Auberge > Chambre 45 ( Privé sauf sous invitation )

Lorsque Sense ouvrit la porte, une once de chaleur les emporta à l'intérieur. L'ambiance était à son gré, mais différent des autres bars. Il y avait, réparties dans toute la salle, des tables arrondies plus ou moins grandes avec des chaises autour de chaqu'une d'elles et de haut tabouret au niveau du comptoir. Derrière le comptoir juste en face, la femme qui se tenait debout était humaine. Elle devait avoir la trentaine. Il ne semblait pas être seul au fourneau car juste à ce moment-là un nain sortit d'une porte située derrière le comptoir.

« Ton homme veut te voir. »

Elle hocha la tête puis se dirigea vers la sortie de derrière. La lumière était tamisée dans la pièce, le sol était principalement constitué de parquet, les murs d'une peinture blanche ainsi que le plafond. Un lustre était accroché au plafond positionné au milieu de la pièce.

Sense fût étonné quand il constata le nombre de personnes présentes dans la salle. Il y avait tout juste deux personnes assises à la même table avec des cartes en mains. D'un mouvement simple et doux, sans même se retourner il prît la main de Minilya, puis s'avança vers le comptoir. Le nain les avait pas remarqués, biensûr le comptoir était bien trop haut pour lui pour qu'il puisse voir les nouvelles entrées et sorties. Mais tout de même, quand ils furent juste-là, au comptoir, le nain qui était en train de laver des verres leur adressa la parole sans relever la tête.

« Bonjour, que puis-je pour vous ? »dit-il avec un certain accent en roulant les "r".

« Je voudrais savoir si vous aviez des chambres libres, du moindre, une chambre avec deux lits serait mon idéal. »

Le nain balbutia quelques mots :

« Raaaah, encore un de ces maudits elfes qui parlent la bonne langue. »

Sense avait une bonne attention et une bonne écoute et capta ces derniers mots. Il se pencha, et fixant du regard le nain, il sourit :

« Je suis un ange, et la personne qui se trouve derrière moi que vous semblez avoir oublié est une jeune Vélane pleine de tendresse. »

Puis à plus basse voix, son regard s'était transformé en un regard sérieux.

« Qu'il ne lui arrive rien, compris ?! »

Le nain hésita et se tordit les mains sous la peur.

« Compris missieur compris m'sieur. »

« Ca marche. »acquiesça Sense tout en se relevant.

Le nain fit volte-face et sur une étagère derrière lui où étaient accrochées toutes clés des chambres, il en tira une qui portait une étiquette, la 45. Il la tenait au bout de ces gros doigts, et la lâcha dans la main de Sense -celle qui ne tenait pas la main de Minilya bien évidemment-.

« Vous vous en sortirez à l'étage, vous en faites pas, les numéros ont été donnés au hasard, il n'existe pas 45 chambres. »

« Ok, je vous remercie amplement. »

« De rien, je vous apporte le dîner. Si vous avez besoin de moi, vous savez ou m'trouver. Passez une bonne soirée. »dit-il en s'essuyant le front plein de sueur.

Sense se tourna face à Minilya, elle était juste en face et semblait si fragile, il la regardait avec une douceur exceptionnelle, elle était si belle, il était complètement sous le charme, une fois de plus.

« Alors, on y va ? »

Minilya serait bien restée du côté de la porte le temps que ses yeux s’habituent à la lumière de l’établissement qui contrastait avec l’obscurité qui régnait à l’extérieur, mais la main de Sense prit la sienne et elle n’allait pas refuser de bouger comme le font les chiens mal dressés. Elle n’aimait guère être au centre de l’attention, mais elle ne vit rien de menaçant dans l’entourage et finit par se désintéresser de ces sentiments puériles qui la prenaient d’assaut trop régulièrement.

**Tu sais bien que tu es bien plus forte que ça. **

Elle balaya la salle d’un regard critique, c’était une habitude qu’elle avait, parfois l’état d’une demeure en disait sur la personne à qui elle appartenait, mais elle était dans une auberge, alors elle se mit à observer différents clients. De temps à autre elle dirigea son attention à la conversation que Sense avait avec le petit nain.
Elle réfrénait sa curiosité, autant les ailes de l’ange l’avaient fascinées, autant la stature de cet être la fascinait maintenant. Elle se permit de l’observer, en atténuant toute fois la curiosité qui la poussait à agir de telle manière. Il venait de donner une clef, qu’importe le numéro vraiment, elle ne comprenait pas tellement la mentalité des gens de la ville. Le déconfort de la Vélane la rendait non pas nerveuse mais sarcastique et plus apte à ressentir la colère.

« Mmm. »

Elle répondit brièvement à Sense, elle hocha la tête en direction du nain, sa curiosité ne s’était pas encore dissipée, mais elle ne tenait pas à rester près du comptoir toute la soirée sous prétexte qu’elle voulait en savoir plus. Elle sentait déjà les choses glisser hors de sa portée, et il n’y avait rien qu’elle ne puisse faire pour remédier à cette situation.

**Tu devrais lui dire tout avant…**

Elle détourna la tête, l’escalier qu’ils empruntaient était assez étroit et elle ne voulait pas trébucher. Elle savait que ce n’était qu’un excuse, les Terra avait le pied bien plus sûr que la plupart des gens. Elle se rappela du toit sur lequel elle était perchée plus tôt, bien qu’imprudent et contre tout savoir-faire, elle aurait très bien pu se laisser glisser vers le bas. Mais la proposition de Sense avait été bien plus intéressante.
Tout dans cette cité était étrange et différent, pour une raison qu’elle ne comprenait pas, non seulement ils attribuaient les numéros au hasard, mais chaque porte était différente, de couleur, matière, forme. Le couloir n’était pas trop long, ni aussi étroit que l’escalier et la Vélane en éprouva du soulagement.

Elle fixait la porte devant lesquels deux chiffres, le 4 suivi du 5 étaient sculptés et le renfoncement était peint de couleur argentée. La porte était faite de bois, du chêne, Minilya reconnaissait le grain de cette porte qui était aussi haute que large. Minilya comprit enfin.

« Tu es un ange ! »

Elle secoua la tête, son sourire s’élargit. Elle se saisit de la clef, l’étiquette était identique à la porte. C’était évident ! Parce qu’il y avait tellement de voyageurs de toute sorte de race, l’auberge devait être capable de recevoir toutes sortes de créatures. Les anges seraient assez gêner de passer par d’étroites portes à cause de leurs ailes, alors qu’un elfe se glisserait par n’importe quel ouverture. Le fait qu’ils différencient les chambres les rendaient aussi plus agréables pour leurs locataires car venant d’environnement différents, ils seraient habitués à un certain type d’ameublement.
Enfin, tout ceci n’était que spéculation. Intriguée, Minilya introduit la clef argentée, de la même couleur que les chiffres et que la poignée dans sa serrure. Elle tourna la clef deux fois et la porte s’ouvrit après qu’elle eut tournée la poignée qui était ronde.

Elle pénétra dans la chambre, qui avait l’air bien plus grande qu’elle ne paraissait l’être du couloir. Peut être la magie pouvait tromper l’œil ? Toujours est-il que cette pièce avait quatre murs, le plafond était haut, mais pas tellement haut, les couleurs étaient toutes claires. Mais elle se rendit compte qu’elle ne pourrait vérifier sa théorie, car elle ne connaissait rien de toutes façons dans la manière de meubler d’aucune race. Après tout, une chaise demeurait une chaise et tous les êtres dormaient dans des lits. Elle était légèrement déçue, mais ce n’était qu’une chambre après tout.

Elle s’avança un peu plus, elle ne savait pas vraiment quoi faire maintenant. Elle commença par ôter le vêtement qu’elle portait pardessus sa robe. Elle chercha des yeux le meuble où mettre les manteaux, mais ne vit qu’une sorte de porte manteaux. Elle s’en approcha alors, elle l’y posa. Voyant qu’elle avait toujours la clef en main, elle la mit dans la serrure, elle garda sa main dessus un instant, elle n’était pas tellement sûre que le Nain revienne… Puis elle la tourna, il frapperait et attendrait qu’ils lui ouvrent si jamais il venait vraiment.

Sense aurait tout de même bien pû rester en compagnie du nain, histoire de s'informer au sujet de la cité. Mais il se faisait déjà tard et la journée eût semblée passer tellement vite qu'ils n'eûrent même pas le temps de faire un détour par tout les recoins de la ville.

Minilya avait prit de l'avance sur Sense car elle monta les marches la première. D'ailleurs, il lui confia les clés. A sa plus grande surprise, la chambre était vraiment grande. Etait-ce un acte de générosité de la part du nain ? Il ne se douta de la réponse et préféra osculter le placement de chaques objets qui constituaient cette chambre.

Deux lits, un à chaque extremité de la pièce. Leur taille semblait assez grande pour contenir 2 personnes entières.

* Bon bah c'est super comme tel. *

Il y avait à côté de ces deux lits un paravent, permettant de se déshabiller tranquilement à l'abris de regards indiscrets. Il y avait dans la pièce, comme un axe de symétrie invisible, séparant la chambre en deux parties égales contenant chaqu'une les même meubles positionnés aux mêmes endroits. Il y avait bien évidemment une armoire assez large à côté du lit et du paravent, celle-ci vide avec des ceintres où pouvaient être accrochés manteaux et autres. D'une part, il espérait que sa chambre ne subisse aucune modification, il était assez maniaque et n'aimait pas qu'on touche à ses affaires. 45, ce chiffre était le numéro porte bonheur de Sense mais il ne croyait pas en cette histoire de porte bonheur / porte malheur.

Peu de temps après, sans aucun mot il inspecta chaque tiroir du meuble qui faisait office de table de chevet, et en tira un livre intutilé "Arts étranges." Tout n'était que hasard, mais ce fut bien réel. Une lampe de chevet était également présente sur la table de chevet. Les meubles n'avaient pris aucune trace de poussière, comme si la chambre était prête à recevoir quelqu'un à tout moment.

« Je suis heureux d'être avec toi et ça me rassure de dormir dans la même pièce. »dit-il en regardant Minilya gentiment.

Ce qu'il ne voulait pas du tout, était que Minilya pense que Sense peut abuser de ce rapprochement pour aller jusqu'à employer des caresses. Jamais il n'aurait permit une telle chose aussi froide que tel. Il voulut la serrer encore une fois dans ses bras, mais son estomac commençait à grogner. Il sourit, passa la main derrière la tête faisant sembler de se gratter et s'excusa :

« Désolé. On a pas manger à midi ^^" »

Et juste à ce moment-là, le "toc" retentit trois fois dans la chambre.

« C'est surement le nain. Je vais ouvrir. »

Sense se dirigea vers la porte, puis tourna deux fois la clé dans la serrure. Comme il l'avait prédit, le nain vint poser sur la table deux plateaux, avec des couverts et tout le tralala nécessaire pour un dîner en paix. La table était aussi grande pour accueillir 4 à 5 personnes. Il alluma aussi une chandelle sur celle-ci, puis avant de refermer la porte, il s'adressa aux deux locataires :

« Bon appétit, je vous laisse le soin de regarde ce qu'il y a à manger. »

Puis en se tournant vers Sense.

« Il faudra que je vous vois demain, on m'a fait part de quelque chose à l'instant dont il faut que je vous informe. Je suis désolé, je n'ai que ça à vous offrir. C'est au sujet de l'entretien, je pense que vous savez... »

« Sans soucis. »acquiesça Sense en souriant.

C'était en fait au sujet de sa séléction des options de perfectionnement. En effet, un entretien devait avoir lieu entre lui et une personne qui se charge de l'option. Il avait tout le temps d'y réflechir et il avait prévu autre chose le lendemain. Le nain s'en alla, et Sense par sûreté referma la porte à clé.

Comment pouvait-elle faire part de ce qu’elle renfermait ? Elle n’était pas tellement sûre qu’elle veuille tourmenter Sense avec ces problèmes qui ne le regardaient en rien, il fallait l’admettre. Il ne se porterait pas plus mal en ne sachant rien. Mais si elle voulait aller plus loin dans cette relation, il lui faudrait être franche, honnête, et ce, dès le départ. Alors qu’elle débattait avec elle-même, Sense faisait le tour de l’appartement, complètement ignorant de cette bataille qui était livrée au sein de l’âme de la jeune Vélane. Celle-ci était à peine consciente qu’il fouillait dans les tiroirs ou même qu’il trouva un livre qu’il examina brièvement.
Puis un coup fut frappé à la porte, le dîner était là et fût porté à la table. Elle était demeurée debout, prêt de la table après avoir fermé la porte, elle ne bougeait pas, telle une statue pâle, sa main était posée sur le dossier d’une des chaises. Lorsque le Nain disposa des plats simples, mais chauds, elle le regarda faire. Elle avait tout oublié de sa curiosité car elle avait autre chose sur le cœur et dans la tête.

**Par où commencer? **

Il y avait tellement à dire, mais elle mit ces pensées de côté. Du moins, pour l’instant elle le dit. Elle attendit que la porte soit fermée, et verrouillée pour se détendre. Elle avait entendu l’échange qui s‘était fait entre l’aubergiste et l’ange. Seule sa tête tourna vers Sense, elle souriait faiblement, avec toutes ses pensées glauques elle avait presque oubliée que la vie continuait. Néanmoins, elle gardait son idée en tête.
Elle finit par dégager la chaise sur laquelle elle avait placé sa main et s’y installa. Elle regarda longuement le couteau et la fourchette, puis les prit en main, veillant à ne pas se tromper, car elle était gauchère et voulait souvent les inverser pour se faciliter la tâche. Elle attendit cependant que Sense soit à table avant de toucher au contenu de son assiette. Elle huma l’odeur qui se dégageait, c’était de l’agneau, par contre elle ne connaissait rien aux coutumes culinaires de cette partie du pays, sa curiosité était de nouveau éveillée. Ayant enfin retrouvé sa personne, elle se permit de prendre la parole après ce moment d’abstention.

« Un entretien ? C’est par rapport à l’école ou veux-tu occuper une position quelconque dans la cité ? »

Ce dialogue était assez banal, mais que pouvait-on attendre de plus lors d’un dîner ? Minilya planta le couteau dans la viande tendre et la coupa, lentement et de manière précise. Comme elle l’avait supposé, la nourriture semblait lui fondre dans la bouche. Rien n’était plus horrible que les repas silencieux où le seul bruit qui pouvait être entendu était celui des couverts étant utilisés. Dès que le repas fut terminé, elle repoussa la chaise et contourna la table, rejoignant l’ange.
Elle l’invita à se lever, comme il lui avait plusieurs fois proposé de le suivre, en tendant la main. Mais elle le fit plus à sa manière, bien qu’elle offrait à Sense de se lever, sa main allait déjà presque chercher la sienne, paume vers le ciel, le bout des doigts recourbé. Elle ne savait pas pourquoi elle tenait tant à lui faire part de cela, mais elle s’y sentait obligée. Elle aurait très bien pu faire semblant, elle était très forte à ce jeu, c’était l’histoire de sa vie en quelques sortes. Mais ce qu’elle voulait c’était surtout pouvoir le prévenir, le mettre en garde contre ce qui l’attendait.

**Si seulement il le savait…**

Minilya se rendit compte que c’était s’engager qui lui faisait plus peur qu’autre chose, elle le voulait, mais elle savait ce que cela entraînerait et bien qu’elle ne fasse plus partie de l’élite Vélane, bien qu’elle n’aie plus d’obligations vis-à-vis du protocole, elle ne pouvait changer sa nature véritable. Pas celle de princesse, mais celle de Vélane.

** Les Vélanes sont des êtres maudits, elles sont condamnées et condamnent avec elles tous leurs proches. **

Minilya avait maintenant attrapé une des mains de Sense, elle prit cette main dans les siennes, et recula d’un pas, l’invitant se lever. Elle ne savait vraiment par où commencer, mais elle le devait. Sachant pertinemment bien que Sense devait se poser des questions, ou était en droit de lui en poser, elle dit dans un souffle :

« Le premier pas est toujours le plus difficile. »

Ce fut sa manière à elle de s’excuser pour cette manière d’agir, pour cet aspect dramatique qu’elle semblait y mettre, mais pour avoir vécu cette situation dans le passé, elle ne voulait pas la voir se reproduire. Cela avait détruit sa Mère et elle ne voulait pas revoir ce même schéma se répéter.
Elle ne comprenait pas pourquoi cela lui brisait le cœur d’avoir à dire la vérité, chez les gens normaux, c’était souvent un soulagement, une cause de bonheur. Peut être étaient-ils aussi anxieux, mais elle avait peine à imaginer que qui que ce fut d’autre puisse aussi mal à l’aise, gêné et récalcitrant d’avoir à dire de telles choses… car justement, ce qu’elle avait à dire n’était pas normal et ces gens ne faisaient pas face à ce lourd héritage dont elle avait hérité bien malgré elle.

A l’instant, peu lui importait l’état de la chambre, ou même où elle se situait, ses doigts s’entrelacèrent avec ceux de Sense. Elle trouvait cette partie du corps fascinant, les doigts semblaient faits pour s’emboîter ainsi et elle aimait à joindre ses mains de cette manière souvent qualifiée de pieuse. Elle savait parfaitement ce qu’elle faisait, mais se demandait si Sense, la comprenait, presque à regret, elle se força à pauser brièvement, elle savait déjà ce dont elle voulait parler, mais il lui fallait auparavant savoir si l’ange voulait entendre ce qu’elle avait à dire.

« Il y a des choses que tu devrais peut être savoir sur moi. »

[i]Elle n’aurait pas pu être plus explicite que cela, mais mieux valait profiter de la clarté, il était si simple de se tromper, interpréter, comprendre de travers, la preuve en est que l’on nomme cela par bien des façons, idiomatiques, symboliques, ou simples. Elle gardait ses mains devant elle, elle avait de nouveau retrouvé cette pause, droite et immobile, elle attendait une réaction de la part de Sense avant de poursuivre ce qui allait être un résumé bref, mais essentiel quant à la compréhension de la personne qu’elle était. Elle n’était pas tellement du genre à aimer les mystères, jouer les énigmatiques, elle laissait cela aux autres. La raison de toute cette hésitation venait de la peur de ce qui se passerait après. Mais elle en avait marre de fuir, cela faisait trop longtemps qu’elle fuyait, non seulement cette nature dont elle devait parler, mais bien plus. Elle n’expliquerait pas tout de son histoire, oh non, seulement la chose qui était essentielle.
S’il devait savoir le reste, il viendrait un temps où elle en parlerait, mais ce n’était pas pour tout de suite.

**Chaque chose en son temps. **

Elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui lui faisait le plus peur, ne pas être rejetée et alors avoir la possibilité de vivre ce qu’elle avait toujours cru impossible pour elle, ou d’être rejetée et jugée, comme on lui avait si souvent dit qu’elle le serait ? Plus elle prenait de temps pour y réfléchir, plus elle se faisait mal. L’ange était trop noble et pur pour juger, cela elle le savait, mais elle ne voyait pas pourquoi elle disposerait d’autant de chance.

Après la question posée par Minilya, il prit un regard neutre et répondit :

« Je ne sais pas, je voudrais étudier les arts étranges, je voudrais les utilisés à bon escient mais je n'ai encore aucun but concernant les postes à occupés dans la cité. Je voudrais, ou plutôt je désire plus que tout être un être à part entière. C'est un peu le rêve de tout le monde, mais on le pense souvent secondairement. Et pour cela, il me faudra du temps, peut-être plus que je ne l'aurais imaginer. Je remercie également la durée de vie d'un ange qui paraît interminable pour moi. C'est vraiment un atout. »

Dans l'élan il se leva la chaise et tenant la main de la jeune vélane, elle lui fit part de quelque chose qui semblait avoir un aspect assez sérieux pour elle. Il n'allait pas décliné cette sorte de propos qui demande de l'écoute, car dans un but premier il était là pour étudier et dans un second but pour entretenir de bonnes relations. Il ne fut pas surprit par le geste de la vélane, mais elle semblait à ses yeux hésitante, confuse. On l'eût dit auparavant qu'il fallait décharger tout le poids lourd que l'on enmagasinait un jour ou l'autre à travers n'importe quel moyen. Etait-elle sur le point de le faire ? Sense attendit patiemment cette réponse. Sense ne dériva pas à son regard autre que dans les yeux de la jeune vélane, un peu moins sous le charme. Car, lui aussi, avait quelque chose à lui dire, mais il préféra attendre d'entendre ce qu'elle avait à lui confié.

* Certes, il faudra que je lui dise, moi aussi. C'est un être très fragile... *

A part toutes ses pensées, la bouchée d'auparavant lui mit l'appétit à la bouche. Peu gourmand, il fut étonnant que le dîner l'attirait, surtout dans un moment pareil. La viande fut tendre, saignante comme il l'aimait, et des harico-verts emplissaient le vide de l'assiette. Tout de suite après, il se demandait si avant de se coucher il aurait le temps d'entamer le nouveau livre qu'il venait de trouver. Il pensa longuement à ses études, au lendemain, à l'après-lendemaine et les jours à venir. Tout était programmé dans sa tête. D'autre part, Sense désirait également faire d'autres rencontres d'autres races, d'autres projets mais il ne voulait surtout pas briser de liens, il voulait juste les entretenir à bon termes, sans y aller trop loin. Il pensa bien de choses en si peu de temps, était-ce une faculté d'un ange ?

Quelques secondes plus tard, à son tour il ouvra la bouche et lui fit part de ce qu'il avait prévu :

« Moi aussi, je dois te dire quelque chose. »

Ce n'était pas quelque chose de banale, ni facile à dire. Mais, il voulait s'assurer qu'elle le comprendra et qu'elle ne le prendra pas mal, après tout, ce n'était ni un reproche ni quelque chose qui la rabaisserait car il ne voulait en aucun cas lui faire de mal, ce serait totalement à l'encontre de ses projets...

Les doigts entrelacés, il revînt à sa discussion, portant un regard plus sérieux, enfin prêt à écouter ce qu'elle avait à lui dire.

« Je t'écoute. »lui affirma-t-il dans l'élan.

Elle ne s’attendait pas à ce que lui aussi ait quelque chose à dire, elle hocha la tête de manière presque imperceptible. Après un bref moment, elle se décida alors de partager ce que nul ne savait à part celles qui partageaient sa triste situation:

« Les Vélanes sont des êtres maudits. Tu me connais sous cette forme, mais ce n’est pas uniquement cela, tu ne voudrais jamais avoir à faire avec ma nature profonde. C’est une longue histoire tu sais, mais je peux t’en donner les lignes centrales. Au plus profond de nos cœurs sommeillent des êtres qui ne demandent qu’à être libérées, de véritables démons. Nous sommes en constante lutte contre nous-même car nous ne voulons libérer ce mal qui est là. »

Ayant l’habitude d’accorder parole et gestes, Minilya désigna son cœur, posant sa main sur sa poitrine, elle avait lâché la main qu’elle tenait depuis quelques instants à peine. Son ton qui chantait tant d’habitude avait perdu ce rythme enlevé et chaud, elle laissait ses paroles s’échapper avec une teinte de tristesse, dans un souffle, comme si elle craignait rien que le fait d’avoir à parler de ce sujet. Mais elle savait qu’elle devait partager cela avec Sense. C’était à cause de cela que sa Mère était devenue amère et ne croyait plus en de sentiments profonds et épanouis appelant l’amour une illusion, et une belle preuve d’égoïsme. Prenant une longue inspiration, Minilya continua, bien que son visage fût levé vers le visage de l’ange, elle ferma ses yeux un bref moment, car c’était pénible et dur d’avoir à admettre une telle chose.

La Vélane s’imposait un rythme lent, car elle sentait la frustration monter en elle. Elle n’arrivait pas expliquer ce qu’elle, ainsi que ses semblables, étaient destinées de vivre chaque moment de leur existence. Ses deux mains saisirent Sense de manière inattendue, dont il aurait été impossible de se douter, en cela on aurait pu qualifier le geste de violent, de par ce caractère insoupçonné. Elle enserrait chaque bras de l’ange, lui faisant face et le regardant droit dans les yeux.

**Il n’y a qu’une manière pour lui faire comprendre, Minilya, libère-toi, libère-moi ! **

« Nous sommes des êtres doux, attachés aux manières, sensibles à l’art, la beauté, mais en réalité nous sommes tout aussi abjects, jaloux, possessifs, … la liste est longue. Mais nous le gardons enfui derrière des masques, derrière une étiquette, un protocole auxquels beaucoup prêtent bien plus d’attention que ce par quoi ils devraient juger : les actions. La surface leur plaît et nous les laissons croire en ces masques.
Il est arrivé que ce démon que l’on renferme en nous se dévoile. Un accès de colère le libère et alors… nous devenons… méconnaissables. »

**Le feu. Oui, la seule fois où ça nous est arrivé c’était lors de…**

Minilya était en plein cœur du sujet maintenant, et malgré ses efforts, son discours s’accélérait, ses doigts si fins et délicats faisaient preuve d’une force qu’elle ne contrôlait plus, enfonçant ses doigts légèrement dans les muscles des bras de l’ange, c’était loin d’être assez pour causer des dégâts sérieux, mais s’il était de ces gens qui avaient facilement des bleus, il en aurait certainement avant peu de temps. Celle-là même dont elle parlait à Sense se manifestait par ces actes. Ses yeux étaient légèrement plus grands, laissant voir l’iris noir se teinter d’une autre couleur, en réalité Minilya avait des reflets ambres, mais ils étaient imperceptibles, elle les tenait de son père apparemment mais elle n’avait jamais prêté attention à ce détail, elle demeurait Vélane malgré des pupilles différentes.
Une bouffée de chaleur la gagna, elle baissa sa tête, honteuse, elle faisait preuve de manque de contrôle. Celle qu’elle détestait, non arborait tant, cette autre Minilya ne devait trouver un moyen de remonter à la surface, ses doigts qui s’étaient crispés autour des bras de Sense relâchèrent leur étreinte.

**Ca ne sert à rien de t’interrompre, car s’il a décidé de te juger, c’est déjà fait. **

Minilya leva la tête, elle ne savait pas du tout ce que l’ange pensait, donc elle n’insista pas plus, elle s’approcha de lui, ce qui la força à lever sa tête puisqu’elle gardait ses yeux rivés droit vers lui et n’étant pas bien grande cela expliquait tout. Elle ôta finalement ses mains des bras de l’ange, il y avait quelques petites traces rouge, rien de bien méchant et reprit alors la parole :

« On ne contrôle pas du tout cet être qui est là, car cet être, c’est notre véritable aspect… non … c’est un aspect de notre personnalité. Si jamais je viendrai à être habitée par un sentiment intense de rage, de frustration, de jalousie, alors celle que tu as devant les yeux disparaîtra… Telle une harpie qui se déchaîne… »

Minilya laissa ces derniers mots sortir de sa bouche avec une lenteur extrême ne sachant comment lui dire qui elle était, ce qu’elle était vraiment et une harpie était exactement ce à quoi elle ressemblerait. Elle venait de lui faire part de cette crainte qu’elle avait, cette phobie avait pour effet de la faire complexer, mais le problème était bien plus important, car cette malédiction était liée à sa race et chaque membre de sa famille avait perdu l’être qui était le plus cher car c’était une vérité insupportable. Une fois leur apparence dévoilée, elles n’étaient plus jamais vues comme l’être magnifique qu’elles étaient.

**Car ce qu’on te reproche ce n’est pas ta beauté, mais cette laideur. C’est cette immonde créature qui est la réelle Vélane, c’est ce que nous sommes. Ton instinct, ton âme, tout se résume à ce déchet que les dieux ont rejeté. Personne ne peut vivre avec une telle créature. **

Elle s’apprêtait à lui en dire plus, mais ne le fit pas. Elle ne pouvait déblatérer son histoire entière sans échange. Surtout que ce qu’elle avait à rajouter n’était pas de la plus haute importance.

**Comment cela ? Le fait que ce soit la harpie qui tue le compagnon de la Vélane n’est pas de la plus haute importance ? Dire que cette vile créature et la Vélane ne forme qu’un, c’est dire que la Vélane tue son compagnon. C’est vrai que la priorité est la survie de la race, les Vélanes existent seulement pour rappeler aux autres la chance qu’ils ont d’avoir de véritables compagnes. **

Se contrôlant avec mal, Minilya voulait trouver refuge dans les bras de Sense, mais elle savait que s’il ne la rejetait pas, il n’en souffrirait plus que plus tard. Elle avait eut son moment de confort, de réconfort même, au creux de ses bras, et même sur son dos, entre ses deux puissantes ailes qui semblaient encore plus blanches que d’habitude, le rendant si pur et si hors d’atteinte. Elle ne voulait pas espérer, rares étaient ses consoeurs qui n’avaient jamais souffert et qui n’avait jamais fait souffert leur entourage. A ce stade, elle savait que quoiqu’il arrive, elle souffrirait, mais elle préférait lui éviter d’inutiles souffrance, en lui disant cela, elle lui permettait de partir avant qu’il ne regrette quoi que ce fût.
Son regard pesait sur elle, elle prit un pas de plus dans sa direction, elle était à quelques centimètres de lui et pouvait sentir la chaleur qui émanait de son cœur, cette énergie que tous les êtres émettaient qui les liait tous les uns aux autres. Elle prit ses mains entre les siennes. Elle n’avait jamais véritablement osé esquisser le moindre geste engageant vers qui que ce fût, mais elle n’arrivait pas à mettre de côté ses sentiments confus. Elle porta les mains au niveau de son visage et y déposa un baiser, il était coutume chez elle de faire ainsi lorsqu’on venait de confesser, en signe de reconnaissance au confesseur, un baiser était offert en signe de sincérité et pour montrer la volonté à changer la situation.
Minilya posa alors sa tête contre le torse de Sense, ce silence était pesant, et elle anticipait sa réaction avec angoisse. Elle ferma les yeux et une unique larme roula le long de sa joue et se perdit dans la toile que revêtait Sense.

**Les larmes chez les Vélanes sont aussi rares que les plumes qui tombent des ailes des anges. **

C’était ce que sa Grand-mère lui avait dit lorsqu’elle avait pleuré un jour étant jeune. C’était pour faire arrêter le flot de larmes que la petite Minilya ne voulait pas arrêter, et elle avait réussi à attirer l’attention de la Vélane en parlant d’anges. Minilya se souvenait parfaitement de cet évènement, elle avait aussitôt arrêté de pleurer et avait supplié sa Grand-mère de lui conter des histoires sur les cités des anges, de décrire les villes où vivaient les elfes, de lui rappeler à quoi ressemblaient les Trolls, Centaures et Nains. Sa Grand-mère avait refusé. Depuis ce jour il y eut deux changements dans la vie de la jeune Vélane, Minilya ne versa plus une larme, à part à cet évènement dont elle ne relaterait l’existence que si un jour elle devait se trouver forcée à en parler ; l’autre différence était qu’elle s’était toujours rappelée que la rareté d’une chose comme la perte d’une plume signifiait non seulement une chance, mais était considéré comme un bon présage.
Les pensées de la Vélane se portèrent alors sur la plume dont elle avait héritée plus tôt, et tel un mince rayon se déversant dans une pièce sombre, l’espoir naquit, créant une brèche dans ce mur de doute qu’elle avait construit autour de son cœur.
Bien qu’elle songeait à de nombreuses choses, elle restait attentive au moindre mouvement de Sense, le langage corporel exprimait parfois plus que les paroles ne le faisaient et elle avait toujours été sensible à ce changement dans l’attitude, mais aussi dans ce fluide vital, cette énergie qui entourait chaque être.

Sense ne savais pas par ou commencer, ni par quoi terminer. Les traces rouges que lui avait laissé la jeune Vélane était toujours présentes tel des lianes invisibles. Sense était à présent sûr qu'elle maîtrisait l'élément de la terre, symbolique de force. Il ne s'attendait vraiment pas à cette histoire. La vélane sembla si confuse pendant et après ces dires qu'il accepta tout de même de la prendre dans ses bras. Il ne jugea pas tout de suite si ce qu'elle venait de faire était bien ou mal vu qu'en contre-partie lui aussi a quelque chose à lui dire.

Il n'en revenait toujours pas. Comment des êtres aussi parfaits pouvaient détenir autant de froideur et cette sorte de chose en elle.

* Une double personnalité. *

De son avis, il lui sembla que la malédiction qui régnait et règne toujours sur cette race est la double personnalité. Un changement aussi soudain de caractère, de gestuels ne peut aboutir qu'à cette solution. Il ne regretta pas tout de suite les cours qui lui avait été conférés au sujet des races de cette planète mais tout au contraire il en apprit bien plus qu'en quelques années en seulement 5 minutes. Il était fièr d'elle, tel un père qui réconforterait sa fille dans le monde humain. Il lui caressait les cheveux, mais se méfie toujours aux actions imprévisibles de la jeune Vélane. Malgré leurs apparences, une telle force sommeille en eux. Sense voulait donner son point de vue, mais pas de suite, celà risquerait d'approfondir la blessure gravée en Minilya. Il caressait de son autre main le dos de la vélane, attendant qu'elle se calme. Lorsque ceci fut terminé, il l'a prit par les épaules calmement et l'en éloigna d'un demi mètre. Avant de lui dire ce qu'il avait à dire, il lui prêta conseil :

« Je pense, que tu dois apprendre la maîtrise de soi, et la maîtrise de ton pouvoir. Je sais que ces traces n'étaient pas voulues, mais je comprends tout à fait que tout dépend de la maîtrise de soi-même. Je ne veux pas d'excuse, je m'en passerai. » finit-il avec un air sérieux et une froideur terrifiante.

Ce qu'elle semblait ressentir, cette sorte de chaleur qui était émanée par le coeur de Sense n'était tout autre que sa nature angélique, car au plus profond de lui, il n'éprouvait rien pour elle.

« Je porte en moi, comme tout ange d'ailleurs, une partie humaine. Cette partie de moi exprime de faibles sentiments, mais celle-ci ne domine pas mon moi. Je ne saurais comment te l'expliquer, mais nous les anges dans nos têtes restont toujours éloignés des personnes quel quelles soient. Notre coeur est enfermé par un nombre indéfini de portes dont les serrures ont perdues leurs clés. Pour te dire ça clairement, tout n'était que théâtre et mise en scène. Cela me fait mal de te le dire, mais nous nous contentons de faire plaisir au gens, en leur souriant, en leur prouvant notre sagesse et gentillesse. Mais au plus profond de nous, nous ne sommes que des êtres vides. Du moindre, je parle pour moi, qui n'ai connu seulement mon maître, tel ce qu'on appelle les chiens ici-bas. Je suis anobli par cette forme angélique et mon caractère d'ange car j'ai apprit à le forger au fil du temps. Beaucoup d'anges sombrent au désespoir, mais j'ai su le surmonter, tel que tu devrais le faire. Pour ton bien, et pour le mien, je ne voudrais pas que ça aille plus loin que notre relation actuelle. Mes projets sont dispersés dans le monde entier et je ne tiens pas à te faire sombrer encore plus que tu ne l'est. Le bon être pour moi est celui qui avant tout se maîtrise et connait les règles de la vie qui se généralisent pour moi en paix et justice. Le charme que tu me procure ennivre la partie humaine en moi, ainsi que les sentiments d'amour que j'éprouve pour toi.Tu possèdes un pouvoir, que tu devras développer, mais je ne saurais te dire ce qu'il te serait arrivé si ton autre toi t'aurait poussé à l'extrême... »

Il remercia encore une fois son maître par l'intérmediaire d'une pensée, car sans sa sagesse et sa patience, il n'aurait pas hésité à âgir stupidement sans temps de reflexion. L'appétit n'était plus présent et il avait dit ce qu'il avait à dire. Il garda son air sérieux et anobli, et conclut :

« Voilà ce que je suis. »

* Je pense avoir bien fait, mais je me sentirais pas de me répéter à tout le monde. Elle a bien de la chance à être ma première rencontre, mais je ne saurais pérdire notre avenir. *

Il laissa tomber ses bras dans le vide, il ne savait plus quoi faire. C'était la seule fois de sa vie ou il se sentit ridicule. Peut-être venait-il lui aussi d'accomplir la connaissance de sa véritable identité. Sense se dirigea vers la fenêtre, une envie d'évasion était au rendez-vous, mais son devoir était de protéger cet être qui se tenait debout dans la pièce avec lui. Peut-être en avait-il trop fait pour cette mise en scène, mais il ne regretta pas ses dires et ne voulait en aucun cas passer pour un menteur. Gardant méfiance, il n'osa plus faire le moindre geste, qui serait soupçonné d'être mis en scène par la jeune Vélane. Il attendait patiemment sa réponse avec une envie de l'enlacer une dernière fois, mais il rejetta cette pensée humaine car il n'était pas sûr que la vélane ait comprit quel type d'ange s'agissait-il.

Minilya était ravie que Sense ne le juge pas, c’était vraiment tout ce dont elle avait besoin. Il la réconforta à sa manière, elle n’allait pas s’en plaindre non plus. Elle n’avait parlé à personne de ce qu’elle ressentait depuis… L’avait-elle jamais fait ? Mais elle ne s’était libérée d’aucun poids car la menace ne se faisait que plus présente. Elle hocha la tête alors qu’il lui dit qu’elle devrait apprendre maîtriser son pouvoir. Comme elle le pensait, son corps parla pour lui, il l’éloignait de lui, puis revenait vers elle. Un instinct souffla à la Vélane qu’il était peut être confus, pas autant qu’elle bien entendu, mais lui aussi avait ses démons en quelque sorte.

« Les Vélanes ne sont pas dotées de ce pouvoir, tout comme pour les autres races, ce pouvoir est en nous, mais il est rare. Mais je comprends ce que tu veux dire, c’est d’ailleurs pour cela que je suis venue ici dès que j’ai entendu parler de la Cité. »

Elle ne dit rien par rapport à la maîtrise de soi, elle n’était pas de genre à méditer des heures et elle persuadée qu’elle aurait à le faire durant ces cours, donc ne voyait pas l’utilité d’essayer de « faire le vide dans son esprit ».
D’une certaine manière, le fait que lui aussi ait quelque chose à partager, un secret enfui la rassurait. Un être sans problème de la moindre sorte, n’existait probablement pas de l’avis de Minilya. Elle ne languit guère sur cette pensée, toute son attention étant portée à celui qui venait de l’écouter sans broncher et qui semblait capable de l’accepter pour ce qu’elle était, malgré tout.

Quand elle en vint à écouter Sense, elle retrouva sa dignité, elle s’était emportée et détestait cela. Elle préférait avoir le contact visuel avec la personne à qui elle parlait. Elle trônait au centre de la pièce, bien que la pièce fut grande, elle n’était pas bien illuminée et la chadelle donnait un ton orangé à la peau blanche de Sense, lorsque la flamme vacillait, ses traits étaient à moitié cachés par l’obscurité. Elle prit finalement la parole après que Sense dit d’une traite ce qu’il avait dire. C’était bien plus clair et organisé que ce qu’elle avait dit. Il savait exactement qui il était et ce qu’il avait à dire. Un sourire gagna les lèvres de Minilya, ils étaient d’exacts opposés. Elle trouvait cela intéressant, bien des points les rapprochaient, mais au fond, ils n’avaient rien à voir l’un avec l’autre.
Elle se laissait affecter par tous ses sentiments et mettait un masque souvent distant et froid, alors que lui, pour cacher cet aspect sans cœur était attiré vers les autres et les aidait.

**Tout sauf de la pitié !**

C’était parfait, un autre débat venait de se soulever en elle. Elle ne voulait la pitié de personne, elle n’avait rien à faire de la pitié, mais Sense représentait finalement exactement ce dont elle avait besoin. Un sourire qu’elle ne présentait que rarement, un sourire fier, un qui marquait le visage d’un seigneur ayant gagné un combat, était à présent sur ses lèvres. Elle le regarda s’éloigner, elle n’avait toujours rien dit, il semblait en proie un tourment, marchant de ça de là. Pourtant elle avait mal, au fond, c’était son destin, elle le savait.

« Je suppose que ce ne sera pas la réponse à laquelle tu t’attendais, mais tu viens de rendre les choses extrêmement claires.»

Avant même de s’expliquer elle le rejoint, ils se ressemblaient en ce moment, de par leur stature détachée et froide, de leur confusion et peut être aussi parce qu’une parti d’eux désiraient se rapprocher de l’autre. Elle prit le visage de Sense dans ses mains, son sourire s’était radouci, la lueur des étoiles et de la lune pénétrait par la fenêtre, éclairant les traits de l’ange plus distinctement. Elle savait qu’elle ne devrait pas le faire, mais le fit, il était clair d’après ce qu’il venait de lui dire qu’il ne pouvait, ne voulait aller plus loin. Elle approcha son visage du sien et l’embrassa, elle s’était collée à lui, Minilya laissait sa nature vélane s’exprimer. Mais elle s’arracha à cette étreinte, gardant ses mains autour du visage, elle murmura, profitant de leur proximité.

« Tu es libre comme l’air, mais tu resteras en moi. Tu es ce dont j’avais besoin, et ce dont j’aurai toujours besoin ; pour éviter tout débordement d’émotions, je devrai faire appel à ce sentiment, mais je ne pourrai jamais te faire de mal si tu n’es pas là.»

C’était la Minilya qui venait de mettre les pieds dans la Cité qui se trouvait face à lui, prétendante à un titre et un héritage qui n’existait plus à ce jour, mais la fière descendante de ses ancêtres. Elle caressa la joue de Sense un bref moment avant de ce détacher de lui. Il ne savait pas qu’elle l’avait marqué, une part de lui demeurait avec elle, c’était ce que les Vélanes faisaient, une fois qu’elles avaient cela, elles jouaient avec les hommes, en faisaient leurs victimes, mais Minilya reniait cet héritage et elle garderait ce que Sense lui avait cédé sans le savoir, elle se raccrocherait dessus et cela suffirait peut être à la contenir un moment. Ce qui n’empêcherait pas le démon de vouloir porter atteinte aux âmes d’autres mâles. Mais la jeune Vélane se connaissait.

**Là, c’est le moment où je le tuerai pour avoir osé un tel affront, personne ne peut refuser à une Vélane ce qu’elle désire... Il faut croire qu’il a assez de volonté propre… Peut être nous sera-t-il utile par la suite ?**

Sense se laissait faire de part ce geste qui ne fut pas prit à la légère par sa partie humaine qui sommeillait en lui. Il était temps maintenant de mettre à éxecution un plan, qu'il avait en quelque sorte organisé en deux trois minutes. Il ne voulait ni faire souffrir Minilya, ni souffrir lui même. Hors, il savait bien d'après ses dires que si elles restaient trop proches d'elle, elle en ferait une victime. Ou plutôt l'autre personne qui sommeille en elle. Il reviendrait la voir, certe par moments, mais ne pourrait vivre sa vie avec. La fenêtre était ouverte, elle débouchait directement sur le toit d'un immeuble. Le vent entrait et sortait. Il regarda pour la dernière fois de la soirée Minilya et lui fit part de quelque chose :

« A la prochaine, on se reverra. Deviens forte et prend soin de toi. »

* Tant pis, je t'écouterais jouer de la lyre une autre fois, pardonne-moi. *

Aussi agile que rapide, il se jeta par la fenêtre, ses aîles presque luminescentes se déplièrent et il s'envola dans le ciel dévasté de toute sorte d'être volant la nuit. Il avait entendu dire par l'intermediaire de Minilya qu'il y avait des dortoirs conçus exprès pour ceux du même élément, il compta bien s'y rendre car malgré tout il voulait dormir dans un lit bien douillet.

* Elle l'a fait, elle n'aurait pas dûe. *

Il repassa dans sa tête cette scène chaleureuse ou la jeune vélane l'embrassa. Il fit une erreur de se laisser faire car maintenant comme elle le dit, une partie de lui était resté gravée en elle. Il s'était mis en danger, inconsciement. Il ne pouvait sur le moment refuser un tel baiser car son côté humain le surpassait. Ses sentiments avaient fait surface et il ressentit quelque chose qui n'était pas de lui, de l'amour. Cette soirée l'avait débordé, il était plus que confus et il devait trouver refus pour ranger tout ceci dans l'ordre. Il en conclut que les vélanes appartiennent à une race maudite, qui à leurs tour charment les gens et en font leur cible. Tout n'était que précaution car il ne pouvait savoir qui prenait le dessus sur cette jeune fille si fragile. Il regretta quelques secondes cette évasion, mais il persista sur le fait que c'était pour son propre bien. L'avantage était que dans les airs, personne ne pouvait le pister, il avait prit une telle allure que le vent balaya toutes traces derrière lui.

Sense prit un petit moment pour contempler cette nuit étoilée, et comme par hasard à ce moment-là, il se situait au dessus de l'immeuble ou ils étaient en début de soirée. D'ici, il ne fut pas difficile de trouver l'académie.

* Maître vous aviez raison. La vie est tellement incompréhensible ici-bas, les êtres sont si mystérieux. Je vous en suis très reconnaissant, je vais enfin pouvoir prendre ma vie à deux mains. *

Il n'éprouvait aucune peine, aucun regret dès lors. Quand les lumières commencèrent à s'éteindre dans le centre-ville, il s'envola, battant des aîles de plus en plus vite, en direction de l'académie.

Minilya le regarda partir, elle n’avait pas esquissé le moindre geste pour le retenir. Elle s’en voulait, en fin de compte très chère Mère avait raison, l’amour est né d’égoïsme. Elle garda ses lèvres pressées l’une contre l’autre, elle ne savait pas pourquoi elle l’avait fait. Rien que cette réaction surprenante valait le coup.

« Tu te fais mal pour rien… »

Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit cela à voix haute. Etait-ce pour Sense, ou plutôt pour elle-même, car elle était aussi surprise par cette décision drastique. Elle ne savait pas que cet ange était si radical, mais elle sourit, cela ne le rendait que plus intéressant pour elle. Elle porta sa main à son cou, elle frôla quelque chose de doux. Elle baissa les yeux, elle avait oublié qu’elle avait accroché la plume. Son sourire vicieux réapparu l’instant d’une seconde. Il ne savait pas à quoi il s’était engagé, la Vélane était après lui, cet être immonde et possessif que Minilya avait décrit, cet être qu’elle refusait d’être prenait le dessus.

**Cette cité est petite, mon pauvre ange, tu ne pourras éviter de me croiser.**

Elle n’avait nulle intention de lui courir après, seules ces femelles qui habitaient les villes donnaient autant de signification à leurs relations et faisaient tout pour ne pas les perdre. Minilya se dirigea vers la fenêtre qui laissait l’air frais de la nuit s’engouffrer dans la pièce chauffée. Sa pâle figure avança vers la fenêtre, sa robe qui recouvrait ses pieds était faite d’un voile léger et elle ne n’aimait pas avoir la chaire de poule. On aurait presque dit qu’elle glissait, lévitait à quelques centimètres de sol. Elle avait tout retrouvé de sa gracieuse personne.
Cependant elle ne savait que faire d’elle-même, elle garda sa main posée sur la poignée de la fenêtre, se rappelant du geste que Sense avait fait, ouvrant la fenêtre à la volée et se jetant hors de la salle. Elle ne regrettait pas son acte car elle en avait envie et elle savait qu’une partie de lui la désirait, mais elle se détestait pour avoir agi de telle sorte. Etait-ce donc cela l’amour ? Un mélange de sentiments qui laissaient les gens troublé, béats, heureux et dégoûtés ? La Vélane l’aimait, sincèrement, mais elle savait que s’il était restait, cela aurait été pire et en agissant comme elle l’avait fait, elle avait fait en sorte que le pire ne se produise pas. Elle avait le mérite d’avoir tourmenté l’homme en Sense, maintenant, elle voulait l’ange.

**Autant pour tes principes jeune Vélane tu agis comme ces êtres abjects que tu détestes tant… Sauf que si un ange n’a pas de sentiments, alors tout ira pour le mieux. **

Minilya savait cet amour impossible, et c’est pour cela qu’elle se rabattait dessus. Mais vu son état, elle ne tarderait pas à quitter la chambre pour trouver une autre victime. Bien entendu, elle avait donné son cœur, c’était là le tourment de Vélanes, car elles avaient tout de même un cœur… Mais puisqu’elle l’avait donné à quelqu’un qui n’en voulait pas, elle ne souffrirait pas et lui ne souffrirait que peu puisque l’ange pourrait surmonter la douleur si jamais elle était si pressante.

La jeune Vélane se retourna après un moment, embrassant la chambre à coucher d’un regard critique, ses yeux se posèrent sur le livre, puis sur la table. La nourriture n’avait été qu’à peine entamée. Elle détourna ses yeux, un repas froid était écœurant, elle n’avait plus rien à faire dans cet endroit.
Elle allait tout de même dormir, Sense avait payé pour cette chambre. Elle se coucha et tomba sans difficultés dans un sommeil profond et réparateur. Dès que le soleil fût levé, ses rayons pénétrèrent dans la chambre la réveillant. N’ayant plus rien à faire dans une chambre qui avait été louée pour une nuit par quelqu’un d’autre, Minilya sortit.

{RP fini}

Auberge > Chambre 45 ( Privé sauf sous invitation )

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