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 Au pied d'un arbre... { Privé Archael }

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Tréaga
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyMar 28 Aoû 2007 - 14:49

Foudre et tonnerre !
à chaque éclair
le monde guérit
Kobayashi Issa


Le cercle de feu avait plongé sans embûche dans le lac noir, passant au travers comme le minuscule poisson qui glisse entre les mailles d’un filet. Ce soir, tu auras faim pêcheur, pour comprendre le vide. Eclatante de mille feux, la sphère s’était élevée dans le ciel, éparpillant les étoiles en une éclaboussure gigantesque de lumière à nulle autre pareille. L’aube avait évincé les ténèbres de la nuit, une fois encore, pour mieux les combattre quand le disque solaire aurait fini sa course du jour.

Un combat éternel, plus vieux que toutes créatures en ce monde…


Et dans l’océan orangé du matin, où les gouttelettes d’or s’éteignaient, le monde s’éveillait, ignorant des évènements nés au crépuscule. D’abord, la nature, mère de toute vie sur Terre. Les arbres s’abreuvaient de la pluie de lumière s’offrant à eux, gonflant leurs feuilles et tendant leurs branches vers les nuages teintés de rosée. Les ramures au bois lisse semblaient briller, inondées de particules étincelantes…

Puis ce fut au tour des animaux, cycle sans fin d’éveil, léger et évoluant avec volupté pour ne pas déranger le cours du temps. Ca commence en un cri, aigu comme celui du nouveau-né, suivant d’un autre, plus doux, pour mieux s’adapter. Alors, ça fuse de toute part, chant de demain qui s’accomplit. Entendez-vous cette mélodie ? Aucun instrument des hommes ne saurait l’imiter, c’est la plus belle entre toutes…

Dans ce décor d’harmonie, où chacun a encore les yeux fermés, s’étale les coups de peinture rouge, évoluant jusqu’aux habitations de la Cité. Chut ! Elament sort d’un long sommeil, il ne faut pas la troubler. Voyez-vous ces enfants qui s’étirent, et ces autres qui se blottissent dans leur duvet pour retourner au pays des contes de fées ? Et à vrai dire, rien n’en est moins logique… Après la guerre, après le sang, après les cris et la destruction, il faut du temps pour que l’on ose sortir de son lit à nouveau.

Dormir, dormir jusqu’à la fin des temps…


Cependant, au cœur de tout ceci, il y avait un élément perturbateur, léger et discret, que nous n’avons pas encore pris en compte. Mais attendez, vous saurez…

Le soleil grimpe, d’abord demi sphère écarlate, il s’agrandit, sa chaleur augmente et atteint l’âme de chacun, les extirpant avec une douceur, comme une mère, des songes et des rêves. La lumière grandit sur Elament, puis vient effleurer ce qui l’entoure… Les montagnes, le lac, les tours, les collines et les monts… Et avant la mer… Les falaises… Entre les brins d’herbe, une substance se couvre d’éclat. Curieux, les rayons s’approchent… N’oublions pas que la curiosité est un vilain défaut, sitôt arrivés, ils n’ont plus qu’une seule envie, repartir…

Car ce qui brille tant sous le regard de l’astre, c’est du sang…


Les corps sans vie se révèlent à leur tour, le regard perdu dans le lointain, vers un nouvel horizon qui n’existe pas ici, couverts de sang, les plaies pullulent encore du liquide de vie. Cette nuit, des élèves sont morts. Morts de la main d’un démon, ce dernier porte un nom, connu dans les mémoires pour avoir participé à la bataille qui a eu lieu il y a maintenant quelques jours. Ce nom, c’est Raziel.

Pourtant, le vampire aurait pu faire plus de victimes, il y aurait pu y avoir une autre morte parmi les défunts, comme eux, elle aurait fixé le ciel de ses yeux marrons et sans vie, sa bouche ouverte dans un dernier cri d’où pendrait un filet rouge, sa peau blanche souillée par les blessures… Pourquoi n’est-elle pas là ? L’aurait-il oublié ? N’aurait-il pu prendre sa vie alors qu’il en a volé tant d’autres ? C’est ce que nous allons savoir…

Descendons donc de ces falaises et quittons le lieu du crime. Suivons les traces de sang, apercevez-vous donc au loin ? Immense et imposante, ne semblant posséder de fin…

La forêt…

Et les oiseaux chantaient, inconscients des meurtres et de la douleur…


Dans l’ombre des arbres, insouciant et heureux de vivre en totale simplicité, leur musique se dédiait à tout ce qui faisait parti de leur vie, leur abri dans l’écorce des vieux chênes, leur plaisir d’être libres et de voler où leurs ailes les portaient, au plus haut dans le ciel bleu et portés par un vent qui ne les laisserait jamais choir sur le sol, beaucoup trop peuplés pour eux, qui préféraient les cieux.

Pourtant, en cette matinée où l’air lui-même avait une odeur cuivrée, les volatiles voyaient leur demeure accueillir en son sein un être inconnu pour eux jusqu’alors… Intrigués, penchant la tête sur le côté, leurs grands yeux noirs cillant, ils la contemplaient, sautillant de branche en branche pour s’approcher furtivement de la jeune fille qui ne savait pas qu’elle était l’objet de tant d’attention…

Et, protégée par les racines d’un arbre, l’halfling dormait…


Etendue sur le tissu noir qu’était sa cape, on aurait pu croire à une enfant qui n’attendait que le réveil d’un de ses parents pour entrouvrir les paupières, ou bien une jeune fille patientant à l’approche de celui qu’elle aimait. Une main reposant sur son ventre tandis que l’autre reposait le long du corps, ses cheveux éparpillés autour d’elle, elle aurait pu offrir une charmante vision…

Mais voilà…


Elle n’avait pas de parents, depuis douze ans. Personne ne savait où elle était, et d’ailleurs personne ne devait s’en inquiéter, il y a des gens qui disparaissent tous les jours dans la Cité d’Elament, ce n’est donc pas nouveau. Aucun habitant n’avait idée d’où elle était allée se fourrer, aucun n’était au courant de son combat contre le démon nommé Raziel qui s’était déroulé cette nuit, personne ne savait qu’elle s’était traînée jusqu’à la forêt Darke pour y abandonner son corps affaibli…

En effet, sa peau blanche était maculée de sang, de même que sa tunique à la même couleur que la neige. La plaie la plus importante devait être celle de la main, déchirée par sa propre dague qui l’avait cloué au corps du démon durant le duel. Des marques de griffures sur l’épaule et le bras. Une coupure au mollet. Des ecchymoses en tout genre et des bleus partout. Le collier d’une marque d’étranglement autour du cou.

Voilà ce qu’était à ce jour l’enveloppe charnelle de Sen Chizu.


Perdue dans un monde haut en couleur de souvenirs et de cauchemars, elle voguait dans son subconscient. La magie de l’aube n’était en aucun cas parvenu jusqu’à elle, assaillie par des songes et des souffrances, elle s’était réfugiée dans ce petit monde où personne d’autre n’avait de pouvoir qu’elle-même.

La nuit avait été rude et peuplée de douleurs plus insupportables les unes que les autres. Après le combat, ce fut la lutte contre elle-même qui prit place en ces lieux. La bête avait ouvert les yeux lorsqu’elle affrontait Raziel, et maintenant ses membres devaient en accepter les changements, son ossature et le reste de sa physionomie. La paix de la forêt s’était retrouvée interrompue par des cris et des hurlements jusqu’à une heure avancée.

Ce ne fut que lorsque les ténèbres avaient commencé à s’espacer qu’elle eut le repos et entra dans l’univers idyllique des rêves. Sombrant dans une mer où mémoires et imaginaire se mélangeaient, elle vit. Les images qui passaient et repassaient dans une danse infinie. Puis un arrêt, pause au milieu du carnaval. Une étreinte glaciale et osseuse. La mort à sa rencontre ? Tout était indécis en cet endroit…

Un homme, une connaissance. Des yeux gris, une chevelure noire de jais au vent, un sourire. Maître ? Alors c’est là que vous vous cachiez durant tout ce temps ? Et la honte qui surgit alors… De n’être plus, d’avoir perdu, contre un démon de surcroît. Tant d’années à m’enseigner qui sont parties en fumée, maître, je suis désolée… Et moi qui m’accrochais comme un aimant à votre souvenir, me voilà bien récompensée…


« Pardonnez-moi… »

Retour à la réalité…


Une présence, tout près, qui est-ce ? Les cheveux passent du sombre au blanc, des ailes ? Un ange ? Alors, le voyage est fini ? Si c’est ça mourir, alors ça ne me fait pas trop mal…
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyMar 4 Sep 2007 - 17:38

"La Mort n'est pas un spectre brandissant une faux. Pour moi, c'est un Ange qui tient une clé d'or à la main."
- Siècle -



Le bout du voyage? Oui, cela aurait pu être ...

Une silhouette apparaît de vous. Floue, indistincte, vous ne distinguez que ses cheveux blancs et ses ailes étincelantes. L'Archange de la Mort ... le messager qui emporte doucement ceux qui ont assez souffert. Dans les légendes, il est le frère jumeau de la grande Faucheuse, le second serviteur du roi de l'Au-Delà. Auréolé de lumière, il se tient près de vous. Et alors qu'une main se pose sur votre front, vous comprenez que les légendes ont peut-être raison. De cet ange, il n'émane pas la peur, mais une grande douceur.

Votre vue se brouille à nouveau, et le froid vous gagne. A peine sentez-vous deux bras vous entourer doucement et vous soulever .... déjà, c'est l'heure de l'adieu. Les deux grandes ailes se déploient et s'irisent au soleil, et doucement, vous quittez la Terre. Alors que le vent de l'automne caresse votre chevelure, vous regardez ce ciel que vous allez rejoindre. Vos yeux flottent dans tout ce bleu, et voient sans vraiment les regarder, les crêtes vertes des arbres que vous survolez. La Forêt Darke s'étend jusqu'à l'horizon d'où renaît le soleil ... Allons, l'Ange de la Mort n'est pas si cruel, puisqu'il vous a permis de voir une dernière fois le matin.

Quand on y pense, il était si beau ce monde ...
Il faut partir à présent, pensez-vous avec un peu de mélancolie.
Vous ne remarquez pas que les arbres ne s'éloignent pas, mais défilent horizontalement.

Lentement, vos yeux se ferment ...
Au revoir, Sen.



Et ce n'est que longtemps, longtemps après, que vous vous réveillerez. Vous êtes couché sur un sol dur. Sur votre peau nue, un tissu léger et chaud. Sous votre tête, quelque chose de mou. Dans vos oreilles, le chant des oiseaux, et rien d'autre. Êtes-vous au Paradis? ...

Ouvrez les yeux, Sen Chizu, et vous saurez.



* * *



Archael s'asst au bord de la plate-forme de bois.
C'était un jour d'automne, comme dans les histoires. Un ciel presque trop vrai, digne d'un conte ou d'un tableau pour enfants, où quelques nuages se promenaient en gros tas de coton.

L'une de ces cathédrales immatérielles vint frôler le soleil. Les rayons étincelants vibrèrent. Et comme deux gouttes d'océan, les yeux de l'Ange jetèrent leurs reflets bleus. Si quelqu'un qui le connaissait bien avait été là, il aurait vu que quelque chose y avait changé. Ils n'étaient plus de ce bleu flamboyant. Ce n'était plus des pierres précieuses, des cristaux de saphir sous les longs cils.

Si le saphir est une pierre pure et limpide, ses reflets sont aussi étrangement durs. Ils reflètent le monde mais sa beauté ne les pénètre pas, figés comme ils sont dans leur gangue minérale. Sous le soleil, ils sont comme des éclats de paradis. Mais que quand le jour fuit, les poètes y voient les larmes des dieux qui ont quitté ce monde... Larmes de tristesse, pétrifiées à jamais dans l'azur. Ainsi, la couleur de l'éternité est-elle celle du bonheur ou celle de la tristesse? Peut-être les deux à la fois, mélangées par la main d'un temps trop long.

Depuis qu'il avait hurlé comme jamais il n'avait hurlé, à la Fontaine Cryselle, depuis qu'il avait déchaîné la lueur glacée née de son coeur ... depuis ce jour marqué où il avait affronté Chilk, il avait eu ces iris hagards, fous, dépourvus de raison. Cette lueur presque phosphorescente au fond des yeux. A présent, ils étaient redevenus humains. Au milieu du visage amaigri par les veilles, ils étaient fatigués et vieillis, mais la paix y était revenue. La Bataille d'Elament avait été la mort de bien des gens. Lui, avait pu y renaître.


"Il fait chaud ... " murmura l'Ange pour lui-même.

Il se trouvait sur une sorte de cabane, simple plancher de bois à demi-couvert de branches. Le tout accroché au sommet d'un arbre, au beau milieu de la Forêt Darke. La Cité était éloignée, trop loin même pour y revenir rapidement. Mis cet ancien refuge d'elfe, qu'il avait un jour remarqué en survolant la forêt, servait d'abri pour aujourd'hui.

Dans l'air, il y eut un froissement d'ailes. Une mésange entra en piaillant par l'ouverture. Stupéfaction ... ce bel endroit où elle venait gîter tous les ans, était pris! Et par une de ces créatures étranges, sans ailes, qui se tiennent debout sur deux pattes et construisent de si drôles de nichoirs. Enfin, celui-ci a quand même des ailes ... ? Mais qui es-tu donc? Tu es un homme, mais tu sens le ciel ... semble demander l'oiseau. Perché sur une des branches, il examine le Trône en penchant la tête. Son attitude perplexe amène un lent sourire sur les lèvres d'Archael.


"Je t'ai pris ton logis?" demande-t-il. "Pardonne-moi. Quelqu'un en a plus besoin que toi, regarde ... elle dort bien, n'est-ce pas?"

Mais au bruit de la voix, le petit frère de la nature s'est envolé, et Archael est le seul à se tourner vers le coin de la plate-forme. Là, abritée du soleil, une mince forme allongée repose sur le sol. A côté d'elle, une chemise est en train de sécher au soleil, et deux dagues sont soigneusement posées sur le bois. Sa tête repose sur une cape roulée en boule, et le long manteau de l'Ange lui sert de couverture. On ne voit que le visage aux yeux clos, entouré d'une masse de cheveux roses.

Seul un bras nu dépasse de la couverture. Sur la peau blanche, il y a une étrange marque près de l'épaule. Le Trône s'approche. Il s'assied en tailleur à côté et considère longtemps la marque. Son regard de lapis-lazuli s'asombrit un peu. Il ne connaît pas sa signification, mais il étudie les ouvrages de magie depuis trop longtemps pour ne pas y reconnaître l'art complexe mais barbare d'un symbole démoniaque. Qui y croirait en voyant les traits finement ciselés, et l'expression paisible de celle qui sommeille?

Pourtant, sur le visage endormi, partout des traces de coups et de griffures. Une marque rouge qui aurait pu être mortelle s'étend à la base du cou. Et surtout, au bout du bras qui dépasse, cette blessure à la main. Actuellement, elle est recouverte d'un bandage - les manches de la chemise d'Archael en ont fait les frais. Mais en pansant la profonde déchirure, il a clairement vu la trace d'une lame. Peut-être les mêmes lames qui sont posées non loin de là, et qu'il a eu tant de peine à laver de leurs traces de sang...

La blessure est inquiétante. Les muscles ont été déchirés et certains nerfs vitaux ont été atteints. Cette main pourra-t-elle encore bouger? Il espère être arrivé à temps. Comme toutes les heures, il soulève la main meurtrie dentre ses doigts et ferme les yeux. La magie se matérialise entre ses paumes, sous la forme de rayons lumineux qui influent lentement dans la main de la jeune fille. Cette magie, c'est la fille de l'Air, la Lumière. Celle qui a dansé pendant la Guerre, au sommet de la Tour des Vents, glacée et grésillante. Aujourd'hui, elle se fait chaleur réparatrice, elle baigne la main de son courant pour réparer les tendons coupés et la chair abîmée. Ce qu'aucun chirirgien au monde ne pourrait faire, la magie le réussira - du moins, il l'espère.

Mais soudain, un frisson parcourt le frêle corps. Avec délicatesse, l'autre main de l'ange se pose sur l'épaule, à travers le tissu.


"Doucement, doucement ... sourtout, restez couchée."


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Tréaga
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyMer 5 Sep 2007 - 15:08

« J’ai rêvé de la mort. J’ai rêvé que la mort nous frappait. Un, deux, trois. »
projet oXatan


Hors du monde et de tout ce qui le créaient, de tout ce qui pouvaient bien s’y dérouler, elle voguait sans fin, dans la pénombre, allongée dans une mince embarcation, parcourant un fleuve long, si long qu’il aurait fallu toute une voix pour le traverser. Si cette dernière ne l’avait pas déjà quitté.

Sans qu’elle se rendit compte comment, ni même pourquoi, avant que ce mot ne traversa son esprit, celui-ci subit une projection telle qu’elle crut mourir une deuxième fois. Dans un hoquet de stupeur, son souffle fut coupé et alors, elle s’éleva. Le monde déferla autour d’elle en une pluie d’ombres glissant si vite qu’elles en apparaissaient lumière. Elle eut peur et ses yeux se fermèrent.

Quand elle revint à elle, le clapotis de l’eau contre les parois de bois s’était tu et un silence surnaturel avait pris place au milieu de cet endroit sans couleur. Plus légers que l’air à présent, ses pieds entraînèrent le reste de son corps astral vers le bas, effleurant d’orteils invisibles la douce texture de la surface liquide.

Ce paysage lui était inconnu, elle était sûre de ne l’avoir encore jamais vu, aussi loin que lui remontait les souvenirs de son existence qui lui semblait avoir été si brève à présent. Intriguée et effrayée, elle s’avança, évoluant avec aisance qui mêlait horreur et ravissement en elle sur l’onde. Une première barque la dépassa, semblable à celle où elle avait reposé quelques minutes auparavant.

Un homme. Mort.

Puis vint une deuxième tandis qu’elle marquait une pause face à cette apparition. Ses yeux transparents suivirent le parcours du transport funèbre. Dedans, une femme était étendue. Morte. L’entité spectrale de l’halfling se retourna, appréhendant une présence dans son dos. Encore une, qui fonçait droit sur elle. Cela ne l’inquiéta pas, elle était fantôme et ne pouvait donc ressentir aucune douleur. Confiante, elle l’observa. Proche. Toujours plus proche.

Ce ne fut pas un homme ou une femme qu’elle vit. Pas même un nourrisson ou un animal quelconque.

Ce fut elle, tout simplement.


Oh oui, la mort est clémente et aimante. La mort vous prend au creux de son ventre, comme votre propre mère l’aurait fait, et vous porte comme au premier jour de votre naissance. Mais ce n’est pas vers la vie qu’elle vous mène, contrairement à ce dernier. Vous, vous blottissez contre elle, repu de tant d’années à vivre et survivre dans ce monde, vous la laissez vous guider, confiant.

Cette déesse vient vers vous, souriante, et vous tend sa main blanche et douce comme de la soie. Beaucoup croient en un être osseux vêtu de guenilles, une faux à la main qui vous arrache le cœur, ou en un démon malveillant. Mais c’est faux. Pour la simple et bonne raison que les démons sont déjà parmi nous, aucunement besoin de décéder pour les rencontrer.

Les démons sont là depuis la nuit des temps. Et depuis la nuit des temps, ils tuent et font le mal, cela n’est inconnu de personne. A eux seuls, ils déciment des peuples entiers, bien peu survivent à l’assaut de la destruction et de la noirceur. Qui sait quand ils disparaîtront ? Pas moi en tout cas, le futur, je ne prétends pas le connaître.

Et toi, unique survivante halfling de la forêt gwenhwyfar, les laisseras-tu répandre encore la terreur et le chaos ? Ou préfères-tu dériver pour toujours dans un repos éternel ?

Jamais.


Alors, la main sans vie se posa tendrement sur celle pleine de chaleur. Emergeant d’un sommeil sans rêves, elle remonta à la surface. Le dernier voyage ne sera pas pour tout de suite, il reste tant de choses à accomplir avant. Sa peau sentit à nouveau l’air frais la caresser, puis pénétrer son enveloppe charnelle.

Inspiration soudaine et brutale.


Cette fois-ci, ce n’était pas dans un océan sans fond qu’elle allait se noyer mais au coeur d'une tempête de vents plus violents les uns que les autres, lui apportant ce qu’elle croyait avoir perdu à jamais, la remplissant de vitalité jusqu’à n’en plus pouvoir, envahissant ses poumons. Dans un soubresaut, elle s’arcbouta et frémit à la sensation de l’étoffe contre son sein. Pensant sombrer, elle s’accrocha à la première chose qu’elle put saisir.

Revenant sur Terre, elle eut conscience de bandages autour de sa main qui l’assaillit de douleurs, lui rappelant la blessure qu’elle avait subi et qu’elle venait de raviver en la faisant se resserrer dans un spasme incontrôlable. Un gémissement s’échappa de sa bouche quand les différentes blessures s’éveillèrent les unes après les autres.

En dernier, la pression de ce que ses doigts gardaient entre eux. Ses paupières s’entrouvrirent, glissèrent sur un toit de branches de bois et finirent leur course sur…

Une main ?


Lentement, son esprit se remit en marche, ses pensées reprirent leur cours normal et ses réflexions vinrent les unes après les autres, se suivant dans un défilé étrange et pourtant devenu habituel pour elle. Un combat, une marche, une forêt, une présence… Tellement de choses qui devaient se remettre dans le bon ordre…

Et le fleuve noir, les barques, les cadavres… Comment avait-elle réussi à s’en extraire ? Elle ressentit un peu plus cruellement ses plaies et ses iris se virent brouiller par les derniers souvenirs de cette croisière.


« J’ai peur de la mort… »
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyJeu 6 Sep 2007 - 15:32

Légère, la pression sur l'épaule insiste sans blesser. Venue de quelque part dans ce grand monde flou, la voix se fait encore entendre. Elle est calme comme la brise d'été, infiniment apaisante.

"Chut. Ne bougez pas ..."

La petite main qui brûle repose dans des paumes plus grandes, qui la tiennent avec fermeté mais délicatesse. Une clarté étrange en émane tandis qu'elles rouvrent lentement les doigts de la main crispée ... Le long du bras, un fourmillement étrange se fait sentir. Comme si quelque chose d'impalpable pénétrait dans la peau. On jurerait de l'eau fraîche et pure, qui passe comme une rivière de vie. Elle lave la chair meurtrie, efface progressivement la douleur, calme une à une les cruelles aiguilles de souffrance, avec patience ... Et pendant ce temps, la voix parle à nouveau ...

"Tout le monde a peur de la mort ... car pour franchir le Grand Fleuve, on doit tout laisser. Derrière, il y a tout ce qu'on possède, ce qui nous est cher, ce qui reste à faire. Devant, c'est l'inconnu ... pour tous ceux qui marchent sous le soleil, ce moment viendra un jour."

L'eau peut-elle traverser un pansement et pénétrer la chair meurtrie? Qu'importe ... le courant bienfaisant remonte le long du bras et court le long des veines. Peu à peu, c'est tout le corps qui s'inonde de cette douceur. La douleur ne disparaît pas, mais elle s'estompe, supportable à présent. La voix, elle, est toujours là. Elle parle sans hâte, profonde et sereine ... ses paroles sont graves, mais elle se fait rassurante. Elle réchauffe, elle enveloppe, comme pour parler à un tout-petit effrayé par la nuit.

"Un jour la mort te prendra par la main. Mais ce moment n'est pas venu pour toi. Peut-être les dieux pensent-ils qu'il te reste quelque chose à faire sur ce monde ... Tu es allée jusqu'au seuil de l'Au-Delà, mais j'ai vu tes yeux se rouvrir. Aie confiance et repose sans crainte ... il y a un temps pour mourir, et un temps pour vivre."

D'un geste, l'ange referme les paupières sur les iris égarés. Il continue à faire luire la magie quelques minutes. Tout en parlant, il se rapelle ... il y a quelques mois à peine, c'était lui qui était allongé, dans cette chambre toute blanche de l'infirmerie. Lui qui reposait, le corps brisé, la respiration presque éteinte. Lorelaï et Loss l'avaient veillé des heures, retenant le mince fil d'une vie près de s'éteindre. A présent, c'était à son tour, assis en tailleur près d'une frêle silhouette qu'il ne connaissait pas ...

Oh, il ne savait pas chanter comme Lossehelin l'avait fait, ce chant des âmes qui l'avait ramené à la lumière ... alors, tout simplement, il avait parlé. Et les mots étaient venus, d'abord lentement. Puis presque sans effort, parce que c'était ceux qu'il avait souhaité entendre autrefois. Longtemps, dans le silence de la hutte, il a continué sa tâche. Puis le silence est retombé. Petit à petit, la respiration de l'inconnue s'est faite plus régulière. Délivrée de la douleur, elle repose à nouveau.


"Dors ... tu guériras."

Puis la voix se tait. Archael a reposé avec précaution la main meurtrie sur le sol et s'est lèvé sans bruit. Entre les branches de bois, on n'entend plus que le chant des oiseaux et le frémissement des branches. Car partout où est l'ange, la brise ne tarde pas à souffler. Celui-ci se baisse et réajuste le manteau d'étoffe servant de couverture et qui a glissé lors de son réveil. De ses yeux bleus, il considère pensivement la jeune fille..

Ce qui l'inquiète, ce n'est pas tant la grave blessure de la main. S'il peut encore la soigner par la magie toutes les heures jusqu'à la fin de la journée, elle devrait se remettre lentement, mais normalement. Mais c'est surtout cet épuisement. Peut-être a-t-elle perdu trop de sang, ou bien est-ce un effet de cette magie démoniaque qu'il a senti sur elle. Quand il écoute la magie vibrer, il sent confusément des blessures plus profondes que de simples coups d'épée ou de crocs. On aurait dit que Quelque Chose avait soudain parcouru l'organisme. Affaibli par les blessures, celui-ci avait failli ne pas supporter le contre-coup.


Qui es-tu?


A cette question, point de réponse. Le Trône se détourne et retourne s'asseoir au bord de la plate-forme. La main devant les yeux, il évalue la hauteur du soleil. Quinze heures ... le milieu de l'après-midi. Depuis ce matin, il veille sur celle qu'il a trouvé mourante ... Un peu tristement, l'ange contemple ses mains vides. Elles ont guéri, elles aussi, guéri des cruelles entailles ingligées par Chilk. Mais deux choses en lui n'ont pas encore cicatrisé.

La perte de la seule personne qu'il aie vraiment aimée, petite déesse de glace dure et fragile.
Et le Chanteciel, la harpe de cristal qui était une partie de son âme, est brisée en millions d'étoiles ...
Deux blessures qui ne font plus qu'une ...


L'Ange soupire. La Guerre est finie. La tempête dans son coeur doucement s'est calmée, les paupières du cyclone enfin refermées. Il a repris la Cité, et avec Métatron, tous deux construisent, réparent, tâchent d'estomper les ravages qu'ont subi la ville et ses habitants. Ils ont aussi leurs propres peines, leurs morts. Qu'importe. Ils ne peuvent pas y penser - pas encore. Ils les pleureront un jour, quand ils le pourront ... Après avoir respiré l'air de la forêt, il revient sous les branches. Il se rassied et reprend la main déchirée entre ses paumes.

Et tandis que la lumière glisse sur les doigts qui guérissent, Archael rêve ... Il rêve même si profondément, qu'il oublie où il est. Il n'a pas vu que tout près de lui, deux yeux se sont rouverts à nouveau. Il ne sait pas que ces yeux le voient faire. Et quand leurs regards se croisent, c'est peut-être lui qui paraît le plus surpris.


Dernière édition par le Mer 19 Déc 2007 - 10:28, édité 1 fois
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyVen 7 Sep 2007 - 20:32

Et au creux des ténèbres, je rêvais d'un ultime espoir, rien qu'une étincelle, pour que le monde paraisse un moins sombre... Et je plongeais, plongeais sans fin... Avant qu'une main ne se tende...

Alors, je rouvris les yeux. Geste si simple.


Elle aussi, elle la sentit, cette chaleur qui gagne tant de coeurs noyés, échus sur des îles déserts où on se retrouve seul au monde, au milieu de nulle part. Elle avait cru s'endormir, perdue sur le sable brûlant sa peau avec la chaleur accablante de l'étoile de flamme sur le visage. Fermer les yeux... Juste fermer et aller vers l'oubli, si tendre réconfort.

Quand les pensées se contrent et se croisent dans un fouillis infini.


Puis l'écume vint lécher ses doigts de pieds, apaisant rafraîchissement dans ce qui la dévorait de l'intérieur, promettant un amas de cendres consumées et froides à la fin. Après, une vague, et une deuxième, ainsi de suite... Jusqu'à la plus limpide des couvertures de réconfort. Ouvre les yeux sans crainte à présent, tu verras un bateau voguant vers toi, car on est jamais seul sur cette Terre si peuplée de gens persuadés de l'être.

Il suffit juste d'avoir le courage d'entrouvrir les paupières pour voir à quel point ce monde est magnifique.

Et vous aussi.

Alors, Sen Chizu s'abandonna au bercement dont chaque être égaré a droit mais se prive. Redevenue petite fille, elle écoutait, appréciant un silence les agréables chatouillis qui parcouraient son corps mince, tandis que sa conscience s'égarait, guidée par la seule voix, inconnue mais tellement rassurante dans ses paroles pleines de bon sens d'adulte qui a vécu.

La main se posa délicatement devant ses yeux. C'est alors qu'elle s'autorisa à se déconnecter totalement de la réalité et de l'intégralité de ce qu'il y avait autour d'elle. Une mélodie maternelle vint se mêler au discours d'un maître. Entourée de ce qu'elle aimait, elle n'eut plus peur des cauchemars qui rôdaient.

Ce ne fut pas une chute. Ce fut la découverte d'un endroit extraordinaire regorgeant de choses simples et fantastiques. Ce lieu propre aux enfants qui se reposent en se sentant aimés.


Quand elle emprunta le chemin des rêves à la réalité, ses pensées se firent plus rationnels et plus sensés. Elle n'était pas inquiète de l'endroit où elle avait été transportée, elle ne chercha même pas à savoir si elle était toujours dans Elament ou bien si elle venait d'être emmenée ailleurs. La vue de la mince cabane de bois faisant office de logis ne la mit pas dans un état d'angoisse.

Pourquoi ?

Et bien...


La main de Sen s'éleva jusqu'à ses yeux. Sans bruit, son poignet pivota légèrement afin qu'elle puisse examiner le membre blessé puis soigné à sa guise, avant de la reposer sur le manteau. Elle étudia à son tour ce dernier, s'amusant presque à appuyer ses doigts pour apprécier la texture de l'étoffe. Son regard se détourna de ce qui était près d'elle pour dériver plus loin.

A l'entrée par exemple.

Un temps passa. L'halfling contempla le Trône de dos. Des longs cheveux blancs qui tombaient sur un dos dont elle pouvait presque voir le fardeau qui pesait. Le fardeau de la guerre... Et... De tant d'autres choses... Elle n'avait même pas besoin d'essayer de percer son aura pour le ressentir. En effet, en plus de tout cela, n'importe qui aurait pu deviner la puissance et la sagesse qui habitaient cet être.

Pourtant, il n'y eut pas uniquement cet aspect qu'elle regarda chez lui. La sagesse et la puissance forment une combinaison imprenable, mais quand la bonté va avec, cette dernière en est d'autant grandi. Et chez lui, elle le perçut aussi. Après tout, ne venait-il pas de lui épargner une mort isolée de tous dans cette forêt ? Rien que pour ce geste, elle lui était déjà reconnaissante.

Semblant s'être aperçu qu'il était observé depuis quelques minutes, il se tourna alors. Presque prise en faute, ses joues se teintèrent d'une légère couleur cramoisie sans qu'elle détourna ses iris des siennes où elle admira le bleu du ciel si bien reflété. La honte revint, un peu plus grande, et cette fois-ci, elle alla planter ses pupilles autre part.

Un silence passa, où l'halfling sentit planer une gêne presque étouffante. Finalement, sa voix s'éleva en un mot, unique. Le seul qui pouvait refléter simplement ce qu'elle pensait au fond d'elle-même envers lui.


« Merci... »
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptySam 8 Sep 2007 - 14:30


Merci ...


Au fond, peut-être Sen aurait-elle dû remercier le Destin ou les Dieux. Mais à quoi bon? Face à l'univers, elle n'est que poussière sur le sol et fumée au vent. Les grandes voies de l'avenir tissées dans les étoiles, ne varieront pas à sa voix, car le Destin est aveugle et sourd aux prières des mortels. Quand aux Dieux, depuis longtemps ils se sont endormis pour l'éternité. Ceux de ce monde n'ont plus personne à prier désormais.

Et puis ... si les Dieux existaient encore, ils faudrait peut-être les maudire.


Folie? Ni toi ni moi ne pouvons le dire, enfant qui entends le conte. Avant que je continue à te raconter cette histoire d'il y a des siècles, quand cette ville s'apellait encore Elament, écoute-moi. Lève les yeux et regarde le ciel. Qu'y a-t-il derrière ce bleu? Tu l'ignores, moi aussi. Peut-être rien. Peut-être des Dieux qui nous regardent, qui tissent notre monde, quelque part dans l'espace et le temps. Peut-être juste des jeunes gens comme toi, des enfants-dieux à peine adolescents. Qui grandissent, qui apprennent les règles d'un monde que nous ne comprenons pas, qui jouent peut-être.

Oui, peut-être ne sommes-nous que des jouets pour eux. Peut-être, de leur magie ou leur science, ont-ils créé un monde de toutes pièces. Leur terrain de jeu où il se retrouvent le soir, pour faire danser leurs marionnettes. De leurs machines étranges, il tissent peut-être le fil des guerres et des joies, du beau et de l'amer, de l'utile et du dérisoire, pour créer l'immense tapisserie d'un univers. S'ils souhaitent conter le bonheur, nous sommes heureux. S'ils inscrivent les mots du malheur, alors nous souffrons.

Savent-ils ce qu'ils font, ces Enfants-Dieux?
Savent-ils quelle lourde reponsabilité ils prennent?


Qui connaît les secrets de la pensée et de la magie? Rien qu'en y pensant, ces marionnettes qu'ils croient imaginaires, peut-être ont-elles pris vie, quelque part. La souffrance et la joie qu'ils créent sont peut-être devenues réelles. Un monde où une Cité de Magie nommée Elament existe, où tout ce qu'ils racontent devient réalité ... est-ce impossible, dis-moi? Regarde autour de toi : nous y sommes ...

Et pourtant, s'ils s'en rendaient compte, ce serait peut-être pire encore. Car l'enchantement serait brisé. Ces enfants nous rêvent : s'ils s'éveillent, nous disparaîtrons immédiatement. Un jour ils deviendront adultes, ils abandonneront leurs jeux d'autrefois. Le monde qu'ils auront créé, ils l'oublieront. Il continuera à vivre sans eux, ou disparaîtra dans le néant. C'est ainsi que cela doit être. Nul ne peut aller contre.


[HJ : Ce n'est plus un RP mais de la philo XD. Allez hop, retour à Sen et Archa. Les divagations de mon vieux fou de conteur imaginaire ont assez duré ... ^^]

Déjà l'un d'eux a peut-être décidé que ces divagations de vieux fou ont assez duré. Il a écrit que je dois reprendre le conte là où je m'étais arrêté, te parler encore d'un Halfling et d'un Ange d'autrefois. Alors je vais le faire - d'ailleurs ai-je le choix?


"Merci..."


Archael a souri, de ce sourire un peu grave qu'il a souvent. Mes ses yeux sont clairs dans la pénombre de la hutte. Il secoue ses mèches coupées à l'épaule et ne répond pas au remerciement. Ceux qui refusent d'être remerciés sont de faux modestes. Merci est un petit mot tout simple, mais aussi une belle récompense. Si quelqu'un souhaite vous la donner parce qu'il vous est reconnaissant, avez-vous le droit de refuser?

Alors plutôt que de répondre, l'Ange sourit simplement. Et quand il parle enfin, le tutoiement vient naturellement à ses lèvres.


"Tu reviens de loin ..."

Tout en parlant, il scrute la jeune fille de ses yeux profonds. Il l'a déjà vue pourtant. Mais un visage inconscient n'est qu'un gisant de statue sans expression. A présent, il s'anime, la vie revient habiter les iris, et dans les yeux brille à nouveau ce reflet mystérieux qu'on nomme l'âme. Il est beau, ce visage. Il garde encore la grâce fragile de l'enfance, et pourtant les yeux ne sont plus ceux d'un enfant. Ce sont ceux de quelqu'un qui a beaucoup vécu. Tous les Halflings sont-ils ainsi?

"Tu devrais rester couchée pour l'instant. J'ai lavé tes vêtements du sang, mais ils sèchent encore. D'ailleurs, bouger rouvrirait tes blessures."

Archael n'a pas le savoir-faire des infirmières d'Elament. Calmer la couleur est reativement facile. Ses pouvoirs sur la Lumière peuvent aider une main déchirée à guérir plutôt qu'à rester infirme. Mais soigner les multiples blessures internes dont souffre la jeune fille, il ne peut pas le faire. Ces lésions sont moins visibles, mais bien plus dangereuses. On peut vivre sans une main, mais un organe vital incapable de guérir signifie la mort à plus ou moins longue échéance. C'est pour cela qu'il n'a pas osé transporter la blessée jusqu'à la Cité. Dans son état, elle n'aurait pas survécu au trajet.

Le Trône se baisse et attrape une besace de cuir accrochée au bord de la plate-forme. Il en sort une gourde de cuir et quelques fruits d'été. Tout cela vient prendre place entre eux deux, à portée de la main. Puis il se rassied, le dos appuyé à un des piliers qui soutiennent le toit de branches. Sa voix tranquille résonne encore.


"Repose-toi. Si tu as besoin de quelque chose, je suis là. Rien ne presse..."

Non, en effet, rien ne presse ... Il doit être environ quatre heures de l'après-midi. Le soleil est encore haut sur l'horizon, mais c'est déjà une lumière de soirée, qui commence à se teinter d'or. Mais il reste plusieurs heures avant le couchant.

C'est une heure exquise. Pour deux jeunes gens dans leur abri de bois, le monde joue sa symphonie de vie. Les mille habitants de la forêt vaquent à leurs occupations. Quelque part, on perçoit le chant d'une source. Une ruche sauvage bourdonne dans les troncs, et le vent porte la rumeur des vagues - la brise vient de l'est aujourd'hui, vers la Grande Mer.

Après tous les jours de pluie qui ont suivi la Bataille, l'automne semble décidé à accorder généreusement quelques beaux jours encore. Le soleil ne frappe plus aussi fort. Ses rayons réchauffent agréablement, sans brûler. Comme une couverture qui invite à la paresse, au repos. Archael a fermé à demi les yeux. A cette inconnue qu'il soigne, l'ange ne pose pas de questions. Il se contente d'être là, de regarder le paysage, et se taire.


Mais le silence n'est plus pesant ...


Dernière édition par le Mer 19 Déc 2007 - 10:28, édité 1 fois
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyMar 9 Oct 2007 - 15:20

[ Thème musical ]

L’avez-vous déjà écouté ?

Ce silence si beau…


Pourtant, il y a des gens qui ont peur du silence, qui le craignent et le fuient comme la peste. Pourquoi ? Ah, les raisons sont si variées… Mais je crois, sans posséder une sagesse infinie et tirant peut-être une conclusion trop attive, qu’ils craignent principalement, dans ce long moment sans mots, la mort, tout simplement… Pour eux, tant qu’il y a de bruit, il n’y a rien à craindre, c’est pourquoi cette si grande frayeur s’empare de leur cœur une fois que tout plonge et que le monde devient muet.

En cet instant précis, elle n’avait pas peur du silence. D’abord gênée par ce dernier, mal à l’aise en présence de cet inconnu en qui elle avait cependant une confiance absolue sans jamais l’avoir rencontré auparavant, son trouble s’était peu à peu atténué en la présence apaisante de l’ange. Appréciant cette offre de sérénité, ses yeux se fermèrent à demi, laissant le reste de ses sens s’ouvrir à ce que la forêt leur apportait.

Il lui semblait qu’un temps incalculable s’était écoulé depuis la dernière fois où elle était restée ainsi, sans bouger un seul muscle, emplie de calme et sans peur de rien. La dernière fois, c’était… Mais toutes ces dernières fois s’envolèrent avec ses souvenirs. Chut petite fille, il faut cesser d’y penser. Assez remuer le couteau dans la plaie, ça ne fera que l’approfondir… Pourquoi tout associer au passé quand il suffit juste de se reposer ? Inutile… Plus de paix sera apportée sans cela.

Alors, il n’y eut plus de passé ni de futur…

Juste un instant, une seconde…

Unique…


Bercée par la mélodie dénuée de notes des arbres, ce n’était pas le sommeil qui la gagnait encore une fois, mais plutôt un ravissement, une joie sans nom qu’elle n’avait jamais éprouvé aussi loin que ses souvenirs remontaient. Cette enfant qui grandissait lentement mais sûrement au cœur de la cité d’Elament ignorait encore ce qu’était la sensation de l’apaisement une fois toute douleur envolée… Malheureusement, l’envol s’achevait, et l’oiseau redescendait à sa source. Profite-en petite fille, l’accord avec soi-même ne dure que peu de temps…

Ecoute les jeux des animaux entre les branches, les battements d’ailes dans le ciel, les caresses des feuilles entre elles. Emplie tes poumons de l’air frais qui passe et repasse tout autour de toi, don de ce qui t’entoure. Réjouis-toi tout simplement d’être là, vivante et ayant la chance d’assister au spectacle de la nature qui se prépare à la venue de la nuit. Réjouis-toi d’être en si bonne compagnie et de ne plus être seule comme tu le redoutes tellement.

Et tandis que la soirée commençait, n’attendant que l’astre blanc pour être entamée, ils s’écoutaient tous deux dans ce silence qui régnait. Et tout ce qui vivait autour d’eux. Juste pour apprécier les choses aussi futiles mais si belles que cela, il est bon de se taire quelquefois. Alors, ils se turent. Il est de ces silences que certaines personnes savent apprécier car ils permettent et donnent tant de liberté pour l’esprit. C’est ainsi que ces deux-là étaient faits. Elle n’avait pas peur de ce temps muet, comme je vous l’ai dit, elle avait cessé de s’inquiéter pour tout ce qui la préoccupait en temps normal.

Mais pourquoi s’inquiéter quand l’éternité vous semble à porter de main ?


Car oui, elle aurait aimé pouvoir être allongée dans ce lit de fortune autant qu’elle l’aurait voulu. Dans une ultime tentative, elle essayait de se dissuader du fait que ce n’était pas possible. Nous aurions été des dieux si nous avions pu le faire si aisément. Hélas, il faut se lever, se lever pour accomplir les actes pour quoi nous sommes faits et sommes venus au monde. Rester sans bouger ne fera pas tourner la roue du monde.

Alors, petite halfling, n’ai pas peur de quitter cette quiétude dans laquelle tu étais si bien. Qu’importe si la blessure se rouvre, tu revivras cela, ne t’inquiète pas, aussi sûr que les étoiles sont accrochées dans le ciel. Regarde, celui-ci commence à s’assombrir, la nuit approche, veux-tu encore dormir ? Non, bien sûr que non… Trop de sommeil et de rêves qui ne pourraient se réaliser s’il n’y avait plus d’espace pour le réel…

C’est ainsi qu’elle émergea. Si elle avait pu, elle se serait levée pour admirer le soleil couchant, mais cela lui était impossible, elle se contenta donc de savourer les dernières rayons de chaleur sur sa peau tout en s’intéressant encore une fois à son compagnon. Après tout, n’était-ce pas la première fois qu’elle rencontrait un ange ? Tout comme bon enfant qui se respecte, sa curiosité se dirigeait vers lui à présent. Elle le contempla, lui aussi perdu dans ses pensées, et fut une nouvelle fois touchée par ce qui émanait de lui. Ca la fascinait et l’attristait en même temps, sans qu’elle comprenne pourquoi. Elle parla donc, pour le simple plaisir d’entendre sa voix une fois de plus.


« Excusez-moi… »

Bien sûr, Sen Chizu n’aurait pas pu commencer sans s’excuser… C’était son caractère, mais en même temps, troubler une si belle paix en ces lieux lui donnait le droit de s’excuser selon elle.


« J’ai un peu soif… »
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyLun 15 Oct 2007 - 13:23

Au pied d'un arbre... { Privé Archael } Crpusculevw6



Hmm?

Allons, réveille-toi ! Le temps passe et le soir s'est approché.

Vois - la lumière est d'or à présent. D'or aussi tes pensées, sous les rayons du crépuscule! A l'horizon, le dieu de feu tombe lentement, tel un globe rougeoyant posé sur l'horizon. A l'est, les Monts Décharnés se dressent dans le soir, et pour la première fois ils ne sont plus sinistres. Ils s'entourent d'une légère brume bleue, qui dissimule leurs cicatrices et leurs brûlures. L'enchantement leur accorde une temporaire beauté : transparents, irréels, ils ne font qu'un avec le ciel ... Et cette couronne évanescente leur donne la fantastique silhouette d'un Olympe évanoui !

L'air n'est plus très pur, car le brouillard tombe et promet la pluie pour demain. Mais la température est encore douce, tiède même. Dans l'abri de bois, le vent passe et chuchote. N'entends-tu pas son souffle? Le vent du crépuscule n'est pas comme les autres. Il ne chante pas, il ne tinte pas dans l'air, ni ne hurle en tempête ... mais il porte cent fragances délicates et mille bruits légers.

Il te porte le son de la cloche qui sonne - là bas dans la vallée, Elament l'entend, et au long de la plaine sa grande voix résonne. On y entend le bruit de la mer et des vagues ; le cri du goéland et le flot sur le sable - sens-tu l'eau et le sel, déposés sur ta langue ? C'est le vent du large, celui qui court entre le bleu du ciel et le bleu de l'océan. Il rapporte de vieilles histoires d'îles et de tempêtes lointaines, de fruits mûrs et de fleurs étranges - des senteurs de longs voyages et de paradis lointains ... sais-tu ce qu'est le vent du soir? C' est le Messager du Monde qui murmure à ton oreille.

Tu peux l'écouter des heures - jamais il ne te lassera. Quand tu es lassé des bruits de cette terre, ferme les yeux et écoute. Peu à peu, ton coeur s'apaisera, même si la peine et la tristesse l'ont déchiré longtemps. Nul besoin d'être Aera, ou puissant magicien. Laisse-toi emporter sur ses ailes d'argent, te conter les lieux et les grandes merveilles - celles qu'il verra demain, celles qu'il vit jadis, pour te les raconter - et peut-être aujourd'hui, les choses qui t'ont fait souffrir te paraîtront petites et insignifiantes.

Peut-être est-ce à cela que songe cet Ange étrange, celui qui te veille ... mais sortant de ses rêves, le voilà qui se penche et te tend une gourde. Elle est faite de peau tannée, épaisse et lourde, qui garde l'eau pure et fraîche. Les gourdes de ceux qui marchent loin et longtemps. La sienne.


"De l'eau de la Fontaine Cryselle."

Elle est fraîche, presque pétillante, cette boisson. L'eau de la fontaîne d'Elament, celle qui donne au arbres du Square Xéna la force de rester verts hiver comme été, celle qui paraît si rose de loin et si pure de près, quand elle étincelle. De n'est pas de l'eau lumineuse, mais un rayon de soleil liquide.

Plutôt que tu ne doives soulever le tissu qui te couvre, pour tendre la main, il est venu t'apporter lui-même la gourde puis est retourné s'assoir au bord de la plate-forme. Les yeux de l'Ange ont croisé les tiens - ce sont deux morceaux de ciel qui ont dû s'égarer sous ses cils ... A présent que la lumière a baissé, ils sont d'un bleu si profond qu'il paraît presque violet. Ils sourient, d'un sourire plus paisible que vraiment joyeux - pourtant une petite étincelle d'humour y scintille parfois.

Comme maintenant, elle doit sûrement y danser, même si l'Ange te tourne le dos ...


"Ne te lève pas trop vite. Ton corps est encore épuisé - et puis tu n'as rien sur le dos. Je suis arrivé à te déshabiller en fermant les yeux, mais j'ai préféré ne pas essayer de faire l'inverse. J'ai lavé tes vêtements du sang, ils sont à côté de toi."

En effet, à côté de la couverture qui te recouvre, un petit tas d'habits soigneusement pliés repose sur le sol.


Dernière édition par le Mer 19 Déc 2007 - 10:27, édité 1 fois
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyLun 29 Oct 2007 - 0:58

Maintenant, ouvrons les yeux.

Et observons ce monde si fantastique.

Qui lentement s’assombrit…


Cette sphère de rubis si petite et qui jette pourtant des rayons si ardents et si puissants autour d’elle, capable d’aveugler l’œil humain quelques secondes pour un peu qu’il s’y serait égaré plus que nécessaire. Ne nous brûlons pas au contact du soleil et volons un peu plus loin. Elevons-nous quelques instants dans les airs, inspirons une bouffée de l’atmosphère du soir qui se teinte progressivement d’étoiles encore invisibles à tous.

Ce ciel qui bascule sous notre élan et notre ivresse de joie de vivre, il me semble venir d’un autre monde, un monde où tout aurait été plus beau, plus poétique et plus plaisant, à nous qui ne sommes qu’éphémères. Ces cotons aux mille et une couleurs, si légers et si doux qui effleurent nos ailes, de rose et d’orange… J’aimerais m’y allonger et fermer les yeux, avant que tout s’efface… Dans cette peinture qui se recouvrira bientôt entièrement de noir, je voudrais rêver une dernière fois à ce qu’a été une vie.

Mais je suis bien trop insignifiant pour cela.

Je me contenterai de voleter frénétiquement, profitant des quelques secondes qui me restent, avant de m’évanouir pour toujours et rejoindre Mère nature au creux des entrailles de la Terre. On verra un petit papillon aux couleurs de l’arc-en-ciel passer rapidement devant nos prunelles, nos yeux cligneront, puis nous reprendrons nos activités que nous avions arrêté. Les plus rêveurs auront eu le temps de se souvenir de l’harmonie du rouge et de l’or entrelacés et méditeront dessus.

Elle, elle le suivra des yeux, elle aura une pensée pour ce petit être…

Puis elle débouchera la gourde offerte et en buera quelques gorgées.

Appréciant cette eau claire et rafraîchissante, source de toute vie.


Et le chant des oiseaux qui progressivement s’estompent dans la fraîcheur de ce soir d’automne, une chouette au loin qui se réveille, une étoile qui plonge sous la terre, tant de choses qui composent notre petit monde où nous vivons chaque jour une aventure. Puis qui disparaît. Pour mieux recommencer. Quand peu à peu, tout s’endort et que le silence s’installe, l’autre face du décor apparaît, plus dangereux et plus ténébreux… La pièce du monde se retourne, dévoilant son envers, tout autant magnifique que l’autre côté sait être horrible.

Est-ce pour cela que tu ressens à l’approche du crépuscule ce petit pincement dans ta poitrine sans en expliquer la provenance et la cause ?

Inconsciemment, tu penses à ce minuscule papillon dont la vie avait si peu d’importance… Nous sommes tous semblables à lui, si fragiles dans la toile de l’univers, qu’il en faut un rien pour nous faire basculer et nous empêtrer dans ses fils soyeux qui vous étranglent la nuit pendant vos délicieux rêves…

Un frisson te parcourt et tu rouvres les yeux. Tes iris de châtaigne s’égarent sur le plafond de la cabane, elles vont vers le sol où tu reposes la gourde de l’ange. Ta main va machinalement sur ta bouche pour l’essuyer, avant d’avoir un arrêt. Le rouge grimpe à tes joues aussi vite que l’être ailé est passé. En un éclair, tu prends conscience de la douceur de l’étoffe sur ta peau nue, de sa caresse lorsque tes jambes bougent automatiquement face à la remarque de celui qui t’est venu en aide. Tu essaies de ne pas y prêter attention, mais déjà des pensées embarrassantes envahissent ton esprit encore peureux de l’approche des hommes.

Lentement, en t’appuyant sur un coude pour ne pas forcer et essayer d’avoir le moins mal possible, tu te redresses. Ton regard vagabonde sur les parties de ton corps qui ont été soignées, et tu te sens encore plus gênée, sans trop savoir si c’est de reconnaissance ou de ces mains inconnus qui ont touché ton corps, mais qu’importe, sans ça tu serais morte, alors tu en es quand même contente. Tes mains vont prendre ta tunique, lavée de toute trace de sang et propre à nouveau, et t’en vêtissent. Tes gestes sont lents pour ne pas réveiller la douleur des blessures, mais l’attache est facile à faire, sans trop de peine te voilà habillée.

Un suspend est pourtant marqué pendant cette manœuvre. Tu l'a vu.

Ces tracés noirs et qui s’entremêlent, formant un signe complexe et inquiétant, tu le connais par cœur, n’est-ce pas ? Il te suffit de te plonger dans le noir et tu le vois distinctement.

Non, ce n’est pas là le problème.

Une honte différente t’envahit. Celle de la peur et de la frayeur. L’aurait-il vu ? Bien sûr que oui, mais cet homme est trop sage pour remuer le couteau dans la plaie et questionner sur ce que tu t’évertues à taire et à cacher tout au long de ton existence. Il est de ces personnes qui ne tâtonnent pour déceler les failles. Elles les voient. Leur instinct de protection est trop grand pour qu’elles s’en servent.

Alors, la petite halfling posa son regard sur le trône qui lui faisait dos.

Un regard où se mêlait respect, admiration et curiosité enfantine.

Car n’oublions pas que l’halfling restait une petite fille.


La petite fille quitta doucement son lit de fortune, avançant avec prudence jusqu’à l’entrée de la cabane. Peut-être n’était-ce pas très malin, mais après tout elle avait passé la journée allongée à dormir, elle avait le droit, non ? Et puis la petite fille voulait profiter de ce moment où elle sentait cette si douce chaleur dans son cœur.

Elle voulait regarder ce soleil couchant et ce monde qui devenait obscur de minute en minute, cette brume qui envahissait lentement le paysage, brouillant l’image des arbres de la forêt. Parce que tout cela lui semblait si irréel, tellement rempli d’assurance du lendemain malgré les ténèbres qui approchaient à grands pas. Pouvait-elle se laisser envahir par ce sentiment de sûreté, elle portant cette essence maléfique en elle ?


Une lame qui déchire la nuit. Un combat sous les étoiles, auréolé par l’œil blanc dans le ciel d’encre. Deux silhouettes qui se déchirent et se transpercent. Une petite et une grande. L’une pour sauver sa vie et l’autre pour la lui prendre. Tout en essayant de ne pas sombrer dans cette si sombre obscurité qui la terrifiait…

"Tu verras, que j'avais raison, Sen Chizu, vampire et démone !"

Une dernière étincelle rougeoyante, puis plus rien. Tout est encore baigné dans la lumière, mais plus pour longtemps, au loin, un premier point blanc et scintillant vient de percer la voûte céleste. Pourtant, cette nuit, nous ne l’admirerons pas, la nappe brumeuse nous en empêchera, alors nous ne pourrons que deviner la beauté de ces constellations qui bercent le cœur des enfants et des esprits qui aiment s’envoler dans ces astres. Nous imaginerons et ne pourrons que profiter de cette nuit en jouant à nous dissimuler du regard de la lune. Quoi de plus facile grâce au brouillard ?

Puis, nous marquerons un temps d’arrêt, juste pour regarder, intrigués, ces deux êtres qui ne savent encore rien de tout cela. Cet homme aux cheveux blancs dont la présence la réconforte tellement, cette petite fille au visage orné d’une larme.

Pourquoi pleurer en une nuit si attrayante ?

Nous ne comprendrons jamais les habitants de cette planète décidément.

Alors, volons, volons… Nous pour qui la vie est si belle…

Ephémère dans son insouciance…
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptySam 10 Nov 2007 - 18:27

"Alors ensemble ils levèrent les yeux, ils virent l'oiseau voler, et ils furent heureux."
Derniers mots du Conte de Naëris.


Elle était née rose, surgissant des montagnes du bout du monde. Elle avait grandi, devenue flamme blanche incandescente et glorieuse. Elle avait vieilli, jaunissant paisiblement tandis que son cycle passait. Elle s'était couché, la grande étoile rouge, après avoir brillé tout le jour.

Avec générosité, elle avait distribué ses rayons au cours de la journée. Elle ne faisait pas de différence entre les bons et les méchants, elle brillait sur toute chose vivante en ce monde avec égalité, leur confiant le secret de la vie et la force. N'était-ce pas pour cela que bien des tribus sauvages l'adoraient? Ces peuples étaient encore enfants, et s'ils étaient parfois féroces et rustre, leur âme avait quelque chose de la simplicité de la jeunesse. Leur Déesse - ou leur Dieu, c'était la grande boule brillante qui éclairait le firmament, le globe merveilleux qui faisait fuir les fauves et caressait leurs corps nus d'une douce chaleur.

Le Soleil avait achevé sa course une fois encore. Et une fois encore il s'évanouissait derrière l'horizon.

Mourait-il à chaque fois, était-ce un nouveau soleil qui renaissait de l'autre côté du ciel? Ou le même disque brillant revenait-il chaque jour? Ils se ressemblaient tant ... tant et tant, qu'il y a même certains qui disent que le dieu solaire a un palais à chaque bout de la terre, derrière les Montagnes de l'Aube. Que chaque jour il voyage de nuit pour passer d'un palais à l'autre, et que c'est ainsi que sa chaleur réveille les Volcans. Cela, je n'y crois pas. Depuis que j'ai quitté la Cité des Anges, j'ai parcouru les routes et les déserts, et jamais je n'ai vu de Montagnes ni de Palais. J'ignore si le monde est une boule comme le croiaent certains sages, mais je sais qu'il est grand. Il continue sans cesse, sans fin, droit devant ...

Un pas léger ...


La femme-enfant vient de s'asseoir auprès de toi. Son corps a déjà déjà assez récupéré des blessures pour lui permettre de bouger. Une personne normale aurait eu des chances de ne jamais se réveiller, puis de passer des semaines sous un lit de souffrance. Ta magie y a contribué, mais sous son enveloppe fragile, il y a quelque chose d'extraordinairement robuste chez cette Halfling. Pourtant, imperceptiblement, tu soupires. Car l'expérience t'a appris que ce qui est extraordinaire n'est pas toujours heureux.

Plic.


Une goutte ... Ton regard ne se détache pas de l'horizon, et ne vient pas dévisager celle qui est tout près de toi. Une goutte tiède dans le silence, tu sais ce que cela veut dire. Dans l'air flotte une odeur infime, que seuls les sens d'un Aera peuvent sonder et comprendre. Ce n'est pas le sel de la mer qui donne cette sensation, mais un autre sel, celui qui vient des larmes. Pourquoi? Comment? Qu'importe ... les larmes sont le baume du coeur, celles qui coulent et emportent avec elles un peu de la joie ou un peu de la peine qui emplissent l'âme.

Pourtant, à présent, il faut dire quelque chose. Le silence est une belle chose, mais il prend tout son relief quand il est précédé ou suivi de mots. Mais parler de choses banales n'allège pas le chagrin, encore moins de poser des questions inutiles. Les anciens le savaient, et ils avaient aussi les paroles et les notes qui ne brisent pas le silence. Celles qui le font au contraire vibrer, l'emplissant de rêves et de visions qui sont douces, comme l'histoire de la Fée ou de l'Ourson contée à l'enfant fatigué.


"A cette minute, sur tout le pays"[/color] s'élève enfin la voix tranquille de l'ange, [color=white]"c'est l'heure où ceux qui voyagent s'arrêtent. Les feux brûlent, le pain et la viande réchauffent les membres. Dans certains tribus toutefois, les jeunes enfants mangent en guettant le ciel. Car les soirs comme celui-ci, où le soleil est rouge et le ciel complètement voilé, ils savent que si ils voient par chance une étoile scintiller entre deux nuages, ils ont le droit de se précipiter vers le cercle des hommes. Ceux-ci s'interrompront alors, et le plus vieux de tous fera semblant de bougonner dans sa barbe avant d'allumer sa pipe avec un petit sourire. Car ce sera l'Heure du Conte."

Archael se tait. Machinalement, tous deux ont levé la tête. La carapace de brumes est épaisse et lourde, encore visible aux lueurs du jour qui fuit. Elle ressemble à un énorme manteau qui recouvre le pays - et demain, il pleuvra à nouveau sur Elament.

Et pourtant, parfois, on dirait que le monde écoute ses enfants parler entre eux. Il voit leurs histoires d'enfants et parfois, se prête au jeu comme un père amusé. Là-haut, deux géants de vapeur se frôlent, deux cathédrales grises de nuages. Peut-être se produisit-il un tourbillon haut dans le ciel? Toujours est-il que pendant une seconde, la couverture se déchira - et derrière, il y avait le ciel. Une étoile scintillait dans ce carré de bleu sombre, tout petit, mais plus majestueux que les manteaux des empereurs. Elle était splendide, cette étoile ... un phare aux reflets bleu-verts, l'une des neuf étoiles les plus claires du ciel, au centre de la constellation du Diadème.

Elle lança son rayon stellaire pendant une seconde, comme une approbation bienveillante. Et tandis que la petite déchirure se refermait de nouveau, la voix d'Archael s'éleva à nouveau.


"Quand le monde était encore jeune, un royaume s'étendait loin vers le sud. Comme tous les royaumes des Eldar, il couvrait de vastes forêts, et des rivières sorties du pied de montagnes. Leur ville était haute et magnifique, autour de l'Arbre-Père qui la portait, et celui qui régnait se nommait Bergil. Il fut grand guerrier et grand roi, et son épée était invincible, car elle était faite d'une étoile tombée sur Terre. A sa mort, l'épée disparut et une nouvelle étoile naquit. On crut qu'elle était retournée dans le ciel - et c'est pourquoi on nomme cette étoile l'Etoile de Bergil."

La voix s'interrompt, et machinalement, on se tournerait volontiers vers l'Ange en attendant que l'histoire reprenne. Surprise : il a cessé de contempler la pleine. Silencieusement, il s'est tourné, s'adossant au chambranle de la porte, face à vous. Ses yeux de saphir vous regardent dans la pénombre du crépuscule ... mais déjà l'histoire reprend.

"Bien des légendes existent sur la sagesse de Bergil, mais d'autres ont été oubliées. Toujours est-il que quand il quitta ce monde, il laissait derrière lui deux enfants. Eos, l'aîné, était la gentillesse incarnée. Pourtant, quand les habitants l'acclamèrent comme Roi, il disparut la nuit suivante, laissant derrière lui son jeune frère et sa mère. Et à la Cité de l'Arbre, nul ne revit jamais Eos aux cheveux roux."

Le Conteur suspend à nouveau son histoire - mais le comte n'est pas terminé.

"Toi qui est une Igni, as-tu déjà entendu parler des Flamboyants?"


Dernière édition par le Mer 19 Déc 2007 - 10:26, édité 1 fois
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Tréaga
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyMar 20 Nov 2007 - 17:00

Dans cette étendue si sombre
Noircie au charbon
Je voudrais laisser aller mes larmes
Et les enfouir dans les ténèbres de la nuit


C’est un beau rêve, un songe merveilleux où les pensées s’égarent parfois. Elles s’y promènent et s’y entremêlent, dans une folie idyllique et ravissante, laissant éclater leur joie silencieuse dans tout ce brouillard grisâtre d’incertitude. Tendre incertitude de la naïveté nostalgique.

C’est une flamme qui se tortille, s’enroule sur elle-même. Un feu d’artifice qui explose en milliers de débris à qui chacun procure une extase à nulle autre pareille. Un instant fugace de bonheur à un point infini, qui souhaiterait durer pour l’éternité. Ce sentiment si réconfortant qui emplit l’être et ravit les peurs enfouies dans l’âme.

C’est ce qu’elle ressent là, maintenant. Cette sensation qui donne l’impression d’être enveloppé dans une couverture soyeuse et chaude, qui la rend si insouciante de l’avenir et même, de la seconde qui va suivre. Car pour elle, tout ne pourra que bien se passer. Il n’y a rien à redouter et tout à apprécier, pour cette enfant blottie contre celle qui l’a mise au monde.

Captivée, elle se laisse entraînée par cette voix douce qui écarte tous les dangers survenant lorsque l’astre lumineux n’est plus. Ses fins cheveux rosés prennent des teintes orange sous l’éclat du brasier placé au centre du cercle. Dans son esprit se mêlent la mélodie des flûtes traversières et des cithares, accompagnées des chants et des danses, et l’histoire, l’histoire si magnifique qui résonne à ses oreilles et dont elle vit chaque scène pleinement.

C’est son rêve. Ephémère.

Une larme glisse
Et tombe dans les flammes dansantes
Tout s’évapore
Restent les cendres


A travers ces deux ruisseaux qui coulent, si fins, sans retenue, et qui s’égarent dans le cou pâle à la lumière de la lune, on peut voir une infinité de points scintillants, lucioles dans la nuit qui maintenant à recouvert le monde de son velours noir, piqueté d’étoiles.

Puis, le monde s’endort. Alors, endormons-nous, nous aussi. Imaginons un instant que nous sommes pareils à cette enfant, et fermons les yeux, tout comme se referment ces deux pans de brume, dissimulant à tous les merveilles de la voûte céleste. Nous ne la contemplerons pas ce soir, alors nous l’imaginerons, et nous rêverons. Autant que cela nous est possible, car tout rêve a une fin.

Un à un, chacun se blottira dans son lit. Les plus petits seront bordés, les amoureux s’enlaceront, les solitaires serreront leur couverture contre eux. Nous, nous nous ferons silencieux. La mélodie du jour qui guide les voyageurs peu audacieux s’éteindra, car l’heure n’est plus au chant, mais à l’écoute.

Contemplons ces deux êtres qui se sont établis parmi nous cette nuit. Pour un soir, ils feront partis de notre univers. Demain, nous les auront oubliés. Contemplons-les donc, cet ange et cette halfling qui regardent le ciel. Ecoutons sa voix, et comme des enfants, laissons-nous bercer, pour mieux clore cette journée. Ainsi, plus un son ne résonnera dans la forêt Darke, car aucun enfant n’oserait troubler l’histoire qu’il a attendue si impatiemment. Enfants de la forêt et de la nature tout entière, nous écouterons jusqu’à la fin.

Imperceptiblement, elle s’est mise contre le mur de la cabane, y appuyant son corps affaibli afin de ne pas être dérangée par quelques douleurs passagères lors de l’écoute du conte. Ses bras reposent sagement près de son corps dont la tunique blanche laisse apparaître les jambes pendant dans le vide, les pieds nus appréciant la caresse du vent léger qui passe. Paupières légèrement closes, laissant entrevoir deux iris marron qui fixent un point invisible à tous, reprenant leurs réflexes d’autrefois.

Ne la voyez-vous pas, cette cité surplombant les terres de ce monde ? Entourée de montagnes verdoyantes, à ses pieds des serpents limpides d’eau pure et claire. Auréolée de soleil, elle baigne d’une lumière presque céleste, éclairant ses tours qui s’élèvent, majestueuses, droites vers le ciel d’un bleu azur. Et cet arbre millénaire, ne voyez-vous pas sa cime aux feuilles d’émeraude, son écorce vigoureuse qui n’est que plus belle face au temps qui passe ? Et ces remparts, ces habitants heureux de vivre, ces animaux dans les bois avoisinant ?

Elle, elle les voyait. Elle vit l’épée, arme invincible, signe de victoire dès qu’elle sortait de son fourreau, tant son aura laissait échapper par elle seule sa puissance. Elle vit l’étoile dans l’étendue d’encre, étincelante, symbole d’une vie accomplie avec gloire. Elle vit cet espoir de vaincre se perpétuant dans la descendance, assurée que la lumière ne faiblisse pas et couronne pour toujours cet endroit sans précédent, et tel qu’il n’y en aura jamais plus. Puis la chute. Le retour à l’obscurité et à l’incertitude, car la seule étincelle capable de perdurer a disparu.

Retour à la réalité


Sen rouvrit les yeux, se rendant compte du silence qui s’était à nouveau soudainement établit en ces lieux. L’espace d’une seconde, elle se demanda où elle était. Il lui avait semblé appartenir à un univers totalement différent quelques instants auparavant, un monde où elle n’avait plus été cette halfling que nous connaissons si bien, mais une simple présence qui avait ressenti en elle la détresse d’une ville à perdre l’héritier du trône.

Et alors, elle se souvint. Son visage se tourna vers le trône à qui jusqu’à présent elle n’avait offert que son profil. Ses yeux, encore brillant des larmes déversées, soutinrent sans ciller les deux saphirs reflétant la nuit autour d’eux, étoiles terrestres. L’intimidation de tout à l’heure s’était envolée, de même que toute gêne. Femme ou enfant, qui donc écoutait le récit ? Et vous ? Qu’obtiendriez-vous à le savoir ? Peu importe, si cela apaise l’âme et adoucit la douleur.

Nul animal nocturne ne laissait fuser son cri. L’halfling réfléchissait, se ressassant les mythes que ses géniteurs et proches lui avaient confié. Cela allait faire bientôt un an qu’elle avait découvert qu’elle maîtrisait le pouvoir du feu, elle se rendait à présent compte qu’elle n’avait jamais cherché à en savoir plus.

« Jamais. Je n’ai jamais entendu de récit se référant particulièrement aux ignis. »
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyMer 19 Déc 2007 - 10:24

HJ: raaaa c'est pourri ... excuse-moi Sen je n'arrive pas à retaper l'histoire comme je voulais, donc j'ai inventé un autre truc en remplacement. Je m'escrime sur ce post depuis plusieurs jours, donc finalement je poste cette version, ça évitera de te faire trop attendre ^^


Archael étendit le bras et ramena une longue tige de graminée. Une petite touffe de ces grandes herbacées avait poussé là, sur la plateforme, à plusieurs mètres de hauteur. Une graine poussée par le vent, un peu d'eau, un peu de soleil ... au fond, il faut si peu à la vie pour renaître. La faisant délicatement tourner en l'air, l'Ange poursuivit son récit.

"Les Flamboyants ..." murmura-t-il en fixant rêveusement la jeune fille, "sont des Ignis puissants naturellement. Mais s'ils n'ont pas suivi d'apprentissage, leurs pouvoirs échappent parfois à tout contrôle et se déclenchent sans raison. Des êtres parfaitement sains d'esprit, mais secoués parfois par des crises où ils n'arrivent plus à retenir leur magie. Alors, sans prévenir, tout autour d'eux se transforme en fournaise. Tel était Eos."

Un instant, Archael cligna des paupières. En fait, il existait des magiciens incontrôlables ailleurs que chez les Ignis. Mais ils étaient moins nombreux dans les autres eléments, à cause peut-être de la nature instable et destructrice du Feu. Certains venaient à Elament, où on leur apprenait à éviter ces éruptions aussi mortelles qu'imprévues. Ou au moins à les canaliser pour éviter de brûler tout ce qui les entourait. Mais en ces temps reculés, Elament n'était pas connue dans toutes les contrées ...

"Nul ne songea au cercle de cendres qui était apparu derrière le palais la veille, ni aux deux gardes qui avaient disparu. Seul Eos le savait. Horrifié par ce qu'il avait fait, il avait quitté le palais de nuit, renonçant définitivement à ses rêves de succéder à son père en tant que monarque juste et bon. Car toute personne s'approchant de lui risquait d'être prise dans l'une de ces crises aussi soudaines que mortelles. Le prince quitta la région et se mit à parcourir le monde. A partir de là, son histoire se perd et seuls des légendes subsistent."


Il y eut un silence que nul ne songea à briser. Même le vent s'était tu, laissant s'étendre sur le monde le grand silence précédant la pluie. Ce doux silence qui n'est pas l'athmosphère lourde et menaçante d'un début d'orage. Ni celui, cristallin et dénué de vie, qui préside au grand gel de l'hiver. Portant aux lèvres la tige fraîche, le Trône la mâchonnait sans hâte, les yeux fixés sur la forêt grise, comme s'il pesait ses mots. Soigneusement.


"Il y eut de nombreuses histoires ... car la vie est longue pour celui qui tente d'aider les gens et se heurte à chaque fois à l'impossible. Pourtant il y réussit parfois, guidant des égarés en montagne, créant des contre-feux de forêts ... tout cela sans contrôler du tout son pouvir. Il y eut d'autres fois où cela ne se passa pas aussi bien, car nombreux furent ceux qui périrent de ses flammes alors qu'il tentait de leur venir en aide, et une ville tout entière fut la proie des flammes par sa faute. Puis le temps passa encore, et tout prit fin ... on suppose que le Feu finit par l'emporter à son tour, mettant fin ainsi à son tourment. Pourtant ..."

Une première goutte de pluie tomba sur le bois à côté d'eux. Le ciel du soir était à présent complètement couvert de nuages gris - et à l'occident, le soleil avait cessé de jeter ses derniers rayons. Dans la pénombre qui précède la nuit, tranquillement, Archael ramena son regard bleu sur la jeune fille.

"Pourtant aujourd'hui, dans les légendes, il porte le nom d'Eos Ilùkasar, l'Etoile qui Guide et qui Réchauffe. Il n'est pas objet de crainte, mais on en parle comme d'un demi-dieu puissant et bienveillant. Car ce qui définit un être, ce sont ses actes. Les hommes se souviendront pas de ce que tu étais - mais de ce que tu auras fait."

La voix chaude se tut à nouveau, laissant place au bruit des goutelettes de plus en plus nombreuses. Dans la nuit tombante, au soir noyé de brume, ce bruit paraissait devenir une berceuse pour les enfants des dieux. Solidement construite avec tout l'art elfique, la cabane de bois ne laissait pas une goutte passer. C'était une maison étrange, toute seule au milieu de tout ce ris, île au centre du royame de la nuit ...
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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyMar 22 Jan 2008 - 17:37

[ Theme musical ]

Une petite étincelle au fond de tout
Qui s’embrase et s’amoncelle
Et au cœur de cet océan de lave
Une pluie fine et ardente


Dans ce minuscule monde cerné par les torrents de larmes du ciel se trouvait une sphère inconnue de tous, si fragile qu’elle aurait pu être brisée très aisément, mais sa force résidait en l’endroit où elle était cachée. Dans son cœur, un tambour qui battait une de ces danses incontrôlables et irréelles, dans ses creux et ses flammes, un nuageux brouillard gorgé de regrets et de joies où l’on peut y admirer des tourbillons aux mille et une couleurs qui s’y reflètent. Il la prend dans ses bras, elle rit avant d’être reposée à terre et courir, laissant la douce fraîcheur de l’humus suivre la courbe de ses plantes de pieds. Elle se souvient de plein de choses. Des fêtes où les ancêtres contaient des récits oubliés, des chants et des pirouettes autour du brasier. De la rancune lorsque l’on est puni pour la première fois et de la rage enfantine et pourtant grande… Si grande… Tout s’entremêle en pas de chat et valse endiablés, elle ne peut plus rien contrôler, alors elle sombre entre les langues flamboyantes et brûlantes de douleur. Il n’est plus que fracas et chaos dans son univers. Eux, ils ont disparu à jamais, lui il ne sera plus jamais à ses côtés, et elle, elle a mal, tellement mal… Est-elle là, au centre de cet incendie si dévastateur ? Oh oui…

Il y a bien peu de choses qui comptent pour ceux dont la vie n’a plus de sens et ne se résume qu’à quelques mots. Perte. C’était sournois et malsain, des images décrivant une ronde provocante et une comptine écœurante tout autour de l’esprit, des voix qui résonnaient aux oreilles, minces filets de voix qui entouraient ce qui restait de nous et le serrait jusqu’à l’étouffer, pour mieux l’en priver. Douleur. Et ça serrait, ça serrait, ça la griffait et l’égratignait, s’incrustant dans sa chaire afin d’y apposer des marques indélébiles, même face au temps, le meilleur des remèdes disait-on. Désespoir. Enfin, ça sortait. Puissant, invincible, invulnérable… Tout ce qu’il lui fallait en cet instant. Quelque chose d’effrayant et de sans pitié. Quelque chose que l’on appelait la haine et dont elle apprit les leçons par pur instinct, remontant de quelques années où la pureté et l’innocence étaient encore naturelles pour elle. Les décombres flambaient encore, perçant les derniers remparts qui auraient pu faire tenir la demeure, s’y incrustant pour dénoter la faille et savourer l’écroulement du bois mêlé au sang et à la pourriture des démons déjà morts. Quand tout s’efface et se délasse, il n’y a que la vengeance pour encore tout anéantir et prétendre ne plus jamais souffrir. Car comment souffrir quand il n’y a plus rien à vous enlever ?

Et elle, ici bas, avec vous et moi, se trouvait bien misérable, frissonnante sous le vent régnant en ces bois, sa petite sphère glacée battant dans sa poitrine, tentant de la réchauffer. Ai-je été fautive ? Moi qui ait tout détruit pour venger celui qui m’était le plus cher au monde… Pourquoi se faire du mal quand le destin vous en cause déjà ? Et lui, là-bas, dans cette ancienne légende, ne s’en voulait-il pas autant ? Sommes-nous si méprisables d’apporter l’enfer avec nous ? Quelle pitié… Elle le voyait, au creux de cette cage imposée par lui-même, avec les ténèbres et la flèche transperçant à chaque moment son cœur pour seule compagnie. Eos, ainsi es tu mort, rayé des mémoires et des registres royaux, quelque part en ces lieux que toi seul connaitras jamais. Pourtant, pour que cette histoire soit encore transmise de nos jours, il a bien fallu que dans cet étang obscur une fleur soit recueillie et ressuscitée, qui donc s’est souvenu de celui qui avait dédié son existence aux autres tout en sachant qu’il leur offrait sur le même plateau le malheur ? Sais-tu aujourd’hui que tu brilles dans les cieux auprès de ceux que l’on vénère ? Sais-tu qu’une seule personne parmi cet amas d’êtres a prié pour toi et pour que la reconnaissance te soit offerte ?

Sont-ce là tes larmes célestes
Qui nous parviennent
En le plus humble et merveilleux des merci
J’espère…


Merci… Merci… Merci… Ca chantonnait doucement, presque en murmure dans ses yeux qui contemplait rêveusement la pluie dans laquelle baignaient les pieds des arbres depuis maintenant quelques minutes. Ca s’y déversait et ça inondait tout, ce merci si insignifiant dans toute sa simplicité. Dans le paysage maintenant indéchiffrable aux formes diverses et changeante sous le mistral, elle se laissait aller dans cette tendre inconstance qui lui était propre, dérivant entre ici et ailleurs. Ici, elle était avec ce Trône, là, elle était avec un démon. Lui de blanc et l’autre de pourpre. Ici, reposée et repentante, là, ivre de rage et de sang. Elle avait fait couler le liquide de vie pour entraîner la mort, elle avait souhaité celle-ci, elle avait été meurtrière… Mais était-ce là le plus important, ce pour quoi elle était vouée, commettre des meurtres pour mieux combler le besoin de sa présence à lui ? Sa vision tanguait entre les coups qui fusaient de toute part et l’homme réfugié dans les lointaines contrées, tendant la main à tous ceux qui en avaient besoin, passant par cet instant de sérénité où le silence de la forêt s’installait peu à peu… Tue et déchire. Tends la main. Je voulais juste trouver un sens à mon existence… Mais pas dans la mort et les ténèbres. Non, ça je ne voulais pas. Tue et déchire. Tends la main.

Tends la main… Sur le long chemin qui menait à la sagesse qu’elle convoitait, elle avait toujours cru l’acquérir en s’écartant, car être possédée par une entité maléfique semant la dévastation ne pouvait qu’apporter de grands désespoirs autour d’elle. Elle n’avait pas voulu d’un second incendie provoqué par elle-même. Cependant, fuir, c’était lâche, et elle s’était détestée pour cela. Je voulais juste trouver un sens à mon existence… Alors, cela avait été plus facile de prendre les armes et de tailler dans le vif, de trancher la chaire, même si cela était répugnant, mais au fond, il y avait cette voix, cette rengaine cruelle et imparable. Il sera toujours là, n’est-ce pas ? Tapi au fond de ses peurs les plus inavouables, car il en était la principal, prêt à sauter sur la première occasion. A cause de cela, elle ne pourrait jamais vaincre et ne serait jamais vaillante comme elle l’aspirait. Ses espoirs flanchaient et s’engouffraient dans un tunnel sans fin sitôt qu’elle se relevait. C’était de la pure vengeance, de les tuer tous, tous ces démons sur le champ de la bataille. Non, c’est faux, je sauvais la Cité en faisant cela… Qu’était-ce ? Et, après tout, est-ce vraiment là le fond du problème ?

L’halfling aux cheveux roses se rendait à présent compte que non, tandis qu’elle l’observait, courbé sous le poids d’un fardeau. Vrai, il n’aurait pu y échapper, mais il avait tenté de s’en délivrer en se rachetant. Et toi, Sen, comment comptes-tu te racheter ? As-tu utilisé la bonne méthode ? Pourquoi es-tu là, les yeux dans le vague, blessée et avec plus qu’une maigre force au fond de toi ? Hein, Sen ? Dis… Pour me racheter ? Et bien…

Tends la main… Oui, c’était seulement cela qu’elle avait espéré, c’était juste de cela dont elle avait besoin. Quand ses rêves s’écroulaient et qu’elle tombait, c’était l’unique chose à laquelle elle aspirait. Qu’on l’aide à se relever. Pour ne plus jamais tomber… Et pour cela… Ce n’était pas la vengeance le plus important, ou même le fait qu’il soit là, souillure incrustée dans son corps. Non, ce n’était vraiment pas ça… Et elle le réalisait, assise là, bien insignifiante dans ce vaste univers dans lequel elle venait pourtant de changer… Ou d’avancer tout du moins, trempant encore une fois de ses larmes le bois de la cabane.


« Dans cent ans… Comment parlera-t-on de nous ? »

Et elle lève son regard vers la brume du ciel, tant la perspective du futur l’effraie encore dans sa tendre jeunesse. Les mains reposées sur le plancher et les jambes étendues dans le vide, elle murmure, mais étrangement sa voix résonne comme à travers une église.


« Elament même, sera-t-elle toujours là ? »

Là aussi, elle laisse un silence passer, tellement cette idée est tout autant effrayante et réveille une détresse inconnue au fond d’elle-même.

« Comment parlera-t-on de Sen Chizu ? De celle qui tenta d’entraver le démon Raziel ? Ou de la possédée qui fut assez folle pour risquer une telle chose ? »


Son échine se courbe comme sous le poids d’un fardeau invisible, se penchant vers le vide infini sous eux, semblant vouloir s’y plonger pour y découvrir le sommeil éternel et salvateur.

« Pourtant… »

Les fins doigts se crispent, se repliant contre la paume blanche et enfonçant leurs ongles.

« Pourtant, si je dois être jugée sur ce que j’ai fait, et non sur ce que j’étais, ou ce qui résidait en moi… Cela ne me dérange pas… »

Hésitant, elle risque un nouveau coup d’œil au ciel, comme pour méditer ces pensées nouvelles, timidement les effleurer, semblables à un espoir qui prend forme dans la petite sphère.

« Peu importe ce que l’on dira… Car si c’est ainsi que ça doit être… »


Puis, son corps chétif se repose maladroitement contre la cabane.

« Alors je veux les pourchasser. Tous. Mais pas pour moi. »

Les yeux couleur de châtaigne s’animent d’une énergie propre et nouvelle, et aux confins des prunelles de l’igni brille une flamme revigorée, ou qui vient juste de s’éveiller.

« Pour que dans cent ans, Elament soit encore debout et puissante, je veux me dresser sur le chemin de tous les démons qui se présenteront à elle. »

Sa voix devient ferme, malgré les tons hésitants qu’elle prend, elle-même semblant ne pas croire à ce qu’elle affirme, pourtant elle voudrait croire. Elle voudrait croire que ce n’est pas qu’un vœu jeté au gré du vent. Elle voudrait que cela soit possible, que tout soit possible. Ici, et maintenant.

« Même si je suis oubliée dans les mémoires, je veux aider tous ceux qui y résident et qui y vivront dans les générations à venir. Malgré ce que je porte en moi, si ma nature a si peu d’importance, alors c’est ce que je veux. Donner un sens à mon existence. »

La paisible symphonie de la pluie se déverse impassiblement entre les branchages, formant un rideau transparent entre eux et le reste du monde dont ils sont coupés. Dans cette brèche de l’espace temps où chaque seconde dure une éternité rien que pour eux, ils écoutent cette eau qui tombe encore et encore. Elle s’y abandonne et ferme les yeux, appréciant chaque note à son oreille, un paisible sourire s’étend sur son visage tandis que cette minute coupée du monde une chasseuse de démons nait d’un des rêves d’une petite fille. Cette dernière, entièrement vouée aux cascades de la voûte céleste, sent chaque infime gouttelette s’écraser au sol, provoquant un léger pique à son âme, suivi d’un ravissement singulier. Ca fait du bien et ça fait mal, cette détermination surgi des profondeurs de son cœur. Elle se dit qu’elle pourrait rouvrir les yeux pour remercier encore une fois l’ange, puis se rappelle qu’elle n’a rien appris de lui… Avant d’arriver dans un endroit rempli de fantastique et de merveilleux où il est si bon de se réfugier.

« C'est ainsi que je veux vivre... »

Et dans les pénombres des feuilles et des gouttes, une chouette hullule
Pour mieux bercer cette enfant femme
Ou peut-être pour parler à sa place
Et dire ce fameux : merci




[ Merci beaucoup pour ce rp Poulay-san, c'était magnifique =D ! ]
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Archael
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Nombre de messages : 1508
Âge : 39
Race : Ange (Trône)
Poste : Ex-Professeur; Bibliothécaire
Magie Contrôlée : Air

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MessageAu pied d'un arbre... { Privé Archael } EmptyMar 11 Mar 2008 - 15:24

Dans cent ans ...

Dans l'ombre, un sourire un peu triste étira les lèvres de l'Ange. Dans cent ans, bien des choses auraient changé, car tout ce qui naissait en ce monde était destiné à avoir une fin. Toutefois, Elament serait encore là sans doute, puisant dans le courage et la foi de ses habitants une goutte d'éternité. Otulin s'effacerait encore un peu plus aux confins du ciel, en route pour son voyage sans retour. Les Démons hanteraient encore la nuit, messagers de la facette sombre de l'univers. Viendraient cent ans, et mille ans, et mille encore ...

Mais désormais, l'avenir appartenait aux peuples plus jeunes. Les Halflings, les Hobbits, les Etres de la Forêts, les Petits Peuples - et peut-être cette race mystérieuse qu'on nommait les Hommes. En cette heure, Archael sentait plus profondément que jamais à quelle point sa race s'était déjà fondue dans l'histoire. Encore quelque temps - quelques siècles des mortels, puis Otulin disparaîtrait à jamais dans le ciel, quittant définitivement la réalité pur la légende. Alors tous devraient faire leur choix, entre accepter de quitter ce monde, comme s'effacent les souvenirs d'une époque révolue. Ou bien de rester, de partager le destin d'Elament et des peuples de Terra, et abandonner à jamais la Cité qu'ils avaient aimée. Ce temps approchait, et chaque ange le sentait au fond de son être.

Mais ici et maintenant, un autre enfant du Destin devait faire son choix. Et si celui qu'elle avait décidé était différent du Choix des Anges, il n'en était pas moins étrange, douloureux et périlleux. De ce destin qu'elle s'était fixé, elle devrait suivre le fil d'or au milieu de miille dédales de futurs catastrophiques. Mais tel était le Don et le trésor des peuples jeunes, cette espérance qui brillait en leurs coeurs et les rendait maîtres du destin lui-même.


"Et ainsi tu vivras." conclut seulement l'Ange.

Et quelque part dans la forêt Darke, un long cri de chouette scelle leur tacite promesse ...

Archael se lève. Ses deux ailes de lumière frémissent. Puis, comme deux grandes voiles irréelles, elles se déploient silencieusement, baignées d'argent. Un instrant, il reste là, en équilibre sur le rebord, tout son corps livré au souffle d'air et à la pluie. Qu'importe ce soir les larmes du ciel : le vent s'est levé, et fait ondoyer les rafales. Pluie de printemps, pluie froide et pourtant douce ... quel mystérieux murmure peut bien s'y faire entendre, assez suave pour effacer des yeux de l'Ange cette petite fêlure si légère et si profonde?

Le voilà qui se retourne, haute silhouette sur le ciel bleu nuit, auréaolée de sa pâle clarté. Comment tout en lui peut-il paraître aussi léger que le vent, aussi impalpable qu'un souffle d'air? A peine sent-on ses bras vous entourer, comme une étreinte fraternelle, protectrice. A peine sent-on le sol s'éloigner doucement, dans un léger balancement. Une rafale mouillées fouette le visage, puis la vitesse augmente, et comme un puissant oiseau, s'envolent l'Ange et son précieux fardeau!

Crevant l'infini du coton blanc, tous deux jaillissent soudain au-dessus des nuages, baignés de lumière d'argent. Point de Démons en chasse ce soir - la Bataille et son souvenir sont encore trop vivaces, même pour eux. Cette nuit est un rêve tissé d'étoiles et de vent, poudré de rayons de lune. Quelque chose de la Grande Paix du ciel emplit doucement l'âme. La main du Trône effleure vos paupières, comme pour les fermer, mais déjà le sommeil vous a emportée.

Alors la vieille lune
Pencha sa tête ronde
Afin de contempler
L'Ange-Blanc qui passait,
Et contre lui lovée,
L'Enfant-Feu qui dormait ...



~~ TOPIC CLOS ~~



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