[TERMINÉ] Traque du Majeur

Plus personne, plus de démon, plus de tension, plus des cris qui résonnent. A part celui de Coralline, car ainsi soit-il son nom. Un prénom de gamine, un prénom des filles des eaux. Comme si le destin a parfois ses coincidences. Des coïncidences qui font sourire. Qui font sourire l'elfe noir à cet instant. Instant qui précède la détente et le changement de page, qui conclut une scéne qui ne se termine pas si mal. Toujours en vie et plus proches, toujours en vie même le démon, un démon sans ampleur qui n'a pas rendu grand monde en pleurs. Un de plus, un de moins, Shinreï a déjà comblé nombreux quotas. Un tableau de chasse bien rempli, et déjà rempli aujourd'hui, de trois démons sans vie. Ce démon majeur avait certes plus d'importance, mais n'en reste pas moins un démon avec peu de rayonnances. Un jour où un autre, ce peu de flamme qui consume la bougie qu'est sa vie se verra soufflée. Un peu de cire en moins quel importance.

Et cet être à la classe ravageuse, qui ravage même les moments les plus intenses, pourquoi l'elfe noir devrait-il lui accorder un peu de son audience? Un être exaspérant, jouissant d'un utilme instant présent, qui oublie le peu d'utilité de sa propre vie en s'amusant d'être un délirant. Peut-être avait-t-il plus d'utilité que cela mais dans le cas assez récent, il n'était plus qu'un ennuyant écrasant le corps d'un démon sans vision pouvant prévoir le désespoir d'un ennemi fulgurant. Dans cette scène, il n'avait eu que la vitesse et la surprise comme seul mérite. Si seulement il avait du porter le corps d'une jeune fille en danger de point sans risques à un autre, faire face à un démon en pleine fureur, peut-être l'elfe lui aurait accordé un peu d'estime. Il n'était qu'un gâcheur, un être à la vie aussi flamboyante que désespérante.

Arrétons là les rimes de bas étage et revenons à l'instant présent.

Plus personne. Rien qu'eux deux. Enfin seuls, il pouvait commencer son entraînement. A la vue de cette gamine hystérique à la vue d'un filet d'eau, certains peuvent se dire qu'elle n'a rien de potentielement valable. Un mental qui déraille et un frêle corps d'halfing, un don de l'eau peu utilsé et une perspicacité d'un futur cadavre face à son prédateur. Pour l'elfe noir, il y avait simplement des choses à faire. De ce bout de chair prêt à être croqué, il pouvait en faire quelqu'un prêt à dévorer. Une silouhette à ravaler, un esprit à affuter, des leçons de combat et de vie, des exercices, des situations dangereuses à lui donner. Rien de moins, que du plus, si elle était prête à y perdre son innocence. Un travail considérable pour l'elfe noir, mais l'elfe noir se satisferait du mérite immense que pourrait lui procurer la réussite de cette tâche.

"Viens avec moi quand tu es prête, Cora!"

Il bondit vers le sol et sa souplesse et la neige amortirent son atterissage. Il ferma les yeux et se concentra sur le peuple des flocons, amis de longue date. Il leur demanda cette fois de lui faire glisser ces vêtements pour enfin retirer ce rideau de vapeur. Quelques secondes plus tard, sa tunique surgit de la masse et l'elfe noir la revétit rapidement, boucla la ceinture, vérifia que rien ne manquait et que tout pli était correctement effacé. L'elfe noir aimait bien porter ses vêtements, qu'aucun habit ne lui soit de travers et qu'aucun de ses outils ne soientt manquant, car chacun de perdu est un atout en moins dans son jeu de traqueur.

Mis à part ce petit trait de superficialité et de pragmatisme à la fois, il se pivota vers là où son regard pouvait probablement croiser celui de Coralline.

Et en effet, leurs regards se croisèrent. D’un calme froid pour l’un, quasi paniqué pour l’autre... Cora ? C’est ainsi qu’il l’avait appelée, mais elle ne sut déterminer s’il s’agissait d’une marque d’affection ou pas. À dire vrai, plus elle fréquentait Shinreï, plus elle avait la sensation de ne pas le connaître. Difficile à cerner, il pouvait se montrer froid, distant ou bien encore méprisant et – quelques minutes plus tard – faire preuve d’un certain intérêt à votre égard. Ainsi cueillit-il la petite Nymphe et ainsi cette dernière reprit confiance en elle. Elle s’était calmée. Son humeur changeante semblait aussi vive qu’une eau frémissante sous un feu, bouillonnante lorsque la colère ou la peur l’avivait, posée dès lors que la flamme s’éteignait. Un soupir soulagé et toute angoisse quitta définitivement ses veines. Un silence assourdissant avait envahi la forêt Darke. On n’entendit plus que la chute contrôlée de l’Elfe noir dans la neige.

Tout était allé si vite que l’accalmie n’en paraissait que plus oppressante. Quelques secondes seulement, les vestiges d’adrénaline picotèrent les sens. Puis se fut le vide, fade, ennuyeux...

Coralline observa un nuage de vapeur s’échapper de ses lèvres et au travers duquel elle apercevait son maître – puisque c’est ainsi qu’elle le considérait à présent – un peu plus bas. Encore une fois, elle admira la technique et la maîtrise de celui dont elle espérait apprendre d’avantage qu’encaisser des gifles. Elle aurait tant voulu l’imiter et sauter souplement afin de le rejoindre... mais d’aussi loin qu’elle se souvienne, sa dernière tentative pour sauter du haut d’un arbre s’était terminé à l’infirmerie. Aussi s’agenouilla t-elle, moins précautionneusement que rapidement, avant de descendre de son perchoir improvisé. Et si elle n’était pas très puissante, elle n’en restait pas moins souple et agile. De ce fait, c’est sans autre bruit que celui de la neige crissant sous ses pieds qu’elle rejoignit le Drow aux cheveux d’argent.

Ses regards inspectèrent brièvement les alentours, par acquis de conscience. Personne... ainsi étaient-ils tous partis, Démon comme... euh... comme quoi d’ailleurs ? Réajustant son drap qu’elle ramena vers elle, elle alla se planter près de Shinreï, l’esprit ailleurs. « ... un vagabond, ou un chasseur et son chien peut-être ? »

Elle s’arrêta, hésitante. Que lui voulait le jeune homme, elle l’ignorait. Il l’avait appelé, c’était tout ce qui importait à ses yeux. Fallait-il faire tant d’efforts pour obtenir son attention... maintenant que c’était le cas, il aurait été stupide de perdre ce précieux instant. Elle voulu se mettre face à lui mais resta en retrait, jugeant qu’un face à face pourrait être interprété comme un défi. Or, nul besoin de le provoquer d’avantage. Était-elle prête ?

« _ Je suis là. » se contenta t-elle de répondre.

Elle n’indiquait ainsi d’aucune façon si elle se sentait prête ou pas... et à y réfléchir, elle ne savait pas trop à quoi se préparer. Dans sa voix pourtant, aucune crainte, aucune hésitation. Elle attendait, avec curiosité et intérêt.

Il leva les yeux au ciel, vers l'autre branche...elle n'était pas encore descendue. Il aprrécia alors les avantages que lui conférait le don de l'eau et ses techniques. Sans cela il se serait écrasé au sol, tout nu et aurait du chercher ses vêtements la moitié d'une heure ou rentrer à Elament en faisant fuir même les démons sur son chemin. Même pas. Coralline serait morte et lui au moins blessé. Même pas. Il n'aurait jamais connu l'école d'Elament, il n'aurait jamais connu ni la bataille, ni les chasses, il aurait pu être un de ces habitants parmi les cadavres, il aurait pu rester avec ses parents adoptifs hobbits, et sa vie n'aurait pas eu la même ampleur, ses souvenirs n'auraient même pas refait surface.

La petite réponse de la fille le fit sortir de ses pensées. Elle était donc prête...ou pas mais au moins elle était descendue. Il rabattit quelques méches désinvoltes à l'arrière de son crâne, inspira profondément pour trouver les mots. Oui des mots, il y avait des précisions à donner avant de s'entraîner.

"D'abord, même si à partir de maintenant on peut considérer notre relation comme étant celle d'un maître à son disciple, celle du disciple à son maître, je ne veux pas de "Mon maître". Appelle-moi Shin!"

SHIN? Qu'est-ce qui te prend l'elfe noir. N'as-tu plus de haine pour ce nom qui rappelle une jeunesse éphémére et innocente, un perte de temps, un gâchis? Tu n'oublierais pas toutes ses journées à ordonner aux autres de ne pas oublier le "Reï", par hasard? Tu t'es enfin décoincé alors. Quel soulagement, cela faisait déjà quelques mois que je trouvais "Shin" plus simple et plus classe. Enfin bref continue...

"Les époques et les anciens nous ont bien fait comprendre une chose. Un combattant doit savoir acquérir le plus d'atout possible. Pour la surprise mais aussi pour riposter avec à une attaque qui avec d'autres tu ne pourrais. Le don de l'eau est une élément particulièrement appréciable pour ce genre d'apprentissage. Le froid peut même bloquer les ténebres, si le feu rend la glace en eau et l'eau en vapeur, il n'en reste pas moins de l'eau, elle rend boue la terre et le vent ne saura jamais résisté à une déferlante d'eau. Un bouclier de glace peut-être meilleur qu'une armure de métal et un pic gelé plus tranchante qu'une lame. Elle permet de combler les blessures, tisser des points de sutures et des bandeaux en vapeurs, des pansements liquides et de la glace pour la fièvre et les handicapés."

Il inspira profondément. La neige à ses pieds l'avait soulevé et il se retrouva sur la neige, marchant tout en parlant sans s'enfoncer dans la neige.

"Tout cela est une question de volonté et de concentration, d'intelligence et de visualisation. Le peuple des gouttes d'eaux, des flocons et des filets de vapeur ne t'offriront jamais rien si tu leur paraît ordinaire. Regarde toute cette neige. Pourquoi crois-tu que j'ai réussi à faire tout ce que j'ai fait en une heure? Il faut comprendre que tout cela est une circulation que les aquas peuvent contrôler. Tu peux demander à ce qu'on t'apporte des vêtements, comme demander à ce que ton corps dématérialisé soit bien restitué. Tu peux freiner les pas de tes ennemis comme accélérer les tiens. Le don de l'eau est une opportunité. Une opportunité au mille possibilités. Il faut le dompter, il te faut leur accorder ta confiance, il te faut être à la hauteur car l'eau est capricieux et n'a pas n'importe qui comme ami!"

Il prit de nouveau une inspiration, pour tourner une page, pour passer à un autre paragraphe, à une autre partie.

"Ton corps est encore assez fébrile, il te faut le renforcer. Pas forcément prend du muscle, mais aussi apprendre à allier souplesse, force et rapidité tout avec une certaine grâce...Le peuple de l'eau sera d'autant plus fasciné par toi si tu as la classe de l'habileté. Il te faut renforcer ton esprit, le calmer surtout. (petit sourire) Tout cela est difficile et nécessite du temps, beaucoup de temps. Je te conseille de méditer, de dormir dans le lac Yuta ou dans la neige bien fraîche, de ne pas te prendre comme une enclume et prendre confiance en toi, tu as ce potentiel, fille de l'eau. Et tu verras après que face à une situation délicate où les problèmes s'accumulent, tu pourras agir en réfléchissant rapidement. "Méfiez-vous de l'eau qui dort" qu'on dit. Car l'eau calme observe et donne peu d'impression, l'eau calme attend et une fois la bon moment elle attaque avec violence en surprise. Il faut t'apprendre à refouler, à emmagasiner ta rage pour mieux la défouler"

Il souffla un petit peu. Cela faisait longtemps qu'il n'avait sorti de tels pavés. Cela lui rappella les heures passés avec Keerra Heartilly, Erylis, Raziel, Noïc et Ruby.

"Chaque jour, tu dois t'exercer à courir, à batir ton corps et développer ton mental. La méditation est aussi un bon moyen de se connaître et de se maîtriser, je ne compte même plus les heures à méditer, au cumule çà doit faire quelques années. La nuit, dors dans l'eau ou médite sur l'eau. Si tu veux apprendre des choses et te cultiver sur ce qu'on peut faire avec l'eau ou te renseigner sur les démons, va à la bibliothéque. Si tu veux me voir passe le matin au repère des Traqueurs Infernaux, tu dois savoir où c'est si tu as réussi à élaborer l'autre stratagème. Mais pour commencer, tu vas..."

Il leva les yeux au ciel. Il savait pas trop par quel exercice commencer. Allez un peu d'imagination, il y a matières à s'exercer ici, oui mais entre ce qu'elle pouvait faire à ce moment faire tout de suite et ce qu'il ne pouvait pas lui faire pour l'instant, il y a avait plus grand chose à faire....Crac. Un être au loin venait de marcher dans la neige. L'elfe noir se retourna et le vent lui ramena des odeurs connus, l'odeur du sang et la puanteur du diablotins. Des odeurs que Shin supposa que la gamine n'avait pas encore assez d'expérience en matière de sensibilité et de démons pour le ressentir. Il inclina légèrement la tête vers Coralline.

"Tu vas devoir me suivre."

Et soudainement, il se mit à courir sur la neige, vif comme une flèche vers l'origine du craquement.
Premier exercice, le suivre en faisant en sorte que la neige ne soit plus un problème.

Et le second...combattre un démon mineur?

Coralline regarda l'Elfe noir avec une certaine appréhension. Il venait de prendre une profonde inspiration et – l'espace d'une seconde – la jeune Nymphe se demanda si elle n'allait pas essuyer une remontrance monumentale... Fort heureusement, ce ne fut pas le cas. Shinreï semblait calme et ce simple constat suffit à la rassurer. Cependant, après avoir écouté ses premiers mots, elle sentit ses joues rosir... Bien entendu, il était impossible à l'Elfe noir de lire dans les pensées, mais il n'en restait pas moins qu'il avait vu juste en évoquant l'appellation de « maître ». Aussi Coralline acquiesça t-elle timidement, gênée par cette injonction de laisser tomber les formules de politesse pompeuses, mais elle ferma la bouche rapidement, se retenant de ponctuer son mouvement de tête par un : « D'accord Maître Shinrei! ».

Et puis il s’était mis à marcher. Coralline le suivit, silencieuse, pendue à ses lèvres. Elle pensa tout d’abord qu’elle n’avait pas besoin des conseils de Shinreï en ce qui concernait son pouvoir élémentaire, jugeant que seule Ruby ou Armand avaient les compétences nécessaires pour lui apprendre à évoluer. Mais elle se garda bien de faire la moindre remarque, préférant boire ses paroles sans l’interrompre. Après tout, les conseils étaient toujours bons à prendre et ce, peu importe qui pouvait bien les prodiguer. On était ensuite libre de les suivre ou non, selon son humeur, son caractère. Encore fallait-il accepter de faire un travail sur soi.

Non, Coralline n’avait jamais considéré ce pouvoir comme un don, mais plutôt comme une malédiction. Chaque fois, des catastrophes se déclenchaient sans qu’elle en ai le moindre contrôle. Au fil de ses cours avec Ruby, elle avait appris à « désapprendre » et donc, à se remettre sans cesse en question... Cependant, jamais encore il n’avait été question d’apprivoiser ce pouvoir. Shinreï venait de mettre le doigt sur ce à quoi elle n’avait encore jamais songé. Elle s’était entêtée, pendant les cours d’Armand, à se montrer forte afin d’avoir l’ascendant sur l’élément eau. Elle pensait, bêtement, qu’il lui suffirait d’un peu d’entraînement pour devenir plus forte et ainsi « prendre le pouvoir » sur un élément qu’elle ne contrôlait pas. Comment n’avait-elle pas songé à une harmonie ?

La suite la fit frémir de honte. Oui, elle était bien trop excessive dans ses réactions. Les nerfs à fleur de peau, il n’était pas rare qu’elle se retrouve submergée par ses émotions, ce qui lui faisait fort souvent faire n’importe quoi... Que l’Elfe noir soulève ce problème l’agaça. Elle se sentit blessée... comme on dit, il n’y a que la vérité qui blesse ! Aussi, connaissant cet adage, elle se sentit écrasée sous le poids d’une vérité frappante et contre laquelle elle avait bien du mal à lutter. Elle aussi aurait aspiré à un peu plus de sang-froid... Elle y parvenait à demi, mais lorsqu’une émotion était trop vive, elle perdait tout contrôle. Elle avait d’ailleurs remarqué à quel point ses pouvoirs pouvaient aller de paire avec ses émotions. Car si elle n’était pas encore parvenue à créer un bouclier pendant les cours, celui qui était apparu lors de l’attaque du démon Saisei avait été quasi parfait, dans sa hâte à protéger sa vie...

La remontrance de Shinreï n’était pas bien méchante, mais elle avait eu son petit effet. Enfin, la pause qu’il avait pris permettait à la jeune fille de réfléchir et d’emmagasiner ce discours. Étant donné le mal qu’elle s’était donné à obtenir un « cours » de la part de l’Elfe, ce n’était pas le moment de se montrer distraite. Aussi chacune de ses paroles lui paru aussi précieuse que la plus précieuse des pierres. D’instinct, elle porta la main à sa pierre de Corail, pendant à son cou. Les regards de la petite Nymphe défilaient paresseusement sur la neige qui fondait peu à peu au soleil. Serrant son drap sur elle, elle devina que la forêt Darke prendrait bientôt une toute autre teinte et qu’elle ferait alors figure de tâche blanche au milieu des chemins boueux...

Puis la voix de son maître – qui ne souhaitait pas être appelé ainsi – la ramena à l’instant présent. Ses conseils visaient juste. Coralline était un peu paresseuse, mais la motivation y étant, elle prit la bonne résolution de se mettre au sport avec plus de sérieux. Elle s’imaginait déjà, les muscles galbés, rapide, souple et agile, puissante surtout. De façon plutôt curieuse, ce désir ne la quittait jamais... si elle avait pu, le jour de la bataille, pulvériser trois lignes de Démons plutôt que de s’acharner sur de pauvres méduses flasques... Elle secoua la tête afin de chasser ce souvenir peu reluisant. Oui oui ! Elle devait s’entraîner et elle le ferait.

Rougissant à l’évocation des Traqueurs Infernaux, elle jugea plus sage de ne pas s'étaler sur la question. En effet, il n’était pas dit que Shinreï apprécierait le fait qu’elle se soit engagée dans cette troupe... Une gamine chez les Traqueurs, avec la façon désastreuse dont elle s’était comportée face à un Démon même pas majeur... c’était un suicide inconscient qui aurait très certainement déplu au Drow. « Inutile de l’agacer avec ça... il serait bien capable de me balancer une deuxième gifle... » se réconfortait-elle intérieurement afin de justifier ce petit mensonge. Mais à peine eut-elle le temps d’afficher un visage faussement innocent que Shinreï était partit en courant, l’exhortant à le suivre !

Aussitôt, la jeune fille se lança à sa poursuite, surprise par ce départ imprévu qui la laissait sur place. Ses jambes n’étaient pas bien longues, mais elles avaient le mérite d’être rapides. Coralline était légère, c’était à son avantage. Mais Shinreï avait une longueur d’avance. En réalité, il prenait de plus en plus de distance sur elle, comme s’il glissait sur la neige dans laquelle la jeune Nymphe, elle, s’empêtrait. Les soixante premiers mètres, elle ne désespéra pas de rattraper l’Elfe noir et y déploya pour cela toute son énergie, mais au bout d’une centaine de mètres, elle se sentit complètement épuisée. La neige lui entravait les chevilles et, par moment, les genoux lorsqu’elle traversait un amas plus profond. Rapidement, elle réalisa qu’en plus de perdre du terrain, elle perdait du temps... et pour une première leçon, ça n’était vraiment pas encourageant !

Progressivement, elle sentit une rage indicible l’envahir et elle eu beau serrer les dents et les poings, rien n’y fit pour la contenir. Les larmes aux yeux, elle s’evertua à donner de grands mouvement du bassin afin de chasser la neige. Comment pouvait bien faire Shinreï pour courir si vite sans la moindre gêne ? Il devait certainement user d’une technique spéciale ce sale tricheur !!! Frappant du poing dans la neige, la rage au ventre, Coralline eut envie de hurler sa colère décuplée par l’échec à son tout premier exercice. Quelle plaie ! C’était comme tenter de courir avec de l’eau jusqu’au bassin ; la pression exercée la freinait et elle ne pouvait rien y faire... et puis soudain, cette comparaison lui rappela que... Ses yeux s’arrondirent sous l’étonnement. S’il était possible de marcher sur l’eau, ne pouvait-elle pas en faire autant en marchant sur la neige ? Shinreï avait bien dit que l’élément eau se retrouvait aussi en glace ou en vapeur...

S’arrêtant net, Coralline se concentra. Sa rage était retombée comme un soufflet, mais les larmes embuaient encore ses yeux. Il lui fallait faire vite pour ne pas perdre la face et l’exercice n’en était que plus difficile... Elle ferma les yeux, inspira profondément, chassa toute pensée de sa tête... vite... faire vite... Sa première tentative échoua, elle était presque totalement paniquée... L’Elfe noir était à présent or de son champ de vision... vite...

Prenant appui sur une main, elle se hissa souplement sur la neige, le cœur battant. Elle fut ravie de la vitesse à laquelle elle était parvenue à réaliser cet exploit, ravissement qui s’envola aussitôt lorsqu’elle n’entendit même plus le bruit des pas de Shinreï... Affolée, elle se mit à courir droit devant elle, vers l’endroit où elle avait vu disparaître son maître pour la dernière fois. Son souffle était court, l’oxygène lui manquait et elle avait abandonné son drap rageusement quelques minutes plus tôt, l’accusant de son incapacité à rattraper l’Elfe noir. Ses pieds, brûlés par la neige, commencèrent à saigner mais elle ne s’en rendit pas compte. Ce qui lui importait, c’était de retrouver Shinreï. Par là... un bruit... mais était-ce lui ? Elle hésita une seconde, puis jugea qu’il serait préférable pour elle de se ridiculiser en l’appelant plutôt que de se risquer à se perdre... d’autant plus que Saisei ou l’autre créature bizarre pouvaient être encore dans les parages...

« _ Shin !!? »

Non... ce n'était pas Shin. Ni une petite bestiole de passage dans ce froid. Non... il y avait quelque chose, mais quoi ? Qui ? Le lycaon qui était apparu il n'y a pas bien longtemps de ça, refit surface. Une belle petite créature aux yeux suppliants. C'était une jeune femelle fougueuse. Son corps était enfouit dans la neige, seuls le dos et la tête étaient en dehors de cette emprise. Fort heureusement, elle savait bondir pour avancer dans cette couche froide. Mais avec un peu de difficulté. C'est d'ailleurs ce qu'elle fit. Elle se mit à bondir en avançant en zigzaguant par-ci, par-là, en gardant un point fixe à atteindre... la Nymphe qui, un instant plus tôt, usait de son Element pour pouvoir avancer dans cette neige. Du moins, c'est le sentiment qui se faisait ressentir. La petite à quatre pattes s'arrêta à quelques pas de la jeune femme. Jeune ? Oui, une visage fin, un visage doux, un visage enfantin sur lequel on pouvait lire une force de volonté que l'on ne retrouve pas chez tout le monde. La jeune canidé pointait son museau vers elle. Levant la tête pour éviter de bouffer de la neige. Elle ne bougeait pas. Tel un chien de chasse venant de tomber nez à nez avec sa proie, son corps était tendu, bien que la neige le dissimulait. Sur son visage, aucune expression d'agressivité. Rien. Une simple curiosité, une mendicité, une demande... mais rien qui pouvait laisser croire qu'elle s'avisait à attaquer. De toute évidence, malgré la force de sa mâchoire et de tous les autres muscles qui parcourraient son corps fin, malgré sa rapidité... malgré... non, elle n'aurait à coup sûr, pas intérêt de s'attaquer à la Nymphe. Et sans les ordres de celui qui posait constamment son regard sur elle, il n'était pas bienvenue d'agir à sa guise. Une grognement légèrement plaintif, qui venait marquer, ici, un questionnement, sortit de sa gorge. Sa tête s'inclina du côté droit, les canidés ont une manière bien à eux, de montrer leur curiosité qui leur donne une expression de petite créature mignonne, sans défense, avec au creux des yeux écarquillés, une goûte humide, luisante, qui n'est rien d'autre qu'un reflet de la lumière. Elle s'avança encore d'un bond. Puis ne bougea plus. Sauf à l'exception de ses oreilles et parfois de sa truffe. Aux aguets...

Etrange... une musique semblait envahir l'espace. Une musique que l'on ne peut qu'imaginer, et pourtant, qui est la même et s'infiltre dans les songes de toute personnes étant là... ici... en ce moment présent. Une musique, la musique de la nature, la musique de cet instant.

http://fr.youtube.com/watch?v=yIWKzqSM11E&feature=related

Ce n'est qu'une douce imagination collective. Une douce mélodie inventive. Elle n'existe pas, et pourtant... elle est là, bien plus présente que le vent lui même, tout aussi présente que chaque être vivant. Elle est là, et elle parle sans parler, elle chante sans chanter, elle danse sans danser. Oui... douce imagination. Personne ne l'a créé, personne ne l'a demandé, personne ne la commande, personne ne la dicte. Tel un piano mélancolique et pourtant... joyeux. Un simple piano. Et la musique envoute. Puis... plus rien. Le vent reprend calmement sa place. Et la jeune bête était toujours là... elle attendait quelque chose. Mais quoi ? Aucun bruit ne venait troubler ce silence. Quelques flocons de neige commencèrent à tomber, telles des petites larmes givrées par le froid...

edit Naja : dans le même genre : "Sonate au clair de lune" - Beethoven Wink

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Nom et âge inconnu
Pouvoir : Cleptomanie avec un peu de corruption

Un Kîsh perdu

Les temps étaient dures. La Bataille d'Elament avait fait des ravages et l'hiver s'était fait difficiles. L'époque ne se prêtait guère à la paix. Pourtant ce fut ce qu'il désirait le plus. Pour un démon, une véritable hérésie mais pour un vieillard, une véritable nécessité. La sorcellerie l'avait poussé jusqu'à ses deux cents ans et ces déficiences mentales l'empêchait de la pratiquer à nouveau. Il n'était plus qu'un cadavre ambulant dont la chaire se déchirait sous le vent. Il ne portait plus que ce vieil habit fait de laine contre le froid et cette cape qui le protégeait contre les rayons du soleil.

Nul ne connaissait son nom et son âge se perd dans les tréfonds de sa mémoire à jamais scellé. Tout jeune, il avait été envoyé apprendre la sorcellerie pour rallonger sa vie et la cleptomanie pour commander et pratiquer des pillages minutieusement préparés. Il n'avait pas le goût du sang pendu au goût de sa langue et il s'appliquait à réflechir plutôt que foncer tête baissée. Il devint par la suite mercenaire qui s'alliait à là où va l'argent et les bon coups, car il préférait enrichir sa fierté plutôt que son porte-monnaie. Bien sûr c'était toujours du côté démoniaques, on lui demandait d'organiser une bande de vauriens capables de piller les régions pour enrichir les différents clans. Il n'avait jamais dit son nom, d'ailleurs il avait fait serment auprès de son maître de ne jamais divulguer ses origines.

C'était un travail digne de sa virtuosité et il appréciait principalement pour la réflexion que cela lui demandait. Il n'aimait pas par contre, que l'on piétine la gestion de son travail et qu'on l'oblige à utiliser tel ou tel stratagéme. On pouvait le conseiller, mais jamais lui ordonner et puis il était assez malin pour qu'on ne l'estime jamais bas. C'était une autre époque, il ne gardait d'elle que ses instincts de survie et ses réflexions de traqueurs de trésors, ainsi que ses mains qu'il s'appliquait à soigner tout les jours qu'il le pouvait, dans l'eau chaude. Ses mains, avec ses longs doigts, affutés pour le vol discret, vif et agile. Ses jambes n'avaient plus la même vigueur et il marchait lentement, profitant de chaque instant, pour observer les alentours en quête de proie, en quête à quelconque trésor.

Une proie facile?

Des pas se firent entendre, il tourna la tête, puis rien. Il silonna les parages de son regard mais rien. Qui pouvait marcher à cette vitesse dans cette montagne de neige et sans s'y bruyamment enfoncer? Un Aqua? Nan, sûrement son esprit qui lui jouait des tours, si cela avait un aqua, il serait déjà mort. C'est ce que se dit le vieux démon, il avait une frousse redoutable des élementalistes qu'il ne pouvait pas combattre avec ces modestes pouvoirs. C'était la première question lors d'un contrat 'Y-a-Ti'il des élémentalistes dans la région, susceptibles de protéger la garnison?". Suite à cette question, il refusait les deux-tiers des contrats qu'on lui proposait.

Mais là, rien. Rien que des pas. Des pas comme il en avait entendu des milliers durant sa vie et qui avait du se familiariser à ses tympans pour lui donners des allusions pareils. Et puis....

Il s'accroupit vivement dans la neige, seulement sa tête dépassa de la masse. Une silhouette venait d'apparaître à son regard. Des cheveux longs, un petit corps, une jeune fille, une jeune fille mal-en-point, une jeune fille qui n'avait pas l'air d'être un démon. De sa petite langue, il se lécha le peu de lévres qui lui restait. Une petite proie facile hihihi.

Lentement, très lentements, il se fraya un chemin dans la neige, masquant le maximum de son corps à chacun de ses pas et se dissimulant en partie derrière les arbres. Il devait être à une dizaine de mètres, lorsqu'il vit qu'une boule de poil collait au train de la jeune fille. Il s'accroupit de nouveau et patienta pour voir la suite des événements. Ne pas trop brusquer les choses...

[Shin n'intervient pas pour le moment]

Pas de réponse sinon celles de la forêt Darke : le sifflement du vent entre les arbres, le bruit des amas de neige fondus tombant des branches et l'écho... son écho. Elle resta quelques secondes immobile, à l'affût d'un son un peu plus encourageant. De petits nuages de vapeur s'échappaient de ses lèvres au rythme de sa respiration saccadée. Voilà longtemps qu'elle n'avait pas couru si vite et sur si longue distance. Et surtout, la bataille d'Elament l'avait laissé dans un état d'épuisement suffisamment intense pour l'inquiéter encore de longs mois...

Mais revenons à notre forêt... Trop grande dans ses vêtements trop petits,Coralline écoutait, espérant un signe. Où était passé Shinreï ? Devait-elle retrouver seule le chemin du retour ?

Par là, un bruissement se fit entendre, comme un bloc de neige craquant sous le poids d'un être vivant... Croyant au retour de son maître, Coralline se retourna, tout sourire, mais elle ne vit rien. L'angoisse commença alors à la gagner d'avantage. Elle retint sa respiration du mieux qu'elle put et écouta plus attentivement, cherchant à analyser la situation, lorsqu'elle le vit enfin. Tout près, à moitié enfoui dans la neige, c'était le « chien du chasseur » de tout à l'heure. Ses grands yeux confiants et sa petite bouille de gentille bête fit aussitôt son effet : Coralline sourit.

Bizarrement, elle était soulagée d'avoir à faire à un animal... Qui sait quelle autre créature aurait pu se trouver là... un Démon par exemple. Et sans Shinreï pour la protéger (d'elle même), pareille compagnie n'aurait pas été la bienvenue ! Soulagement, donc, d'apercevoir ce museau tout à fait charmant et amical, selon elle. La jeune Nymphe s'accroupi et tendit doucement la main en direction du Lycaon. Son intention n'était nullement de le toucher, mais plutôt de le rassurer en lui présentant son odeur...

« _ Eh... bonjour toi... » dit-elle en guise de présentation.

Sa voix était douce, comme il était peu commun de l'entendre tant elle s'évertuait à se protéger sous une carapace froide et indifférente. Mais son sourire s'effaça soudain. Elle venait de réaliser que la présence du « chien » trahissait celle du maître, cette espèce d'humanoïde à tête de chien... Sans savoir si cette personne représentait un danger ou non pour elle, elle prit le parti de rester prudente. S'il revenait, elle ne se laisserait pas surprendre comme Saisei... Non ! Il était hors de question que cette chose lui lèche le visage ! Et puis tout à coup, cette pensée la fit éclater de rire.

Si Coralline éprouvait une véritable méfiance vis-à-vis de tout ce qui avait un visage humain, elle se sentait étrangement plus en confiance dès lors qu'elle était en compagnie d'un animal. Aussi jugeait-elle que Di – bien qu'elle ignorait son nom – ne représentait pas véritablement de menace pour elle. Car les animaux n'ont pas cette faculté propre aux autres espèces de vouloir faire le mal par plaisir... Autrement dit, la cruauté leur est tout à fait étrangère...

Les yeux sombres de la jeune fille toujours aimablement plongés dans ceux du Lycaon s'agrandirent. Elle battit des paupières à plusieurs reprises, comme tirée d'un songe, et leva les yeux vers un tout autre endroit. Sous elle, la neige fondait à une allure toujours croissante maintenant que le soleil était à son zénith. Il y avait eu un autre bruit, plus loin. Le maître du petit chien ? Elle se leva avec précaution, fière et pourtant ridicule dans ses vêtements trop petits. Son souffle était à présent régulier et son pouls battait à un rythme bien plus raisonnable que quelques secondes auparavant...

« _ Qui est caché là ? » demanda t-elle avec un calme qui la surprenait elle-même.

L'animal ne broncha pas. Ni devant la main tendue, ni à l'écoute de ces douces paroles si connues pour installer la confiance. Sur le visage du petit canidé, c'était comme un léger sourire que l'on pouvait voir s'y dessiner. Mais un sourire qui changeait petit à petit en fourberie. Mais on ne peut deviner comme si maître de la nature nous étions, la nature du sourire d'un animal. La truffe pointa en avant, les oreilles suivirent. Le corps du canidé, si peu mouvementé en cet instant, repris son immobilité la plus totale. Un soupçon en vue. Un soupçon qui avait sa raison d'être. La chaleur du soleil revenait tout doucement. La jeune fille ici présente, dans ce face à face des plus étranges, usa une fois de plus, de ses cordes vocale. Du sang froid, oui on peut dire qu'elle en avait, du moins, elle donnait cet effet. Le silence s'installa de nouveau. Un silence ni trop long, ni trop court, qui avait son utilité. Puis... dans les petits bruits qui vinrent frotter le creux des oreilles de la jeune fille, on pouvait petit à petit, reconnaître sa nature, un applaudissement étouffé comme si l'être en question portait des gants. Elle avait vu juste, Di apparu. L'avait-il Suivit ? Fort possible. Petit ricanement entre les crocs qui décoraient de manière macabre sa gueule de Chacal. Les applaudissements cessèrent. L'hybride ne se présenta pas de face, mais de profil, plus précisément, son profil droit. Celui qui reste le plus "normal" et anodin. Il siffla rapidement et à cet effet, la petite canidé se jeta sous ses pattes. Un ami plus qu'un Maître, mais l'obéissance lui était obligatoire, car les ordres ne tombaient pas massivement. L'hybride fit craquer sa mâchoire, un geste qui jamais ne cesse. Et à cet instant, la petite musique, timide et discrète, la musique inexistante revint. L'homme animal s'avança, chaque pas le rapprochait d'elle. Son souffle se perdait dans une fine buée blanche. Ses poils flottaient. Ses yeux se plissèrent. Aucune émotion si ce n'est, l'écoute, un fin dévisagement. Il avança jusqu'à une maigre distance de trois pas d'elle. Il était grand, mais n'atteignait pas les 1 mètres 80. Sa grandeur s'échappait de sa carrure et de sa prestance, plus que de sa hauteur. Il inclina sa tête vers elle, toujours le profil droit, n'étant pas arrivé de face vers elle. Tout en fermant les yeux, il gonfla ses poumons, humant l'odeur qu'elle dégageait. La musique qui avait pris un peu plus d'assurance se calma, restant calme. Expiration, les yeux s'écarquillèrent soudainement, non pas en la visant, mais en visant en face, dans le vide. Puis du haut de sa petite grandeur, la seule bille visible par la fille se baissa, la fixant. Un regard étrangement froid.

"- Il fait beau... n'est-ce pas ?"

Des paroles qui pouvaient paraître totalement dénuées de sens. Il enchaîna après un bref silence qui ne demandait aucune réponse.

"- Qu'allez vous faire maintenant ?"

Il savait, il avait entendu, il avait vu la perte de la trace du traqueur. C'est pourquoi, il avait utilisé cet instant.

"- La forêt n'est pas un endroit fréquentable pour les enfants."

Un peu d'arrogance était souvent utile pour tester une personne. Mais que faisait donc cette bestiole humaine ici ? Que faisait-elle et que voulait-elle ? Et quelles étaient ses intentions ? Il est vrai que l'hybride n'était pas du genre à s'attaquer pour le simple plaisir, il avait assez de respect pour la vie, autant que pour la mort d'ailleurs. Il aimait tuer, certes, mais tuer pour une cause rentable, pour une cause que l'on peut défendre... ou du moins, qu'il peut défendre. Son point de vue n'étant pas souvent le même que pour tout le monde...
Un pas en arrière, un ricanement... il s'inclina, la main droite sur la poitrine, du côté gauche, ses pattes glissèrent sur la couche de neige, pour faire pivoter son corps et présenter sa face cachée. Un oeil dit aveugle, un oeil surchargé de part et d'autre, d'anneau et autres ferrailles perçant son arcade et sous sons oeil. Un délicieux contour d'argent. Puis il se redressa, en lâchant un petit sourire qui fit plisser ses lèvres noires. A ses pieds, rien... aucune trace de la petite. Aucune ? Mais biensûr que si, les traces dans la neige étaient présentes. Le Chacal ne la rechercha pas pour autant, d'ailleurs, il ne s'en souciait pas le moins du monde.

Marrant, la neige du côté spectral avait un arrière goût de cendre...

Le Kîsh continua d'observer la scène tranquillement dans son coin. Sans un bruit, il écouta silencieusement et à analyser cette femelle. Elle semblait être assez faible et bien trop jeune pour avoir un pouvoir élémentaliste. Cependant son expérience lui apportait assez de prudences pour ne pas trop se méfier à ce que ces yeux et ses oreilles peuvent ressentir. Surtout dans cette région bourrée de personnages originaux, étrangers et talentueux. Il était venu dans ses contrées pour se faire de l'argent sur la bataille d'Elament, mais il en avait appris assez pour comprendre que toutes créatures ici étaient une menace assez grandes et que les embuscades devaient redoubler de subtilité pour réussir. Il devait redouter la moindre parcelle en ces lieux, car ici tout objet pouvait devenir une arme. Il regrettait même d'être sorti dans cette neige. Si par malheur des Aquas talentueux étaient là...

Il eut alors un instant de crainte immenses et de terribles suppositions. Le piège s'était peut-être déjà renfermé autours de sa carcasse de vieillard, il aurait du faire demi-tour au moment même où il avait sentit un semblant de présence, disparaître comme une illusion. Un élémentaliste...le doute s'installa confortablement dans son esprit, mais il n'avait plus de sueurs, ni de force dans le regard pour le montrer. L'horreur que lui inspirait ce sentiment d'être perçu et observé lui glaça les os et le dégoût d'être épié sans être attaqué, comme si il était une pièce d'un échiquier, se fit sentir dans le fond de sa gorge comme une profonde envie de vomir de l'air. Il eut alors dans l'idée de tenter le tout pour le tout, négligé les forces en présence et attaquer avec les derniers talents qu'il pouvait encore exercer. Cette idée s'effaça avec l'arrivée d'un être apparemment plus redoutable.

Cet être se présenta à la jeune fille de profil et de là où il était, il avait un large vu sur son dos, un dos solide, une carrure de bête de guerre. Rajouté à cela, une crinière d'animal sauvage et des oreilles d'elfes. Tout de suite, le vieux démon comprit que celui-ci pouvait se jouer de tout et déjouer la plupart des pièges, c'était cela que lui inspirait cette silhouette de sauvage quelque peu civilisé : un esprit tordu et extrêmement malin. Cette idée se renforça lorsque ce qu'il disait à la fille lui parvint aux oreilles. Un être qui aimait jouer et en avait assez pour faire de bon jeu.

Etait-ce lui qui avait disparu...Sûrement pas. Ce qui lui semblait être un croc vint taillader sa gorge et le sang gicla tandis qu'il s'effondra dans la neige. Lors de son dernier soupire, il sentit que la présence qui venait de lui faire cela était déjà partie. Tel un assassin discret qui avait patientait assez longtemps pour remarquer ce moment d'inattention de sa part du à la contemplation de l'hybride. Né pour être poussière, il mourrait ainsi en poussière, son esprit avec lequel il avait tant travailler lui avait fait défaut dans sa vieillesse. Une mort légitime dans un monde où les expérimentés n'avaient pas le droit aux faiblesses. Ainsi va la vie, sacrifiant à la mort certains pour faire survivre d'autres. Ainsi il n'avait plus d'utilité dans ce monde. Ainsi il allait connaître la mort...

*Un démon meurt, une enfant survit, c'est peut-être dans l'ordre des choses…(petit sourire)...*

[Shin intervient au prochain tour]

[HRP/Di : Tiens, toi tu as sûrement aimé "Sin City" de Marvel... ^^ à en juger la dernière phrase ]

La jeune fille se raidit. D’instinct, elle devina que ces applaudissement n’avaient rien de gratifiant. Non. Cela sonnait comme une provocation, un avertissement peut-être ? La petite bête et sa truffe humide disparurent prestement, trahissant la présence du maître chien, si l’on pouvait l’appeler ainsi. De profil, qu’il était, cherchant à la narguer... ou à l’impressionner... voire sans-doute les deux. Et combien d’autre choses encore ? Car il était bien inutile d’user d’un stratagème aussi complexe, Coralline était déjà effrayée. Effrayée, mais pas terrifiée. Cette tête de chacal la rassurait. Oui, c’était paradoxal, mais c’était ainsi.

Raide, donc, la petite Nymphe étriquée dans ses vêtements ridiculement trop petits attendait. Elle avait le souffle court, à l’affût, sans savoir à l’affût de quoi pourtant. Si seulement elle avait été plus maligne, elle aurait compris bien avant qu’il suffisait de courir sur la neige pour ne pas perdre la trace de son maître. Mais voilà, elle avait tardé à mettre en oeuvre son astuce géniale et à présent, l’Elfe était hors de vue... hors de portée. Ainsi l’Oréade se retrouvait-elle seule face à l’hybride Chacal et son Lycaon, les yeux rivés sur l’œil unique. Elle attendait, incertaine, jusqu’à ce que la provocation vienne la piquer au vif.

Allons bon ! Encore un qui la prenait pour une gamine ! Aussitôt, elle fut en colère. Vexée serait le terme le plus approprié. Elle serra les poings, évaluant ses chances si elle se jetait sur son interlocuteur pour lui arracher toutes ces boucles lui transperçant la peau. Cela lui donnerait bien une bonne leçon, non ?

« _ Je ne suis pas une enfant... »

Elle avait voulu s’affirmer, intimider d’une voix puissante, mais sa gorge s’était rayée sous l’émotion. La bestiole à un seul œil avait raison... elle n’avait aucune chance. Elle chercha quelque chose à dire. Quelque chose susceptible d’impressionner celui qu’elle considérait comme un agresseur, mais elle ne trouva rien. Ses paroles, elle le savait, auraient été futiles et l’aurait sans-doute mise en danger plus qu’autre chose. Observer lui sembla donc la meilleure solution. Elle avait encore le temps, pensa t-elle, de hurler à l’aide si l’animal montrait les crocs...

Jesper Kyd - Apocalypse
Hitman
http://fr.youtube.com/watch?v=-gOP5ha3I3g

« _ Je ne suis pas une enfant... »
« _ Je ne suis pas une enfant... »
« _ Je ne suis pas une enfant... »
...

La phrase raisonnait au creux de ses oreilles. Il ferma les yeux, le vent frappait sur son visage, écarquillant ses poils au niveau des yeux.

Silence...

Le Chacal leva la tête au ciel, les yeux toujours fermés, ce mouvement se fit suivre par un petit sourire très discret. Comme un chant de guerre, des roulements de tambours... il baissa la tête d'un seul mouvement, rapide, précis, les yeux s'ouvrirent, regardant la Nymphe de face. Le sourire grandit jusqu'à ce qu'on y aperçoive les crocs. Un œil se ferma légèrement, l'autre restant grand ouvert. Un regard digne de la plus grande folie. Il se mit à rire de manière démente, fourbe et légèrement grotesque. Peu rassurante il faut l'avouer.

[HRP : faut mettre le son assez fort et éviter de regarder la vidéo et ne pas inclure le dernier bruitage... sinon, c'est mort XD j'ai pas trouvé mieux...]

http://fr.youtube.com/watch?v=q58ZUIG9Z1Q

Ses épaules se mirent à se courber vers l'avant, le cou s'aligna à l'horizontale, rapprochant ainsi sa tête de la jeune fille, il passa sa main droite devant son visage, ne laissant apparaître qu'un seul oeil. Le mort. Son corps se mit à faire des vagues au ralentit, avec des arrêts par moments, telle une danse saccadée. Un balancement rythmé mais décadent. Ses pattes dans la neige glissèrent pour faire de grand pas. Le voilà qui danse. Avec de légers spasmes. Il retira sa main griffue de devant son visage pour continuer à danser. Tantôt plongeant son regard dans celui de la fille, tantôt en fermant les yeux. Le sourire sournois ne disparaissait pas. Il racla la neige de ses deux mains, si le mot "mains" est approprié. Puis laissa les flocon se disperser sur lui, flottant sur sa couche d'air qui maintenait une fraîcheur constante sur lui. La musique se jouait dans la tête de l'homme animal... seulement, danser sans musique peut rendre une image étrange. Le silence de la nature accompagnait le corps qui jouait dans l'espace. Aucune arme en main. Il n'avait pas pour but de montrer ses talents. Une chaîne était entourée en bandoulière, elle venait rendre sa danse légèrement plus crédible, grâce à ses cliquetis lorsqu'elle venait au contacte de ses dagues. Une fine chaîne en guise de collier suivait les mouvement saccadés. Puis soudainement, il interrompit cette danse. S'inclina face à la Nymphe. Son sourire n'était plus... son visage ne donnait aucune expression. On dit souvent de lui, que c'est un être incompréhensible. Soit. Il sortit d'une poche, sa pièce fétiche, qu'il fit tournoyer au bout de ses griffes.

" - Cette simple pièce me dit que tu aurait dû continuer ta route. Qu'attend-tu donc pour courir ? "

Di était sur ses gardes, quelque chose lui disait que ce silence était bien trop calme. Seulement, le voilà bien trop occupé à se satisfaire de son jeu envers la fille. Après avoir attendu un petit instant pour que ça phrase soit bien entendue, il se mit à grogner, montrant ses crocs. Les oreilles plaquées sur son crâne. Puis ricana une fois de plus, en se craquant les os de la nuque, puis fit claquer sa mâchoire. Il lui tourna le dos, faisant mine de repartir. Bien qu'il n'en avait pas l'intention.

* - Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- Je me pose la question...
- T'es encore plus tordu que moi, super... *

Une doublure intérieure parfois trop ennuyeuse, ou trop folle pour pouvoir penser naturellement sans interruption. Au loin, l'amie à quatre pattes refit surface, un aile ensanglantée pendant au travers de sa gueule. _Bon... de quoi remplir son gosier_ Di arrêta sa marche... _ Non ça cloche..._

Il y eut un silence, bref, incertain. Puis, plus froid que la neige elle-même, le rire de l’hybride chacal lui glaça le sang. Si observer cet être un peu fou – du haut de son arbre – lui avait paru amusant quelques minutes plus tôt, ça l’était beaucoup moins d’avoir affaire à lui, elle s’en rendait compte à présent. C’était assez déstabilisant d’entendre une créature non humaine éclater de rire... d’autant plus quand elle avait ce rire là ! Allons... pas de panique... Bien qu’elle ignorait tout à fait ce que l’individu lui voulait, elle tenta de se persuader qu’il ne lui ferait rien. Et pourtant.

Le voilà qui se mettait à danser tout seul, lui tournant autour comme un prédateur intimide sa proie, son unique œil animé de lueurs de démence. Peut-être était-ce un peu tard pour le réaliser, mais cet être là ne semblait pas avoir toute sa raison... et un être dont l’esprit était altéré devait être incapable – selon Coralline – de faire le distingo entre la plaisanterie et la véritable cruauté. Si ce bonhomme là avait décidé de lui faire peur et bien c’était réussi, mais il sembla à la petite Nymphe que le jeu ne s’arrêterait pas là. Qu’allait être la prochaine étape ? Nul doute qu’en cet instant, un « bouh ! » aurait fait mourir de peur la jeune imprudente...

Mais il n’en fut rien. L’homme chacal donna de la voix, mais ce fut de façon posée, bien que ses paroles n’aient aucun sens. Continuer sa route ? Pour aller où ? Certes, elle devait rejoindre Shinreï, mais elle ignorait totalement où il avait disparu et elle ne souhaitait pas faire l’erreur de se perdre... pourtant... Coralline regarda l’hybride s’éloigner. Maintenant !

Il ne resta bientôt plus que quelques traces de sang dans la neige virginale, là où elle s’était tenue, quelques secondes auparavant. Bondissant avec une vigueur forcée par le désir de sauver sa peau, elle s’était élancée droit devant elle, plantant l’hybride sur place. N’importe où ? Non. Elle se dirigeait vers la Cité, filant aussi vite que ses petites jambes le lui permettait – et elle le lui permettait bien ! Appeler à l’aide ? Peut-être, mais cela n’aurait servi à rien d’autre qu’à révéler sa position à d’autres créatures aussi cinglées que la première – si c’était encore possible – et ce n’était pas vraiment nécessaire, n’est-ce pas ?

Filant tout droit, elle évitait de justesse les arbres que si mettaient en travers de son chemin, bondissant par dessus les buissons d’épines, flottant, comme un fantôme, au dessus des rares névés encore présents et des flaques de boue de plus en plus nombreuses. Son souffle était court mais sa panique était telle qu’elle trouvait en elle l’énergie nécessaire à ne pas ralentir son allure. Elle sentait, derrière elle, l’indescriptible menace d’un prédateur sur ses talons, sans même avoir la certitude qu’elle était bel et bien poursuivie. Plusieurs fois, elle pensa se retourner et vérifier la distance qui la séparait du chacal au rire de dément mais jamais elle ne le fit. Regarder derrière l’aurait ralentie. Elle se contentait d’écouter, avec le plus d’attention dont elle était capable, tentant d’évaluer l’origine des bruits qui lui parvenaient.

Ici une branche craquait. Seule ? Brisée sous le poids d’un poursuivant ? Était-ce une branche ? Était-ce un craquement ?

VLAN !!!

Une aubépine avait agrippé ses chevilles au moment où elle se pensait enfin extirpée de la forêt. Elle s’effondra dans l’herbe de la lisière, se mordant la langue sous la violence du choc. Devant elle, s’étalaient les remparts d’Elament. Encore un effort, se mettre debout... mais y parviendrait-elle ?

Quoi que je fasse, je n'arrive pas à répondre à ce topic. Perso, je l'abandonne, désolé du retard de cette décision qui a certainement bloqué beaucoup de temps en rp. Si vous vous le continuer, faites comme-ci Shin n'intervient pas, tant que Cora peut rentrer à Elament à pied, hein!

[HRP]Je me permet de continuer le RP en y ajoutant Swa. Histoire de repimenter tout ça. Dommage que Shin n'ait plus d'idée... j'aimais bien RP avec...[/HRP]

Thème musical (Bon, évidemment, les paroles ne sont pas à prendre en compte)

Un tapi de brume noire glissa sur le blanc éclatant de la neige, à 6 mètres devant la jeune fille. La brume tourbillonna, s'éleva, laissant enfin apparaître un être peut recommandable. Un sourire étrange, un sourire tout simplement dément... des dents pointues comme les félins, des canines fines. L'être en question n'était autre qu'un chiropteran. Des cornes de bélier, de grandes ailes munies chacune s de trois longs crochets articulés comme des doigts. Il ne possédait pas de mains, mais des pattes munies de trois griffes. Son corps possédait de belles cicatrices. Je pourrais parler durant des heures de sa description, mais je vais seulement vous parler de ses yeux... un vert éclatant, étrange pour un chirpoteran d'ailleurs ! Ses long cheveux dégoulinaient sur son visage collant de malice. Un pas en avant, un seul. Puis vient enfin, de derrière lui, une tout autre créature. Un chien, un loup peut-être ? Non, impossible. Il n'y à qu'à observer ce corps décharné, ce masque qui semble être incrusté dans son crâne... sa démarche étrange, et des proportions entre l'homme et l'animal. La bête s'avança lentement, laissant ses pattes racler la neige. Les deux êtres semblaient être étrangement coordonnés, un lien invisible les reliait. Le quel ? Qui serrait assez fou et curieux pour chercher à trouver ce lien ?

La créature masquée, se déplaçait en laissant son poids s'appuyer sur ses quatre pattes. La neiges derrière lui, devenait noire... tel un voile qui venait repeindre ce blanc. Ce n'était pas net, mais flouté. Qui a dit que les ténèbres n'étaient pas flou ? Et à cet instant même, une voix qui s'effaçait dans le vent, venait troubler ce moment insolite.

" - Les jaunâtres insectes gourmands sont mes sympathisants frustrés"

Cette voix... le Démon aux cornes de bélier ... ne bougeait pas. Est-ce vraiment lui qui venait de parler ? Ou est-ce donc le murmure du vent qui venait d'échapper un songe incertain ? Le vent ne parle pas... le vent n'est qu'un passager, celui qui transporte les mots... mais il n'en est pas l'auteur. Les paroles glaciales s'estompèrent donc. La créature n'était qu'à quelques pas de la jeune fille _ Belle jeune fille d'ailleurs ! _ tel un chien obéissant à son maître, et pourtant, le maître n'avait pas fait un seul geste.

Mais que voulait donc ce démon ? Un démon jeune au sourire si sadique. un sourire qui dépassait largement celui du Chacal. Il attendait quelque chose... mais quoi ? Une réaction de la part de la fille ? Une parole ?

[HS] ... je sens que la sale gosse va avoir du mal à rentrer sur ses pieds, lolll. [HS]

Doucement, comme une menace silencieuse, le soleil déclinait et filait se cacher derrière les remparts d’Elament, illuminant les murs de la cité à grand renfort de reflets de feu et d’ocre. Bientôt viendrait la nuit et avec elle, son lot de créatures peu amicales... En fait, à y réfléchir, celles peuplant la forêt de jour n’avaient pas grand chose à leur envier de ce côté là et Coralline avait eu son lot d’êtres sombres : Saisei d’abord, puis cet espèce d’hybride chacal effrayant ensuite... L’un chargeant comme un buffle écervelé, l’autre prenant un plaisir extatique à effrayer ses proies... Et maintenant, quoi ? Un vampire ? Un Troll ? Une horde de Worsh affamés ?

Coralline releva la tête, un filet de sang s’échappait de ses lèvres : lors de sa chute, elle s’était cruellement mordue la langue, mais l’adrénaline aidant, elle n’avait pas crié sa douleur. Comme une angoisse pesant sur elle, elle ressentait la présence oppressante d’un poursuivant. En un bond, elle s’était relevée, les mains et les genoux écorchés. C’était bien joli de se promener en petite tenue... mais voilà ce qui arrivait au moindre soucis. Des égratignures, partout où elle n’était pas protégée. Et il ne fallait pas s’en plaindre, car à dire vrai, ça pourrait être bien pire que cela... Ça pouvait être...

... ça pouvait être sombre, froid et aussi inquiétant qu’une brume opaque et surnaturelle tourbillonnant devant ses yeux étonnés. Ça pouvait être aussi effrayant qu’un Chiroptéran au sourire mielleux, découvrant d’horribles dents étincelantes aux derniers rayons de ce soleil hivernal. Derrière lui, comme deux étendards sinistres, ses ailes flottaient sombrement et seuls scintillaient ses yeux magnifiques, Émeraudes chaleureuse qui intriguèrent la petite peste. Son cœur battait encore à tout rompre, mis à rude épreuve par cette course effrénée et la peur insidieuse que l’hybride chacal avait suscité chez elle. Et s’il aurait été prétentieux de prétendre qu’elle ne craignait pas le Chiroptéran, il n’était pas faux cependant de noter un certain intéressement vis à vis de la créature... Un intéressement mesuré, largement dominé par une méfiance mal refoulée.

« Encore un qui se promène avec son chien... » pensait la jeune fille à bout de souffle. Un chien toutefois bien plus effrayant que la jeune Lycaonne, du genre à ne pas tellement donner envie à une gamine inconsciente d’aller lui faire un câlin... Un chien qui n’avait plus l’apparence que d’une charogne dévorée par le temps et revenue d’entre les morts... rafistolé par endroit avec les moyens du bord, à l’image de ce masque horrible planté à même la chair, dans sa face. Qu’était-il exactement ? Peut-être valait-il mieux ne pas le savoir. Il y eut quelques mots prononcés, terrifiants d’incohérence, et Coralline n’avait pas détourné son regard Anthracite planté dans les yeux verts de la créature ailée.

Elle hésita. Devait-elle courir ? Fuir à nouveau ? Non. Cette possibilité ne lui était pas envisageable. Nul doute que la chose aux vagues allures de canidé aurait tôt fait de la rattraper, excité par une proie en fuite juste sous son nez. Oh ça non, elle n’aurait pas le temps d’atteindre Elament, aussi rapide qu’elle puisse se montrer. Et Shinreï dans tout ça ? Et bien il devenait évident qu’il faudrait compter sans lui... Discuter ? Pourquoi pas, à condition que ces créatures en ai envie... mais c’était peu probable. Toutefois, peu nombreux étaient les choix qui se présentaient à la petite Nymphe exécrable.

« Je ne suis pas un insecte. »

Phrase inutile. Phrase stupide. Mais se furent là les seuls mots qui parvinrent à franchir le seuil de ses lèvres.

Cette unique phrase eut comme effet, des rires qui s'évadèrent dans la brume spectrale. Ces rires ne venaient pas directement du Chiropteran ni de la créature à quatre pattes.

" - Dans cette nuit infecte, le perfectionniste opère comme un insecte. Les oiseaux aveugles peuvent-ils voler ? "

La même voix sombre aux paroles qui se suivent sans aucune logique apparente. Mais le démon ne prononçait aucun mot. La créature masquée, bavant sur la neige, s'approcha encore, encore... encore un peut de la fillette. C'est cette créature à l'allure macabre qui déposait ces paroles dans l'air qui les englobait. Devant la bête, la jeune fille aux si beaux yeux écarquillés et intrigués, saignait. Quel parfum alléchant ! Derrière, le Démon ne la lâchait pas du regard. Toujours aussi souriant de malice.

" - Qui est-tu donc mon enfant, pour arpenter les chemins de cette sombre forêt ?"

Après cette question, la bête souffla devant elle, créant une brume grisâtre formant un crâne qui s'anima. Un crâne non entier, tout juste une apparition incertaine, le crâne ouvrit la mâchoire, glissa vers la fille, les orbites noires... puis il s'estompa rapidement dans le vent telle de la fumée. Cela ne dura que deux misérables secondes.

[TERMINÉ] Traque du Majeur - Page 2 159035052ih1

Derrière son masque, on pouvait imaginer des yeux luisants qui observaient la belle damoiselle écorchée par dame nature durant sa course. Une chose était certaine... le canidé la voyait. Il y avait autre chose que l'ouïe et l'odorat, cela se ressentait dans ses mouvements, à la moindre de ses réactions. Il voyait... mais comment ? Est-ce là l'oeuvre d'un don obscure ?

" - As-tu peur... de la mort ?"

La jeune fille venait de tomber nez à nez avec un seul et unique être. Dans la logique des choses, 1 et 1 font 2... mais là, la logique n'existait pas, tout ce qui était dit se contredisait, l'endroit devenait envers. 1 et 1 faisaient 1. Un seul et unique être divisé en deux corps. Que la nature peut être parfois étrange et cruelle. La bête ne voyait pas... en réalité, il se servait des yeux qui se trouvaient sur le corps du démon. Mais ça, peut-être que la jeune fille le découvrirait un jour, et espérait-il, bien assez tôt. Il attendait qu'elle se présente, mais avec sa manière d'effrayer les gens par simple habitude, il se doutait bien qu'elle n'aurait pas en tête, l'idée de prononcer son nom. Autant le faire à sa place, engager le pas, montrer la direction à prendre. Fallait-il se méfier de lui ? Oui, naturellement, il est de ceux qui sèment la mort autour d'eux. Mais au fond, il avait peut-être envie de s'amuser avec elle, ou peut-être que cette personne pouvait s'intéressait... l'aurait-il lui aussi, observé tout comme le chacal l'avait lui-même fait ?! Qui sait ?

" - J'ai deux noms. Utilise celui qui te semblera le bon. Swa et Senector. J'ai deux visages. Le miel et l'orange, la pomme et le vers... le sang et l'eau. J'existe sans exister, matière et néant. "

Un rire, glacial, sortit de nulle part et pourtant parfaitement audible, bien que la jeune fille aurait préféré ne pas l’entendre. « Ah... ils trouvent ça drôle ? ». Pourtant, ça ne l’amusait pas, elle. Ses jambes tremblaient encore, sous le coup de la frayeur que lui avait procuré l’hybride Chacal, mais également brisée de fatigue par cette course folle à travers les buissons. À dire vrai, se retrouver nez à nez avec un Chiroptérant et une sorte de chien des enfers à moitié zombifié ne l’aidait pas à retenir ses tremblements... et lorsque la voix repris, débitant des mots sans rapport les uns avec les autres, Coralline resta muette. Que pouvait-elle répondre de toute façon ? Tour à tour, elle jetait des regards curieux sur l’un et sur l’autre, cherchant à déterminer qui parlait. Était-ce son imagination qui lui jouait des tours ? Non.

La petite Nymphe se figea. Le Chien-Loup décharné se rapprochait doucement. Elle voulu reculer mais se ravisa, sachant que les prédateurs aimaient par dessus tout se jeter sur tout ce qui fuyait. Mauvaise idée. Mais rester ici, immobile, à attendre de se faire éviscérer ne semblait pas plus judicieux. D’un revers de la main, elle essuya le sang encore accroché à ses lèvres, son cœur était sur le point de s’arrêter tout à fait. Et puis enfin, la voix posa une question logique, avec des mots normaux, un sens. Ouf. Ou peut-être pas. Depuis quand ce genre de créature s’intéressaient-elles à qui elles allaient démembrer ? Érigeaient-ils un tableau de chasse avec le nom de toutes leurs victimes ces deux là ? Ou bien n’était-ce qu’une petit divertissement d’entendre l’angoisse dans sa voix, si elle répondait, juste avant de passer à table... Quelques secondes, il y eut une illusion sépulcrale. Voilà donc ce qui l’attendait... Et Shinreï qui l’avait laissée en plan !

À mesure que les deux créatures prenaient plaisir à l’effrayer, Coralline ressentit une certaine colère la gagner. D’abord parce que son maître n’avait pas tenu parole, il s’était tout simplement moqué d’elle et l’avait plantée là. Ah ! C’est sur, il devait bien rire à présent, au chaud chez lui, débarrassé de la groupie un peu trop encombrante ! Ensuite, elle commençait à se sentir profondément agacée qu’on la considère systématiquement comme une gamine et que l’on s’amuse si souvent à lui faire peur ! L’hybride Chacal avec sa danse et son rire angoissant tout à l’heure, ces deux monstruosités là maintenant. Bon sang ! Qu’attendaient-ils d’elle, à la fin ?! Elle l’écoutait parler, la fureur bouillonnant de plus en plus fort dans ses veines. « Swa ? Senector ? Swanector ? Il se fout de moi ? »

« BIEN SÛR QUE J’AI PEUR, ÇA NE SE VOIT PAS ?!! » hurla t-elle soudain.

Comme à son habitude, elle était soudain devenue folle de rage, engloutie sous sa colère et sa peur. Caractéristique chez elle, les larmes roulaient abondamment sur ses joues, ses ongles s’enfonçaient dans ses paumes et ses muscles étaient tendus, fébriles, prêts à égorger quiconque s’approcherait d’avantage sans en avoir la force pour autant. La pomme et le ver... bien dit, surtout pour le clébard, car c’était bien à une pomme dévorée par les vers qu’il ressemblait !

« ... Et puisque vous êtes le néant, retournez-y donc et fichez-moi la paix ! Qu’est-ce que j’en ai à faire de savoir qui vous êtes moi ? »

Hop... deux de plus qui s’ajoutaient à sa longue liste de personnages à haïr...

Son caractère était parfait, la perversion ne serrait pas dur à appliquer. Le mal a toujours un côté très attirant, et ça, même chez la personne la plus sainte d'esprit, mais pour plonger un être dans le mal, il faut trouver un pêcher, une faille à exploiter, quelque chose qui viendrait donner envie... il faut tout simplement montrer le côté grandiose, le côté majestueux. Impressionner. Et le tour est joué.

" - Des pommes pourries dans mon fluide gastrique... tu attires mon attention."

L'enfer est une chose incertaine, un mélange de chaud et de froid, le royaume du paradoxe. Et lorsqu'on vient du plus profond des enfer, voir des abîmes, alors les paroles qui suivent, ne peuvent qu'être tordue par les nœuds de la folie démente. Le sol devient plafond, la fin est un début. L'enfant est adulte avant de naître.

" - Vois-tu dans mes yeux le reflet de tes jours ?"

Naturellement, si la jeune fille au courage certain regardait le masque pour viser la place des yeux, elle avait tout faux... allait-elle viser ceux du chiroptéran ? Les yeux qui d'ailleurs, ne la lâchaient toujours pas. L'être en question, dont les grandes ailes tantôt flottaient tantôt traînaient dans la neige, faisaient de signes étranges avec les griffes de ses pattes que l'on ne peut pas vraiment définir comme des mains. Deux griffes pliée une levée... patte gauche, trois griffes levées... patte droite. Alliance des griffes, voici comme signe qui s'en suit, un triangle fait entre trois griffes deux d'une patte, une de l'autre patte... et ainsi de suite. Des symboles peut-être ?

" - Si seule, enfant d'un peuple sourd..."

Le bête parlait encore, devant l'autre démon qui venait de terminer une gamme de signes. C'est alors que la brume devint blanche, comme si la neige se soulevait autour du cornu, comme si la neige venait flotter dans l'air... et se noircir en retombant brutalement et s'écrasant sur le sol froid, reformant une couche de brume spectrale qui, avec le choc de la chute, forma de fines vagues qui vinrent jusqu'aux pieds de la gamine. Gamine ? Non, ce mot est bien trop humiliant pour une personne aussi intéressante qu'elle. La brume lapait ses pieds, remontant sur le tibia pour revenir s'écraser au sol... un tapis si fin, si doux et intouchable. Pourtant, ce tapis contenait une force maléfique... ténèbres et chaos ne faisaient qu'un.

" - Je regarde le rêve silencieux, la peur dans les yeux pétillants de malice."

Sa voix était un murmure qui raclait le fond de sa gorge, comme si la voix ne sortait pas, et que seul le murmure pouvait se faire entendre en étant gravement poussé. Lorsqu'il parlait, il articulait chaque mot avec la plus grande attention, n'écorchant aucun d'eux. Ses lèvres suivait chacune de ses prononciations, glissant sur ses crocs, sa langue ondulait gracieusement.

" - Je regarde le corps fin, ondulant dans le froid, le sang léché."

Le chiroptéran s'avança enfin, déployant ses ailes au maximum, dans un bruit de peau froissée par le geste si brutal. "FLOP !!!" Il tendit une patte en avant, repliant deux griffes pour n'en laisser qu'une qui la pointait, comme lorsqu'un humain pointe quelqu'un du doigt. La griffe se replia. C'était une invitation. Plusieurs voix, plusieurs rires se firent entendre, tels des rires en murmure, mais encore une fois, personne autour. Comme si des fantômes riaient de la situation. Un rire moqueur peut-être... ou provocateur. En parlant de provocation, la jeune fille devient bien s'y connaître, elle n'avait pas pris ses jambes à son cou, elle était là, faisant face à cette situation...

Les phrases sans queue ni tête de Swa – ou de Senector – avait la particularité d’agacer Coralline au point qu’elle avait envie de se jeter sur eux pour les étriper... Seul problème : elle n’était pas de taille. Aussi se contentait-elle de ravaler sa colère, la laissant bouillir à l’intérieur d’elle-même. Shinreï ne venait-il pas de lui conseiller d’apprendre à se maîtriser ? C’était le moment d’appliquer ses conseils... des conseils donnés par un lâche, un homme sans parole... Et à propos de parole... celles de Swanector venaient résonner doucement dans sa tête. Tiens donc ? Elle attirait son attention ? Une seconde, elle se demanda si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Si c’étaient bien ses paroles qui l’intéressait, alors elle avait peut-être une chance de ne pas finir en gibier pour chien zombifié. Elle avait peur, mais elle était curieuse.

« Un reflet ? Dans un brouillard sombre ? » pensait-elle. Une foule d’interrogations se bousculaient en elle. Ils lui faisaient peur, mais ils l’intriguaient à la fois. Ils ne semblaient pas véritablement agressifs... comme s’ils cherchaient autre chose qu’un morceau de chair tendre à déchiqueter. Ils avaient raison, elle était seule. Et ô combien ! Ses poings se desserrèrent. Fallait-il que les seules personnes capable de la comprendre soient deux créatures aussi... démoniaques ?

« Un peuple sourd et stupide... » répéta t-elle si bas qu’elle semblait ne s’adresser qu’à elle même.

Elle observait Swa, estimant que s’entretenir avec un chien – aussi peu ressemblant à un chien d’ailleurs – était vraiment trop bizarre pour elle. Et puis elle aimait regarder ses interlocuteurs dans les yeux lorsqu’elle parlait... Or Senector n’avait pas d’yeux. Le choix était vite fait, Swa proposant un magnifique regard aux reflets Émeraudes. Étaient-ils un ? Étaient-ils deux ? Il fallait peut-être se décider. Va pour un : Swanector ! Après tout, n’avait-il pas proposé qu’elle choisisse elle-même la façon dont elle s’adresserait à eux... enfin, à lui ? « Voilà que je me mets à penser de manière aussi tordu que lui... ou qu’eux ? ». Elle soupira. Décidément, c’était un peu compliqué comme genre.

À ses pieds, la brume sombre semblait vouloir l’engloutir et partait à l’assaut de ses jambes sans jamais parvenir à grimper plus haut que ses genoux, retombant comme s’écoule la lave d’un volcan, revenant à l’assaut sans se fatiguer. Elle écoutait, silencieuse, et elle restait sur ses gardes, prête à fuir bêtement au premier signe d’agression, même si elle savait pertinemment qu’elle n’aurait aucune chance. De nouveau, les sens des phrases lui échappa. Les ailes de Swa se déplièrent comme un étendard sinistre et elle sursauta, surprise par se mouvement inattendu.

« ... et vous me voulez quoi au juste ? »

Sa voix s’était faite curieusement calme malgré la terreur qui pulsait dans chacune de ses veines.

Senector savait trouver les mots, il était de ceux qui aimaient corrompre les âmes. Et il voyait de la haine tout autant que de la rage dans les yeux de la petite nymphe. Et elle avait du répondant, bien assez. Elle contrôlait sa peur... peut-être paradoxalement par crainte de sa propre peur ?! Ce n'était pas chose impossible. Et les ténèbres aiment les paradoxes. L'espace enneigé se tordait petit à petit, la neige qui était au sol semblait se soulever pour tomber en flocons, mais pas du ciel... de la terre. L'envers c'est l'endroit. Les arbres prirent une forme spectrale, ils ondulaient à l'envers. Le sol devenait néant, et pourtant, les trois corps tenaient sur place. Ils pouvaient même marcher, ils ne flottaient pas. Une illusion matérialisée. Tout était sombre, même la neige. La nuit n'était pas la seule actrice de cette noirceur. Senector s'avança encore, sa gueule pouvait presque toucher la main de la nymphe. De sa bouche sortit un soupire au loin... et de sa gueule, vinrent des mots.

" - La stupidité est une crasse qui se colle au paysage."

Le canidé articulait avec une ponctuation précise et nette. Retroussant les babines pour mieux articuler. En s'approchant ainsi, et en parlant de la sorte, il laissait son autre corps en retrait, montrant l'évidence d'un seul être en deux corps. Swa ricana, bien qu'il ne puisse parler.

"- Montes sur mon dos."

Il y avait largement la place pour aller sur lui, mais... allait-elle suivre son offre ? Ou la déclinerait-elle ? Il fit un pas sur le côté, un petit écart pour lui présenter son dos. Bien sûr, monter sur lui ne devait pas être rassurant, et ne pas pouvoir échanger de regard était d'autant plus troublant. Mais c'était ainsi et pas autrement. Son regard était sur le chiroptéran, il fallait faire avec. L'être divisé, car drewar de nature, avait déjà sa petite idée en tête. Et son idée avait évidemment plusieurs options selon ce que décidera la petite nymphe. Son dos n'était pas confortable comme celui d'un destrier. Sa colonne vertébrale ressortait pour former une sorte de petite dorsale suivant les formes de ses vertèbres. Son invitation attendait une réponse, que ce soit négatif ou positif tant que ça restait une réponse ça lui allait parfaitement. Derrière, Swa battit des ailes de plus en plus fort, agitant ainsi les flocons autour d'eux. Tout semblait être irréel, un rêve... un cauchemar trop réaliste. Une sorte d'envoûtement, comme une drogue venant faire tourner les neurones. C'était étrange. C'est comme si les problèmes n'existaient plus, un nouvel univers, une nouvelle marche, un chemin autre que celui qu'on arpente sans cesse. Comme si ce que nous avions vécue avant n'était plus qu'un songe réduit en poussière, tombé en cendres dans le néant qui s'ouvrait telle une offrandes sous nos pieds. Voici l'effet donné, l'effet souhaité.

Certes, il n'avait pas encore répondu de vive vois à sa question et pourtant, bien qu'il le ferra à l'instant voulu, cette atmosphère donnait déjà des réponses à tant de questions qu'elle pouvait se poser d'elle... à elle. Il fallait la connaître petit à petit, ainsi que ses réactions, pour pouvoir toucher les points les plus sensibles autres que les peurs, les chagrins, les envies communes à toute espèce vivante dotée de la parole se ce globe. la parole ne visant pas ici, la parole humaine, mais tous les langages de chaque race.

Le décor devenait sombrement inquiétant : la neige semblait s’obscurcir et arborer des teintes d’encre, tout en s’élevant vers des cieux peu cléments. À y regarder de plus près, on pouvait se demander s’il s’agissait encore de neige et non pas de cendres virevoltantes, poussées par le souffle dévorant d’un feu presque éteint. Quel était ce feu, sinon le désir sournois des deux individus. Cajoler la petite, la contourner, l’effleurer et lui montrer le chemin que l’on veut qu’elle prenne. Elle s’en rendait compte et restait hésitante. Elle refusait de se laisser manipuler et pourtant, l’envie de regagner Elament ventre à terre l’avait déjà quittée. Retourner là-bas... pour quoi faire ? Qu’y avait-il de si réconfortant derrière ces grandes murailles ? Qui l’y attendait ? Rien. Personne. Le souffle de Senector sur sa main la fit tressaillir. Elle avait beau être curieuse et intriguée, tout de même, la situation prêtait à la peur...

Et puis ses yeux s’arrondirent en une expression stupéfaite.

« Que... quoi... comme un poney ? »

Le chien zombifié s’était positionné de telle sorte qu’il présentait son dos de façon avantageuse... pour qui voudrait bien y grimper ! Cependant, ça ne faisait pas partie des éventualités qui enchantaient le plus la petite Nymphe. Elle trouva même la proposition assez... dingue ?!!

« En fait, je crois que je préfère encore vous suivre à pieds... »

Pour aller où ? À aucun moment elle ne se posa la question. Elle était intriguée, voire même intéressée et seule la suites des évènements lui importait.

Changement du thème musical, changement de l'illusion - Thème sphère Spectrale de LOK

Le sourire du mal se dessina sur le long des lèvres de Swa, l'être ailé au regard amusé. Qui était ce démon ailé sans plumes ? Senector acquiesça d'un mouvement de la tête, tourna son corps délicatement, une patte après l'autre, avant de rejoindre les pieds de Swa qui s'inclina, une patte griffue sur le torse, l'autre en avant, la paume vers le ciel, bien qu'ici, le ciel semblait pointer vers l'enfer. Ses ailes épargnaient les deux corps des flocons. Swa fit volte face, tournant les talons, laissant comme seule vision à la jeune Nymphe son dos caché par une vieille veste, déchirée à partir du haut des omoplates jusqu'en bas, pour y laisser passer ses grandes ailes. La bête à quatre pattes hocha de la tête, lui faisant signe de le suivre. Il ne l'attendait pas, et engageait déjà la discussions. Il était certain qu'elle le suivrait, de loin ou de près peu importe... elle le suivrait d'assez prêt, car la curiosité est un vilain défaut... un défaut qu'elle avait en elle cela ne faisait aucun doute.

" - Autour, la lumière attire le regard. La lumière est quasiment partout. Et c'est ça, qui fait la différence entre l'ombre et la lumière. Cette abondance de lumière démarque d'autant plus les coins d'ombre..."

Le duo des corps s'éloignait, laissant derrière lui, l'illusion se défaire, se briser. Quelques pas de plus et le duo ne serrait plus visible, caché au loin par l'effondrement illusoire. Le canidé repris son discourt.

" - Comment qualifier un être maléfique ? Le sais-tu, toi ? Beaucoup diront que ce sont des pervers, et leur description s'arrête là. La vérité n'est jamais bonne à entendre hun hun hun hun hun.. _ Ricanement strident _ Certes, certains êtres de cette classe sont simplement pervers, sadique... sans rien d'autre à côté, le plaisir de faire du mal. Le plaisir d'anéantir quelqu'un sans raison autre que... la jubilation intérieure, l'envie de se montrer plus fort, d'avoir au creux de la main, le destin d'un être plus faible."

Senector fit une pose, il parlait lentement.

" - En réalité, se montrer de la sorte est un signe de faiblesse, une faiblesse bien plus grande que les êtres torturés. Mais il faut l'avouer, beaucoup aussi, ont des raisons autres que cette perversité. Bien sûr, ces raisons ne peuvent en aucun cas pardonner les actes commis, tu t'en doutes bien... mais elles leur donne un sens plus raisonnable."

Un étrange silence s'installa, un silence trop... silencieux, aucun murmure de la nature. Un vrai silence. Un silence qui laissa enfin place à des bruits sourds... craquement d'os. Sanglot des âmes perdues. Des pas... un corps avançait dans la nuit noire, les articulations craquaient. Un raclement de fond de gorge laissant les cordes vocales sortir un son, s'invita à la fête. Mais encore une fois de plus, il n'y avait rien... l'illusion c'était déjà brisée, et déjà, une autre se formait. Le drewar ne perdait pas de temps.

" - Les gens suivent les rangs deux par deux, ça fait plus sérieux. Misérables esclaves. Ils détruisent ce qu'ils ont construit auparavant. Une interminable guerre de cupidité. Alors certains s'éloignent pour ne pas y prendre partie. Est-ce mal ? Est-ce bien ? Est-ce que tuer est un crime ? "

Senector parlait du fond du cœur, en effet, mais il n'en restait pas moins dangereux. Ses intentions n'étaient jamais bonnes à dire. Sa toile était grande, et petit à petit, elle venait se resserrer sur la jeune fille. Il n'y allait pas par quatre chemins et préférait aller droit au but. Il ne l'entraînait pas vraiment vers lui, pas par la force du moins. Si elle s'échappait, il la retrouverait. Il pourrait évidemment lui sauter à la gorge pour lui faire payer sa fuite, mais il n'était pas si stupide. Il avait du temps, beaucoup de temps devant lui encore. Et si la gamine s'échappait... quoi qu'elle n'était pas retenue ici de force, elle aurait écouté ses paroles. Cela lui suffisait.

Mer 3 Sep 2008 - 14:08

Elle hésita devant le sourire du Chiroptéran. C'était assez déstabilisant, ce rictus que rien ne pouvait effacer... et il y avait bien d'autres choses déstabilisantes dans tout cela d'ailleurs... En fait, la situation semblait à la fois ridicule et incohérente. Pourquoi diable la petite Nymphe ne s'était-elle pas encore fait dévorer ? Que pouvait bien pousser cette créature schizophrène à garder la gamine en vie ? Rêvait-elle ? Et si c'était le cas, depuis quand faisait-elle se cauchemar ? Coralline tenta de se remémorer les évènements. Peut-être avait-elle perdu connaissance à un moment ou à un autre. Lorsque Saisei avait abattu sa grosse épée d'électricité sur son bouclier par exemple ? Le reste n'aurait donc été qu'une longue rêverie... Shinreï ne l'aurait donc pas frappée, ou bien sans doute pour la réveiller, mais dans sa torpeur inconsciente elle aurait traduit ce choc par une gifle injustifiée ?

L'hybride chacal avait-il jamais existé ? Avait-elle couru à s'en brûler la plante des pieds sur la neige ? Avait-elle réussi à atteindre l'orée de la forêt Darke ? Swanector était-il réel ou bien seulement le fruit de son imagination rêveuse ? Oh là... reviens gamine, ils s'en vont...

La petite Nymphe secoua vivement la tête afin de chasser ses divagations vaseuses. L'excitation, l'adrénaline, la crainte, la colère, l'épuisement... tout se mêlait en elle, s'accumulait et l'écrasait sous un poids colossal, lui faisant perdre l'esprit. Ses idées s'obscurcissaient doucement et revenaient parfois à la réalité avec une vivacité fulgurante. Devait-elle en profiter pour fuir ? Elle hésita, reculant d'un pas. Un buisson de ronces, derrière elle, vint lui chatouiller les chevilles. Non. Pas par là. Les ailes de Swa ondulaient doucement comme les voiles d'un sombre navire sur des flots de nacre. Joli contraste... mais vers où naviguaient-ils ainsi ? Un seul moyen de s'en rendre compte...

Les paroles de Swanector se répercutaient dans son esprit comme un écho... Comment qualifier, en effet, un être maléfique. En un flash fulgurant, elle revit le visage de ses parents adoptifs, ceux là même qui l'avaient rejetée, reniée parce qu'elle avait ce don... cette tare... ce foutu pouvoir dont elle n'avait jamais voulu et dont elle n'avait que faire. N'avait-elle pas été reléguée au rang de fille maléfique à cause de ce don ? Et pourquoi ? Parce que les humains sont trop stupides et obtus pour envisager l'existence d'autre chose que leur petite vie même, tranquille et sans bizarrerie. Mais elle, petite Coralline dans ses vêtements de dentelles bleus, mauves, roses... était-elle réellement maléfique ? Était-elle perverse ? Éprouvait-elle un quelconque plaisir à faire du mal ? Le mal, n'était-ce pas à elle et à elle seule qu'elle le faisait...?

Elle avait traîné les pas, en proie à ses questions, à ses doutes, à sa torture intérieure. Swanector avait-il raison ? Avait-il tord ? Qui était-elle ? Encore cette question à laquelle elle ne trouvait décidément aucune réponse. Elle releva la tête, un peu surprise par le ton déclinant de la voix de ses interlocuteurs. Devant elle, l'embarcation ténébreuse disparaissait doucement.

Elle couru les rejoindre...

Mer 3 Sep 2008 - 19:37

La suite est ici

Bonne lecture pour les intéressés, et vivement la suite du RP avec ma Cora ^^

[TERMINÉ] Traque du Majeur

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