Il y a des jours ou on aimerait ne jamais être né, des jours ou on aimerait tant revenir en arrière, changer de sentier, et se retrouver sur une nouvelle route, car celle ci est dénuée de sens et n’a l’air d’avoir aucune destination. Mais c’est impossible, le passé restera inchangé. Pourtant on prie, sans savoir ni qui ni quoi, mais on espère de toute nos forces quand ouvrant les yeux on se rende compte que l’on n’a fait qu’un long rêve…

Le noir…Althys ne voyait que l’obscurité se répandre devant elle à perte de vue. Avait elle les yeux fermés ou faisait il nuit ? Peut être était elle devenue aveugle, en plus d’être folle à lier.

Depuis combien de temps était elle ici ? Elle n’en avait pas la moindre idée, elle ne savait même pas ou elle se trouvait.
Elle se rappelait vaguement son voyage, après la bataille. Elle avait du faire face à de nouvelles batailles, tuer et manquer d’être tuée. Parfois saine d’esprit, parfois en plein délire, l’esprit dominé par une double personnalité, elle était de nouveau partie à la recherche d’un ami, dont l’esprit pur avait été depuis longtemps enfoui sous un amont de haine, de sang et de colère. Elle l’avait trouvé, et puis, plus rien. Le noir, le chao. Qui avait gagné ? L’avait elle tué ? C’était il y a combien de temps ? Dix jours, un millénaire ?
L’esprit fiévreux et embrumé, elle avait vaguement conscience qu’elle marchait ; et la douleur sous ses pieds l’informa qu’elle était pieds nus. La douleur…Ainsi, elle était vivante. L’information alla se ranger dans un coin de sa tête. Cela pouvait bien lui servir un jour ou l’autre.

Tout d’un coup, elle reçut un violent choc sur le dos, et elle ouvrit enfin les yeux de stupeur. La lumière était si forte qu’elle mit un moment avant de distinguer ce qui l’entourait. Elle venait de tomber à terre dans une des ruelles d’Elament, pied nus, portant une robe blanche en lambeaux, avec du sang sur le flanc droit.
Ainsi donc elle s’était changée depuis la bataille. Deuxième nouvelle…

Elle se remit debout tant bien que mal. Devant elle, des gamins elfes jouaient dans une petite cour, mais en la voyant, ils émirent un petit cri de stupeur et reculèrent sous les arcades. Elle s’inspecta vaguement. Elle avait la tête qui tournait, ses longs cheveux noirs traînaient par terre, ses pieds étaient noirs et elle avait du tellement marcher que les os de ceux ci étaient presque visibles. Sa robe se transformait en haillons et était tachetée de sang. Elle faisait bien peur à voir.

S’appuyant contre les murs de pierre froide comme soutient, elle marcha encore, bien décidée à quitter ce lieu oppressant pour comprendre.
Comprendre quoi ? Ce qui lui arrivait ? Qui elle était ? Elle chassa ses pensées noires de sa tête et se concentra tant bien que mal.
Elle avait bien une maladie qui s’appelait le Germe, et lui créait une double personnalité maléfique, démoniaque, puissante et redoutable ; mais était ce cela qui la rendait aussi malade ? Elle avait l’impression d’avoir perdue la raison.

Oui, peut être qu’Il en était la cause, peut être que son esprit était en train de se faire dominer, que ses forces s’épuisaient au fur et à mesure, et qu’Il allait bientôt la contrôler entièrement.

De nouveau elle trébucha, et son flanc droit lui fit extrêmement mal. Elle la palpa et sentit une entaille, profonde, mais qui ne saignait plus. Elle devait remonter à la bataille, mais elle n’avait pas due se faire soigner.
La douleur la fit s’évanouir, avant de reprendre vite conscience. Elle se hissa à nouveau avec ses bras maigres, et constata qu’elle était face à une étendue d’eau.

La lagune…

Ce lieu était dangereux, mal peuplé, par des gens comme elle, par exemple, et elle ne savait pas ce qu’elle fichait ici.
Elle fit prise de nausée et se courba en deux pour vider un estomac déjà creux. Elle s’essuya d’un revers de la main et alla tremper ses pieds meurtris dans l’eau froide. Le contact de cette eau lui fit du bien, elle ressentait vaguement ce soulagement, même si ça la piquait au niveau de ses blessures.

Elle regarda devant elle, et une résolution dingue se forma dans son esprit.
Puis qu’avec cette maladie elle n’avait pas d’avenir, si tout cela aller l’amener à sa perte, alors il ne semblait rester plus qu’une solution.
Son esprit était enfin clair, plus clair qu’il ne l’avait été ces derniers mois. Un rire s’échappa même de sa gorge nouée, et, lentement, elle commença à avancer dans les eaux froides et tumultueuses.