Si la fête du Faux Hiver avait été une réussite totale, s’était au grand dam de Vardias. En effet l’actuel videur de la Chope Hurlante avait espéré une bonne bagarre ou deux, mais personne n’avait voulus mal se conduire…Tous les participants avaient été de vrai petit ange. Voila pourquoi Vardias s’était bien vite éclipsé en quête d’action. Hélas les rues et ruelles de la ville s’étaient révélé tout aussi décevantes. Dépité, au bord du suicide, Vardias avait décidé qu’il irait chercher l’adversité si celle si ne venait pas à lui. Mais avant cela il irait à la forge voir ce qui se faisait de mieux en matière d’objet contendant. Comprenez par là toute sorte de masses, haches, Mortensen etc etc

Certes Vardias aimait beaucoup sa grosse massue, mais il n’avait rien, mais alors rien du tous, contre quelque chose de plus… bourrins. Oui s’était le mot. Et qu’elle ne fut pas la surprise de Vardias lorsqu’il vit, malgré l’horaire matinal, un nain passé la porte de la boutique alors que lui-même émergeait d’une ruelle adjacentes. Chez les Trolls, les nains étaient par nature l’ennemi public numéro un. Tous simplement par ce qu’ils étaient toujours les premiers à convoiter l’or si durement acquis et à faire irruption en armure lourde lorsqu’ils émergeaient de leurs innombrables tunnels. Et le fait qu’ils soient particulièrement durs à faire cuire n’arrangeait rien ! Certes les Trolls le leur rendaient bien, 50% des caravanes naines perdues l’étaient de leurs faits, mais ils respectaient également beaucoup l’ardeur guerrière de si petits individus. Bref les deux races se connaissaient TRES bien, s’évitaient si possible, s’affrontaient sinon…et ne collaboraient jamais.

Toutefois Vardias passait pour très ouverts et tolérants chez les siens, interroge puis frappe ensuite, aussi décida-t-il de rentrer à son tour dans la boutique malgré une envie de partir à contre sens. Aussitôt l’aspect du nabot lui rappela tous ce qu’il avait appris de cette race :
-Petit
-Très petit (correction)
-Poilu (très bon combustible ou trophée, au choix)
-Trapu
-Dur à cuire (au sens littéral)
-Truffé de métal

->immangeable

Cette rapide constatation faite, Vardias ce rappelle les mots du nabot : Je viens pour réparer mon armure et pour me confectionner un bouclier pour nain !!! Té !!! Ou plutôt la fin de la phrase, enfin bref. Vardias comprit que ce petit personnage voulait de quoi se défendre, alors que lui cherchait de quoi attaquer, broyer, pulvériser, haché menu…

-« Ouarf et pour moi ce serra un truc balèze, de quoi réduire en charpie le genre de truc costaud que veut votr’client .Comme ma massue mais en plus dangereux »

Sur ceux Vardias montra son énorme massue en la faisant tournoyer autour de lui.Puis se retournant vers le nain qui se trouvait alors à sa droite, quatre vingt quatorze centimètres plus bas, il ajouta en souriant de toutes ses dents:

-« Notez qu’je frappe pas les plus p’tit que moi. Enfin quand ils restent sympas. »

La grosse voie du Troll sortie soudain de son ample gorge:

-"Bestiole? Ben non mon oncle Teträm m'a toujours dit qu'les bestioles s'étaient les p'tites bètes qu'ont mangent. Nains exceptés, vous o'tres êtes trop coriaces..."

La main encore disponible de Vardias s'activait à frotter son crâne, signe d'une intense reflexion Troll alors qu'il répondait au nain.
Toutefois, contrairement aux autres rencontres du Troll (avec autres choses que de futures casse-croute), la discussion avec ce nain ne prenait pas la tournure habituelle. Cette fois tout était plus léger, plus détendu. Au moins avec ce nain pas besoin de sortir l'artillerie lourde pour causer...

-"Boarf non, mon clan m'a pas regeter, c'est moi qui suit partie à l'aventure! Et puis taper sur tout ce qui bouge c'est pas cool. S'ils peuvent pas se défendre c'est pas terrible. Et puis la Directrice est vachement balèze...Mais fois de Troll vous otres nabot êtes au moins aussi robuste que nos jeunes! Sans parler de votre tolérance à l'alcool!!!!!!!
En fait je viens chercher un gros morceau de métal, du genre arme lourde, pour casser des adversaires plus coriaces. Celui là c'est pour les p'tis. Mais si je veus mettre sur la guelle à des démons..."

Vardias fit tournoyer sa massue au bous de sa main, l'air amouresement attacher à son arme de destruction massive (interdite par la Convention Elfique de Athal Loren)

"-Au fait tu cherch'rais pas à foutre une raclée à des démons? Parrait qu'ils se planquent aux alentours de la ville. J'y ferais bien un p'tis tour..."

Encore une fois, Vardias découvrait une nouvelle facette de la personnalité du nain. Et elle lui plaisait du tonnere!!! A-t-elle point qu'il se sentit honoré de découvrir le nom d'un nain, d'habitude ces petits nabots ne le disait pas souvent...

-"Ouarf, moi c'est Vardias! Et foi de Troll moi non plus j'en ai j'mais vu mais j've en casser par douzaine!"

Vardias ne se rendit même pas compte qu'il oubliait son nom, mais il n'avait pas vraiment l'habitude de l'utiliser. Chez les Trolls ont se fichaient autant des ancètres que des noms de familles. Sa ne servait à rien en fait...
Seuls la boustifaille, la baston, l'or comptaient! Et c'était déjà pas mal!

-"Hum...tu m'a l'air plutot balèze pour que'lqu'un d'aussi p'tit! Sa te dirait de faire un peux de baston contre les démons avec moi? J'sais même pas où y se planquent...snif."

Sans hésiter une seconde, Varsias empogna vighouresement la main tendue du nain, même s'il commetaitn pour certains un sacrilège sans nom. Après tous les plus forts font les meilleurs compagnons...

Où était le forgeron ? Fourré au sous-sol, quelque part, dans la réserve. Évidemment, avec un bon mètre de pierre au dessus de la tête, une trappe et une porte, difficile d’entendre l’arrivée des clients. Mais après tout cela faisait partie de son travail que de contrôler chaque matériau, de tout noter pour savoir quoi acheter. Tout comme cela faisait partie de son travail que d’être toujours à jour et très minutieux afin de pouvoir acheter ce qu’il lui fallait au meilleur prix.
Simple stratégie de base marketing : acheter moins cher, et vendre assez pour faire un bon profit.

Portant un livre à bout de bras, Grayric Gwardow, gérant et forgeron, notait, grommelait, commentait seul à voix basse. Ses stocks avaient diminués depuis quelque temps, et il avait de plus en plus de mal à trouver des matières premières de bonne qualité pour un bon prix. Était-ce les conséquences de la guerre contre les démons ? Un contrecoup ? En tout cas, ça n’arrangeait pas ses affaires…
D’autant qu’avec les clients devenant de plus en plus exigeants, le nymphe devant sans cesse se fournir en telle ou telle marchandise. Décidément, cette bataille n’avait rien arrangé pour lui.

Gray balaya la pièce sombre, éclairée par un brasero unique en son centre, du regard. La moitié de son stock de fer était parti, de même pour l’acier. Les métaux riches comme l’argent ou l’or, qu’il avait malgré tout en petite quantité puisqu’elles ne servaient que pour des décorations pour des clients riches et exigeants, n’avaient pas tant diminués, par contre. Les petits coffrets contenant diverses poudre et pierres destinées aussi à la décoration avaient plus ou moins perdu de leur contenu, également. Il allait, en tout cas, lui falloir commencer rapidement à se renseigner quant aux prix du fer et de l’acier s’il ne voulait pas tomber totalement à court…

« Essayez de tenir un peu, tout de même… » Dit-il aux matériaux comme si cela pouvait changer quelque chose.

Le forgeron ferma son livre, et le claquement retentit jusqu’à ce qu’il fasse la moitié du chemin vers la porte, le son de ses bottes se chargeant de couvrir la suite. Remontant l’escalier tranquillement, il poussa ensuite la trappe dont le grincement se chargea d’annoncer un signe de vie dans l’arrière-boutique, le claquement caractéristique de sa fermeture ne faisant office que de confirmation.
Après avoir tourné à droite au bout du petit couloir, le jeune homme ouvrit la porte pour dévoiler une grande chose et un petit machin dans sa forge.

* Un troll et un nain ensemble… Bien sur… *

Haussant mentalement es épaules devant l’improbable association de deux races dont on lui avait dit qu’elles avaient du mal à s’entendre - quoiqu’il ait vu pire depuis son arrivée à Elament -, le forgeron alla sans un mot poser son registre de réserves sous son comptoir, à sa place en somme. Ce n’est qu’une fois cela fait et son tablier de cuir épais remit qu’il daigna s’occuper de ses clients. Avaient-ils attendus longtemps ? Il n’en savait rien.

« Bienvenue à la Rose d’Acier messieurs. Mes excuses si je vous ai fait attendre, je faisais l’inventaire. Grayric Gwardow, forgeron et maître des lieux. Que puis-je pour vous ? »

L'arrivé, impromptue mais attendue, du forgeron stoppa net la conversation, et Vardias balaya tant bien que mal l'expression de surprise qui apparue sur son visage.
Par exemple qu'il était maigre et frêle!
Chez les Troll, l'artisanat n'était encouragé que dans la mesure où celui ci était immédiatement profitable au Clan. Toutefois on avait un grand besoin de Troll à même de produire armes et hachoirs en tous genre, bien que tous ne voyaient pas l'utilité de telle choses. En effet a quoi bon fabriquer un outil pour remplacer des muscles fonctionnant si bien?
Mais les quelques Trolls errant comme Vardias avaient bien vite vus l'utilité de telles armes, surtout face à des grouppes de nains armés de pieds en cape!
D'ailleur la commande du nain ne le surprenait même pas. Comme son cousin Teträm le disait si bien: "C'qui fait qu'les nabots sont dur à battre, c'est que leur armures sont aussi épaisses que leur barbes!"

A son tour, Vardias se tourna vers le comptoir. S'en approchant avec nonchalence, il s'arrêta tout contre avant de balancer l'un de ses bras juste au dessus, a quelques centimètre de sa surface. Immédiatement, sa massue vint se poser avec fracas sur le dit comptoir, soulevant un faible nuage de poussière alors que Vardias souriait de toute ses dents:

-"S'lut forgeron! j'suis...oarf on s'en fiche! Moi j'voudrais un truc en métal qui découpe bien, du même genre que ma grosse massue là, mais qui puisse faire plus de dégats. En plus gros quoi."

L'immense massue de bois trônait sur le comptoir. Sa tête arrondie parsemée d'éclats de bois grossièrement, mais dangereusement, taillés a sasurface tandis que son large manche était recouvert d'un cuir brute et rugueux.
La voie profonde et rauque du Troll s'éleva à nouveau, un immense sourire aux lèvres:

"-J'pe payer en pièce d'argent, mais si vous préférer, j'pe aussi faire deux trois truc pour vous...'crabouiller un mauvais payeur, transporter des marchandises, cogner un voleur..."

Clients singuliers et trop bruyants au goût du forgeron. À peine eurent-il passé commande qu’il eut hâte d’en finir. Et d’ailleurs, la providence voulu que cela fût possible. Le nain lui avait demandé quelque chose qu’il n’était tellement possible de lui fournir rapidement. Quant à la grosse bête, c’était encore plus simple : Gray avait de quoi répondre à ses exigences parmi les armes qu’il avait en réserve. Restait à espérer qu’il y aurait quelque chose qui lui plairait.
Sans mot dire, le Nymphe tourna les talons et repassa la porte par laquelle il était apparu. Une pièce plus tard, il était au milieu d’un entrepôt où il stockait ses armes prêtes à être utilisées. Que pouvait-il bien proposer au troll ? Une épée ? A priori, la grande créature était plutôt du genre à apprécier les armes contondantes, même s’il avait fait mention de vouloir quelque chose qui découpe bien. Une masse à ailettes alors peut-être ?

Fouillant la pièce, Grayric finit par mettre la main sur la fameuse arme. Massive, elle avait tout d’une grosse masse à deux mains à côté de son créateur. La seule différence était que, cette masse-ci, possédait des lames fixées autour de la tête. Au nombre de six, elles semblaient tout à fait aussi respectables que celle d’une bonne épée.
Passant l’arme sur son épaule, non sans précaution compte tenu de son poids, le jeune homme retourna devant ses clients. Précautionneusement, il tendit l’arme au troll avec une petite explication.

« Une petite originalité de mon cru. La base est une masse à ailettes tout à fait normale, à la différence que j’ai aiguisé les ailettes pour leur donner un tranchant similaire à une épée. Compte tenu de la nature première de l’arme, elle s’utilise comme une masse classique, à la différence qu’elle découpe autant qu’elle écrase. Par contre, méfiez-vous, les lames sont très aiguisées. »

Sur ces mots, le forgeron alla chercher une grosse bûche dans un coin de son atelier et la déposa non loin du client nouvellement armé, lui laissant le loisir de la tester dessus plutôt que sur le mobilier ou sur le gérant lui-même…
Laissant le troll à sa familiarisation avec son nouveau jouet, le nymphe passa à son autre client : le nain. Ce dernier avait demandé une armure et un bouclier, chose que Gray ne faisait pas d’avances, surtout les armures. Il avait bien quelques boucliers qui traînaient, mais le style particulier qu’on lui demandait exigeait d’en faire un nouveau.

« Nul besoin de passer dans une autre pièce, par habitude de sait estimer les mensurations quand nécessaires. »

Une autre déformation professionnelle qui, malheureusement pour le nain, allait lui desservir.

« Je dirais approximativement entre un mètre quarante et quarante-cinq, pour un poids de… Soixante-quinze à quatre-vingt kilos, à moins que vous ne fassiez plus sans en avoir l’air, ce qui s’est déjà vu. »

Le forgeron n’avait strictement rien à faire que son client puisse avoir honte de sa taille et de son poids, et venait de le prouver en beauté en ne baissant pas le ton. Si le nain s’énervait, Gray pourrait lui refuser sa commande, même si cela signifiait une paie en moins. Et s’il cassait quelque chose ou autre, le maître de lieux pourrait tout bonnement lui faire payer les réparations. De plus, il n’aurait pas été le premier à se vexer pour la franchise crasse du jeune homme.
Grayric alla à son comptoir et ressortit son épais livre. Il tourna quelques pages, et s’adressa au nain sans même se donner la peine de lever les yeux sur lui.

« Je peux vous faire ça pour dans trois jours. Pas mieux, à moins que je ne termine plus tôt les commandes précédentes, mais je doute. »

Encore un accueil et un service dont le nymphe avait le secret, sans chaleur ni plus d’humanité qu’une palourde. Peu importait que ses clients l’aiment ou non tant qu’ils payaient et ne créaient pas d’histoire. Le gérant ne changerait de toute façon pas pour eux, et resterait toujours aussi franc, cynique et potentiellement dépourvu d’humanité s’il en avait envie, même si cela dérangeait.