Jorhuun devait réfléchir à ce qui venait de lui arriver, et pour cela, il n'avait pas trouver meilleur endroit que les falaises, cet endroit calme et déchaîné à la fois où pourtant le bruit des vagues se brisant contre les rochers ne vous dérange pas. C'est pour cela qu'il était là.
Voir les vagues se fracasser contre la terre était un spectacle magnifique qui pendant un moment troubla Jorhuun; puis, après quelques minutes pendant lesquelles il avait laissé son regard se perdre dans l'eau, il se remit à réfléchir.

*Je me rappelle que je revenais du square Xéna et que je voulais aller... mais où déjà ? Au dortoir peut-être ? Alors, me serait-il arrivé quelque chose au dortoir ? Ou en chemin ? Qui pourra me répondre ... Je sens que la réponse est au fond de moi mais je ne la trouve pas ...*

Et il resta un moment immobile à regarder la mer à la fois calme et coléreuse contre les falaises.

[Je peux? ^^]

Nelyane marchait tranquillement en direction des falaises. Elle avait du temps libre devant elle, et s'était dit qu'une petite ballade lu iferait le plus grand bien... Elle s'était donc armée de sa fidèle canne qui ne la quittait jamais, et s'était laissée guider au fil de ses pas qui l'avait conduit jusqu'aux falaises.

Falaises où elle n'était d'ailleurs jamais allé. Elle en avait juste entendu parler, par-ci, par-là... Mais sans plus. C'était donc une idée intéressante que d'y aller. De plus, le temps superbe qu'il faisait ce jour-là s'y prêtait beaucoup...

Quoiqu'il en soit, Nelyane marchait donc tranquillement près des falaises, avec tout de même une certaine prudence, car l'endroit pouvait être relativement dangereux pour une personne aveugle comme elle... Mais cela ne l'empêchait pas de s'y aventurer. Elle se laissait donc guider par tous ses autres sens qui restaient en éveil, appréciant l'odeur si caractéristique de la mer qui parvenait jusqu'à ses narines et se laissant doucement bercer par le roulis continu ds vagues qui venaient heurter les falaises...

Elle s'approcha prudemment du bord, puis s'arrêta à quelques centimètres du bord, sachant par intuition qu'il ne fallait pas s'approcher plus. Elle s'assit en tailleur sur l'herbe, tandis que son esprit travaillait, tentant d'imaginer le paysage qui s'étalait devant elle. Un sourire presque imperceptible s'inscrivit sur ses lèvres. Elle n'avait guère besoin de ses yeux pour se le représenter...

[Oui bien sûr que tu peux ]

Sans un bruit, sans une parole, une jeune et belle femme s'était apporchée du bord de la falaise et s'était assise. Jorhuun ne la remarqua pas tout de suite, c'est lorsqu'elle s'assit qu'il se rendit compte qu'elle était là et qu'elle venait certainement d'arriver.
Elle était incroyablement belle, ses cheveux bleus flottaient comme s'il s'agissait des vagues en elles-mêmes et ses yeux bleus et pâles ne semblaient regarder nulle part. Cela troubla le jeune ange qui trouvait que quelque chose était étrange cette jeune femme.
Puis, finalement, il s'approcha d'elle:

"Je peux m'asseoir près de vous ?" demanda t-il d'une voix douce.

Nelyane ferma les yeux, comme si elle cherchait à mieux profiter de cet instant. Elle les rouvrit cependant bien vite quand elle sentit une présence non loin d'elle, et ses soupçons se retrouvèrent confirmés lorsqu'elle entendit un bruit de pas étouffé qui se rapprochait, un bruit sans doute inaudible, mais pas pour elle...

Elle tourna la tête vers cette personne avant même qu'elle ne commence à parler, levant la tête à tout hasard, ses yeux bleus semblaient même en train de fixer quelque chose. Elle entendit alors une voix douce, agréable, une voix masculine.

Un sourire s'inscrivit sur ses lèvres, un sourire simple mais avenant, attirant. Elle savait qu'elle n'avait pas à se méfier, que c'était une personne digne de confiance, elle le sentait tout simplement...

Seulement alors elle se mit à parler, de sa voix si douce, ce sourire toujours sur ses lèvres:

"Oui, bien sûr, allez-y..."

Nelyane était calme et silencieuse. Sa tête était dirigée vers le paysage devant elle, et on pouvait réellement croire qu'elle était en train de l'observer. Mais non, ce n'était pas le cas.

Elle avait porté son attention sur le jeune homme qui venait de s'asseoir à côté d'elle, bien qu'il était impossible de s'en douter. Mais c'est pourtant ce qu'elle faisait. Tous ses sens en éveil (ou presque ^^), elle écoutait le son quasiment inaudible de sa respiration, que seule son ouïe fine parvenait à entendre, elle apprenait à reconnaître son odeur, et tout un tas d'autres choses que les gens "normaux" n'imaginent même pas... C'était sa façon à elle de faire connaissance avec quelqu'un, de regarder les gens...

Elle commençait même à percevoir les sentiments du jeune homme. Pas tous, c'est sûr... Mais elle sentait une certaine tristesse, un certain doute dans son esprit. Elle n'en parla pas, bien sûr... Elle n'en parlait jamais, sauf quand elle était sûre qu'elle pouvait le faire...

Elle fut interrompue dans ses pensées par la voix du jeune homme qui lui posait une question. Elle tourna sa tête vers lui, ses yeux semblant le fixer, avant de répondre de sa voix toujours douce, tout en souriant:

"Non, pas du tout. Je me nomme Nelyane..."

Elle se tut un petit instant, avant d'ajouter:

"Et vous, quel est le vôtre?"

Elle regardait la mer silencieuse, puis elle répondit à la question que Jorhuun lui avait posée. Ce dernier, alors émerveillé par le prénom de cette femme mystérieuse et belle, le répéta tout bas en l'articulant, ne se doutant pas que la jeune femme, malgré le peu de décibels qui sortirent à ce moment de sa bouche, pourrait l'avoir entendu prononcer son nom. Il répéta également en lui-même le prénom de cette femme qu'il admirait si précocement avec tant d'ardeur. Son calme prouvait la sagesse qu'elle avait, assurément, elle en avait, il n'y avait pas de doute là-dessus, Jorhuun en était plus que sûr!

"Je m'appelle Jorhuun Korgys." lui répondit-il.

Elle avait des yeux magnifiques mais Jorhuun était effrayé et indigné à l'idée que cette femme si belle et si gentille pouvait avoir un tel handicap et en souffrir; pourtant, il ne voulait pas le lui demander pour en être sûr, il ne voulait pas la faire souffrir.
Il aurait aimer lui parler, mais il avait en même temps peur qu'elle ne le veuille pas, donc il la laissa tranquille, regardant avec elle la douceur des flots au loin dans la mer, ainsi que la violence des vagues, juste sous leurs pieds, contre la falaise.

Nelyane, après un dernier sourire, tourna à nouveau la tête vers la mer. Elle ferma les yeux, et se laissa bercer par le doux bruit des vagues qui venaient se fracasser sur la roche des falaises...

Elle entendit le jeune homme murmurer son nom, mais n'eut aucune réaction particulière, si ce n'est un sourire mystérieux. Ce sourire mystérieux qu'elle avait toujours lorsqu'elle savait des choses que les autres ignoraient...

"Jorhuun? C'est un beau prénom...", dit-elle simplement, les yeux toujours fermés.

Elle reporta à nouveau son attention Jorhuun. Plus particulièrement, sur ce qu'il ressentait. Non pas qu'elle soit empathe, c'était plus par intuition. Une intuition qui se révélait exacte la plupart du temps... C'était ce qu'elle appelait son "sixième sens". Elle arrivait à ressentir les sentiments des autres, quels qu'il soient. Comment? Elle l'ignorait. Mais ce n'était pas le plus important. Elle le savait, c'est tout...

En bref, elle savait à cet instant que le jeune homme se triturait l'esprit afin de savoir si oui ou non il allait lui parler. Pourquoi hésitait-il? Elle ne savait pas. Mais elle allait lui faciliter la tâche...

"Vous vous posez cette question, n'est-ce pas? Savoir si oui ou non j'ai cet handicap..."

Elle ouvrit les yeux et tourna la tête vers lui avant d'ajouter:

"Et bien, la réponse est oui. Vous vous en doutiez, ais-je raison?"

Elle eut un sourire.

Il la remercia simplement de trouver son prénom joli, lui aussi trouvait le sien très beau et surtout très doux.

"J'adore votre prénom, il est magnifique à prononcer. C'est une harmonie pour les oreilles." lui expliqua t-il en souriant.

Puis, c'est elle qui brisa le silence, un silence que Jorhuun avait lui-même peur de briser pour poser une question qui lui semblait trop indiscrète mais dont elle parla justement. Cela ne pouvait être une coïncidence ou alors de la télépathie, ou tout simplement de la logique... Jorhuun n'en savait rien et à vrai dire, il ne se posa pas la question, du moins pas tout de suite.

"Euh ... à vrai dire oui, c'est bien ce que je me demandais, et je voulais aussi savoir ... cela ne vous fait-il pas souffrir ? Je ne supporterai pas de vous voir souffrir!"

Nelyane eut un grand sourire lorsqu'elle entendit le compliment de Jorhuun. Elle n'était pas habituée à recevoir des compliments, il faut l'avouer... Après tout, elle avait vécu seule - ou presque- une bonne partie de sa vie...

"Comme une douce mélodie..." dit-elle, un peu pour elle-même.

Elle sembla un peu nostalgique sur le coup. En fait, cela lui rappelait ce que lui avait dit son "père adoptif" un jour... Il l'avait appelée ainsi car ce nom lui rappelait les paroles d'une petite mélodie, qu'il lui chantait souvent d'ailleurs...

Ses yeux semblèrent briller étrangement l'espace d'une seconde, mais si vite que cela se remarquait à peine. Elle commença à fredonner l'air de la mélodie, d'une voix un peu lointaine...

Elle revint cependant bien vite à la réalité lorsque Jorhuun parla à nouveau. Ses paroles la firent sourire d'ailleurs. Croire qu'elle souffrait de sa cécité était ce que pensaient souvent les gens. Mais à vrai dire, c'était une méprise qui la faisait presque rire. Et c'est d'ailleurs ce qu'elle fit. Elle eût un léger rire, un rire doux au son cristallin... Elle tourna la tête vers Jorhuun avant de lui répondre.

"C'est étrange, c'est souvent ce que les gens pensent... Mais rassurez-vous, ce n'est pas le cas... Jamais je n'ai souffert de ma cécité, bien au contraire... Peut-être n'est-ce pas facile à concevoir pour vous, mais après tout, dans la mesure où je n'ai jamais vu la lumière du jour, je ne sais pas à quoi elle peut ressembler. Pour moi être aveugle est une chose aussi évidente que le fait de voir peut l'être pour vous."

Nelyane restait silencieuse, tentant d'en découvrir autant qu'elle le pouvait sur le jeune homme. Elle sentait chez lui une certaine gène, mais elle n'auait su dire à quoi elle était due. Pas à son handicap, ce n'était pas vraiment un malaise. Il était géné face à elle, mais pourquoi?

"Oui, je suis aveugle depuis la naissance. Je n'ai jamais vu la lumière du jour... Mais n'allez pas croire que cela me pose problème, au contraire..."

Elle eut un sourire mystérieux, avant d'ajouter:

"Ce qui est iben, lorsqu'on est aveugle, c'est qu'on peut imaginer les choses comme on le souhaite... Et alors, tout peut prendre une dimension magique..."

Elle tourna sa tête vers Jorhuun, le même sourire toujours inscrit sur les lèvres. Elle ne savait absolument rien de lui, si ce n'est son nom, mais il n'empêche qu'elle trouvait sa présence agréable... Et elle sentit bien vite qu'elle n'était pas la seule à penser cela...

Elle eut un rire lorsqu'elle entendit la question de Jorhuun. Pas un rire méchant ou moqueur, au contraire... Elle était même plutôt surprise, surprise et à la fois touchée qu'elle ferait une mère excellente...

"J'ai l'air si vieille que ça? Pourtant je n'ai que 17 ans, presque 18... Je n'ai pas d'enfants, ou du moins pas encore..."

Elle sembla réfléchir un instant. Elle n'avait encore jamais imaginé son futur après Elament. Fonderait-elle une famille, avec un homme qu'elle aimerait, et des enfants pleins de joie de vivre?...

"En tout cas, cela me fait plaisir de savoir que je ferais une bonne mère selon vous..."

Jorhuun soupira à moitié, soulagé mais à la fois inquiet.

"A vrai dire, si vous êtes aveugle depuis la naissance, je pense que vous devez moins souffrir que si vous étiez devenue aveugle à un moment précis de votre vie, car je pense que cela vous aurait blessée de ne plus pouvoir voir les gens que vous aimiez, vous êtes d'accord ?"

Il avait prononcé cette phrase d'un ton un peu triste, presque comme s'il n'était pas sûr de ses mots. Mais il était heureux que Nelyane ne souffre point de cette cécité.

"Vous n'avez que 17 ans ? C'est impossible ! Vous êtes plus jeune que moi mais vous êtes bien plus sage et vous semblez plus âgée. Cela est sûrement dû à votre calme et votre intelligence."

Jorhuun ne voulait pas la tutoyer, il se sentait trop inférieur à elle pour pouvoir la tutoyer bien qu'elle était plus jeune, il considérait déjà comme mère, sûrement car elle en avait la douceur et l'élégance ...

"Je pense sérieusement que vous serez la plus gentille et aimée des mères; j'ai eu une mère très distante, mais je sais que vous, vous seriez toujours prête à donner et à aimer, je ne sais pas pourquoi, mais je le sens..."

Nelyane réfléchit quelque peu à la première réponse de Jorhuun. A vrai dire, elle n'avait jamais envisagé la possiblité qu'elle aurait pu naître dôtée de la vue, comme tout le monde...

"Je ne sais pas, à vrai dire... Je n'ai jamais réfléchit à cela avant. Mais sans doute avez-vous raison... Il doit être plus difficile de perdre la vue suite à un accident, que par naissance. Cependant il y a des milliers de personnes sans doute à qui c'est arrivé... Et je suis sûre qu'elles ont réussi à surmonter cette obstacle..."

Ses dernières paroles la firent sourire, en même temps qu'elles la touchèrent beaucoup. On lui avait rarement fait de compliments auparavant. Mis à part son père adoptif... C'était sans doute dû au fait qu'elle n'avait connu personne d'autre avant d'arriver à Elament.

"Je vous semble à ce point calme et intelligente? Peut-être est-ce dû tout simplement au fait que je sois aveugle. Cet handicap m'a peut-être fait mûrir plus vite que la majorité des gens... Car le fait de ne pas pouvoir voir les choses entraînent beaucoup plus de réflection et de persicacité... Du moins c'est seulement mon avis..."

Elle se tut un instant, avant d'ajouter:

"Vous sentez que je ferais une bonne mère? Je ne sais pas, je n'y ai jamais réfléchi... Mais peut-être serait-ce dû au fait que je n'ai jamais connu la mienne... La seule affection que j'ai connu venait de mon père adoptif. Mais c'est peut-être ce manque d'amour maternel qui me donne envie, sans que je le sache, de pouvoir un jour distribuer cet amour..."

"C'est du moins mon avis, je n'en suis pas sûr, mais je pense, comme vous l'avez dit que lorsque l'on né aveugle, on se crée son propre monde qui plus est magique, et ainsi, on est moins entraînés dans le gris du quotidien. Et dans un autre sens, j'imagine que vous devez avoir tous les autres sens en action presqu'à chaque moment, alors cela vous épuise peut-être à force de trop solliciter vos sens ?..."

Jorhuun continuait de plus belle à la regarder, il n'arrivait pas à ôter son regard de celui de cette belle jeune femme qui malgré son âge en était déjà une pour Jorhuun.

"Je crois tout comme vous que c'est probablement dû au fait que vous êtes aveugle si vous êtes si mature puisque comme vous l'avez dit c'est ce pouvoir de réflexion et de déduction qui vous a permis de devenir si intelligente; et je pense que le fait que vous soyez sereine vient du monde que vous vous imaginez, peut-être que vous trouvez le monde calme et merveilleux ?..."

"Je pense que vous feriez une bonne mère, sérieusement. Si j'avais pu choisir ma mère cela aurait été sans aucun doute vous!
Je suis sûre que vous avez un talent à lire les histoires aux jeunes enfants endormis." lui dit-il en souriant.

Lorsqu'il lui parlait de maternité, il insistait également très fortement sur le fait qu'il aurait voulu l'avoir comme mère en sachant que c'était vrai; mais peut-être était-se également pour lui montrer que ne pas avoir eu de mère, ou du moins en avoir eu une mauvaise n'empêchait pas d'être quelqu'un de mauvais. Il voulait ainsi lui montrer qu'elle avait bien plus de ressources qu'elle ne le pensait, telle que la maternité.

[Pardon pour le retard... ^^' J'avais plus le temps de venir sur le forum... XD]

Nelyane resta pensive un instant, avnt de parler à nouveau.

"C'est sans doute vrai... Je me suis créé mon propre monde, qui, si ça se trouve, n'est pas du tout pareil au monde dans lequel nous vivons. Cependant cela peut être un inconvénient... A trop vivre dans un monde rêvé, le retour à la réalité risque d'être brusque..."

Elle se tut un instant, et ajouta:

"Oui, vous avez raison, pour pouoir 'vivre' normalement, si je puis dire, j'ai absolument besoin de tous mes autres sens... Mais en aucun cela m'épuise de devoir beaucoup les solliciter. Maintenant peut-être s'agit-il simplement d'une question d'habitude..."

Elle replongea alors dans ses pensées, écoutant simplement le bruit des vagues qui venaient se fracasser contre les hautes falaises, accompagné par le son du vent qui soufflait à ses oreilles... Elle resta un instant ainsi, écoutant les bruits de Dame Nature tout en réfléchissant à tout ce que lui disait Jorhuun, jusqu'à ce que finalement elle tourne à novueau la tête vers lui.

De voir - ou plutôt d'entendre ^^ - à quel point il était persuadé qu''elle ferait une excellente mère lui faisait grandement plaisir. Elle commença à s'imaginer, quelques années plus tard, entourée de deux, trois ou quatre enfants... Elle hocha alors la tête, un sourire aux lèvres, comme si elle voulait chasser cette pensée.

*Allez, il est encore trop tôt pour y penser...*

Elle reporta son attention sur Jorhuun, et cette fois-ci son visage prit une expression un peu plus grave. Apparemment lui n'avait pas eu la chance d'avoir une mère attentive, douce et remplie d'amour. Elle aurait aimé le questionner sur ce sujet, mais avait peur de faire remonter de mauvais souvenirs... Elle décida finalement de se lancer.

"Pourrais-je vous poser deux questions?"

[Mais c'est pas grave du tout, t'en fait pas Bon retour sur le forum ! ]

Jorhuun ne cessait de regarder la jeune femme mais il avait en même temps un sentiment de culpabilité, comme si regarder une personne aveugle était quelque chose d'impoli et d'irrespectueux puisque la personne concernée ne pouvait pas voir en retour. Alors il baissa un moment les yeux jusqu'à ce qu'elle lui reparle, et il lui répondit :

"Il est sûrement mieux de se créer son propre monde et d'y rester caché, on y vit certainement plus heureux même si les autres ne voient pas ça du même oeil..."

Lorsque Nelyane prononça les mots "retour à la réalité", Jorhuun redressa la tête avec surprise et vitesse; comme si son interlocutrice savait qu'elle pourrait un jour voir. Il eut comme un sentiment rassuré avec un peu d'espoir, mais au fond de lui-même, il sentait qu'elle ne parlait pas d'elle ... Il décida pourtant de ne pas la questionner là-dessus et rebaissa les yeux pour les tourner ensuite vers la mer.
Le silence s'installa entre eux pendant un moment.
Jorhuun ne parlait pas, il regardait la mer; pourtant, toutes ses pensées étaient dirigées vers Nelyane, il s'inquiétait pour elle, et même s'il ne la connaissait pratiquement pas, il la voulait heureuse et comblée.

Après quelques instants où chacun d'eux s'était plongé dans ses pensées, Jorhuun et Nelyane tournèrent la tête au même moment; cette dernière avait un air grave, ce qui inquiéta Jorhuun dont les yeux était écarquillés comme deux assiettes.
Elle lui demanda si elle pouvait lui poser deux questions; Jorhuun qui s'attendait à plus grave, inspira bruyamment, à la fois rassuré et paniqué à l'idée qu'elle allait lui demander quelque chose. Il tenta tout de même de garder son calme.

"De quoi s'agit-il ?"

[merci ^^]

Nelyane sourit aux paroles de Jorhuun. Celui-ci semblait persuadé que vivre dans son propre monde était bien mieux que de vivre dans le monde réel. Nelyane n'en était pas persuadée, peut-être parce qu'elle avait été confrontée à ces deux mondes différents : le sien et le monde réel... Non pas qu'elle ait déjà pu voir le deuxième, mais après tout, n'y avait-elle pa vécu?

"Il y a des avantages et des inconvénients à ces deux mondes différents... Je pense que le mieux est de trouver le juste milieu. Voir le monde comme on le pense, tout en gardant les pieds sur terre... Car on doit être capable à tout point de vue d'affronter le monde réel, ce qui est parfois plus difficile lorsqu'on ne le voit pas..."

Elle eut un petit sourire amusé, qui, à vrai dire, ne collait pas vraiment avec ses paroles. Pourtant celui-ci était bien voulu, comme si elle se riait elle-même des dangers que pouvait dissimuler la vraie réalité... Sans doute sa manière bien particulière de prendre ls choses du bon côté...

Il restèrent silencieux un moment, chacun plongée dans ses pensées, tout du moins en apparence, car Nelyane était plutôt occupée à "cerner" les émotions de Jorhuun, ou du moins tentait-elle de le faire. Néanmoins elle sentait de sa part une grande volonté remplie de bonnes intentions à son égard, elle sentait qu'il ne lui voulait que du bien. Cela lui paraissait un peu étrange, car elle n'avait jamais ressenti ce sentiment à une telle intensité, surtout de la part de quelqu'un qu'elle connaissait à peine.

Vint ensuite sa réponse à propos des deux questions qu'elle voulait lui poser. Elle ressentit une petite panique de la part de Jorhuun, et s'en voulait un peu du même coup d'avoir posé cette question sur un ton si sérieux. Elle enchaîna bien vite afin de calmer ses inquiétudes.

"Tout d'abord je voulais vous demander si vous pouviez me tutoyer, car j'avoue que je n'aime pas trop toutes ces marques de politesse...", dit-elle avec un sourire.

Elle fit une courte pause, redoutant un peu la deuxième question, puis ajouta finalement:

"Quant à ma deuxième question, ce serait à propos de... de votre enfance... D'après ce que vous m'avez dit, vous n'avez pas eu une enfance très heureuse, enfin... Surtout à propos de votre mère..."

Elle se mordit la lèvre dans un geste d'inquiétude, redoutant un peu sa réaction. Elle avait peur d'avoir touché un point trop sensible...

[de rien^^ - cette fois-ci, c'est moi qui suis en retard ]

Rarement Jorrhun n'avait aimé parler avec quelqu'un; rarement il s'était senti en telle osmose rien que par l'art oratoire, il avait l'impression d'être dans les nuages, seul avec Nelyane, comme si le maheur n'existait plus et que seules la tranquilité et le calme régnaient dès à présent.
Leur conversation, bien qu'opposée, n'avait rien d'un combat; il semblerait même par ailleurs que peu à peu Jorhuun penchait du côté de Nelyane sans éprouver de résistance, ce qui n'était en rien son habitude, ayant toujours envie d'avoir et raison, et le dernier mot.
Il se retourna vers Nelyane, réfléchit un moment et lui répondit à propos de ce qu'elle dit sur le monde réel et le monde imaginé.

"Il est vrai qu'il faut trouver le juste milieu, cela permettrait de mieux vivre et de garder l'équilibre entre deux mondes. Mais je pense que certaines qui vivent entièrement dans leur monde, si elles ne sont confrontées au vrai monde, peuvent survivre et même être plus heureuses que si elles vivaient dans le vrai monde, à être déçues de la vie. Je pense également à la mort en disant cela; certains se sentent bien dans la mort, plus que dans la vie..."

Il détourna la tête de la direction de Nelyane et ramena son regard vers la mer; puis il ferma les yeux, songeur, mais comme s'il se sentait soulagé à la fois.
Puis, Nelyane lui posa la première question à laquelle il fut déjà difficile pour Jorhuun de répondre :

"Je ne sais pas si je pourrais vo...te tutoyer. Je trouve cela comme une offense même si vous êt... tu es plus jeune que moi. Mais je le ferai pour vou... te faire plaisir." dit-il avec difficulté en lui souriant.

En revanche, la deuxième lui plut moins, et bien qu'il ne voulait rien cacher à cette jeune fille qu'il trouvait admirable, il ne put se résoudre à en parler; les mots ne sortaient tout simplement pas de sa bouche...
"Je suis désolé..." dit-il en baissant la tête, espérant qu'elle comprendrait.

Pourtant, après un silence, il réussi à extraire une parole de son pharinx, mais ce fut la seule :
"Tout ce que je peux vo...te dire c'est que ma mère n'était pas aussi douce que toi; c'était une femme dure qui se battait pour les anges des puissances, elle ne pensait qu'à combattre; l'amour et la tendresse ne faisaient pas parti de son vocabulaire."

[chacun son tour ^^]

En écoutant Jorhuun parler, Nelyane pencha la tête sur le côté. Cela pouvait paraître étrange, mais c'était sa manière de réagir quand elle n'était pas tout à fait d'accord avec quelqu'un... C'était un peu le cas ici, bien qu'il semblait acquiescer à sa propre manière de penser, il ne povuait s'empêcher de considérer qu'une personne vivant totalement immergée dans son monde ne pouvait vivre qu'heureuse...

"Peut-être..." répondit-elle. "Quoiqu'il en soit, je continue à penser qu'à tant s'immerger dans un monde imaginaire, on en oublie trop le monde réel..."

Elle eut un petit sourire. Car elle appréciait réellement cette conversation. Elle avait déjà eu ce genre de conversation plusieurs fois, mais c'était sans doute la premirèe fois qu'elle y prenait tant de plaisir... Peut-être parce qu'elle sentait qu'en aucun cas Jorhuun ne la considèrerais comme quelqu'un d'infirme et incapable de mener sa vie soi-même. Ce sentiment qu'elle avait déjà rencontré chez d'autres personnes - pas encore à Elament, heureusement - avait le don de l'énerver au plus haut point. Et il y avait de quoi... Mais ce n'était guère le cas ici. Et c'était bien pour ça...

Elle tourna la tête vers Jorhuun lorsqu'il répondit à sa première question. Elle fut un peu amusée en voyant la difficulté avec laquelle il répondait, mais elle appréciait vraiment beaucoup le fait qu'il fasse un effort. Et ce fut à elle de répondre:

"Dans ce cas ais-je le droit moi aussi de vous tutoyer?" dit-elle avec un petit air timide.

Un sourire apparut sur ses lèvres, mais disparut bien vite, remplacé par une expression de gène et de culpabilité. Elle s'aperçut bien vite qu'elle avait touché un point trop sensible en posant sa deuxième question, et elle s'en voulut aussitôt. Elle se disputa intérieurement d'avoir poussé sa curiosité aussi loin...

Mais ce qu'elle craignait le plus, c'était de l'avoir fâché, de l'avoir vexé. Dans un geste où semblait poindre un certaine inquiétude, elle prit une des mains de Jorhuun entre les siennes. Son regard vide sembla s'aventurer sur son visage, avant de se poser à peu près sur le sien.

"Je suis désolée, désolée de t'avoir posé cette question... Si j'avais su plus tôt, je n'aurais rien dit... Et de toute façon, je n'avais rien à dire! Et je suis désolée de voir que tu as eu une enfance si difficile... Sans la douceur d'une mère... Mais tu n'avais pas à me répondre! Pardonne-moi si je t'ai blessé, pardonne-moi..."

Nelyane baissa la tête, dans un geste de culpabilité. Elle s'en voulait d'avoir réveillé de si mauvais souvenirs dans le coeur de Jorhuun... Des larmes semblèrent apparaître dans ses yeux vitreux, mais elle ferma les ferma pour les faire disparaître...

[lol oui ^^]

Peut-être avait-elle raison au fond ? Peut-être que vivre dans son propre monde n'apportait rien et au contraire rendait quelqu'un encore plus malheureux. Mais Jorhuun ne voulait pas se l'admettre, il était pratiquement sûr que quelqu'un d'autiste était heureux lorsqu'il n'était pas confronté au monde réel.
Et bizarrement, malgré la confiance et l'affection qu'il portait à Nelyane, certains de ses défauts comme le fait de toujours penser avoir raison, restait en lui et l'empêchait de lui dire qu'il avait peut-être tort. Il ne ramena ainsi pas le sujet sur le tapis.

Jorhuun commençait tout juste à s'habituer au fait de tutoyer Nelyane quand cette dernière lui demanda si elle pouvait en faire de même avec le jeune ange.
"Bien sûr que tu peux me tutoyer ! Si je te tutoie, tutoie-moi !" lui dit-il en souriant.

La seconde question qu'elle lui avait posée lui avait certes posé un regret et un remord effroyables mais il avait traversé cet obstacle, et le fait d'en avoir parlé, l'avait quelque peu soulagé dans son for intérieur.
Mais lorsqu'elle prit une des mains de Jorhuun dans les siennes, ce dernier eut un frisson, mais un frisson chaud, chaud comme le bonheur qui coule dans les veines, il se sentit bien à ce moment précis où elle toucha sa main de la sienne. Il se sentit bien même si cela ne dura qu'un instant, tout comme le bonheur.
Elle semblait soudainement triste, cela rendit Jorhuun coupable, coupable d'avoir eu une telle mère, de tels souvenirs, une telle vie ... et une telle mort ...
Il baissa la tête tristement jusqu'à ce qu'elle parle, la voix tremblante et désolée; il releva vivement la tête et la regarda, elle semblait pleurer, ces yeux semblait mouillés et elle les ferma.
Alors, il serra ses mains dans les siennes et se tournaun peu plus vers elle pour lui dire :

"Non ! Tu ne dois pas t'excuser et t'en vouloir ! Tu ne savais pas ! Et je ne t'en veux absolument pas au contraire ..."
Il marqua une pause, revoyant son passé et sa mère dans un flash, avant de lui avouer :
"... Au contraire, ça m'a soulagé d'en parler ! Merci beaucoup Nelyane !"

Il lui embrassa les mains et la regarda dans les yeux; bien qu'elle ne pouvait le voir, il avait l'impression qu'elle en avait la possibilité.

"Tout le monde a eu une enfance difficile et celui qui n'en a pas eu ne saura être heureux..."

"Tu ne dois surtout pas t'en vouloir, tu n'as rien à te reprocher."

Et il lui embrassa une nouvelle fois les mains.

[Là c'est moi qui recommence XD]

Nelyane garda la tête baissée et les yeux fermés, coupable et honteuse d'avoir été à ce point curieuse sur ce qui ne la regardait pas. Cependant contrairement à ce qu'elle pensait, cela n'avait en aucun cas blessé Jorhuun. Elle releva timidement la tête lorsqu'il lui parla, et esquissa un sourire un peu faible lorsqu'elle entendit que cela l'avait même soulagé de lui en parler...

"C'est vrai? Ca t'a à ce point soulagé? En tout cas tu n'as pas à me remercier moi, c'est plus grâce à ma curiosité..."

Elle fit une pause avant d'ajouter:

"Peut-être n'est-ce pas un si mauvais défaut?"

Elle fut surprise lorsqu'elle sentit que Jorhuun lui embrassa la main, par deux fois d'ailleurs. Ce geste la surprit peut-être, sans doute même, parce qu'elle n'y était pas habituée... Quoi qu'il en soit cette conversation la fit réfléchir, sur sa propre mère. Elle n'avait pas eu la chance de la connaître... Elle non plus n'avait pas eu droit à l'affection maternelle, mais pas pour les mêmes raisons... Certes, son père adoptif s'était révélé être assez affectueux avec elle, mais ce n'était pas pareil... Rien ne peut être comparé à l'affection d'une mère pour son propre enfant...

Un sourire apparut sur ses lèvres. Elle n'avait encore jamais eu une conversation qui la fasse tellement réfléchir sur elle-même...

"Tu as totalement raison... Peu de gens ont une enfance facile, mais c'est justement ce qui nous permet d'aller de l'avant, d'apprendre à repousser nos limites... On n'appréhende pas la vie de la même manière selon ce que l'on a vécu..."

Elle dirigea son regard droit devant elle, et sentit celui de Jorhuun se poser exactement dans le sien... Elle ne pouvait pas le voir, elle le sentait, c'est tout... C'était une sensation étrange si peu fréquente, qui lui donnait presque l'impression qu'elle pouvait voir... A vrai dire, c'est ce qu'elle aurait peut-être voulu, à ce moment-là...

[Maintenant c'est moi ^^ désolée pour le gros retard ^^]

Il releva la tête à son tour, gardant ses mains dans les siennes et la regarda.

"Oui tu as raison, la curiosité n'est pas forcément un vilain défaut, elle peut parfois être utile pour comprendre quelque chose; mais il faut savoir ne pas dépasser les limites de l'intimité de l'autre. Ce que tu m'as dit ne m'a pas blessé mais peut-être que si tu m'en disais plus, cela me ferait mal. Il faut savoir se retenir et respecter l'autre."

Tandis qu'il disait cela, il réfléchissait lui aussi et pensait que ce qu'il disait n'était pas faux bien qu'il ne l'ait jamais appliqué; il pensait également que respecter autrui, ce qu'il ne faisait pas toujours, devait être important et qu'il devrait peut-être bien mettre en oeuvre ce qu'il disait précédemment.

Puis Nelyane reparla à nouveau et Jorhuun se sentit bercé par tant de douceur qui émanait d'une seule et même personne; Nelyane était la plus douce et la plus châleureuse personne qu'il n'avait jamais rencontré, il se sentit bien auprès d'elle, il se trouvait apaisé et heureux; de plus, il aimait parler avec elle, elle savait écouter l'autre attentivement et donner calmement son point de vue à travers des paroles douces et sages qui étaient en grande majorité vraies.

"Oui, l'enfance est pour un grand nombre de personnes un moment difficile à surmonter et je suppose que toi aussi tu as souffert, non ? On peut parfois lire dans le regard des gens une sorte souffrance qu'ils ont eu ou qu'ils ont toujours; j'ai l'impression que ton regard est parfois mélancolique, te serait-il arrivé quelque chose ?"

Et il lui reprit les mains, sans les embrasser cette fois, pour lui prouver son soutien et sa confiance.