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 L'erreur { Privé Shinreï }

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Tréaga
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Tréaga
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptySam 26 Jan 2008 - 0:39

Dans le feu finira
Cette fourmi
Qui marche qui marche
Shuson Kato


Ca s’allume et ça s’éteint, pour reprendre de plus belle dans les ténèbres qui m’entoure, et je ne m’en lasse jamais. Car c’est beau, c’est si beau, cette lueur d’espoir qui brûle au fond de moi…

Un souffle dans la chaleur de la nuit. Un souffle court pour chaque coup porté, suivi d’un léger gémissement. Elle souffrait, mais peu lui importait. A cette heure-ci il y avait bien peu de choses qui lui importaient dans ce bas-monde. Tandis qu’elle restait campée là, les mains agrippant ses genoux pour ne pas sombrer, ses ongles traçant des sillons invisibles dans sa chaire, suffoquant sous l’effort, elle n’entendait ni ne voyait rien. La seule couleur possible à ses yeux était ce mélange d’orangé serti de mille et une paillettes s’envolant dans la nuit noire vers la douce compagnie des étoiles, auréolées de pourpre. Elle inspirait profondément l’air salé flottant autour d’elle, se délectant de la fraîcheur qu’elle apportait à sa peau, les paupières closes pour mieux ressentir l’immensité du vide autour d’elle, appréciant le bruit des minuscules vagues échouant près d’elle, frôlant même ses doigts de pied mis à nu pour l’occasion. Ca surgissait à ce moment-là, semblable à un éclair fugace par temps d’orage, son regard s’agrandissait, son épiderme tout entier frissonnait, dans un saut féérique elle s’élançait, s’écartant de l’écume, pour mieux recommencer son manège. Encore et encore.

Le décor environnant, cela faisait tellement de temps qu’elle ne s’en souciait plus qu’elle-même n’aurait su dire précisément depuis quelle heure elle se trouvait là. Ses pieds blancs semblaient se confondre avec la pâleur du sable ressortie par la lumière céleste de l’œil au loin dans l’encre sombre, qui la fixait s’arracher un peu plus à chaque seconde. Elle aurait voulu repousser ses limites au-delà du possible, sentir la brûlure se répandre dans l’intégralité de son corps chétif à qui elle réclamait tant. Ambitieuse, elle avait voulu d’elle-même se rendre ici, dans cet endroit jamais visité auparavant, empli de l’élément qu’elle craignait le plus, mais après tout, vaincre ses peurs ne permettait-il pas d’avancer, et n’était-ce pas ce qu’elle souhaitait le plus monde ? Oh oui, elle n’aspirait qu’à cela… Elle revoyait la forêt, la pluie de larmes, et l’étincelle au milieu de la brume dont elle avait été elle-même la mèche. Elle avait choisi tout cela. Mais prudente, elle s’éloignait de l’eau du lac, trop peureuse pour ne serait-ce que l’effleurer par mégarde. Ses dents se serrent, furieuse contre sa propre personne, serais-je si faible ?

Pourtant, ce vœu qui m’est si précieux
Est vraiment sincère
Alors, dites-moi…


Ses genoux rencontrèrent les grains qui formèrent d’infimes traces de granulés dans sa peau tandis que d’autres s’incrustaient jusque dans les ongles de ses mains qui s’y étaient agrippées. Haletante, elle inspire encore une fois, adressant presque une prière à la voûte piquetée d’astres étendue au-dessus d’elle, la surplombant de toute sa magnificence. Puis, elle courbe sa nuque et enfonce son menton contre sa poitrine, réprimant son envie de crier, de déverser ce flux et reflux qui s’agite en elle comme un sournois serpent qui aurait pénétré chacune de ses veines. Elle voudrait pouvoir le hurler à la face des arbres, des roches ou même de l’eau éternelle l’encerclant, faire sortir ce besoin de bestialité tapie quelque part dans son corps. Faire goûter à n’importe quoi ce sentiment d’injustice. A n’importe qui. Non, il ne faut pas, sinon tu sais ce qui se passera, n’est-ce pas ? Ne revois-tu cette pauvre maison s’écroulant sous ton chagrin et haine enflammés ? Ne te rappelles-tu pas cette présence qui s’est réveillée, une nuit comme celle-ci, où tu as affronté celui que l’on nomme « Raziel » ? S’évader dans les ténèbres encore une fois ? Non, cela lui est impossible… Pourtant… « Si ma nature a si peu d’importance… ». Si cela importe peu, pourquoi ne pas faire céder les barrières et tout entraîner dans un remoud infini ?


« Pourquoi… Pourquoi… »


On peut voir sur la berge une petite silhouette sombre ramener à elle ses deux mains, comme pour mieux les serrer contre elle, mieux les protéger, mais de quoi ? La petite halfling les fait lentement bouger, admirant chaque phalange éclairée par les iris dévastatrice de ses yeux et l’ardeur qui y règne, les faisant se replier contre la paume. Au creux de l’obscurité nait la lumière et le brasier. Mince brasier en vérité. Une flammèche court entre les lignes de vie, s’entortille pour venir frôler les ongles et le bout des doigts avant de s’évanouir, poussière de ce monde. Elle se mord les lèvres. Recommence. Encore, et encore. Jusqu’à la fin. Une autre sortit de nulle part et qui s’embrase dans l’atmosphère silencieuse, rejointe par sa jumelle, mais qui elles aussi s’évaporent bien trop tôt, beaucoup trop tôt pour elle. Ses sourcils se froncent et bientôt, elle se retrouve debout comme au départ, faisant jouer de ses mains l’élément de flammes, tentant d’emprisonner chaque parcelle rougeoyante pour mieux s’en servir par la suite. Rien n’y fait cependant, les serpentins s’envolent et la méprisent, courant selon leur envie sur la surface calme et limpide de l’eau dont elle reste soigneusement éloigner.

Dites-moi pourquoi
Je ne puis accomplir ce que je désire vraiment
En quoi serais-je fautive ?


Dans la bataille, contre les nombreux ennemis, contre « lui », à chaque instant où elle avait défendu ardemment sa vie elle avait pu le faire et elle y était parvenue, même si le résultat était bien infime face à ce que les vrais maîtres du feu pouvaient accomplir. Toujours était-il qu’elle était parvenu à un résultat, à quelque chose qui lui avait plus d’une fois sauvé la vie… Alors pourquoi ? Pourquoi cette fois-ci ? Il lui semblait néanmoins avoir grandi et évolué par rapport aux anciens événements, elle s’était fixée un objectif, elle aurait tout donné pour l’atteindre. Pourquoi m’abandonnes-tu au moment où je me suis enfin décidée, élément qui m’a été confié ? En quoi me serais-je trompée ? N’y allait-elle pas suffisamment fort ? Ne le souhaitait-elle pas assez ? Elle frémit sous un brusque vent et ses yeux se fermèrent par réflexe. Alors, elle revit tout. La forêt, les flammes. La maison, les flammes. L’acier, les flammes. La forêt. Les larmes. Pourquoi ? Quelle était son erreur ? Il lui sembla qu’on lui chauffait les mains au fer blanc. Quand elle entrouvrit les paupières, il faisait presque jour, et au loin, une sphère, telle un phénix naissant crépitait dans le lointain. Son cœur cessa de battre, elle manqua une respiration, et le vent tomba, en même temps que l’écume qui alla s’étaler ailleurs. Aussitôt, il n’y eut plus rien, sinon que le paysage plongé dans le noir et le silence. Et elle, oubliée au milieu de tout ce décor terrifiant. Insignifiante petite chose. Ca remuait au fond d’elle-même, ça grondait à nouveau, lui procurant une étrange chaleur ainsi qu’une peur incommensurable. Ce n’était pas juste, vraiment pas juste, de faillir dans ce qui aurait dû être son point fort.

« Pourquoi ne puis-je le faire ?! »

Car se laisser aller à la haine
Et au meurtre
C’est une faute, n’est-ce pas ?



Dernière édition par le Dim 27 Jan 2008 - 1:11, édité 1 fois
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Shin
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptySam 26 Jan 2008 - 10:19

L’eau ne dort jamais. Elle attend. Lorsque amassait dans ce lieu si vaste, elle paraît être calme, il suffit d’une brise pour faire de la houle, un mage pour en faire ce qu’il veut tant qu’il en a la capacité, un chemin creusé vers l’extérieur, pour qu’elle s’insinue et comble la faille. L’eau n’est pas perfectionniste. Elle est parfaite. Vitale et dangereuse, invisible comme de la vapeur circulant de façon infime dans l’atmosphère ou dur comme de la glace, elle est partout et nul vivant ne réchappe sans elle, elle peut s’insinuer où elle veut jusque dans les plus petites failles, à travers les plus petits chemins, passe par ce qu’on ne peut connaître d’œil de vivant de taille bien trop grande. Dans le creux de la main d’un mage, elle peut devenir toutes formes avec plus ou moins de densité, il se plie à sa volonté et suffit que le sorcier soit créatif pour que cela devienne un joyeux carnage. Et si le mage pouvait lui-même être eau? Alors il serait intouchable et pourrait pénétrer là où nul ne peut aller et ainsi conclure un avantage certains. Le mage aux pouvoirs Aquas est perfectionniste. Il tend vers ce qu’il sera qu’un instant, ou peut-être une éternité si il s’assure la pérennité : la perfection.

Si une personne était bien connue pour ne jamais dormir, c’était bien le traqueur sombre. Mais ce n’était que vieux ragots de comptoir. Il était vrai que la journée, il travaillait, que quand il se reposait, il s’adonnait à l’art ancestral et revigorant de la méditation. Que personne vivante et connue ne l’avait jamais vu dormir. Que ce verbe n’était jamais sorti de la bouche de l’elfe pour qualifier l’une de ses activités. Que personne sait où il habitait. Son secret était que, tard dans la nuit, il disparaissait, et qu’avant tout ne se réveille, il réapparaissait en pleine forme. Le tout n’est pas de dormir longtemps, il suffit de dormir bien. Le contrôle par la méditation, le relâchement par l’élévation, des cauchemars aussi, mais le tout est de ne pas en avoir peur.

Submergé dans le lac, le corps volontairement écartelé et le visage sereinement ouvert aux songes, l’elfe noir accueillait à bras ouverts la mythique Morphée. Depuis la bataille, ses voisins de couchettes s’était mis en veilleuse et craignait légèrement son courre aux depuis qu’ils avaient vu l’état déplorable quand lequel il avait mis un de leur compagnon. Ainsi plongé dans la quasi obscurité du lac, sa peau ne faisant qu’un avec l’environnement ambiant, il se savait dans la sécurité la plus totale et la plus légitime. Un dow dans son antre songeait. Toujours des images de batailles, des paysages confus et modifiés par l’inconscient, des amis à ses côtés devenus camarades de front, des démons comme ennemi, mais aussi tout ceux qu’il avait traité comme telle dans le passé, tout le monde à vrai dire. En ce moment il rêvait beaucoup de Raziel, commandant de l’adversaire, affrontant lui-même, le visage plus doux et plus courageux. Dans ses sanglantes scènes, il se sentait tout petit, comme revenu à l’état de feotus, il voyait Eryllis et Gwenaëlle à ses côtés et depuis peu Ruby devant, traçant une route avec les cadavres des ennemis en guise de bitume. Parfois il rêvait aussi de Méhérak qu’il avait laissé à Eryllis, mais dans ses songes, cadavre au creux de son bras. Mais au lieu d’affronter ses cauchemars il l’est accepté. Comme cela, en état d’éveil, ses peurs défoulées pendant ses songes ne viennent pas le déranger et ainsi avec toute sa lucidité, il pouvait avancer.

Sensible à son élément, il fut réveillé par la chaleur d’une nouvelle présence qui ne se souciait pas de l’inconfort de sa venue en ces lieux paisibles. Un tel dégagement thermique, sûrement un Igni. Première pensée du matin, il en sourit. Son corps remonta à la surface toujours dans la même position, il s’écarta. Arrivé à la surface, ses pieds se fixèrent dessus, tandis que son corps se redressait avec l’aide de ficelles d’eaux commandée par sa seule volonté. A la fin de la séquence, il s’assit sur le lac en tailleur avec simplicité pour une fois, il n’y avait personne au alentours pour frimer en tournoyant avec sa grâce naturelle. Son regard se porta à l’horizon, mais l’obscurité régnant à une heure si tardive bien que baignée dans la clarté de la lune l’empêchait de voir une quelconque forme vivante. Mais il ressentait. Un corps. Un corps rempli d’eaux. Plus le temps passait, plus il en savait sur elle sans la voir. Sa taille, ses mouvements, sa corpulence, sa composition en eau lui permettait de la définir, oui « la » car les courbes d‘eaux montraient qu‘elle avait de la poitrine. Surtout que ce n’était pas une aqua vu les quelques flammèches qu’il pouvait voir d’ici comme des étincelles. Aussi faible, sûrement une élève de première année. Il s’amusa à cette observation et peaufinant l’art de voir les choses à partir de l’eau jusqu’à ce que finalement, la nuit ne devienne crépuscule, et que celui-ci finit par laisser place à l’aube.

Il plongea dans l’eau et s’approcha d’elle en suivant la houle.

A une dizaine de mètres du bord et de ce qui semblait être une halfing, il créa des points d’attache, ce qui lui permit de s’immobiliser sur sa position malgré la profondeur encore assez grande et le mouvement répétitif des vagues. Il ne voulait pas brusquer leur rencontre. Seule la tête n’était pas submergée et ses cheveux stagnaient à la surface comme enduits. Elle était alors allongée et dans le doute d’un sommeil probable, l’elfe noir se fit silencieux durant des secondes, des minutes…BON il n’avait pas que çà à faire, il perdait son temps, son temps qui sous le soleil devenait argent…Elle se mit alors à parler, ses longues oreilles pointèrent. Pourquoi ne puis-je le faire? Éternelle question de ceux qui n’arrive pas à surmonter leurs conditions. L’elfe noir était passé aussi par ce stade de frustration…il y a longtemps. Depuis il savait pourquoi. Avec un doigt, il traça un cercle imaginaire autours de lui. Le rond bouclé, il s’éleva de sa position, tandis qu’un tissu de vapeur devenait son habit du cou jusqu’au pied à la vitesse de sa montée. A la fin, il n’y eut plus que la plante de ses pieds qui touchait le sol aqueux. Sa voie s’éleva dans les airs, sereine mais ferme.


« Pourquoi? Il faut du temps…énormément... Il faut être déterminée et concentrée...garder son sang-froid ou bouillonner d’une rage incommensurable...Il y aura des échecs et des réussites, le tout est de persévérer mais aussi de profiter de chaque instant comme-ci c’était le dernier qu’il nous a été donné pour nous entraîner. Ressentir les choses avec intensité, puis leur assurer la pérennité, répéter les gestes mais les faire varier. Et puis la peur et la haine sont inutiles, seul la colère et la rage ne le sont pas dans ce domaine. Le tout est d’avoir la foi envers soi-même, sinon ton élément ne voudra jamais se plier à ta volonté. Là, tu crains. »

Ses talons se soulevèrent, ses jambes se arquèrent et il bondit avec force aidées par des bourrasques de vapeur. Il fusa dans les airs, transperçant le vent, limitant la perte de vitesse. Et puis il arriva juste au-dessus de l’halfing en faisant une pirouette sur lui-même pour augmenter la puissance de son coup de jambe. Prêt à s’abattre sur la tronche de la fille, prêt à voir si elle avait du potentiel la gamine.


Si vous voulez vous réveiller, un peu d’eau fraîche çà fait du bien.
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Tréaga
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyDim 27 Jan 2008 - 1:11

La roue tourne, et tourne
Les aiguilles dansent
Et moi, je ne contrôle plus rien


Il y avait le silence, le bruit des vagues qui avait traversé l’atmosphère, l’atteignant elle, au milieu de ce tout de grains de sable, perdue dans le fil du temps, de cette nuit achevée sans avoir été véritablement commencée pour elle. Un vent passa, soulevant ses mèches roses, alors que son regard s’envolait dans un horizon lointain et inconnu, empli de ténèbres jusqu’à l’infini, dans lesquels elle aurait voulu se reposer, se recroqueviller comme une toute petite fille, puis fermer les yeux. Non. Un souffle atteignit son oreille, les étoiles se renversèrent sans qu’elle en comprenne le pourquoi du comment. Il lui sembla que tout se ralentissait en elle, son cœur comme le liquide pourpre dans ses veines qui l’avait jusqu’alors étourdi. Sortait-elle d’un rêve dont elle atteignait enfin les clés ? Les mains refermées sur elle-même, serrant entre leur doigt une volonté invisible qui s’évanouissait peu à peu, elle avait écouté les vagues s’écarter, en même temps que sa respiration s’épuiser. Chaque parcelle de la plage, jusqu’à la plus minuscule gouttelette trempant ses pieds, s’était tu, spectatrice d’un événement aussi incongru que celui-ci, alors que la sphère solaire ne pointait même pas encore un rayon, ce dernier lui transperçait déjà le cœur sans qu’elle en sache la véritable raison.

Son visage s’était détourné du nuage qu’elle n’aurait pu apercevoir tant le velours noir s’étendait loin et ne permettait de distinguer aucune forme particulière. Pourtant, lui, elle l’avait vu, aussi nettement qu’elle distinguait les serpents enflammés chevauchant l’onde cristalline. Une douce caresse de mèche avait effleuré son visage, frôlant sa joue, promesse silencieuse et corporelle de futur certain et plein d’espoir, ses iris s’étaient agrandies à l’approche de celui dont elle n’avait jusqu’à maintenant jamais senti la présence. Pour elle, il était eau, et uniquement cela. Extirpé de l’élément du lac, il ne pouvait qu’être ainsi, et ainsi le supposait-elle, croyant encore aux légendes enfantines de déesses à nulle autre pareille surgissant des flots dans un coquillage de nacre et, semblable à la petite fille qu’elle aurait pu être avec un passé prospère, elle le craigna. Sa chevelure plus neigeuse que la lune émergeant, suivie du corps d’ébène qui s’avançait vers elle, battant la même mesure que ses propres pieds se reculant. En vérité, elle n’avait jamais été témoin de pareille chose. Devenir écume, devenir vent, devenir brasier, devenir plante ? Non, tout cela lui était inconnu. Non petite fille, le repos n’est pas pour tout de suite, car avant il y a une étape fondamentale qui précède le sommeil éternel : grandir et apprendre. Toujours apprendre, même si le savoir est craint comme maintenant. Cela l’effrayait, cette ombre, cette voix à ses tympans énonçant une si évidente vérité qu’elle tentait vainement de saisir entre ses faibles poings.

Le temps reprit alors son cours. Légèrement. Un bref instant de lucidité qui s’installa en elle. L’halfling femme s’immobilisa, puisant au fond d’elle une fierté qu’elle aurait préféré n’avoir jamais quitté. Etait-ce les paroles de l’inconnu serti d’obscurité qui résonnaient à présent en elle tel un lointain écho. Elle ne savait. Ses sourcils se froncèrent tandis que des questions multiples fusaient dans son esprit, face à toute situation comme celle-ci. Qu’était-il et que lui voulait-il ? Devait-elle le craindre ? Ses doigts de pieds saupoudrés de grains de sable regrettèrent les bottes de cuir qui les enveloppaient si bien habituellement, sa fine taille regretta sa ceinture où étaient soigneusement ses dagues et ses couteaux de lancer. Pourquoi les avait-elle déposés plus loin avant son entraînement qui au final n’avait abouti en rien ? Elle le savait parfaitement, mais il est toujours bon de se reprocher quelque chose dans pareil cas, lorsque l’on se sent vulnérable. Elle ne pouvait que l’écouter, faible et sans défenses, mais le pire étaient d’en avoir totalement consciente. De voir s’épanouir l’aube naissante au loin, de sentir l’air se charger de cette humidité si spéciale qui précède le combat. De sentir tout ce cycle immortel, quand soi-même on est pas grand-chose.


« Là, tu crains. »

J’ignore tout en cette vie et ça me fait peur
Alors, la roue s’arrête
Et ses aiguilles se plantent violemment dans mon cœur


Tout s’immobilisa. Il s’éleva, oiseau féroce et majestueux, dans les airs, les tranchant de ses serres, vers elle, proie misérable et immobile. Ses yeux s’écarquillèrent. Les particules d’oxygène vibrèrent contre sa joue à l’approche de la plante de pieds. Puis ce fut nul. Ce ne fut plus rien. Ce fut le chaos et l’anéantissement de toute chose. Un éclair fugace passa dans ses pupilles et plus rien n’exista dans son monde à elle, comme au tout premier jour de sa naissance, avant qu’elle n’ouvre les yeux. Les premiers sens. Danger. Peur. Adrénaline qui grimpe dans les veines à une rapidité impressionnante. Réflexe. Aura. Quelque chose de connu et de quelque part réconfortant. Quelque chose qu’elle avait senti il n’y avait pas si longtemps que ça, avant la bataille même. Tombe au fond de la lagune. Tombe au fond d’un village près d’une forêt décimée. Souvenir. Une voix familière à ses oreilles. Des gestes dont elle se souvient. Des habites. Une légère larme surgit des cendres du passé et qui se revigore sous l’abreuvoir du sang et de la sueur. Les premières leçons à ses côtés. Les premiers « vrais » réflexes acquis. Les premiers entrainements au combat. Réflexes. Peur. Adrénaline. Aura. Danger. Réflexe. Peur. Adrénaline. Aura. Réflexe. Quel était l’ordre déjà ? On s’en fout, il n’y a qu’une seule chose qui compte. Et c’est quoi ? Ca.

L’horloge se remet en marche
Qu’ai-je fait des aiguilles ?
Je les ai mangé, tout simplement


L’halfling a un avantage. Un avantage indéniable, qu’il ne faut négliger en rien, et dont l’halfling, en l’utilisant à bon escient, peut être rudement fier. C’est sa taille. Une taille d’enfant, une taille évoquant l’innocence et qui va de paire avec le reste du physique. Une taille qui rappelle celle d’une petite fille. Et la petite fille qu’elle était se sentit brusquement toute amusée du bon tour qu’elle allait lui jouer. Son dos s’arqua comme dans un ultime plongeon, sa tête se dirigea vers le sol sablé, ses bras s’élancèrent. Sen Chizu se baissa tout simplement, ramenant ses genoux contre sa poitrine, plaquant ses mains dans les grains dorés qui s’envolaient en traîne autour de son corps, parant d’ornement sa simple tunique. En une fraction de seconde, on put lire un sourire presque malsain sur le visage pur de la jeune fille. Un sourire de démon sans qu’elle soit possédée pour autant. Un sourire victorieux, mais qui s’évanouit bien aussitôt, car il ne faut pas se réjouir trop tôt. Il faut d’abord se délecter de son combat. Les vagues s’échouèrent, le sable redevint poussière et retomba, le vent reprit sa course folle, rattrapant le soleil levant. Le tambour comprimé en elle l’accompagna de son chant trépidant, tout bouillait et s’agitait jusqu’au moindre de ses os et de ses muscles. Elle avait senti.

L’aura de l’elfe jusque dans ses narines, s’engouffrant à une vitesse alarmante dans ses poumons. Et alors, pendant que tout s’accélérait, elle revit l’intégralité de ce qu’elle venait de déterrer, de ce qu’elle pensait classée et rangée sans avoir plus jamais besoin de le ressortir. Mais c’est faux. On ne peut ignorer son passé car c’est ce qui fait ce que nous sommes dans le présent. Et le futur. Elle laissa ses jambes glisser sur la rivière doré, ses pieds en épouser les formes et les bosses, se tendre dans tous les creux. Elle prit un malin plaisir à sentir le sang perler sur ses genoux qui s’écorchèrent au même instant. Elle le contourna par en-dessous tout en souplesse, s’aidant de ses phalanges ancrés dans le sol. Des fils rosés lui cinglant la face, elle le jaugea, examinant son adversaire. Un elfe. Elle ne pouvait pas mieux tomber. C’était contre elfe qu’elle s’était entraînée toute sa vie. C’était un elfe qui l’avait élevé et formé. Le meilleur des professeurs et des adversaires. Elle pouvait encore le cerner dans le fond de ses songes, son sourire, son ton quand il lui parlait, sa force quand elle l’affrontait, ses habitudes. Tout. Elle ressortait tout. Bien sûr, elle était consciente que l’autre n’était pas lui, mais quelques points communs étaient indéniables et pouvaient toujours servir, se disait-elle tout en fonçant vers lui, allégeant son poids sous la pression de l’air les environnant. Elle bondit à son tour, sa jambe se replia, la peau fripée de son genoux teintée de rouge alla frapper le dos de son adversaire innomé alors que le plat de la main allait heurter la nuque avant d’y enfoncer ses ongles.

Je les ai mangé, oui
Car il n’y a que moi qui puisse décider du temps
De ce temps qu’il reste à vivre…


Et elle le contemplait, de ses yeux où s’alliaient le rouge et le marron dans une valse effrénée rythmée par l’ardeur du combat. Que craignait-elle ? Elle persistait à l’ignorer tout en se le répétant. La crainte de tout détruire par un non contrôle de soi, et c’était pour ça qu’elle appréciait tellement ce qui était en train de se produire. Pouvoir se libérer, c’était ce qu’elle désirait, et ce qu’elle ne pouvait réaliser avec son don de feu. Elle ne le pouvait pas car la maîtrise n’était pas totale, et ça la rendait malade de terreur sans oser se l’avouer pour autant. Peut-être était-ce parce qu’elle persistait dans son refus à l’accepter qu’elle lui cracha tout simplement avec puérilité.


« C’est faux ! »
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Shin
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyDim 27 Jan 2008 - 2:56

[Post simple de combat, post court u_u]

Vif. Ame de guerrière alliée à un corps entraîné. Mouvement infantile pour stratégie intelligente. Réaction surprenant pour un elfe noir pas encore très bien réveillée. Premier combat de la journée, esprit pas encore affuté. Mais le regard lui est perçant, il voit tout tant que ce n'est pas dans son dos. Il suit les quelques méches roses, seul contraste avec le sol sablonneux. Il la voit se faufiler sous son attaque tel une petite souris. Une attaque aérienne ainsi produite était bien inutile et l'elfe noir aurait bien aimé tissé un fil d'eau vers un point d'ancrage pour bouger instantanément, fracassant l'échiquier d'un coup de mage. Déstabiliser l'adversaire, insinuer en lui le doute, lui montrer les failles sans lui laisser le temps de les combler. Une victoire facile, une victoire qui le sera moins. Le paysage quant à lui n'était pas préteuse à ce genre de sort, sol nu et arbre le plus proche à cinquante mètres....Abusé!

Le poids reprit son doigt et il attérit au sol d'un pas léger. Cependant n'ayant pas estimé la réaction de la jeune fille avec plus de mesure, sa réaction s'en fit que plus lente. Ainsi elle décocha les deux premiers coups dans son dos. Sale journée? C'était la première fois de mémoire qu'il laissait ses arrières à son adversaire. La violence était rude, jaugea-t-il, est déstabilisé, il fut secoué. Néanmoins, il avait senti des coups plus violents dans sa vie et ces frappes ne valaient même pas qu'il gémisse.

Les doigts aggripés à sa nuque, il ne chuta pas en avant. Il lui avait semblait qu'elle avait prononcé quelques mots, mais l'elfe noir était déjà à l'étape suivante. Trois actions synchronisées en une seule seconde. Des réflexes acquis sur les champ de bataille, entraînant à répétition des centaines et des centaines de fois avant d'être mis en application, des gestes simples accompagnés de muscle dense et de membres souples et agiles. Un corps forgé pour se battre et agir dans une vitesse peu commune, sans même y penser. Le contrôle absolu de son art martial, des réflexes vifs. Son pied droit se glissa en arrière et frappa à la cheville gauche pour la déstabiliser. Violemment, il se débattit de son étreinte enfin qu'il puisse se tourner légérement, tandis que son épaule gauche se tordait pour que le triceps aillent se loger sur l'avant-bras de la jeune fille, le coude le surpassait et sa main se plongeait à hauteur de l'aiselle où il agrippa férocement sa main, gràce à la longueur de ses membres, plus grands que ceux de la jeune fille. Tout ceci en pivotant sur son pied gauche. Sous la pression exercée par son membre supérieur gauche entier, l'étreinte ne put que se relacher et il se dégagea vivement de sa position dans l'élan donné par la pivotation. Soutenu par l'étreinte exercé sur le bras, son pied droit avait tourné et cette fois-ci s'abattit en plein dans le mollet gauche tandis que le pied droit, suivi au même instant d'un coup de poing du gauche dans les côtés droites de l'halfing.

Toute l'action reposait sur la jambe gauche solide et droite sur un pied enfoncé dans la terre, le talon légerement rehaussé par rapport au sol, pivotant avec une efficacité impitoyable. Il suffisait que l'elfe noir place bien ses autres membres, pour que le champ de l'action circulaire soit pleinement utilisé à sa guise pour tourner l'action à son avantage, jusqu'à déstabiliser avec maîtrise et férocité. Néanmoins, il ne s'était pas complaint à cette seule satisfaction. A peine le coup de poing s'était enfoncé dans le côtes qu'il avait basculé en arrière. Il tendit ses membres vers l'espace infini et il poussa d'une légére pression pour que son pied décolle du sol. Ainsi son corps se arqua et se souleva tandis que ses mains posés fermement sur le sol l'aidaient à déployer son corps dans toute son envergure afin de placer un coup bien placés dans le menton de la jeune fille qu'il rata de peu. Il enchaîna rapidement sur plusieurs roue arrière pour créer de la distance entre eux deux. Non pas pour s'arréter, mais pour mieux estimer. Une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept...à la fin de la septième pourtant, ses pieds se posérent légerement sans laisser du sable se soulever dans les airs. Il releva le buste et fixa sa proie. Il ne se laissa pas le temps de la réflexion. Il glissa en avant, enfonçant son pas dans le sable en y laissant des traces bien creusées. Il était une bête, un guerrier incessant, aux griffes toujours pointées sur sa proie, le poing toujours fermement femé, les doigts enfoncés dans la chair.

Vifs sont mes pas, Intenses sont mes gestes, Puissants sont mes coups. Ce n'est pas la rage d'un démon qui bouillonne dans mes veines pour jaillir à travers les phalanges, c'est l'envie de terrasser l'ennemi qui hypertrophie mes bras pour leur donner cette puissance qui terrasse quiconque m'affronte de face. Je suis un traqueur, j'accomplis implacablement ce que je me suis donné de faire.
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Tréaga
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyMer 30 Jan 2008 - 15:54

C’était deux créatures qui s’entredéchiraient
Et dont l’animosité vibrante
Faisant brûler tout
Infiniment tout


C’était ainsi qu’elle était. Emportée dans un feu incontrôlable et puissant, que nul n’aurait pu contrôler et maîtriser, pas elle en tout cas. A vrai dire, elle doutait même que le plus grand des magiciens du feu puissent eux-mêmes le manipuler aussi aisément que la moindre des flammèches sous leurs doigts habiles. Non. C’était trop bestial, trop sauvage. Cet instinct qui venait de ceux des plus enfouis chez l’homme, et toutes les créatures de la Terre. Ce qui vous rendez bête, animal féroce et indomptable. Ce subtil dosage de griffes et de force qui enlève toute conscience et tout regret au plus profond de soi. Il n’y avait plus qu’un ordre régissant leur monde : se battre. Encore et encore. Et toujours plus fort. Dépasser les limites imposées par la condition humaine et tout déchirer. L’intégralité de l’univers.

Et alors qu’elle était là, les pieds campés sur son dos immense pour sa chétive carrure, sa main ancrée à sa nuque sur laquelle elle ne prenait même pas le temps d’apprécier la douceur des cheveux, elle eut un bref regard pour le ciel qui s’étendait, spectateur de cet instant aussi violent que fugace. Elle se surprit à admirer, dans la rapidité de l’action, le mélange harmonieux du froid et du chaud des nombreuses couleurs qui s’entortillaient, se battant en duel pour mieux les accompagner, eux, sur le sol. L’univers terrestre et céleste se rapprochaient imperceptiblement, alors que le noir et l’orangé s’accordaient dans une teinte sanguine émergeant de l’aube. Quelques points de lumière éblouissante suintaient encore dans l’horizon pâle, derniers souvenirs de la nuit protectrice, qui maintenant s’écartait, laissant éclater au grand jour toute leur fureur et leur accrocs.

Puis, le grain de sable tomba au fond du sablier, suivi par un millier d’autres, en une fabuleuse cascade. Le temps reprit son pouvoir et tout alla plus vite. Beaucoup plus vite. Car c’est aussi qui fait monter l’adrénaline dans chacune de ses veines, un peu plus à chaque seconde.

L’halfling sentit s’enrouler, serpent, autour de sa main fine, la sienne. En équilibre précaire sur lui, elle s’aperçut que le monde basculait pendant qu’il s’abattait, s’arrachant à sa riposte pour mieux lui infliger la sienne. La différence de gabaries était un fossé entre eux. Elle ne put que chuter à l’intérieur, se laissant entraîner par sa poigne herculéenne, les yeux écarquillés par la surprise et l’appréhension de la puissance des coups à venir, qui ne tardèrent pas d’ailleurs. Son épiderme frémit sous la caresse brutale de l’air à ses oreilles tandis qu’elle allait vers le sol, soutenue par lui seul qui la tenait fermement. Puis, ce fut les éclairs qui fusèrent, explosions violente, faisant surgir mille et une gerbes d’éclairs en elle, frappant plus sournoisement les uns que les autres. Peut-être cria t-elle. Peut-être se retint-elle. Elle ne sait plus. Tout ce dont elle fut conscience alors qu’elle accusait le choc, fut de sa capacité musculaire. Elle l’effraya. Avant de lui redonner l’avidité au combat.

Elle n’eut le temps que de penser à cela. Car à ce moment-là tout disparut.

Sen Chizu se rendit soudain compte que c’était pour la simple et bonne raison qu’elle était dans un vide incertain. Il l’avait lâché et s’apprêtait à lui asséner le coup final. Elle le réalisait un peu plus à chaque millième de seconde où elle reprenait ses esprits, la douleur ne s’échappant pas. A cette prise de conscience succéda la montée de réflexes dus à la peur. Sa jambe à elle fusa, tranchant l’air. Incroyablement rapide à son tour, son pied alla se poser sur son torse, s’y appuyant fortement un bref instant, y donnant un bref coup, pour mieux lui donner d’élan. Ses sourcils se froncèrent quand le plat du pied de l’elfe faillit atteindre son menton, et elle partit en arrière, rejetant ses bras, pendant que lui aussi s’éloignait. Ses mains rencontrèrent le sable une nouvelle fois. Ses jambes fouettèrent le vent brûlant tout autour d’elle alors qu’elle exécutait un salto arrière. Enfin, ses pieds nus furent à nouveau au sol. Elle se redressa prestement et le vit au loin, ayant mis une bonne distance entre eux deux.

Une distance mise pour mieux la franchir
Crois-tu pouvoir m’arrêter
Rien qu’avec ceci ?


Il n’allait pas lui laisser le moindre instant de liberté, pensa t-elle, passant machinalement sa main là où il aurait pu la blesser à la minute précédente. Ses points touchés la faisaient souffrir, lui fournissant un désavantage quant à ce qui allait suivre, et dont elle voyait déjà l’ouverture alors qu’il fonçait vers elle. Moins de facilité à se déplacer, mais… Mais… Dois-je me laisser stopper uniquement par cela ? J’ai connu pire. Alors, nous continuerons à avancer. Toujours. Un éclat fugace de défi traversa ses yeux. Avant qu’elle aussi ne s’élance vers lui. Pas de repos ? Un enchaînement rapide ? Parfait. Elle ne pourrait pas gagner, elle en avait pleinement conscience. Il était trop fort pour envisager cette possibilité. Le moindre de ses coups l’handicapait sérieusement, et sûrement n’y allait-il pas avec le maximum de ses capacités. Il fallait déceler la faille, l’endroit où se glisser et tout ronger. La mèche à allumer pour tout enflammer. Enflammer… Ca c’était une idée. Une idée qui ne serait pas exploitée. Elle n’utiliserait pas son élément pour le moment, et elle savait très bien pourquoi.

Alors, Sen Chizu se contenta de courir, le voyant dangereusement s’agrandir dans son champ de vision. Cependant cette vision lui apportait aussi quelque chose de fondamentale. Quelque chose dont elle usa rapidement. Son pied heurta les minuscules collines sablées. Violemment. Rejoint par l’autre. Oiseau, elle s’envola, repliant ses jambes sous elle pour plus de légèreté, avant de les déployer quand elle atterit, se baissant aussitôt. Ce fut là que son pied partit, suivi de son mollet, de son genou, de sa cuisse, l’intégralité de sa jambe qui fusa, nacre blanc sur le doré du sable. Sa chaire rencontra les jambes d’ébène, les balayant pour le faire basculer. Elle se donnait plus de force et de pression en appuyant ses doigts sur le sol, courbant son échine vers lui, concentrant son entière force et tous ses efforts dans son coup. La pirouette achevée, elle eut un léger saut, encore une fois, pour se remettre debout et s’écarter de lui, mettant ses bras devant elle, les doigts un peu repliés, les paumes ouvertes, l’invitant à continuer.

Car moi, je ne me lasserai jamais de cette danse
Eternelle et magnifique…
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyDim 10 Fév 2008 - 16:37

Nourissant les faibles de puissance.
La peur. Rien que la peur.


Oubliant le début, ne cherchant pas ce que serait la fin, il ne profitait que de l'instinct présent. Le contact des granulets sur lequel il se tenait fermement, son élan de rapidité et sa vision vif des choses, des instants dans lesquels tout se ressent plus fortement, où chaque petites secondes est une opportunité, où tout doit être pris en compte, sans quoi on tomberait à la renverse, on se décalerait de notre voie, l'orgueuil trébucherait sous le poids de la défaite et la rage deviendrait haine. Haine pour l'autre, pour celui qui ne s'est pas entrainé aussi longtemps que lui et qui arrive tout de même à lui asséner des coups. Oui, il le savait, il était plus fort qu'elle. Mais seulement de carrure et d'expérience. Il n'avait pas fait preuve de virtuosité, d'esprit stratégique. Cette petite maline avait réussi à se cacher sous sa puissance pour attaquer en fourbe. Ce n'était pas une faiblesse, non. C'était une qualité d'intelligence fait pour le combat. Cette petite en avait du plomb dans l'aile. Mais l'elfe noir sentait que c'était encore insuffisant. Tout cela manquait de puissance, car de la douleur il n'en ressentait pas. Il avait l'impression qu'elle était petite fille qui essayait de vaincre la peur, puis de la fuir.

Il fusait tel une fléche. Mais la fléche a toujours une faiblesse. Elle ne se dirige que vers un point. Une esquive et elle ne sert plus à rien. Trop tard. Il avait pris conscience du problème que trop tard. Elle était habile. Ses yeux la suivait du regard mais son cerveau prit du temps à réagir. Trop lent. Lent, lent, lent, lent...

Tandis que la jeune halfing fournissait un magnifique élan de fougue pour l'atteindre, l'elfe noir se réveilla. Il avait l'impression que quelque chose clochait. Les halfings veillisse plus rapidement que les elfes. Donc les elfes ont plus de temps pour se consacrer. Alors pourquoi une personne qui avait dix fois moins que lui en âge, arrivait-elle à le frapper? L'estime peut-être qu'il lui portait? Sûrement. Battons-nous alors pleinement. Réduit chacun de ses mouvements en un élan futile. Montre quel est la distance. Montre-toi à la hauteur de toute l'expérience accumulée. Et n'utilise que ton corps et ta tête. Elle aussi a des dons mais ne les utilise pas. Montre que sur n'importe quel terrain de jeu, tu es le plus fort.

Sous le choc, il bascula. Ses jambes se plièrent, les genoux partirent de côté, entraînant le reste dans la chute. Mais il n'aimait pas cette impression d'échec, il avait l'impression de revenir au temps de sa jeunesse lointaine, où le guerrier Akaaryu arrivait à le neutraliser sans bouger le moindre orteil, seulement son bras gauche. Il n'aimait pas cette impression. Le temps qui le séparait de ce moment était bien trop grand, il avait évolué entre temps. L'effort donne de l'orgueuil, l'orgueil stimule l'instinct, l'instinct devient acte. Jamais plus il ne chutera.

Il tendit ses bras vers le sol qui s'approchait dangereusement. Avec souplesse, il ralentit la chute, il arréta la chute. Mais cela ne s'arréte pas là. Une victoire ne s'arréte pas du moment qu'on est pas perdant, elle commence que lorsque l'autre, personne ou notion, est perdante. S'appuyant sur ses bras, il reprit rapidement l'équilibre perdu. Dans un instant à peine perceptible, il observa ce que devenait la jeune halfing. L'instant d'après lui sera fatale. Car des failles, ce qu'elle venait de faire en contenait beaucoup.

Il contracta ses bras et poussa pour se relever. Mais il ne se releva pas. Ses jambes se contractérent elle aussi et il bondit en arrière, vers son adversaire. Il semblait qu'il allait l'attaquer de front mais il se courba entièrement pour que ses mains atteigne le sol à quelques centimètres de la jeune fille. Ses doigts glissérent sur le sable tandis que la paume s'accrochait rapidement au sol. Ses jambes se détendirent alors, sa droite se glissant entre les bras tendus pour allait atteindre avec puissance le menton, la gauche se glissant sous la poitrine gauche pour prendre appui enfin de la bousculer en arrière, donner de l'élan pour se redresser et pivoter par la même occasion pour éviter un coup de pied défensif possible. Le menton atteint puis le corps bacsulé en arrière, ses jambes sur courbérent pour que ses pieds touche le sol et de ses bras il donna un élan pour se redresser.

Il pivota sur son pied gauche pour lui faire face et balança un coup de jambe droite circulaire pour mettre de la distance entre eux, pour lui permettre un instant durant lequel il aurait du temps de se donner de la stabilité pour enchaîner rapidement sur la suite. Ce qui fit immédiatement suite à ce mouvement en enchainant sur une multitude de mouvement circulaire de ses jambes, avançant en utilisant alternativement ses deux jambes comme pivot, se rapprochant inévitablement de sa cible, ne lui laissant aucun répis et aucune faille, car chacun de ses coups de pieds venait du bas vers le haut pour redescendre rapidement, faire appui pour permettre à l'autre jambe de continuer le travail et ainsi de suite, un oeil toujours tourné vers elle, prêt à capter la moindre riposte et donner au cerveau la moindre information lui permettant de défaire le contre. Il ne savait pas si il frappait ou non, la jeune fille, mais il enchaînait, forçant la pression a faire monter la peur.

De la douleur naît la rage de vaincre. De cette rage naît une éternelle incandescence dont la flamme grandit peu à peu et renverse la tendance. Je sais que tu as cette instint chez toi, je le ressent. Cette peur de se défouler, par peur de réveiller sa primitivé. Je sens que tu es capable de grande choses. Alors je te ferais réveiller la bête qui est en toi par la force et je t'aiderais à la dompter. Car même si le feu a quelque chose d'indomptable, on peut toujours la maîtriser, la guider quand on sait comment s'y prendre. Seulement comme cela, tu arriveras à vaincre ce que je t'inflige. Seulement comme cela tu seras puissante sans être faible. Seulement comme cela, que la peur ne sera plus ton stimulant.

Cruelle nécessité.
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyMar 19 Fév 2008 - 17:58

Theme musical

Ce fut une gerbe de pétales écarlates dans le doré du soleil.
Instant magnifique en dehors de toute pureté.
Bestial…


C’est ainsi que Sen le vivait, recroquevillée, écrasée par la main de la douleur lui faisant ployer l’échine sur le sable blond, chacun de ses membres criant à la souffrance et à l’effort. Il lui semblait qu’elle ne saurait plus jamais ce que la paix signifiait, l’accord avec soi-même, l’équilibre entre le corps et l’esprit. Son âme s’échappait à chaque seconde en dehors de sa bouche entrouverte, son âme qu’était ce liquide, liquide qui faisait que jusqu’alors elle avait pu exister. Comment exister face à l’adversaire puissant qu’il était ? Ca, Sen ne le savait pas, ou plutôt si, et ça lui avait fait peur. Avait. Car elle ne connaissait plus ce mot désormais.

Mais remontons le temps de quelques instants avant d’arriver à la bête.

Elle avait été surprise, c’était tout ce qu’elle pouvait affirmer pour sa maigre défense, bien maigre car elle l’avait senti arriver, aussi sûrement que l’aube éclatait dans le ciel en y crachant ses lueurs éblouissantes, elle avait perçu sa puissance au loin. Pourquoi avait-elle persisté alors ? Pour la folie et le délice du combat qui sont irremplaçables ? Peut-être bien. Et elle le payait chèrement, à avoir cru se montrer un tant soit peu plus maligne que lui. Ca avait été l’affaire d’une demi-seconde, le temps qu’il se rétablisse, puis ça avait été la riposte. Violente. Un tourbillon noir et infernal qu’elle n’avait pas vu venir, trop fière de son triomphe de courte durée. L’endroit qui lui avait échappé auparavant s’était vu atteint. La tête rejetée en arrière sous la force du coup, elle avait vu une myriade d’étoiles défiler dans ses prunelles, contemplation au souffle bientôt coupé tandis que son pied à lui l’atteignait à la poitrine. Un gémissement lui échappa. Trop tard, les étincelles suivantes étaient déjà en scène.

Les yeux de Sen Chizu se fermèrent, appréhendant le reste comme dans un doux sommeil avant que ses sourcils ne se froncent. Elle se força à ne pas crier, plus par fierté qu’autre chose, car lui dévoiler la supériorité qu’il exerçait sur elle lui faisait horreur, même s’ils avaient tous deux conscience de son existence. La pluie de coups s’abattit dans un tonnerre fracassant sur elle, sans pitié aucune, et elle l’en détesta encore plus, sentant à peine le goût de sa haine à travers les multiples blessures qui s’ouvraient et dont l’expression grimpait pour mieux mourir dans sa gorge serrée à mort. L’halfling se demandait comment elle faisait pour résister à l’avalanche. Il y eut une seconde de terreur incroyable car le temps lui donnait l’impression de s’être figé tant le rythme du plat des pieds la frappant s’était fait répétitif tellement chaque zone s’était vue concernée. Un soubresaut la traversa durant une seconde fugace où son esprit émergea d’une mer de sang.

Quand tout s’accélère et s’entremêle, il n’y a plus qu’une solution pour stopper les engrenages de la machine infernale. Les bloquer. Tous, sans exception.

Le dernier coup l’atteint dans une courbe superbe. Docile, elle se fit passive sous la caresse contre sa joue avant d’aller mordre la poussière, abandonnant aux oubliettes ses efforts pour esquiver tout en maintenant son équilibre qu’elle avait employé jusqu’alors. La petite fille laissa son enveloppe charnelle s’écraser avec mollesse sur le sable dans un léger dérapage. Ses doigts de pied effleurèrent les grains dorés qui s’élevèrent avec volupté autour de son corps oscillant. Ses ongles creusèrent avec ardeur pour trouver un point d’appui. C’était un moment fugace de répit dont elle devait profiter pleinement, mais elle ne s’en donna pas le droit. Il y avait trop de choses à faire avant. Trop d’actes à accomplir. Laisser le goût de la bile retourner son estomac, se mêlant à différents mucus, puis prendre le chemin inverse à la normale dans l’œsophage, jusqu’au fragile endroit vocal, avant de s’entremêler à la substance poisseuse et surgir d’entre les lèvres. Par exemple.

La minuscule sphère de rubis émergea d’entre les eaux troubles, jetée avec force dans l’univers brillant et brûlant, flamme rougeoyante dans le jaune pâle céleste.

Mais qu’est-ce ce brasier au loin ? Plus crépitant que le soleil lui-même et dégageant une atmosphère de rancœur et de domination autour de lui, se répandant dans les airs et dans le ciel, s’imprégnant de la surface merveilleusement ondulé et allant lécher l’écume passagère ? Je ne sais. Tout ce que je vois, c’est cette créature à la chevelure rosée et à la tunique blanche salie. Un peu de sang couvre son menton et son regard n’est pas plus humain. Du feu émane d’elle, embaumant le vent marin de senteur de brûlé.

C’était le démon qui vivait depuis plus de dix ans au plus profond d’elle-même, aussi vieux qu’elle était jeune, aussi pourri de vengeance qu’elle. C’était la bête encore inconnue qui logeait en elle et c’était élue protectrice de sa faible âme sans qu’elle le sache, originaire de la morsure vampirique à son cou. C’était l’halfling douce et qui pourtant avait une grande volonté qui était peu exploitée par son propriétaire. C’était un être non défini, tout simplement, sans aucune identité et qui venait juste de se réveiller. Duquel des trois il provenait ? Nul ne le sait. Toujours est-il qu’il surgissait d’un brouillard impénétrable pour mieux déchirer et dévorer. Tout. Sen était-elle possédée ? Non, ses yeux ne luisaient de la couleur sanguine en rien. Etait-elle elle-même tout simplement ? Non, car sans innocence ce n’était plus elle. Qui alors ? Quelque chose. Quelque chose de bien plus effrayant qu’elle n’aurait jamais pu espérer l’être et qui durera un temps bien trop court pour qu’on le craigne.

Le temps de se redresser et de le lorgner, lui à quelques pas d’elle, le contempler auréolé de flammes se dégageant de mille et un pores de sa peau. Ca fuyait comme la goutte du robinet. D’abord une flammèche discrète sous la pression, puis la cascade de lave vomissant son contenu sur l’adversaire. C’est ainsi que ça évacua. Elle se jeta à corps perdu sur lui. La force, la stratégie, elle avait tout oublié. La puissance n’était plus une notion, ce n’était rien. Il n’y avait plus qu’une chose importante à ses yeux : lui faire du mal, le déchiqueter, tout libérer pour mieux qu’il en souffre. Qu’il regrette d’avoir provoqué l’inondation. Qu’il ait peur d’elle autant qu’elle avait été terrifiée par sa propre force. Elle voulait qu’il ait mal. Un acte pitoyable et incroyablement regorgeant de folie et de désespérance qui faisait toute sa force. Peut-être était-ce ça, le véritable fondement des Flamboyants.

Arrivée à lui, il n’y eut que sa main qui fusa, torche dans l’aube environnante, elle s’abattit de tout son poids sur son torse, guettant la brûlure s’infiltrant sur son épiderme noir, devinant que l’ensemble de son être était en proie aux flammes contenues depuis tellement de temps qu’elles n’en ressortaient que plus vives et plus féroces. Sa deuxième main partit-elle-même, à vrai elle n’avait plus aucun contrôle. Ses serres s’enroulèrent instinctivement autour de son poignet dans une étreinte frisant sa propre capacité musculaire à serrer aussi fort que possible, l’enserrant toujours, elle pirouetta, le tordant avec plaisir dans son élan tout en se délectant du fumé déjà régnant dans l’air. La main qui avait été sur le torse le quitta, préférant s’aventurer sur le flanc pendant que sa propriétaire se glissant aussi rapidement qu’astucieusement derrière l’elfe, les serres tranchèrent la chaire, se régalant des quelques gouttes de sang qui purent bien s’en extirper. Le tout se fit fabuleusement vite et sans le temps ni pour elle ni pour lui de reprendre le moindre souffle.

Haletante, en sueur, en feu, il n’y avait que trop peu de choses présentes dans sa nouvelle réalité. Plus rien ne régissait Sen Chizu sinon ses besoins primaires. Griffer, mordre, autoriser enfin ce flux à se répandre dans ses veines et s’en écouler aussi librement que les gouttes cramoisies sur la plage, se caillant entre les grains de sable, s’infiltrant dans les plus minces fissures. Que tout s’écoule dans un incroyable remous et ne soit plus régis par aucune loi. Soyons des primates et entredéchirons-nous, je n’aspire plus qu’à cela, puisque mon cœur a le droit d’être crevé et son contenu d’exploser librement.

Tendre fleur rouge et or découpée par de cruelles griffes.


Dernière édition par Sen Chizu le Mar 19 Fév 2008 - 18:44, édité 1 fois
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptySam 8 Mar 2008 - 18:49

[Thème musical : Massive Attack - Teardrop]

La peur, rien que la peur. Minuscule peur. Je vais te noyer, car de la peur je n'en ai guère.


Avez-vous déjà succombé au charme de la flamme au creux de votre main? Cette petite flamme à votre merci par la simple brise que vous pourriez lui imposer? Mais vous la laissez continuer à vous faire briller les yeux, à vous apaiser doucement sous sa chaleur. Elle vous évoque puissance, elle vous évoque perfection. Le feu maîtrisé, la flammèche rien que pour vous. Puis sans vous en rendre compte, elle vous brûle la paume et vous arrache le bras. Vous soufflez, vous soufflez, et finalement vos efforts coup après coup l'affaiblissent. Cependant, il arrive que le vent change de sens...

Le pied tendu et puissant par la force du mollet et de la cuisse bien entraînés. Le geste lourd et gracieux à la fois, la rotation maîtrisé par la concentration et l'effort, un rythme infernal à son paroxysme. Milliers de jours et de nuits, milliers de vies, pris pour cette maîtrise. Un art acquis, un artiste du geste, la danse agile et puissante. Les coups s'enchainèrent les uns après les autres, comme un mécanisme bien huilé. A force, il ne sut si l'un d'eux était puissant ou pas. Il sut juste que cela n'allait pas avoir raison d'elle, mais seulement lui infliger assez de douleur dans le corps, pour éveiller la bête qu'il avait ressentit, ce potentiel dissimulé sous la chair. Il l'observait. Continuellement d'un œil vigilant. Prêt à la moindre riposte, prêt à contrer le moindre espoir. Pas de place pour la pitié, pas de place pour la chance, ni pour les petites croyances. Elle devait se révéler, elle devait trouver une force plus puissante que les coups de ruses.

Petit diamant sous cette roche, révèle-toi à mes yeux et je t'aiderais à t'aiguiser. Je n'ai ni peur, ni indulgence, je veux seulement t'aider...

A la longue, çà manquait de tact. Répétition. Droite, gauche et on recommence. Droite, gauche et on recommence. Finalement ce petit jeu perdit de son utilité. Rien ne se passait. Peut-être fallait-il être plus démonstratif? En tout cas, tout cela devenait lassant. Avec un démon, il aurait balancé un coup de pied puissant direct et pas garder sa force pour faire durer la souffrance. La torture ne lui allait guère, mais l'elfe noir savait que les gens ont toujours envie de casser la tête à une figure maléfique. Même si la force usée les dépassent...

Véloce et puissant, souple et lourd, le pied partit dans une courbe minutieusement préparé, digne de son entraînement. La jambe s'éleva dans les airs et se fit place au creux de la joue de l'halfing. D'un coup sec, il terrassa son équilibre. Lentement il arrêta la danse tandis que s'offrait à ses yeux, le fruit du dernier pas. Les deux pieds au sol, il reprenait peu à peu sa gravité tandis que son regard se portait sur la fille. Pauvre fille. Cruel destin qu'on lui a affligé, il avait espéré que cette rencontre inopinée allait changer cela, mais la vision de ce corps meurtri ne lui donna point fière allure. Attendons encore. Attendons peut-être encore un peu. Peut-être encore de l'espoir. Un peu d'espoir. L'espoir que ceci ne fut pas vain. Vain, il détestait que ces efforts soient qualifiés ainsi.

Il posa les mains sur ses genoux, ses jambes légèrement fléchies. Il reprit son souffle. Chose rare, mais cet enchaînement l'avait autant épuisé physiquement que mentalement. Il y était pourtant habitué et l'endurance ne lui manquait pas. Peut-être était-ce parce qu'au fil de ce combat, cette petite commençait à lui tenir à cœur. Et qui aime beaucoup, châtie tellement que la respiration s'en fait haletante.

Imprudent, il ferma les yeux. Peut-être un peu trop pour un entraînement matinal. Imprudent, il ne pensa plus qu'à lui. A cette respiration qui ne se calmait pas, à ce cœur qui battait fort et résonnait, à sa tête légèrement chaude, à ses jambes à qui il devait laisser un peu de temps avant de leur demander de redevenir dures et dociles. Imprudent, il l'oublia. Sa concentration affaiblit, il lui fallu le temps que cette chaleur grandissante soit plus élevée que la chaleur qu'il dégageait, pour qu'il comprenne que la bête en elle s'est éveillée. Trop tard. Elle était déjà sur lui.

Cela dépassait largement ses espérances. Ce bouillonnement, cette rage, ce brasier. Quelques flammèches bleutées par-ci par-là et cette force qui dépassait les muscles de la petite, la main lui écrasant le torse, cherchant à le brûler, à l'incinérer. Cette volonté de tuer le plus férocement possible, le torturer au mieux. Il se surprit à ne pas réagir par instinct. Il lui fallut quelques instants pour comprendre qu'elle était déjà lui, tenant férocement son bras. Ce fut d'ailleurs la douleur qui lui transperçait l'omoplate qui lui redonna sa raison. Il comprit alors. Elle voulait le trancher, le griffer, lui extirper les boyaux, se délecter de sa chaire conquit par la force, lui tordre le bras en pensant peut-être l'arracher, lui brûler le corps. Mais l'eau n'a pas tout çà...

Une seconde de silence, longue seconde, durant lequel tout semblait être figé pour lui, tant pis si durant cette seconde, les brûlures commençaient à lui faire souffrir, si l'autre continuait sa torture. Durant cette seconde, il n'y avait plus que lui, son cœur et son don. Le don condensé et concentré à la source même de la vie de l'elfe noir, se mélangeant à son rythme, s'harmonisant à lui. Un battement de cœur et ce fut l'explosion. Le corps autrefois humain éclaboussa l'halfing, se délivrant de son joue. Mais il ne disparut pas. L'eau sembla alors se mouvoir inhabituellement, des jets se rassemblèrent sous la poitrine en une sphère et se rallia aux deux jets qui enlaçaient le buste pour se confondre derrière le dos. Puis un jet jaillit de la sphère et se sépara en deux avant de finir sa course sur le sable en s'y stabilisant. Le tout forma un corps d'eau qui devenait légèrement vapeur malgré l'effort pour devenir glace. Cet effort s'opposant à la chaleur, le corps se stabilisa quelques instants. Le temps d'en finir. La colonne d'eau tenailla de plus en plus férocement le bassin. L'halfing aurait beau l'en empêcher tout ceci était immatériel.

Et puis le corps se courba en arrière, soulevant la colonne de flamme en l'air et d'un coup sec, le corps relâcha l'effort sur les jambes dont l'eau qui la composait, s'était fait tourbillon. Un geyser de vapeur se forma sous le relâchement et le corps d'eau et la petite furent brusquement lancé en direction du lac. Mais il ne relâcha pas son étreinte et après une superbe courbe, ils plongèrent violemment dans le lac. Et dans ce lac, il y avait toute sa force. La force de se maintenir, la force de l'empêcher de revenir à la surface. Gorgé d'eau, ses muscles étreignirent ce corps dont les flammes avaient été avalé par les profondeurs.

Puis il remonta doucement mais sûrement. Il ne voulait pas la tuer, juste la calmer. L'épiderme redevint noircit, les globes oculaires redevinrent écarlates et les cheveux d'argents repoussèrent, comme l'image qu'il avait de lui auparavant, comme l'image qu'il devait toujours garder en tête pour se rematérialiser en lui-même. Ses oreilles n'eurent pas à subir la pression de l'eau et sa respiration ne fut pas perturbé. Au bout d'un trentaine de secondes après le plongeon, deux têtes rejaillirent de l'eau, l'une noire, l'autre...


Peur. Je te connais. Et je sais qu'il suffit de te noyer pour te calmer.
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Tréaga
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptySam 29 Mar 2008 - 21:42

Thème musical

Et l’autre, elle contemplait tout. Tout ce qui l’entourait et la mouillait, la faisait flotter dans ce monde transparent qu’elle craignait tellement.


Quand elle fermait les yeux, elle revoyait tout. La plage dorée qui s’étendait à l’infini, dont la lumière s’atténuait peu à peu au soleil couchant, baignant le lac d’une teinte orangée où mille particules s’envolaient librement au rythme de l’eau remuante. Puis la chute. Quand l’astre solaire avait plongé au plus profond des eaux, irradiant de sang en même temps que sa fureur à elle avait éclaté, phénix au cri déchirant sous le ciel d’encre qui amenait la nuit, impitoyable et féroce. Telle une bête elle avait rugit, elle le savait alors qu’elle revivait cela comme un rêve d’autrefois, vécue par une autre. La fureur, la déchirure. La mort. Son cœur ouvert dont des monticules d’immondice s’échappaient. Se dégoûtait-elle d’elle-même ? Ah, qui le sait…

Pourtant, elle le sentait encore, petite chaleur tremblante au plus profond de sa chaire, petit tambour qui jouait rien que pour elle, depuis son premier souffle. Toi qui m’a tant porté et qui a tant gonflé sous le poids des personnes à aimer, aurais-tu cédé à celui des larmes à verser ? Minuscule muscle auquel on accorde bien peu d’importance. Les hommes te renient et te jugent faible. Trop faible est l’action d’aimer. Trop faible est l’envie de prendre quelqu’un contre soi et de le serrer, de le serrer à l’en faire mal. Alors, on se retient et on garde. Pour paraître fort. Pour paraître tout ce que l’on souhaiterait si ardemment être. Ce vœu elle l’avait tant de fois murmuré en secret entre ses mains. Forte. Forte. Je veux être forte. Alors, s’il te plait, conserve ma faiblesse.

Et aujourd’hui, il l’avait trahi. Les coutures avaient cédé facilement à la haine et au meurtre, à un tel point que cela en était presque effrayant. Qui donc sommeillait en elle pour attiser cette envie de griffer et de mordre comme le dernier des chiens ? Un démon, et une bête encore insondable, tapie dans les profondeurs les plus reculées de son âme. Elle se doutait que ces soudains instincts bestiaux qui remontaient trop souvent ces derniers temps à la surface n’étaient pas étrangers à la morsure ornant son cou qui datait d’avant la bataille. Des passages obscurs dans sa mémoire trouée, elle savait que cette amnésie n’avait que pour seule source le démon qui s’était accaparé son enveloppe charnelle.

Toujours était-il qu’elle avait cédé.

Brûler, déchirer… Laisser les flammes de sa fureur s’échapper d’elle-même. Si je ne puis pleurer laissez-moi alors crier. Laissez-moi hurler ma haine du monde. Et puis laissez-moi vous tuer, puisque vous me le demandez.


Ses ongles brûlaient encore de la griffure qu’elle lui avait administré au flanc, sa paume avait encore honte de la brûlure qu’elle avait voulu lui faire au torse, ses mains sentaient encore entre elle l’emprise qu’elle avait eu sur son bras. Etait-ce elle ? Non, nul masque derrière lequel se réfugier cette fois, Sen. C’est toi qui a craqué, c’est toi qui a voulu le faire souffrir. Tout ça, c’était toi. Ma rage, alors ? C’est cela ? Ce besoin de tout détruire et d’apporter la mort autant que l’on m’a moi-même condamné ? Oui, c’est ça. C’est ça, la vie. C’est se battre pour défendre chèrement sa peau et tout ce qu’elle a enduré. Oui, mais lui m’avait provoqué, il avait voulu le combat. La vie est un combat.

Elle se rappela de quand il avait disparu, ou plutôt quand il avait littéralement explosé. A vrai dire, l’halfling n’avait jamais vu ça. L’eau qui l’avait aspergé, puis qui s’était nouée tellement aisément autour d’elle comme si elle n’était qu’un simple poteau l’avait totalement prise de court. Pourtant, elle avait tenté de résister dans un ultime réflexe, quand elle avait senti avec horreur le contact liquide sur sa peau blanche. Elle avait voulu se débattre, échapper au serpent limpide, mais trop tard. Déjà, elle s’envolait, le ventre noué par sa peau de l’élément aquatique qu’elle avait toujours eu aussi loin que ses souvenirs remontaient. Elle se souvint avoir crié et l’avoir griffé encore.

Rien. Il n’avait pas flanché. Et ensemble, ils s’étaient retrouvés sous l’onde.

Sen Chizu avait eu un instant où plus rien n’avait existé si ce n’était l’espace autour d’eux. Son épiderme avait apprécié la caresse de ses cheveux flottant autour de son visage. Ses yeux de châtaigne grand ouverts avaient tenté de distinguer quelque chose dans le noir du lac plongé dans l’obscurité de la nuit, mais rien. Elle devait se fier uniquement à son toucher, et à son toucher à lui, ses bras autour d’elle qui la tenait fermement contre son propre corps, comme pour l’empêcher de se noyer et de sombrer. Je crois même qu’elle s’est sentie rougir à ce contact, innocente qui ne connaissait que trop peu l’homme. Ses oreilles s’étaient étonnées du silence régnant singulièrement sous l’eau tant elles y étaient peu habituées. Ses pieds avaient légèrement battu dans le vide, en vain.

Et ils étaient remontés.

Sa bouche avait accueilli avec plaisir la première bouffée d’air, la savourant semblable à la première de sa jeune existence. Un frisson avait parcouru l’ensemble de son corps face au froid qui survient quand on s’extrait de l’eau. Ensuite, ça avait été l’avalanche des sentiments en elle. La crainte de l’eau qu’elle ne supportait. La peau de cette dernière. La colère de s’y être laissée entraîner. La haine du combat qui revient aussi vite qu’un boulet de canon. Puis, le vide. La réalisation. Elle prenait pleinement conscience de ce qu’elle avait fait. Elle se craignait, elle ne savait pas se contrôler, elle avait fait du mal, il le méritait, non, ce n’est pas vrai, comprendre que se laisser aller n’était pas un mal en soi mais une délivrance. Vouloir oublier. Ca surgissait et l’étouffait aussi sûrement que si elle avait encore été sous l’onde. Elle ne pouvait que s’agripper à lui comme une enfant. Elle retrouva enfin sa respiration pour parler, s’accrochant à l’elfe sans se soucier du fait qu’elle pouvait lui faire mal avec ses ongles.


« Ramenez-moi à terre ! Ramenez-moi à terre ! »

Et d’enfuir son visage trempé contre lui, de l’eau du lac Yuta ou de ses propres larmes ? Ah, elle ne savait pas…

« Je ne supporte pas l’eau ! Ramenez-moi à terre ! »

L’halfling pourtant si douce de nature se mettait à aboyer des ordres, perdant tout contrôle et ne cédant qu’à la panique. Elle s’autorisa même à lui donner un pitoyable coup de poing sur la poitrine, l’incitant davantage à faire ce qu’elle désirait de lui, la respiration haletante. Bientôt cependant, elle se calma, sa première inspiration qui avait été de fuir réveiller une nouvelle fois la honte en elle.

« Ramenez-moi… »

Fuir ce qu’elle ne pouvait supporter. Douloureux cycle éternel de l’enfant prise dans ses propres filets.
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Shin
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyDim 20 Avr 2008 - 14:02

[Désolé pour le retard, manque d'inspiration pour ce post]

Dans le temps qui sépara l'arrivée en surface et les paroles de la fille, l'elfe noir examina cette petite chose qu'il avait au creux des bras, appréhension de la scène précédente ainsi que par curiosité. Il est vrai que le temps de la rencontre et le temps du combat ne lui avait pas satisfaisante pour se faire une idée visuelle plus édifiante qu'une halfing agile aux cheveux roses.

Son regard semblait indiquer qu'elle était plongé dans ses pensées, dans les souffrances qui la tourmentait, ne se souciant de l'environnement et de la situation actuelle. Après tout ce n'est pas tout les jours que l'on devient une flamme incandescente rempli de rage, attaquant un être avec violence. Shin se demanda alors si dans son effort de rendre les gens plus forts, il n'allait pas souvent un peu trop loin. Cela peut paraître cliché mais dans son esprit, le vieil adage "Ce qui ne te tue pas, te rend plus fort" s'était appliqué admirablement à sa vie. Il avait souffert de multiples maux et chacun bien que douloureux lui avait permis d'acquérir des expériences qui lui ont permis de devenir l'homme qu'il était en ce jour.

Futile, il connaissait la mentalité de ceux qui répugnait la souffrance et méprisaient ceux qui la propagent. Mais n'est-ce pas le but de toute souffrance? Apprendre l'impuissance pour donner la volonté d'être puissant et de drugier pour y parvenir. Il est vrai qu'il y a des sacrifices et des crimes inutiles, des malheureux qui se complaient dans leur état de malheureux et de trop grandes pertes. Mais la souffrance bien utilisée n'est-elle pas le meilleur moyen de grandir? Un enseignement est-il vraiment un enseignement, si il n'y a pas de choc dans la tête pour y graver la leçon? Inhumain comme apprentissage mais en ces temps de guerre qui recquiérent volonté, courage et talents, il n'y a pas de meilleur évolution, plus rapide et plus efficace que celle-ci.

Dans un mélange de songes et de pied sur terre -pragmatisme si on extrapolise-, il continua à scruter la gamine loin du temps qui passe, loin de savoir qu'à peine d'infimes secondes s'étaient passé alors que cela lui faisait un quart d'heure qui la fixait.

Ses yeux marrons très foncés dans l'ouverture moyenne et allongée, un regard fait pour observer, fait pour une vision large des choses. Mais à l'intérieur, on ressent une peine profonde et déstabilisante, une enfance sûrement difficile et mal archivée, songea l'elfe noir. Et ce visage ovale, ces cheveux roses, on dirait une enfant propulsée dans un univers de flammes et de guerres.

Un remord pour ce qui vient de se passer, Shin?

Nan. Car les enfants sont tous destinés à vivre un jour et il faut mieux plus tôt que trop tard. C'est alors qu'il se posa la question de la cause à son comportement. Altruisme? Instinct maternel? Horreur des faibles qu'il aide pour éviter d'en voir trop au petit matin? Gloire du maître qui a réussi à enseigner quelque chose à son disciple? Prestige de celui qui manipule et qui y arrive, pas forcément pour une fin mais pour se savoir talentueux? Cet état de si jouissif qu'elle vaut bien plus que tout les joyaux du monde? En fait peu importe, l'essentiel n'est pas la cause mais la manière et la conséquence, si la conséquence n'est pas remis en cause, la manière ne doit pas l'être, encore moins la cause. Alors avant de se poser des questions existentielles, attendons plusieurs mois, enfin de voir comme à évoluer cette petite fleur.

Un songe d'une seconde ramené à terre par la réalité du présent. Cette fille craignait l'eau. Une peur qui avait toujours amusé l'elfe noir mais qu'il prenait à ce moment-ci tout au sérieux. Une peur à combattre? N'est-ce pas l'ennemi le plus intime et le plus difficile à affronter? Shin songea alors qu'il devait faire une proposition à la gamine...Mais pour l'instant trop de tourmente, il faut mieux sortir de l'eau.

L'elfe noir d'un air toujours aussi calme, ferma les yeux pour se concentrer légérement. Une concentration qui lui permit de soulever lentement à la fois son propre corps et celui qu'il prit avec un bras par le dos et les genoux avec l'autre. Bien que trempée, le corps de l'halfing n'eut plus à se confroter aux problèmes de l'eau. D'ailleurs une fois que l'elfe noir n'avait plus que ses pieds sur l'eau et que cette technique avec lequel il avait le plus d'aise se fut stabilisé, il se concentra alors sur la fillette. L'eau à la surface de la peau et des vêtements se glissa alors jusqu'à ses mains, coulisser le loin des bras et du dos pour former un sous-vêtement compact qui se gela pour rendre les parties visées bien cachées sous la glace opaque. Le froid produit ne le géna pas tant que cela, habitué mais aussi parce que c'était son eau, celle qu'il produisait.

Il continua sur sa lancée et glissa sur la surface du lac, question de confort pour la petite être qu'il transportait. D'un mouvement de tête, il rabattit quelques méches désinvoltes à l'arrière de sa tête. Tandis qu'il joignait la position de départ à la plage, en raison de deux mètres par seconde pour une distance de vingt-trentes mètres, l'elfe noir se décida à commencer la causette.


"Comment t'appelles-tu et pourquoi t'entraînes à côté du lac alors que tu as horreur de l'eau?"
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyVen 25 Avr 2008 - 15:45

Au-dessus d’eux, le ciel, immense tâche d’encre indélébile à l’infinité d’étoiles enchanteresses, qui les surplombait de toute sa majesté, les abritant des regards indiscrets, les enfonçant un peu plus dans l’intimité de la nuit qui gardait cet instant pour eux seuls. Sous eux, l’onde, pure et paisible, tapis de verre sur lequel ses pieds à lui glissait comme sur de la glace. Elle, au creux de ses bras, admirait la beauté de la voûte céleste et celle des eaux dormantes, captivée par cette vision qui n’avait jusqu’alors que fait partie de ses rêves les plus merveilleux. En effet, comment espérer vivre un tel instant, elle qui avait peur de tout élément aquatique ? Pourtant, à ce moment précis, elle trouvait ça beau, tout simplement. Trempée mais ne sentant pas le froid que celui lui procurait, ses cheveux plaqués sur son visage, son cou et ses épaules, ses vêtements à présent glacés lui collant à la peau… Tout ceci elle n’en avait cure, et c’est le visage mouillé qu’elle admirait tout cela en silence.

Au début, elle avait eu peur, oui elle l’avouait, l’incertitude l’avait saisi quand elle l’avait sentit la saisir aussi facilement qu’un chaton abandonné pour l’extraire du lac. Qu’allait-il encore lui arriver ? Il n’oserait pas la faire tomber hein ? Tout enfant qu’elle était, elle s’imaginait les pires coups qu’il puisse, lui, cet étranger qu’elle venait à peine de rencontrer. Etrange rencontre en vérité, car qui commence par donner des coups lors de la première fois ? Bien peu de monde en tout cas. Lui, il était venu à elle, non pas pour échanger des politesses, mais pour lui envoyer sans plus de cérémonie son pied dessus, et quelque part elle préférait cela. Sen Chizu avait toujours aimé la franchise et les gens directs. La crainte passée, elle avait presque apprécié sa position, si ça n’avait été la légère gêne qui en résultait, pourtant bien vite oubliée face à tout ce qui lui était permis de voir.

Sa tête posée contre sa clavicule, elle s’était laissée aller à ouvrir ses iris couleur de bois à tout ce qui l’entourait. Peu lui importait le froid, l’eau, le vent cinglant autour d’eux qui faisait frissonner son épiderme. Bien vite, elle oublia tout cela. Son regard se posa à l’endroit où il devait les reconduire, encore loin devant, la plage semblait être une étroite bande se confondant dans le lointain. A sa question, elle sursauta et leva ses yeux vers lui. Impassible, il fixait l’horizon. Un silence s’ensuivit tandis qu’elle méditait sa réponse. Devait-elle dire la vérité aussi ridicule soit-elle ? Ah, mais Sen n’aimait pas le mensonge, aussi mentait-elle peu car elle détestait le faire. Ce singulier personnage la prenait de court, ce n’était qu’après le combat engagé qu’il se disait à engager la conversation. Etrange elfe en vérité. L’halfling se demanda un instant à qui elle avait affaire. Tant de personne avait croisé sa route sans qu’elle ne sache rien d’eux. Raziel, cet ange dans la forêt… Puis lui.

Après quelques secondes, elle parla d’une voix qui se voulait ferme.


« Sen Chizu. »

A sa deuxième demande, elle détourna franchement les yeux, honteuse. Comment avouer pourquoi elle s’était installée dans ce lieu alors que quelques instants auparavant elle s’agrippait à lui comme un chat effrayé, et aller jusqu’à la frapper et le griffer pour qu’il la sorte de l’environnement liquide ? Elle se revoyait, quelques heures auparavant, fermement décidée à en finir avec cette phobie et prenant son courage à deux mains pour venir jusqu’ici. Elle avait retiré toutes ses armes et même ses chausses pour mieux sentir les grains de sable sous la plante de ses pieds. Elle ferma les yeux et retint un soupir, se rendant compte qu’elle avait échoué à son propre test. Sans un mot, elle les rouvrit et fixa un point inconnu de tous, sauf d’elle.


« Je… Je voudrais devenir forte. »

C’était une affirmation qui n’admettait nulle remise en question pour la simple et bonne raison que c’était son souhait le plus cher. Depuis la mort de son maître bien-aimé, tué par des démons, elle savait qu’elle n’aurait de cesse que de les poursuivre et de les réduire en charpie jusqu’au dernier. La seule chose qui lui faisait défaut était sa propre force. A la bataille, elle s’était battue avec la force du désespoir, mais le fait était qu’elle avait plus été protégée qu’autre chose, et elle l’avait pleinement réalisé en recroisant une nouvelle fois Raziel après cette dernière. Elle avait failli être tuée, et seul ce curieux instinct qui s’était réveillée au fond d’elle-même avait pu la sauver, même si pour cela elle avait plus été réduite à l’état de bête qu’à celui d’une véritable guerrière. A cet instant encore, elle s’était sentie faible, même si sa volonté pour l’abattre n’avait pas été des moindres. Qu’est-ce qui l’avait donc poussé à vouloir se surpasser de cette manière ?

Un ange. Une rencontre dans une cabane abandonnée au milieu de la forêt Darke. Une légende oubliée et racontée qui lui avait fait prendre conscience de ses principales priorités.

Qu’importait sa nature, elle les anéantirait tous. C’était la seule raison de vivre qui lui restait, pour ne pas regretter un jour ce qu’elle était. C’était pour cela qu’elle était venue jusqu’ici.


« Cela peut paraître stupide mais je croyais fermement qu’en m’entraînant à côté de l’eau j’en aurais moins peur. »


Petite fille, elle se recroquevilla un peu plus sur elle-même, enfouissant ses bras contre elle.

« C’était vain. Cela aurait été trop facile de faire disparaître une phobie que j’ai depuis toujours. Mais être une igni et la posséder est une faiblesse. »


Ne posséder aucune faiblesse, elle qui en avait tellement. Quel vœu idyllique… Et pathétique.
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Shin
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptySam 26 Avr 2008 - 3:32

Les événements n'ont pas besoin de couleurs pour s'exprimer. Simplement de quelques esprits tournant autour d'un même sujet. C'est ainsi qu'au cœur de la nuit, une scène se produisait dans la plus grande des discrétions et les couleurs disparaissaient. Mais encore dans cette nuit-là, les étoiles illuminaient la terre et se reflétait dans le lac. Imaginez-vous assis sur une vaste étendue d'eau dans une nuit couverte de nuage, il n'y a alors ni de ciel, ni de terre, ni horizons. Dans cette nuit, ils avaient la chance d'être guidé par la coruscation des étoiles.

La peur de l'eau est une phobie tout à fait compréhensible. Certains ont besoin d'un sol bien dur sous leurs pieds et le liquide paraît un monstre dans lequel on peut s'y noyer, une peur pathétique? Nan, simplement des esprits sensibles à ce genre d'histoires où les noyades sont nombreuses. Dans sa jeunesse, l'elfe noir n'avait jamais eu à se confronter à la baignade. Dans les Terres du nord, continent large et froid, couverts de neiges et de glaces, nul étendue d'eau en liquide et les membres de la Tanière s'étaient habitués à leur propre puanteur, alors ils ne s'étaient jamais attardée à prendre un grand bain dans une eau qu'il fallait dégeler des heures avant. Alors Shin pouvait comprendre cette peur, car il ne s'était jamais baigné avant d'avoir eu son don -non pas par peur, mais par manque de curiosité- et que cela lui procurait l'assurance de ne jamais se perdre en milieu aqueux.

Sen…Chizu. Nom qu'on ne rencontre pas tout le temps, ni le prénom d'ailleurs. Son désir était donc de devenir plus fort, constat honorable des faibles en quête de puissance. Elle avait l'air de se forcer à aller de l'avant, deux autres qualités : Courage et effort. Bien que dépourvu d'une chance quelconque de battre l'elfe noir armé de son don, elle s'efforçait à aller de l'avant malgré le chemin qui doit encore être parcouru. Shin respectait cela et cela lui rappela à quel point il pouvait remercier son endurance de l'avoir poussé à endurer des milliers d'heures de travail. Peut-être était-ce pour cela que l'elfe noir venait de prendre sous son aile, cette petite gamine. Il revoyait en elle, la fougue de sa jeunesse qui se débat face à un être aux démonstrations de maîtrise impressionnante. Le souvenir du petit drow combattant le second de la Tanière dans le cumule de la neige, remonta dans son esprit. Un petit sourire lui vint aux lèvres,...cent ans depuis ces instants.

Le sable se fit sentir sous ses pieds et les pas succédèrent aux glissements sur la surface de Yuta. Il abaissa son bras gauche placé sous les genoux de la fille et lentement il la déposa au sol sans brusquerie. Et tandis qu'il alla récupérer ses affaires quelques mètres plus loin et se rhabiller, il se mit à parler à Sen sans prendre en compte de sa position, le regard se préoccupant de vérifier que son pantalon couverts de poches vides, utiles en temps de chasse, fut parfaitement enfilé, ceinture serrée à la taille.


"Aquaphobie? Faiblesse pour l'igni?"


Il eut un rire faussement moqueur, petit rire du coin de la lèvre tordu par un rictus de pitié. Il fallait être tordu et sacrément gamin, pour penser qu'un débutant ne devait pas avoir de faiblesses, ni de peurs. Au contraire, cela donne des réflexes, provoque l'instinct et permet des stratégies d'entraînement. Sur terre, il n'existe pas une unique voie pour chaque vocation. Si une est bloqué, il ne faut pas attendre qu'elle se débloque, soit la forcer, soit en prendre une autre. Aller de l'avant ne veut pas dire courir en tout droit. On se percute souvent à des choix cornéliens et on finit dans des dédales sans sortie comme cela. Il faut savoir prendre son temps, réfléchir et planifier, ne jamais prendre des problèmes comme une faiblesse mais comme une opportunité à saisir. Bien peu réussisse à concevoir cela et la sélection naturelle se charge souvent de diluer les puissants, des faibles. Shin voyait en Sen, une fille capable d'être puissante, mais manquant de compréhension du monde.

"Pour un expert Igni, ce serait effectivement une faiblesse. Mais tu n'es pas une experte. Pas encore. Mais si tu le désires, je te ferais passer le goût de l'eau. Qu'en dis-tu?"


A la fin de sa phrase, il finit d'enfiler son haut sans col et à petite manche blanc, puis se retourna vers là où il avait laissé la jeune fille. La glace qui avait fait la culotte de l'elfe noir le temps de quelques secondes avait été de nouveau absorber par sa peau pour se glisser à l'intérieur de ses jambes pour dégouliner dans le sable


[HRP : Non il n'a pas fait pipi^^]
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyLun 28 Avr 2008 - 0:19

[ Ca aurait été inquiétant pour quelqu’un de plus de cent ans ^^ ]

Des étoiles, toujours des étoiles. Eternelles en ce monde. Et inatteignables.


Plongée dans cet univers de ténèbres et de minuscules lumières, elle avait peu prêté attention au silence qu’avait engendré sa déclaration. Dans le fond, elle était trop gênée pour s’attarder un tant soit peu dessus, et la réponse muette de l’elfe lui avait laissé croire que, oui, ses intentions étaient vaines et non fondées, et que s’il ne le disait pas c’était peut-être pour ne pas la brusquer. Ses iris avaient cherché un réconfort dans la contemplation de l’étendue céleste, se perdant dans ses constellations aux courbes simples et enchanteresses, admirant leurs formes qui se reflétaient avec harmonie dans l’onde autour d’eux. Elle aurait aimé pouvoir fermer les yeux et sombrer dans cet espace euphorique que l’on ne croisait que dans les rêves habituellement. Le vent l’avait frissonné et elle s’était aperçu que, tout comme ce qu’elle avait souhaité accomplir, cet idéal était loin, aussi haut que les points célestes, il demeurerait insaisissable. L’eau pure du lac avait été remplacée par les grains de sable, elle le sentit à la modification de la démarche de celui qui la portait, puis, à son tour, elle se retrouva à nouveau avec les pieds sur terre.

Il était étrange de se dire qu’elle venait de révéler son vœu le plus cher à un être qu’elle ne connaissait même pas, ne serait-ce que de nom, songea-t-elle en le regardant s’éloigner d’elle. Pourtant, cette situation ne lui était pas inconnue, elle l’avait déjà vécu avec l’être céleste, mais cela lui donnait une impression de vide, d’être dépourvue sans recevoir. Inconsciemment, elle prit cela comme un autre signe de faiblesse, car jusqu’à maintenant, il n’y avait qu’elle qui avait émis des souhaits et des rêves, les autres s’étaient contentés de l’écouter sans émettre les leurs. A nouveau, elle s’attarda dans la contemplation des hauts cieux. Etait-ce donc cela que grandir ? Et quelque part au fond d’elle-même, elle se surprit à penser que oui. Il est assez de paroles, maintenant que les décisions sont prises, le temps est à l’action. Si elle-même n’avait pas su être à l’écoute des autres, était-ce par que ses propres désirs lui avaient obscurcis la vue, ou bien qu’elle n’était pas assez forte pour supporter en plus ceux des autres qui eux l’aidaient ? Devenir quelqu’un de capable. Quelqu’un qui se lève et fait face. Voilà tel est mon souhait. Voilà ce pourquoi je veux me battre. Et voilà pourquoi je ne peux avoir de failles.

Un rire. Emergeant de ses pensées, Sen réalisa que c’était l’elfe qui venait ainsi de se moquer d’elle, même si c’était sans méchanceté. Il y avait dans son ton une douce réprimande, et elle ne comprit pas pourquoi. N’était-ce pas une fêlure dans son être, parmi tant d’autres, que de craindre l’élément qui lui était directement opposé ? Dans le pire des cas elle pourrait dans le futur affronter des aqua, que se passerait-il alors ? Et si cette phobie était découverte, ne serait-ce pas un avantage certain pour un ennemi quel qu’il soit ? Pourtant, l’inconnu ne semblait pas le percevoir, bien au contraire, pour lui cela était une simple futilité. Durant un bref moment, la honte revint, rougissant son visage dans la nuit, et elle le détourna avant d’aller vers l’endroit où elle avait laissé ses affaires, il y avait maintenant de cela plusieurs minutes. Sans un mot, elle se chaussa, ses doigts suivant la courbe de ses pieds dans le noir sans difficulté, puis elle ramassa sa ceinture d’où dépassaient les manches de ses couteaux de lancer et de sa dague. Elle l’enfila, la serrant à sa taille, tout en écoutant l’aqua non loin d’elle.

Pause. Elle se figea en réalisant sa proposition soudaine et tellement inattendue, sa main s’attardant encore sur la boucle de métal. Prise de court, elle lui jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Plaisantait-il ? C’était peu probable, même si elle avait du mal à distinguer son visage parmi l’obscurité environnante, sa voix n’avait eu, cette fois-ci, rien de moqueur ou de provoquant. Il était sincère et cela la choqua encore plus. Le fait était que depuis son arrivée dans la Cité, elle ne s’était jamais réellement liée avec quelqu’un. Les quelques personnes qu’elle avait croisé, elle ne les avait plus revu depuis la bataille, et n’osait même pas songer à ce qui avait pu leur arriver, trop craintive de recevoir une mauvaise nouvelle si elle se renseignait. Non, depuis le début elle était seule et tentait de survivre par ses propres moyens, pensant là encore qu’elle s’améliorerait grâce à cela. L’idée s’imposa d’elle-même, si elle acceptait, cela équivalait à avoir un nouveau maître quelque part, à être sous la responsabilité de quelqu’un… Peut-être pas. Il ne semblait pas du genre à la garder toujours auprès de lui. Ils se verraient régulièrement, mais peut-être pas au point de se côtoyer chaque seconde.

D’un autre côté, il y avait les avantages. Le seul en fait. Grandir. Aller encore et toujours plus haut et viser toujours plus loin. Tendre sa main un peu plus vers le ciel. Il lui permettait d’accéder à son rêve. Pourquoi refuser ? Cela n’aurait eu aucun sens. De plus leur combat au corps à corps lui laissait penser qu’il n’y aurait pas que contre la phobie de l’eau qu’il pourrait lui apprendre. Impassible extérieurement, elle se baissa, prenant dans sa main sa cape noire qu’elle avait aussi abandonnée pour s’entraîner, et s’en vêtit pour se réchauffer après le contact refroidissant du lac. Le tissu sombre frôla la marque de même couleur qu’elle portait à son épaule droite et elle remercia la divinité quelle qu’elle soit pour avoir fait en sorte qu’il ne la remarque pas. Après avoir attaché les liens de son vêtement, elle se tourna vers lui, lui faisant face. Il était à quelques pas d’elle.


« Il ne serait pas prudent que je vous laisse connaître mon nom sans savoir le votre. Aussi, dites-le moi, et alors j’accepterai votre offre. »


Et sur cette remarque pleine de sagesse, elle le toisa, attendant en silence, une lueur ferme dans le regard, de toute sa taille qui n’avait pourtant rien d’extraordinaire si ce n’était sa petitesse.
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Shin
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyLun 28 Avr 2008 - 20:30

"Je ne me lasserais jamais de voir de jeunes graines pousser sous mes talents d'arroseur. Aussi pour mon estime mais aussi l'évolution de ce monde, je m'emportais à chaque opportunité de faire briller un jeune plein de luminosités dissimulées sous d'innombrables défauts."
Légende d'un elfe noir, Shinreï Suiton


Echange perpétuelle. Combat physique, joute orale, commerce d'informations et d'aides. Jamais de lassitude dans le geste en avant, offrant ce que l'on voulait pour le plaisir de partager. Aussi chacun d'entre nous à la volonté de progresser, pour entretenir cet échange d'une certaine manière...


Vétû de son modeste habit de traqueurs, fait sur mesure pour l'agilité et la vitesse, l'elfe noir se sentait dans un confort agréable tout autant qu'utile. Cette tunique comportait autrefois des fioles de poisons à la ceinture, de dards prêt à jaillir sous les manches, des couteaux sur les hanches, des fils de métal dans les coutures et parfois une épée en bandoulière. Depuis la Bataille, Shin préférait se focaliser vers la maîtrise de ses dons d'élémentaliste et l'efficacité en missions, oubliant des expérimentations qui pourront être intégrer à son arsenal, une fois la satisfaction venue dans sa force d'Aqua. Pour l'instant, ce vêtement ne lui servait qu'à masquer son corps, ainsi que concentrer sa musculature grâce à de menus serrages. Néanmoins, il avait l'habitude ses derniers temps de le quitter pour exercer pleinement ses talents de dématérialisation. Finalement il se révélait plus du déguisement pour le moment qu'un utile porteur d'attirails. Mais il appréciait tout de même le confort que cela lui procurait, non négligeable dans les moments de paix autant que pendant les traques.

Peu à peu l'échange prenait une nouvelle tournure, qui justifiait l'utilité du précédent. Au début, c'était un cercle malsain mêlant démonstrations de supériorité et coups en traîtres. Les préliminaires étant passées, ils pouvaient désormais former une relation. Et une relation passe aussi par le mélange des esprits, les jugements silencieux et les preuves de compréhension. Ce fut ainsi qu'un échange belliqueux se changea en conversation, que des négociations prenaient forme et que des projets se créaient, désormais que les présentations avaient été faites. Shin aimait observer ses flux autant qu'en créer. Il eut un petit sourire. Un petit sourire lorsque les paroles de la jeune fille témoignèrent de la répartie de celle-ci. Un instinct de combat, de l'ingéniosité, de l'agilité, une force enfouie et une certaine perspicacité. Le marteau était prêt à marteler la pierre.

Le temps était passé tellement vite qui lui semblait que cela faisait une éternité qu'ils se connaissaient -et pourtant- et il crut un moment qu'il lui avait déjà dit son nom. Juste remarque de Sen, on devait connaître un minimum les origines d'un enseignement. L'elfe noir se soulagea d'ailleurs que sa demande fut assez simple, un simple nom à donner, pas d'autres renseignements et ils pourraient commencer. Elle avait un certain côté pratique et à l'instar de certaines personnes, l'elfe noir comprit qu'elle arriverait facilement à comprendre le premier degré de ses paroles, mais plusieurs autres aussi, un côté très pratique en effet.

Il eut alors un certain blocage. Bien qu'il s'était nommé ainsi à certaines personnes récemment, "Shin" lui rappelait douloureusement une époque d'idéalisme vomissant et d'absurdes faiblesses, époque où il contemplait les autres avec de l'admiration en jalousant leurs talents, lui dépourvu de pragmatisme et de rapidité d'absorption. Cependant ce prénom était plus facile à prononcer et plus classe, c'était un fait qu'il n'avait pris en considération que très récemment. Ce jour-ci, il voulait assumer ce prénom, simple, vif et claquant. Désormais, il ne s'appellerait plus "Shinreï Suiton", rappel d'une époque déchue et d'un désir de vengeance pour son clan. Bien sûr, il se rappellera du nom de son clan, mais ce passé n'avait plus d'intérêt à être déballé à d'autres. Maintenant, il était Shin, un talentueux traqueur de démons au service de la cité d'Elament..


"Shin!"


Prononça-t-il après quelques infimes secondes où il reprit son courage à deux mains pour assumer ce pseudonyme avant qu'il ne devienne une habitude plus tard. Manœuvre difficile car il ne voulait pas que cette gêne se remarque. Pour cela qu'il prit une profonde respiration et quelques instants avant de répondre, il espérait seulement que la distance qui les séparait et le peu de luminosité avait empêché Sen de voir, une seconde de pétrification qu'il s'était surpris lui-même à avoir.

"Lorsque tu seras prêt, nous pourrons commencer!"
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Tréaga
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyMar 3 Juin 2008 - 15:30

Thème musical

Et ainsi dans l’immensité de la toile universelle, deux liens se nouèrent. Encore.


De part et d’autre de l’étendue sablée, ils se toisaient, contemplant en l’un ce que l’autre cherchait. Elle le fixait de ses yeux couleur de châtaigne où le soleil commençait à déposer de minuscules parcelles d’or, les faisant dorer à la lumière naissante du jour. Et tandis que la sphère rougeâtre grimpait dans les cieux, illuminant les eaux, seules témoins de l’échange entre eux, leurs destins furent scellés. Un nouvel apport. Un nouveau contrat. Deux fils s’entrecroisant, et pour combien de temps ? Ces deux là eux-mêmes, ne le savent pas. Et moi non plus. Ses cheveux roses balayant son visage sous l’effet du vent, elle clos ses paupières un instant, appréciant le nom court et simple. Cette rencontre et cette négociation. Elle les prend et les accepte dans son univers. Petite créature dont le chemin à parcourir est encore long, doutant de sa propre existence et ignorant combien celle-ci va se révéler supérieure à ce qu’elle attendait…

Ouvre donc les yeux, Sen, il est temps d’avancer à présent…

Ainsi, elle le contemple une seconde fois. Shin. Même lettre que pour son prénom. S. Dans un petit monde fait de vagues sensations naturelles et de pressentiments, elle se souvient. Elle se rappelle le pouvoir des mots. Chacun est unique et détient une emprise particulière sur son possesseur. C’est ce qui fait qu’elle répondra toujours au nom de Sen et à aucun autre, jusqu’au jour où elle sera nommé pour être une autre personne qu’elle n’est, là, en cet instant. Et c’est ce qui fait que lui est là, devant elle, lui offrant ce moyen de l’appeler à elle comme elle l’a fait quelques instants auparavant pour lui. Les mots se lient et se transforment. Les boucles se défont pour mieux s’enlacer. Changeant comme tout. Comme l’univers. Comme la toile qui les retient tous. Un vertige passe dans son enveloppe charnelle, un souffle venu d’ailleurs qui lui fait perdre la tête. Une seconde, elle a conscience d’un infini profond que leurs seules paroles viennent d’effleurer. Magie de la nuit, magie des mots ? Ah, elle ne sait. Puissante est la magie, et trop vaste pour essayer de la saisir comme on arracherait aux parchemins leur savoir.

Et ainsi elle passe entre ces deux êtres.

Un sourire s’étira sur les lèvres de l’halfling. Oui, le silence de l’elfe avant sa réponse l’a intrigué et intéressé. La voix qui a prononcé le prénom lui a semblé dissimulant quelques secrets. Shin… Court et simple. Facile à mémoriser. Trop facile. Un pseudonyme certainement. Un surnom. A qui faire confiance ? Le pouvoir des mots est si puissant et si simple à brandir comme trophée… Elle choisit, pourtant, la confiance. Trop de naïveté et d’innocence ? Ah, peut-être… Qu’importe, c’est ainsi qu’elle a décidé d’avancer, et c’est ainsi qu’elle marcha vers lui. Qu’importe les noms, les mots se basent sur la confiance, et c’est ce qu’elle lui offre en même temps que le pouvoir de l’appeler et de la définir. Sen s’arrêta devant Shin, un mètre les séparant, distance respectable pour eux qui venaient de lier connaissance.


« Shin… Je m’en souviendrai. »

Elle leva sa tête vers lui pour le regarder dans les yeux, sans ciller, ignorant leur différance de taille, oubliant le fait qu’elle était trempée et paraissait de ce fait plus petite que d’habitude, avant ses mèches mouillées collées à sa peau pâle.


« Je suis élève de première année à l’école, si jamais vous cherchez à me trouver. »


L’école… Une ombre passa dans son regard. Tant de chemin parcouru pour y parvenir, dans cette école, mais tant d’évènements vécus qui n’avaient fait que l’en éloigner. Elle y avait passé peu de temps et n’avait croisé presque aucun élève. Elle n’avait même pas encore rencontré son professeur, Naciniah Naûr. Nul doute qu’elle avait un grand retard à rattraper. Cependant, elle voulait y pénétrer, affirmer son don bouillonnant dans ses veines et n’attendant que le moment ultime pour sortir. Elle l’avait senti aujourd’hui, lorsqu’il avait éclaté, semblable à une torche prenant feu. Accepter ce qu’elle portait en elle, et pour cela, le libérer. Ce pouvoir faisait partie d’elle. Elle n’avait pas le droit de se renier, surtout pas avec l’objectif qu’elle s’était fixée.


« Je serai toujours prête. Vous n’aurez qu’à m’appeler. »

La jeune fille songea à lui. A part son nom, ou en tout cas celui qu’il s’octroyait, elle n’avait rien appris de lui. Pourquoi la prenait-il sous son aile ? Pourquoi cette décision de s’embarrasser d’une apprentie igni ? Elle ne savait, et hésita à lui poser la question, à lui demander carrément tout sur lui. N’a-t-on pas envie de tout savoir des personnes que l’on côtoie ? Elle se laissa pourtant le bénéfice du doute. Les réponses viendraient. Plus tard. Un lien naissant est toujours prêt à casser, il faut le consolider avant de se permettre de tirer dessus. C’est pour cela qu’elle garda cette première image de lui. L’elfe, Shin, qui n’avait rien fait de plus que l’aider à se trouver et à se découvrir, comme tant de personne. Combien de temps avant qu’elle n’atteigne enfin son « elle » véritable ?

« Si jamais je tiens à vous contacter, comment devrais-je faire ? »


Ah, mais il y avait tout le temps. D’abord le temps pour avancer, faire quelques pas incertains, et puis courir, aller plus vite. Oui, elle irait à son rythme, se dit-elle. Au loin, le disque finit de s’élever au-dessus des hauts, et commença sa course dans le ciel, mettant un terme au commencement. A présent venait le plus important. Les réjouissances et les combats. Les larmes et les embrassades.
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyDim 8 Juin 2008 - 15:38

[Every You Every Me - Placebo]

"Les disciples ont faim! Sans cela, ils ne sont pas des disciples. Tout le travail du maître est de ne jamais les rassasier."
Légende d'un elfe noir, Shinreï Suiton


Sa démarche fut lente, fait de gestes souples, levant les pieds de la terre pour les redescendre vers l'infini pour aller écraser le sol avec une incroyable douceur. Ses pas le menèrent à circuler autours de la fille, son regard scrutant tantôt Sen, tantôt le lac, tantôt le sable, tantôt le ciel. Cette situation le laissait perplexe, les paroles de l'interlocuteur amplifiant ce phénomène en peignant quelques traits de sa personnalité. Volontaire, d'une vivacité sans excès, d'une intelligence de mots, d'un sang-froid admirable et d'une ouverture d'esprit appréciable, qui semblait à l'épreuve de ce qui pourrait la rendre vindicatif. Elle était de celle qui pouvait passer des heures à tisser un vêtement, répétant sans se lasser le même geste, en sachant trouver toute la satisfaction du monde dans le travail accompli, en mangeant un temps immense sans véritablement compter.

Shin sut tout de suite que parmi les quelques disciples qu'il avait déjà eu, cette dernière aurait le plus de facilité à progresser sans avoir le génie physique de Ruby, ni le désir de Coralline de grandir. Elle avait un vouloir, mais surtout un pouvoir, son regard qu'elle lui avait lancé le montrait. Un regard qui s'adaptait, absorbait et crachait le produit qu'elle a façonné avait partir de ce qu'on lui avait donné. Ainsi l'elfe noir comprit qu'il pouvait se permettre d'être plus concis dans ses explications en choisissant des mots que le sens n'échapperait pas à elle. Elle était autonome et curieuse, d'une curiosité plus généreuse que la Louve, ou au moins différente.

Elle lui offrit quelques réponses en échange de quoi, quelques unes de sa part. Eléve de première année! Idéal pour l'entraîner en dehors de tout conflit, durant quelques mois avant de lui faire une belle proposition d'application. Toujours prête et maniable à volonté! Cette phrase le gêna par contre, ou du moins, démontra que la fille ne savait pas pourquoi il l'entraînait. Shin n'était qu'un artiste toujours heureux de faire une oeuvre à partir d'une ébauche. Néanmoins, il n'aimait que ceux qui en voulaient, qui avaient faim. Jamais à lui de venir vers elle, toujours à elle d'aller vers lui, sinon ce serait une progression qui pourrait être contre gré, qui finirait par lasser car elle obtiendrait sans rien. Toujours prête? Il s'en fichait. Tant qu'elle l'était au moment de le voir.

La dernière phrase fut bien plus appréciable. Il n'y avait plus de confusions possible, ce serait à elle d'aller vers lui. Le drow avait plusieurs possibilités devant lui, de quoi planifier et complexifier à profusion son emploi du temps. Etant en première année, l'elfe noir ne voulait pas l'attirer vers son travail pour le moment, du moins pas avant...plus tard. Ce terrain de prédilection qu'était le lac Yuta pour Shin pourrait être idéal pour une torture salvatrice pouvant durer des jours et des jours. Battre son adversaire déjà plus puissant même sans son territoire, mais le vaincre sur son propre terrain était la preuve d'un progrès concret. Ainsi cette plage sera réservée à leurs instants communs. Ainsi il n'y aurait qu'à cet endroit où ils devront se rencontrer.

"A l'aube de chaque jour que tu voudras, réchauffe le lac par ta chaleur d'Igni. Cela me réveillera quand je serais dedans, en harmonie avec mon élément. N'attends pas longtemps, si je n'arrive pas, c'est que je ne serais pas là!"

Ses pas s'arrêtèrent, se nouant avec le sol. Il tendit sa main vers la jeune fille. Au creux de sa main, une boule d'eau augmenta de volume à vue d'oeil jusqu'à une taille raisonnable que l'elfe noir pouvait tenir sans mal. Il posa sa deuxième main sur la sphère en contractant ses articulations, injectant le froid au liquide pour le geler. Ainsi il fallut une petite minute pour que la balle de glace soit parfaitement indestructible à coup de poings. Ses cheveux pandouillaient autours de son visage tandis qu'il accomplissait cette besogne.

"Sen! Par l'opposition au feu, mon eau te sera précieuse. La glace est la forme avec laquelle j'ai le plus de facilité. Tout le long de nos combats, je l'utiliserais autant que je le peux. La seule façon de me vaincre est de rendre cette glace, vapeur. Tu l'as sûrement compris, il n'y a qu'un moyen d'y parvenir. Augmenter la chaleur de tes attaques."

Il marqua un temps de silence. Il n'aimait plus trop ses monologues. C'était peut-être difficile d'assimiler ce qu'il disait rapidement.


"Je te passe cette balle. Rends-la liquide. Si tu le fais rapidement, alors je t'offrirais des combats intensifs à partir de tout à l'heure. Si ma patiente atteint ses limites, tu devras patienter jusqu'à demain. Et si, même si j'en doute, tu n'y arrives toujours pas, n'espère pas que j'accorde un entraînement tant que tu n'y arriveras pas. N'espère pas non plus me tromper. Ceci est mon eau, elle est liée à moi plus que n'importe quel autre eau. A toi!"

D'un geste sans violence et minutieux, il lui lança la balle à la cuillère.
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyMar 24 Juin 2008 - 23:16

Thème musical

Le jour naissant procurait d’étranges frémissements sur sa peau pâle, un sentiment de réveil qui montait en elle, semblable à une ouverture du monde. Un instant, elle fut envahie par la vision des rayons dorés s’échappant de leur source pour venir caresser l’onde immense et pure du lac limpide et offert. Il était étrange de se dire que quelques minutes plus tôt, tout n’était plus que ténèbres, combats et coups rendus, puis glissade sur la surface glacée, bercée par les étoiles, entre les bras de l’elfe noir. L’elfe nommé Shin avec qui elle venait de se lier pour une durée indéterminée, sûrement des plus longues songea-t-elle, car il lui semblait que son ignorance était bien grande, autant que le savoir à acquérir. De plus, cette simple supposition se voyait confirmer par sa présence, rodant autour d’elle, la jaugeant, l’évaluant pour mieux voir ce qui lui manquait, et ce dont elle regorgeait.

Un morceau de bois, un morceau d’argile, c’est ainsi que lui la voyait. Quelque chose à sculpter. Comment deviner que l’objet aux milles détails et tournures n’était au départ qu’un simple arbre, égaré parmi tant d’autres, sur lequel tant de regards étaient passés sans pour autant, ne serait-ce que l’effleurer ? Elle, elle s’imaginait petite, bien trop petite pour le monde sans fin qui s’offrait à ses pas, et qui lui semblait ne jamais pouvoir être parcouru de long en large. Pourtant, elle en avait soif. Soif de découverte. Soif de grandeur. Dans ses yeux marron passèrent la flamme de la détermination, la flamme qui change tout et attise la volonté. Droite et fière, non pour ce qu’elle était à présent, mais pour ce que l’avenir ferait d’elle, elle le laissait faire, sans peur et sans appréhension. En un duel, tant de choses sont échangés, la force de l’adversaire, son agressivité, son endurance… Un tout qui crée un lien plus solide que l’amitié qui débute timide et hésitante.

A ses paroles, elle acquiesça, acceptant les conditions de travail. Un maître qu’elle pouvait consulter à sa guise et qui serait toujours prêt pour elle, qui ne lui imposerait pas de contraintes particulières. Elle ne pouvait demander mieux, et devinait qu’il exigeait ainsi d’elle une certaine autonomie, une maîtrise de son temps libre et à quelle fin l’utiliser. C’était une preuve de confiance qu’elle chérit aussitôt.


« Très bien. »

Aux bruits de pas dans le sable se stoppant, un de ses sourcils s’arqua et elle posa ses iris, qui jusqu’alors erraient sur la surface aqueuse, sur lui. Sa surprise s’en vit augmentée, alors qu’il tendait sa main vers elle, doigts écartés, paume tournée vers le ciel, semblable à une invitation. Le fait était que ce n’en fut pas une. Pas comme elle s’y attendait en tout cas. Devant ses yeux écarquillés, l’eau jaillit, corolle incolore et fluide, tournant et entortillant ses tentacules mouvantes jusqu’à ne former plus qu’une sphère parfaite sur laquelle il apposa son autre main, la consolidant, la rendant de glace. Le cœur battant, le sang circulant soudain plus rapidement en elle, comme excité par un phénomène qui lui était inconnu sans pour autant l’être, puisant au plus profond de son être les instincts de magie qu’elle possédait, elle l’observait, notant déjà dans son esprit comme il s’y prenait, tout du moins en apparence, et espérant, à force d’entraînement et de persévérance, pouvoir un jour faire comme lui, une boule de feu au creux de sa paume. Un frisson parcourut son échine rien qu’à cette idée.

Puis il lui parla. Un défi, encore. A cet appel, il lui sembla que les battements de son cœur ne se faisaient que plus rapides encore. Malgré sa petite taille, malgré le peu d’estime qu’elle se portait, Sen Chizu aimait les défis, se prouver à elle-même qu’elle pouvait accomplir ce qu’on lui demandait. Vive, elle rattrapa prestement la balle lancée, ne commettant pas la sottise de la faire tomber aussitôt qu’elle se trouvait dans ses paumes qui frémirent sous l’effet du froid. Silencieuse, elle contempla la sphère, pouvant presque y admirer son reflet, celui d’une jeune fille la fixant de ses yeux de châtaigne, le visage encadré par ses mèches rosées, visage dont la peau pâle contrastait fortement avec les deux cicatrices sur sa joue droite. Songeuse, elle la tourna lentement entre ses doigts, en appréciant les contours frais, la parfaite rondeur, l’éclat du soleil levant s’y reflétant en un délicat scintillement qui l’aveuglait à moitié.


« Je le ferai. »

Le combat de la nuit lui avait appris quelque chose quant à sa maîtrise du feu, pour utiliser son pouvoir correctement, il ne fallait pas qu’elle cherche à se retenir, à se protéger d’elle-même et à se cacher sa nature véritable. S’accepter totalement. Tâche bien plus difficile qu’il n’y paraît au premier abord. Combien de gens sur cette Terre peuvent affirmer sans mentir qu’ils s’aiment et s’acceptent avec l’intégralité de leurs défauts et de leurs mauvais côtés ? Bien peu hélas… Vrai, elle ne s’aimait pas, et n’aimait pas à se regarder. Pourtant, même en détestant cela, il le fallait si elle voulait un jour prétendre à la maîtrise de son pouvoir, pouvoir affirmer un jour qu’elle était forte. Alors, elle ferma les yeux.

Dans l’obscurité, il est bon de s’abrité. Dans l’obscurité, on aime des fois se replier pour méditer, pour faire face à ce que la lumière nous cache. Et au fond, tout au fond, le bruit du tambour, vibrant sans fin au fond de son être. D’abord, la naissance, début de toute chose. Premier souffle. Premier amour, le plus réconfortant, maternel et protecteur. La joie. L’affection. La vie paisible au milieu des siens. Choyée et adorée, enfant unique et tellement aimée. Des fêtes chaque jour, des feux autour desquels on se réunit et on danse en chantant. Cruelle innocence bien vite tachée de sang et de cendres. Attaque. Démons. Crocs. Cris. Douleur. Aide. Abandon par ceux pour qui l’on croyait être tout. Et tout disparaît, il ne reste plus rien que le vide et la poussière. Et l’être maléfique. Intrusion. Violation. Il faut s’enfuir, quitter ce danger, s’échapper. J’ai mal, trop mal pour penser à être courageuse, je ne peux pas, je suis faible, je ne suis rien. Je suis morte. Obscurité.


« Ah… »

Juste un souffle qu’elle laisse échapper en dehors, dans la réalité, une crispation de son être, alors que ses mains, qui commencent déjà à suer, resserrent leur emprise sur la sphère de glace.

Réveil. Nouvel environnement. La joie, les danses, les chants, les rires, la sécurité. Tout ceci s’est envolé. Ce fut trois ans, trois secondes d’extase bonheur et de vie idyllique dont chacun rêve. Elle avait goûté au paradis. Paradis envolé. Univers inconnu où il fallait apprendre à vivre, à renaître. Un étranger près d’elle. Il lui dit qu’il la protégera. Il lui dit plein de choses. Il lui dit qu’elle n’a rien à craindre. Il lui dit plein de mots qu’elle ne comprend pas, qui n’ont plus de sens pour elle. Où est l’amour ? Où est la confiance quand au creux de soi on contient une chose abjecte et impure ? L’apprivoisement. La connaissance et la reconnaissance. L’amitié. L’enseignement. Les années qui font grandir et accumuler en sagesse. Un nouveau foyer où elle se sent à sa place. Oui, malgré le démon qui règne, elle se sent heureuse à nouveau. Mais les cendres reviennent, encore et toujours, accompagnées de flammes et de feux. Mais cette fois-ci, de son fait. Les démons, encore et toujours. Le nouveau foyer puant la mort. Le sang. Le cadavre.

Ses sourcils se froncent. Elle n’aime pas se rappeler de cet épisode, encore trop récent pour elle. Elle n’aime pas se souvenir de ce qui a succédé à la découverte du corps de la personne la plus importante pour elle. S’apercevoir qu’encore une fois, elle avait été dupée, que le bonheur ne serait jamais atteint. Toujours volé et dérobé par ces créatures des enfers.

Pourtant, le fait est là, devant ses yeux qu’elle maintient fermés. Il est mort. Il est mort et tout disparaît avec lui. Tout son univers. Des larmes silencieuses se mettent à couler de ses yeux, douleur sourde, douleur qu’elle a appris à taire.

Haine. Vengeance. Violence. Brasier. Fumée. Feu. Flammes. Flammèches. Tout s’embrase et part en cendres. Et il ne reste plus qu’elle, là, au milieu des débris, comme autrefois, elle seule survit pour mieux contempler la mort dans les yeux.

Des langues orangées surgissent de ses paumes et viennent lécher la surface lisse et transparente. Par réflexe, elle amène la sphère contre sa poitrine, comme pour se réchauffer, ou pour combler le manque, elle ne sait pas.

L’errance. Le rejet de soi plus profond encore qu’auparavant. Marcher chaque jour, encore et encore, et pourquoi ? Pour échapper à quoi ? Pourquoi tenter d’échapper à soi-même ? On ne le peut. Et il lui faut beaucoup de temps pour se rendre. Beaucoup d’épreuves et de rencontres. Pourtant, elle apprend. Face à cet étranger dont elle ne connaîtra jamais l’identité qui lui donne la carte menant à la merveilleuse Cité. Puis avec ses habitants, avec ceux qu’elle croise. La quiétude ne dure pas, cependant. La guerre arrive à grands pas, et c’est ainsi qu’elle la découvre. Les combats. Les duels. Les armées. Raziel… En même temps que cette étrange présence en elle, différente du démon.

Et alors, tout s’enchaîne et se déroule. Chaque acte prend son sens et chaque voile tombe devant les paroles. Vampire et démone. Vampire et démone. C’était donc ça. Vampire et démone. Les morsures. Le goût du sang. Cela ne pouvait être et pourtant je m’aperçois combien j’ignorais volontairement la vérité. Vampire… Démone… Deux êtres maléfiques en mon sein.

Et ça éclate.


L’halfling poussa un cri, une délivrance peut-être. Des jets de flamme vinrent englober la sphère. Sa tête se rejeta en arrière, face à une puissance de vérité déferlée dont elle ne soupçonnait même pas toute l’ardeur. Les flamboyants… Ainsi sont-ils, inexpérimentés, à lâcher leur puissance sans limite. Elle s’enflamma de nouveau, torche vivante, des flammèches s’extrayant de nombreux pores de sa peau pour grimper vers le ciel. En elle, elle faisait jaillir ses joies, ses peurs, sa haine, son existence entière. En elle, ses souffrances les plus immenses. Après tout, elle savait dès le départ qu’il n’en faudrait pas moins pour vaincre la sphère de Shin, le choix avait été fait immédiatement. Oui, elle voulait vaincre, elle voulait aller de l’avant. C’était sa volonté entière, ce cri, cette rage qu’elle laissait face au tableau de sa vie, détruite et reconstruite pour être encore plus décimée. Entre ses doigts, la glace se fissura, craquelures sous la passion ardente. Je me battrai toute ma vie pour échapper à cette fatalité. Se couper de ce sort qui la rattachait à la mort et aux démons. Chaque seconde de ma vie sera employée à mettre fin à leur existence. Pour honorer leurs vies à tous, à tous qui m’ont aidé à me faire une place dans ce monde au combien cruel ! L’eau glisse entre ses doigts qui restent néanmoins pliés et va s’écraser sur le sable.

Bientôt rejointe par celle qui l’a fait fondre. Celle-là même qui chute, qui chute sans fin…

Mais peu importe.

Elle l’a dit, et elle a tenu parole.

Elle l’a fait.
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Shin
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyDim 29 Juin 2008 - 22:52

[Thème musical : Bonobo de Scuba

"Tout est une question de confiance en soi. Ce minimum d'égo permet de s'entraîner à volonté, chaque exercice ne faisant que le renforcer et c'est ainsi que le chemin le plus court vers une bonne et rapide réussite, c'est le défoulement, l'action, l'effort. Après que ce soit accompli, on sait que ce n'est plus un rêve, mais une réalité. On l'a fait. Et tout le plaisir est de recommencer indifféremment. Le masochisme n'est pas une faiblesse, au contraire ce qui ne veulent jamais supporter la souffrance, ne se feront jamais souffrir d'eux-mêmes et ne s'exerceront jamais. La voie du grimpeur est ainsi fait, d'égo appliqué, augmenté par chaque seconde d'effort qui fait toute la jouissance de l'instant de relâchement. Au diable les conte de fées, le bonheur n'existe pas. Il n'y a que l'exaltation!"
Légende d'un elfe noir par Shinreï Suiton


Une fois la sphère dans la main de sa disciple, l'elfe noir se dirigea vers le lac pour s'y poser. Une fois assis en tailleur sur le flot transparent, teinté par les légers rayons du soleil du matin levant, L'elfe noir scruta la scène, Sen et la boule de glace, de ses iris écarlates sans nerf à vif autours, signe de son sang-froid en ce moment précis. Avec de la légère houle, le lac changea sans arrêt la position de l'elfe noir qui s'adaptait aux caprices du vent et du courant. Rien cependant ne le déragea et il continua à fixer la jeune fille, tantôt dans ses pensées, tantôt l'esprit vide, tantôt le regard concentré et pertinent sur la sphère de glace.

Dans sa vie, l'elfe noir sut très vite que la solitude était un problème en soit. Mais rien ne pouvait empêcher la solitude, ni les centaines de membres de la Tanière, ni sa famille déchu au bout de quinze ans de son existence, ni Elament. Il était toujours seul, seul à accomplir ce qu'il devait être fait, seul à être là quand il se repose. Seul la plupart du temps. Et si la solitude ne pouvait être vaincu, car les gens l'énervent si il n'a pas sa dose régulière de calme, il comprit qu'il devait aménager la solitude. Par de la méditation, par des entraînements intensifs, par le sommeil profond, par les rêves, par des tâches à accomplir tout le temps. Au début, cela l'avait lassé. Mais ne relâchant pas sa façon méthodique d'occuper son temps, la lassitude disparut, remplacé par la soif d'aller toujours plus loin. Et ce fut ainsi quelqu'un qui ne s'ennuyait jamais et savait utiliser son temps pour optimiser le nombre de travaux à accomplir.

Comme cela, durant le premier exercice donné à la jeune fille, Shin en profita pour méditer, se reposer, s'harmoniser avec la réalité, préparant son cerveau à supporter les rayons du soleil, la pression, les caprices des Elamentiens.


*Si ce premier exercice ne prend pas trop de temps, je la prends en duel pour une durée allant jusqu'à trois heures minimum, puis je vais en ville, au repère et je me préparer une petite mission que j'accomplirais cette après-midi, puis ce soir...*


Chaque journée était un chemin avec des obstacles que Shin plantait lui-même et prend un par un, jusqu'à la nuit. Aucune journée n'était vide. Il avait horreur de stagner, horreur de ne pas travailler, horreur d'être bon à rien. Pour cela, Shin connaissait son corps. Le matin, une heure de méditation puis une impulsion, une réaction d'un instant, qui le fait lever, qui le prend net et l'envoi dans un tourbillon de vie. Ce travail régulier d'animation lui permet ainsi de faire des journées plus longues et des réveils de moins en moins longs, comme ce matin, où il se réveilla avec facilité et commença direct par cette rencontre fabuleuse. Cependant, il ne pouvait se relâcher et il se posa en méditation. Quelques torsions souples du cou, des poignées, écarquillement régulier des paupières, relâchement des épaules et état de vide intense où tout paraît ralenti, grâce à une respiration profonde et longue. Les maîtres mots sur lesquels insistait lourdement Shin durant ce moment de préparation était "Ralentissement et Endurance", deux qualités nécessaires pour une méditation longue et optimisée.

Ensuite, vint cet état où l'esprit est à l'épreuve du temps. Plat absolu, dans un esprit seulement éveillé par l'intérêt que provoquent les sensations du corps et par un élément extérieur. Ce jour-là, l'élément extérieur était Sen et son application à faire fondre la boule. De la volonté, volonté d'exploiter, d'exploser, de converger la moindre parcelle de force de cet être intérieur vers la glace. Tout cela, Shin le ressentait par sa création, la sphère de glace sur laquelle, l'halfing avait posé ses mains et imprégnait son pouvoir dessus, dedans. Et les informations parvenaient à son esprit par des sensations de températures, de pression sur la surface. Comme si la sphére était une partie de son corps à la guise de l'Igni. Une sensation qu'il avait appris à rendre agréable plutôt que dérangeante

Puis les rapports s'intensifièrent et l'elfe noir comprit que la sphère cédait. Comme si un de ses membres commençait à pourrir, à se ramollir. Une sensation de libération après une période de concentration et de durcissement des muscles et des nerfs. Peu à peu, l'eau se glissa entre les mains de l'Igni et Shin put admirer les contours de son épiderme, de ses doigts, de sa paume. Des petites mains, des mains qui étaient faites pour des tâches douces et qui ont été soudainement renforcées pour un usage plus belliqueux. L'eau se glissa dans le sable et l'elfe noir cessa les liens qui le reliaient à son eau.

Il plongea dans le lac. Son corps tout entier. Dedans, il contracta son pouvoir, son esprit, ses forces, serrant les poings et forçant comme si il avait la diarrhée. La glace se forma tout le long de son corps et sur cette surface gelée, il fit glacer ses doigts pour coller de la masse liquide dessus. Ainsi fait, il positionna ses mains sous ses jambes. Penser tourbillon, penser impulsion, penser réchauffement, penser au saut que cela va lui permettre. Un orbe de vapeur prêt à éclater se forma sous ses membres supérieurs. Il mit un pied dessus et lâcha l'affaire. Explosion.

La fragmentation de la technique le propulsa hors de l'eau pour passer au-dessus de Sen. Il glissa alors son index droit sur son bras droit et au milieu de l'eau, un pieu se forma. Rejet de la glace par la masse liquide. Le pieu fonça légèrement à côté de la jeune fille, assez pour la laisser croire qu'il la visait. Pas le temps de savoir ce qu'elle avait fait, il atterrit derrière elle, maniant avec souplesse la masse liquide pour un atterrissage suffisamment en douceur sous ses pieds. Il pivota et bondit tel un fauve sur la jeune fille. Il l'agrippa par les bras.


"Ne prends pas de gants avec moi!"


Il lui écrasa le pied gauche pour lui rendre la fuite plus difficile et commença à compresser les biceps avec violence. Pas le temps de jouer, il était urgent de débuter les hostilités.
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyMar 26 Aoû 2008 - 13:51

Car c’est ainsi qu’il faut avancer dans l’existence.

Se battre. Toujours.


Et dans le noir, une étincelle, jaillissant par ses yeux qui s’entrouvrirent face au monde. Réveil. Où suis-je ? Quel est cet horizon au loin ? Cette étendue d’eau face à moi qui part vers le soleil levant… Suis-je restée toute la nuit en ces lieux ? Ah oui, je le crois bien… Impassible, le visage pâle d’efforts fournis pour faire fondre la glace, Sen contemplait cette petite sphère qui s’élevait, petit à petit, s’accrochant à chaque parcelle de ciel, goûtant à la couleur orangée de l’aube. Elle aussi, elle devait le faire, songea-t-elle. Au loin, dans un écho confus qui parvenait à grand peine jusqu’à ses oreilles déjà sonnées, elle percevait un remous, un reflux bien connu, celui du liquide qui tourne et se retourne dans l’onde. Ne bougeant toujours pas, elle eut une pensée pour elle, cette clameur qui s’élevait non loin. Etait-elle importante ? Dans le brouillard obscurcissant son esprit, elle doutait, de tout à vrai dire. De sa place ici. Des éclats de lumière se reflétant sur l’eau limpide du lac. Eau limpide qui bientôt fut troublée sous la pression du corps qui s’en extrait.

Pendant un temps qui dura une seconde, mille ans, ses yeux s’agrandirent alors qu’elle suivit sa course du regard, un de ses pieds se reculant instinctivement dans le sable face à l’ennemi. Pourtant, ses jambes ne bougeaient pas, comme plus reliées à son cerveau. L’halfling commençait à comprendre, les bribes de souvenir remontant peu à peu dans sa mémoire. Ah, oui, c’était donc cela… Mon combat. Ce retour à la réalité, cruelle réalité de l’existence. Retour à la vie. Cette pensée lui arracha un frisson qui lui donna presque la nausée. C’était trop. Beaucoup trop pour elle, si chétive, en une seule nuit, en seulement douze heures. On avait pas le droit de lui faire. Cependant, tout était là, déjà mis en place, à sa plus grande frayeur. Le décor est planté, maintenant, il va falloir réagir, pour tous les contenter, ceux qui les observaient, ces multiples étoiles pas encore éteintes dans la voûte céleste. Alors, elle s’ouvrit à l’environnement. A ses narines, l’odeur salée de l’eau. Sous ses pieds, les grains de sable se chauffant à l’approche du soleil. Son œil capta quelques gouttelettes retombant bruyamment à l’eau après l’éclaboussure de l’elfe s’en extrayant.

Derrière elle… Par réflexe, son visage se tourna vers la droite, cherchant à voir ce qui se cachait face à son dos. Pour toute réponse, un éclair miroitant à la lumière. Ses pupilles se rétrécirent brusquement sous la surprise du pieu de glace passant devant elle, semblant jaillir du néant, mais bientôt les réflexes reprirent le dessus. Sa main surgit, rapide comme l’éclair, s’emparant de l’objet, mais déjà pas le temps de se retourner qu’il était à nouveau là. Shin, son adversaire. Un poids sur son dos. Deux étaux enserrant ses bras jusqu’à les casser. Elle grimaça sous la douleur, sa silhouette se courbant sous l’avalanche de celle de l’elfe noir. Ah, une douleur de plus, au pied gauche cette fois. Un cri lui échappa, trahissant la souffrance qu’elle subissait, ses yeux à demi fermés alors qu’elle venait à peine de les rouvrir. Elle trembla, son épiderme s’agitant de frissons bien reconnaissables, ceux qui surgissaient toujours face à la tension de l’effort. Elle perçut la phrase qu’il lui lança tandis que ses iris, cherchant un point de repère, s’agrippaient comme des désespérées à la vision du soleil émergeant de l’onde.

Ne pas prendre de gants avec lui… C’était ça, n’est-ce pas ? Ce qu’elle devait faire… Défendre son existence. Se raccrocher avec force à la vie, comme ce petit morceau, là-bas, au loin, qui devait aussi ramper dans les cieux, pour espérer gagner en hauteur. Ne plus jamais lâcher ce qu’on avait si péniblement acquis. Sen laissa un court moment s’échapper, quelques secondes volées, pour reprendre son souffle, emplissant ses poumons d’oxygène, puis relâchant ce souffle de vie. Encore abrutie par l’épreuve de la sphère, sa répartie se fit uniquement à l’instinct. D’accord, je vais le faire, parce qu’il faut bien survivre. Violemment, elle se ramassa sur elle-même, arrondissant son dos, s’offrant ainsi plus de facilité pour porter sa main à sa bouche.

Privée d’un pied, donc d’une jambe. Privée de ses bras. Il y avait peu de solutions. Le peu de clarté qui lui restait avait choisi la plus simple.


Entre ses dents, elle cala l’arme qu’il lui avait lancée un peu plus tôt. Puis, elle ramena son corps en arrière dans un brusque sursaut, espérant le prendre de vitesse. Entraînant par le poids de toute son enveloppe charnelle, elle fit partir leurs deux corps en arrière. Son pied droit dérapa dans le sable, crissant, puis s’en détachant d’une bourrade, élan qui les entraina vers la droite. Elle voulait lui faire lâcher prise, et avait bien conscience que seule la violence pourrait accomplir cela. Leurs deux silhouettes entremêlées basculèrent, traçant un demi-cercle sur le sol, ils se retrouvèrent bientôt dos au lac. Laissant son pied glisser sous la rapidité de la courbe qu’ils venaient d’effectuer, elle l’enfonça dans le sable, laissant sa jambe droite y tomber jusqu’au genou. Genou sur lequel elle appuya l’intégralité de son poids. Sa tête se redressa, quelques cheveux roses fouettant son visage, ses yeux dirigés vers son assaillant, localisant son épaule, puis son bras, bras au bout duquel était la main encerclant son bras. Son cou courba l’échine, elle alla planter le pieu de glace dans la peau couleur d’ébène, priant pour que dans un sursaut de douleur, elle lâche prise sur son membre. Ce fut ensuite au tour de son corps entier. Lâchant le pieu planté, sa tête partit vers l’avant, y entraînant également le reste. Il n’y avait plus que le genou droit assurant un quelconque appui. Sa jambe gauche ne s’appuyait plus depuis longtemps sur les grains dorés, Shin ne pouvait donc plus appuyer son pied sur le sien.

Soit, combattons-nous, combattons pour notre survie. Jouons au rodéo, au milieu du sable et du sang…
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Shin
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MessageL'erreur { Privé Shinreï } EmptyMer 29 Oct 2008 - 16:48

[Envie de rp un peu]

Plus que des moments, c'était sa vie qui se basait sur les combats et les opportunités. Au cumul cela constituait une énorme quantité de pouvoirs, de techniques et d'expériences qui avait forgé son corps et apprit tellement de réflexes et d'instincts qu'il ne pouvait s'en débarrasser aussi facilement. C'était en cela que jouait toute la différence entre un débutant et un expert. Leur physique est imprégné par la sueur et les cicatrices qui font d'eux des êtres qui ne peuvent plus se laisser faire. L'objectif de cette étreinte était donc de durer juste le temps qu'elle puisse s'en séparer par la force. Il vit sa vitesse, sa vision de l'espace et sa violence dans ce débattement contrôlé. Il eut alors l'impression d'un étrange vide dans sa tête, laissant à ses réflexes le soin de serrer sa victime.

L'impression de ne plus être, de n'être que vacuité, la réalité semblait se dérober, s'embrumer, s'enliser, se perdre dans l'éternelle question : Pourquoi? Pourquoi le destin se déroulait-il comme cela? Son orgueil et ses valeurs disparaissaient peu à peu pour laisser place à une lucidité plus grande. Une vision plus globale du monde, comme il en arrive d'en avoir par moment. C'était de la complaisance! Sa valeur appartenait au passé, il ne comptait plus que sur ses réflexes sans plus rien faire de nouveau, ne plus rien apprendre de ce qui n'est pas encore acquis. Il laissait sa vie se guider d'elle-même? Etait cela que l'on appelait Shin?

Ne me fais pas honte!

L'aiguille du temps reprit son importance. Se battre à chaque instant sans rien de prévisible, c'était en cela que la jouissance prenait toute son ampleur. L'aiguille se planta dans sa peau tandis qu'un large sourire s'échappa du crissement de ses lèvres. C'était de la glace pauvre sotte, son élément! L'eau reprit sa forme liquide et se méla à la chair et au sang pour noyer la blessure qu'elle avait formé. Même pas mal. Quoique... Il ne s'en aperçut qu'après quelques secondes, la violence qu'elle avait appliqué, une violence qui fatigue. Il fallait changer la forme de l'attaque. Ne plus exercer son endurance et user de sa fulgurance.

Plus que de garder prise sur sa vie....

Allongé sur le sol, il repositionna rapidement son bras droit autours du cou de la gamine pour l'arrêter dans son élan.


"Le feu. Utilise le feu. Il n'y a que çà d'utile"

Accroché à elle, son corps peu à peu, se changea en eau, enfonçant Sen avec lui dans le sable, gardant son emprise. Une emprise que seul le feu pouvait la libérer. Ce n'était pas son combat en fin de compte, c'était celui de sa disciple, faudrait-il le rappeler.
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