d'extérioriser les colères refoulées pour ne pas qu'elle se déverse sur des gens que l'on pourrait aprécier.

Calmement, étant donné que ses jambes battaient dans le vide, la demoiselle se pencha innocemment, le regard doré toujours aussi ailleurs et énigmatique. Son expression n'était nullement choquée, nullement compatissant seulement compréhensif.

Elle ne prononça alors qu'une seule phrase étrange, du haut de son rocher.


" Il est temps de se reposer l'esprit l'ami... accorde toi quelques secondes de répis. On ne t'en tiendra pas rigueur. Même les fantômes qui te hantent... "
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MessageRetour perdu, les pieds dans le vide [libre] EmptyLun 10 Sep 2007 - 19:59

Cette chute prit le sens d'un envol, au moins à son sens le plus imagé. L'envol de l'imaginaire, contre les problèmes qui se forment et s'amassent, s'entassent. Ceux qui nous écrasent, nous plaquent et jamais ne nous abandonnent. Alors nous appartient la tâche, même si celle-ci s'avère difficile, d'affronter. Un jour ou l'autre, nous y sommes forcés, contraints, quoi qu'il puisse arriver, et sans aucune forme de chance d'y échapper. Mais peut être que de se plonger dans des flots assassins, puissants et violents n'était pas une solution. Certes, Edward avait déjà fait cela, une fois déjà il avait tenté le grand saut, mais désormais, les raisons se retrouvaient ailleurs. Il connaissait ce monde, il l'avait parcouru, connu ses habitants, ne demeurait de secret que la clé qui l'empêchait de vivre librement. Mais celle-ci, dans sa grande bonté, refusait purement et simplement de se montrer. Ce qui avait poussé notre grand ange dans ses limites les plus extrêmes...

...


« Qu'est-ce que tu fais, ne reste pas là, abruti ! »

La voix alors résonnait comme un bruit sale, un parasite, dans cet esprit perturbé. Cet esprit dans lequel ne résidait plus rien d'humain. Il avait l'arme à la main, mais de cette main il l'enfonçait au sol. Face à lui, des centaines de ces montres de l'oubli, qui, de leur regard explosé de rage et de haine, le visaient. Et tous, vermines, se dirigeaient sur son corps, seul demeurant de sa présence en ce monde, en cet instant. Ils s'apprêtaient à le déchirer, pour leur victoire, leur patrie. Mais une ombre, sortie de son élément d'obscurité, vint soudain faire acte de présence. Elle se plaça devant l'amas de débris grandissant. Elle s'imposa par sa masse, et les désigna tous du doigt, ces ingrats. Ceux-là même qui venaient détruire la ville de la perfection. Le pays de la sérénité. Ils fonçaient, tête baissée, ils criaient, les bras levés. Et aucun ne pensait. Tous n'étaient que chair et sang.

...Chair, sang et cendres...

...


« C'était un beau combat, l'ami... »

Et ces yeux si vides, si peu expressifs se remplirent de larmes. Des larmes de haine et de rage. Un récit qui revenait souvent. Cette personne, cette ombre, lui avait sauvé la peau, et il n'avait pas agit. Simple spectateur, assistant là où il aurait du être combattant. C'est ainsi que les lames se lèvent et que les esprits s'affrontent, que la bataille fait rage, et que l'on parle de patrie. On marche sur les corps, on broie les os, mais dans le camp adverse, c'est la même mélodie macabre qui retentit. Et tout ce vacarme crée la folie. La folie meurtrière, là où notre état physique n'importe pas plus que le mental. C'était à ce stade même, alors que plus rien ne semblait utile, que les guerriers créaient la mort, qu'ils anéantissaient la vie. Toujours de la même manière, ils frappaient, violemment, ils entassaient crâne sur crâne. Mais dans leur esprit, le calcul ne s'effectue que d'un côté, pour eux, les fins sont pour les autres. Et quand la lame, de sa lourdeur non humaine, s'enfonce, portée par un bras tout ce qu'il y a de plus répugnant, dans les chairs, et que le guerrier reprend humanité, quand ses esprits deviennent réalité, ainsi, il découvre la vérité. Celle que comprend tout homme tombé au champ de bataille...

...

Et, inlassablement, comme les guerriers ne cessaient de tomber dans son esprit, l'eau ne voulait plus s'éloigner. Au contraire, elle prenait la fâcheuse tendance qui constituait un avancement certain vers la mort. La stupidité. La lucidité avant la fin. C'était toujours ainsi que cela finissait. Mais au grand désespoir d'Edward, bien que l'on pût s'y attendre, ce ne fut pas sa vie qui défila droit sous ses yeux, portée par une quelconque force, mais celles de milliers d'anges qui avaient disparu avant lui. Ils s'étaient éteints par la faute des siens, et cela devenait une constance dans ses pensées. Jamais ne s'effaceraient-elles, ces images ? Celles où l'on ne voit jamais victoire. Où l'on comprend que la guerre n'est que mort, et encore plus souvent prise de vie.


*Pourquoi s'accabler de remords, l'eau décidera de la fin.*


Ainsi pensa Edward, il se libéra de ses remords, de ses peines, de sa folie passagère. Ses bras s'étendirent tant qu'ils semblèrent s'arracher, ses doigts tendaient vers l'horizon, son visage se courbait vers le ciel. Ses yeux fermés, son visage impassible reflétait une telle sérénité qu'un artiste aurait pu composer une merveilleuse oeuvre de cette scène. L'homme qui allait à la fin sans crainte. Ou l'homme qui perdait ses craintes en allant à la fin. Dans les deux cas, le mot fin pouvait sembler gênant, mais malheureusement indispensable.

L'eau était si proche que le flot s'immisçait dans chaque partie du corps d'Edward, le son agréable résonnant dans sa cage thoracique, n'épargnant à la suite aucun de ses membres. Ses mains vibraient, sa personne semblait secouée par une force autre que sienne. Et à cette limite si fragile, entre l'eau et l'humain, entre deux puissances aussi attirées l'une par l'autre que repoussées. Là, à ce moment, où tout semblait basculer dans le néant, où l'eau aurait du vaincre l'homme, et l'homme aurait du succomber à l'eau, à cet instant précis, le temps ne prit plus forme. Il s'étira, jusqu'à donner à Edward une forme de choix. En face de lui, sa peur la plus sombre, ce qui le terrifiait par dessus tout. Et si ce n'est cela, rien. Juste rien. Qu'était en mesure d'affronter notre ange ? La décision ne fut pas aisée, et longtemps dans ses pensées, il se perdit, à chercher quelle solution fallait-il prendre, s'il ne pouvait pas trouver un ultime moyen de résistance, une ultime protection. Mais se mentir de cette façon n'apporterait rien, alors l'Aqua s'assuma en tant que tel, car affronter le néant n'était du niveau d'aucun être en ce monde, et sa main droite, fébrile, mais décidée, se plongea dans l'eau glaciale...

Le cri à cet instant, qui retentit jusqu'en haut de la falaise, ne fut en aucun cas marque de folie, de rage ou de quoi que ce soit qui semblait si présent auparavant. C'était une expression si humaine de tous ces sentiments mélangés et distingués... La joie, la peur... Peut être était-ce même un cri à la vie, qui avait tant fait l'absente. Mais parce que tout cela ne pouvait continuer au delà des limites qu'imposait le temps, la voix s'éteint. Soudainement, elle se perdit dans les flots, bien calmes depuis ces dernières minutes...

Si jamais il y avait quoi que ce soit à retenir de ce moment, je choisirai ce point précis, ce point où se dégagèrent les fines gouttelettes du monde aquatique, pour venir jusqu'à Breïna, comme si peu de temps auparavant. Elles dansèrent autour d'elle avant de retomber, une à une, sans y perdre vie pour autant. Et un pas en enchaîna un autre, jusqu'à ce que le son franchisse la barrière de l'audible. Un être se tenait là, debout, bien qu'il n'y tiendrait pas longtemps. Sa main gauche posée sur son bras droit, il souriait. Ses sombres habits étaient déchirés en de nombreux endroits, notamment au niveau de son torse, presque entièrement découvert. Si cela n'avait tenu qu'à un effet de style, on pouvait dire que sa musculature ressortait assez bien de cette manière, mais la cause à cette pagaille vestimentaire ne résidait nullement dans une quelconque volonté de se montrer.

Edward ne tarda pas à s'effondrer sur le sol, bien qu'il réussisse à se mettre assis, en face de la fée. Ses cheveux ruisselaient, son regard brillait. Il pétillait presque.


« Reprenons, je vous prie, vous m'aviez dit être une Aqua, n'est-ce pas ? »

On ne relèvera pas la stupidité de la tirade, mais après un tel acte, il était difficile de mettre des mots sur quelque chose qui ne serait pas décalé. Pour augmenter encore le degré d'étrangeté, venant d'Edward en particulier, il dût s'y prendre à plusieurs fois pour achever sa phrase, et quand enfin il y parvint, on nota son souffle non régulier. De l'expression de la classe la plus impeccable, on venait de passer à une sorte d'enfant sauvage, bien qu'il demeurait encore un soupçon d'élégance dans les manières.

Mais, si l'on ne s'arrêtait pas sur les détails, l'on pouvait toujours penser que la conversation reprendrait un ton... normal...
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Breïna Elatha
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MessageRetour perdu, les pieds dans le vide [libre] EmptyMar 11 Sep 2007 - 22:17

De haut de sa falaise, Breïna contemplait le monde d'en bas, celui de la mer s'écrasant dans un bruit fracassant sur la roche calcaire, celui de la pierre qui s'effritait lentement et surement à force de se voir cogner incessamment. Une image idyllique pour les poètes, les rêveurs et les écrivains, les peintres... une tableau parfait pour les artistes

Les yeux dorés et alicieux de la fée se perdaient alors dans le bleu profond et le blanc de l'écume des vagues. Elle suivit également la chute de l'ange, quelques plumes blanches virevoltaient, remontant jusqu'à elle. Un peu dans la lune, elle tendit une main fébrile vers l'une d'elle et s'en saisit en pleine main, avant de la ramener vers elle. Enigmatiquement, avec un regard mélancolique, elle l'observait, cette plume...cela éveillait en elle des souvenirs délicats, étranges, au temps du bonheur....Cela lui évoquait un passé perdu qu'elle ne pensait jamais retrouver...

C'était il y a bien longtemps, après la guerre, à l'époque où elle vivait au côté de Bres, son elfe de lune, son ami, son amant, son époux. Elle le connaissait depuis l'enfance, rencontre faite dans la tragédie mais qui se voulait lors terminer dans le bonheur ou presque...Elle se rappelait d'une journée en particulier...

Elle était là, étendue nue dans ses draps, endormie... ses cheveux ondulaient, toujours aussi noirs dans son dos comme des serpents immobiles. Ses bras étaient croisés sous son coussin, les yeux clos, quant soudain la porte s'ouvrit bruyamment et qu'une douce voix masculine l'appela.

" Breï ?? Tu dors encore? Il est déjà tard? Le soleil va être bientôt à son apogée?? "

La porte grandement ouverte, elle pouvait clairement entendre les pas du jeune homme sur le plancher circuler, puis vlam! Le bruit des rideaux sur les tringles qu'il étirait en grand. les rayons du soleil traversait donc le verre des fenêtres pour venir éclairer le visage de la fée qui se mit à gémir le nez dans son coussin.

" Breeeeeesssssssss! Laisse moi dormiiiiiirrrrrrr! "
" Tu dois te lever petite fée! "

Elle ouvrit alors un oeil en colère et finit par lui lancer le coussin à la figure. Celui-ci se tenait non loin d'elle, debout, beau, impérieux avec ses oreilles effilés, ses longs cheveux blancs et son teint clairs. Il souriait aimablement, l'oeil malicieux. Un oeil oui... son autre partie du visage avait été balafré par la guerre et il se la couvrait d'un masque, parce qu'il avait honte de cela. Breïna avait beau lui dire qu'elle s'en moquait mais un elfe s'est têtu. Devenu joueur au contatc de sa belle, celui-ci lui renvoya la balle, mais aussitôt fait, aussitôt rendu.

" Vas-tu donc cesser de faire l'enfant? "
" Et c'est toi qui me dit cela, elfe? "
" Oui mademoiselle la fée... enfin madame depuis quelques mois! "
" Imbécile! "

S'ensuivit alors une bataille de polochon d'un jeune couple, et ce fut là, le souvenir des plumes. Les deux armes matelassés cédèrent devant les coups et leur contenu s'évanouirent dans toutes la pièce? Des plumes blanches s'emmêlaient dans les airs alors que Bres emprissona de ses bras amoureux le corps pâle de sa femme toujours allongée sur le lit, se blotissant timidement contre lui, souriant, les yeux amusés. L'elfe de lune tendit alros une main et ferma son poing sur une plume blanche, avant de regarder Breïna.

" Breï... pourquoi joues-tu encore les dures? La guerre a cessé...nous pouvons vivre sous notre vrai jour, loin des armes et du sang...je ne te connais que trop..."
" Bres....."
" Regarde cette plume. Douce, délicate, fragile... sous notre oreille apaisante, chatouillante sur notre peau...tu es comme elle Breï..."
" Bres...."
" Tu ne me crois peut-être pas mais... c'est toujours ainsi que je t'ai perçu...depuis le premier jour quand tu es tombé sur le chemin, avec ta mine désolée et pleine de suie...perdue..."
" Bres... "

Un de ses derniers moment de bonheur.... ce jour où les plumes tombaient...


La fée venait encore une fois se laisser bercer par de bien douces illusions, le temps de quelques secondes alors qu'en dessous de ces pieds un ange prenait une grande décision... celle de vivre.
La demoiselle aux cheveux de jais lâcha la plume qui s'égara vers l'horizon marin, légèrement, balançante à un ryhtme étrange. Les yeux dorés de la jeune femme suivèrent le mouvement, comme un chaton qui courrait derrière un papillon, curieux.

Mais son attention se porta alors sur Edward qui avait choisi sa nouvelle destinée, celle de ne pas périr dans l'immédiat, mais peut-être que la prochaine fois où il se livrera à pareille sérénade il ne se montrera pas aussi clément avec lui même, allez savoir.
Breïna se détourna alors vers lui, ramenant enfin ses jambes près d'elle, engourdies par l'appel de la pesanteur lorsqu'elles balançaient dans le vide. La fée souriait. L'ange était dans un état assez débauché, les vêtements lacérés par les griffes de la mer, trempé jusqu'au os mais son regard avait changé.

Elle le fixa donc avant de répondre à sa curieuse question. Sans doute préférait-il éviter de s'étaler sur ce qu'il venait de se passer? Elle pouvait le comprendre, néanmoins on pouvait se poser bien des questions.
Avec un grand calme et une voix douce, elle entama la discussion.


" En effet. Je suis aussi une élue de l'eau, une aqua. Un élément splendide n'est-ce pas? Celui de la vie? Enfin.... je ne suis pas que cela. Je suis une fée mystérieuse, je suis une vagabonde, je suis une femme, je suis une rêveuse... je suis tout et rien à la fois. "

Une large esquisse se profila sur ses traits.

" Mais... permettez moi de vous demander ce qui vous emmène ici? Serais-ce la cité? "
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