Marche au Crépuscule*libre, libre, libre, archi-libre*[fini]

Le Cimetière, décida Thyrim, était tout bonnement effrayant.
Les tombes, pour la plupart sales, mal entretenues, recouvertes de boue ou de mousse -ou des deux-, parfois brisées, sétendaient autour de lui, dans un désordre chaotique, innombrables, tels un champ macabre laissé à l'abandon.
Le lieu était caressé par les froids rayons d'un soleil déclinant, illuminant l'horizon de pâles clartés, étouffées par la marée de nuages au-dessous de sa tête. Lesdits nuages, par ailleurs, rendaient l'air étouffant, chargé d'humidité, orageux... Il n'allait probablement pas tarder à pleuvoir.
Un frisson parcourut l'échine du jeune Démon. Pourquoi était-il venu, déjà? Ah, oui, c'est vrai, il s'ennuyait à mourir... Alors, quand il s'était souvenu des quelques récits qu'on lui avait fait du Cimetière, il se dit qu'il allait voir de lui-même s'il méritait l'attention qu'on lui portait et les récits qu'on faisait de lui.
Première déconvenue -enfin, si l'on peut dire...-, il n'y avait pas de créatures monstrueuses prêtes à lui sauter à la gorge près du portail. Cela dit, il s'en passait fort bien...
Seconde déception, il n'y avait pas de chemin tortueux serpentant entre les tombes, s'étendant si loin qu'on le voyait s'éloigner à l'horizon -il n'y avait pas de chemin du tout.
Il avait connu quelques heures d'allégresses et d'occupation, mais, maintenant qu'il s'y trouvait, qu'il avait bien contemplé le paysage et le lieu, il se demanda quoi faire. Il ne pouvait pas -ou plus exactement, il ne voulait pas- rebrousser chemin, en pleine nuit, pour retrouver son ennui et son oisiveté, mais rester là lui fasait froid dans le dos.
Il hésita un moment, debout sur le caveau, et, finalement, se décida à passer la nuit là -vous l'aurez aisément compris, ce fut son côté paresseux qui parla, si jamais il en avait jamais eu un autre...
D'un bond agile, il sauta à terre, déploya ses ailes pour amortir sa chute, et sautillant de tombes en tombes, s'arrêtant pour contempler certaines qui lui paraissaient étrange.
Soudain, alors qu'il lisait les inscriptions gravées sur l'une d'elle -"Ne reviens jamais sur cette terre! Je t'en empêcherais, même si pour cela je dois rester assise là, à surveiller ta tombe, jusqu'à la fin de mes jours!"-, il sentit une présence. Ou, plus exactement, il sentit l'esprit, les sentiments d'une présence. ça n'était ni un animal, ni un monstre.
C'était une personne. De quelle Race? Il l'ignorait, pas plus qu'il ne savait si c'était un ennemi, ou un ami -ou en tout cas quelqu'un qui n'en veuille pas à ses jours.
Il resta figé, crispé un moment, hésitant à demander à l'autre de se présenter -ce qui lui semblait stupide, un peu trop elamentien à son goût-, à continuer comme si de rien était ou à prendre purement et simplement la suite.
Mais, la curiosité prit le dessus. Il sauta lestement sur la pierre qui portait les inscriptions qu'il venait de déchiffrer, et regarda autour de lui.

- Montrez-vous, s'il vous plaît!

Il eut un sourire ironique, à sa propre attention. Voilà qu'il se mettait à parler comme un de ces petits Elfes d'Elament...

Edhelorn ne s'attendait pas à ce que quelqu'un aille au cimetière en cette heure tardive, c'était d'ailleurs pour cette raison qu'il avait décidé de s'y rendre à ce moment. Visiblement sa théorie s'avérait fausse, un sentiment d'agacement profond pointa le museau dans l'esprit de l'elfe, mécontent d'avoir été interrompu en pleine recherche. Rangeant sa loupe dans son sac puis refermant celui-ci, Edhelorn se redressa des fougères où il était en train de farfouiller et se tint debout, immobile, dans l'obscurité tombante. Lissant inutilement sa robe de médecin, il jeta un coup d'œil autour de lui afin de savoir qui avait parler.
Il ne voyait personne autour de lui, chose étonnante en soi puisqu'il lui semblait réellement avoir entendu quelqu'un. Rien, juste quelques tombes, parfois décorées de statues assez moches, le bon goût n'était pas toujours de mise lorsqu'on se faisait mettre en bière. Toujours est-il qu'à première vu il ne voyait personne.

Edhelorn sortit du fourrée, et fit quelques pas dans l'herbe fraîche. Voilà qu'il se mettait à entendre des voix, il savait bien qu'il ne devait pas lui-même tester ses mixtures ! Mais trouver du petit personnels adéquate pour ça était dur, surtout qu'il fallait généralement les appâter avec de l'argent. Tsss, ces pauvres, aucune conscience du progrès auquel ils avaient l'insigne honneur de participer ! C'était à désespéré.

Bon, soyons logique, se dit Edhelorn en cherchant à tâtons dans une de ses nombreuses poches une paire de lorgnon qu'il posa sur son nez. Techniquement rien de ce qu'il n'avait ingéré n'aurait suffit à lui provoquer des hallucinations, techniquement se disait-il bien, ses potions expérimentales ayant parfois tendances à avoir des effets étranges. Un effet à long terme ? Il faudrait qu'il note ça dans son carnet. Satané obscurité ! Où donc l'avait-il ranger ?
Soudain, alors que l'elfe longiligne se battait avec une sacoche récalcitrante à s'ouvrir, son regard accrocha une forme perchée sur une tombe qu'il avait prit jusqu'à présent pour une statue dans les ombres. Un genre de bestiole ailé. Peste ! Sur quoi était-il donc tombé ? Il était venu chercher une variété de champignon assez rare dont il pensait pouvoir tirer quelques résultats intéressants et il fallait qu'il tombe sur... sur il ne savait pas trop quoi au juste.

Hum, commenta Edhelorn avec pragmatisme. Ce n'était peut-être pas à lui que s'adressait la créature, une gargouille peut-être, ou une harpie nécrophage, ou encore un avariel morbide, quoi que...
La créature attendait peut-être un rendez-vous secret, le cadre du cimetière s'y prêtait bien en soi. Il mettait peut-être les pieds dans les affaires d'une secte maléfique avec tout les rituels pompeux et scabreux qui s'y prêtaient. Le mieux était d'aller voir en fait.

Edhelorn remit ses lorgnon en poche, trouvant se faisant enfin son carnet dans une poche annexe et se dirigea à grand pas vers la tombe. Après tout, peut-être pouvait-il apprendre des choses sur la créature, créature qui, maintenant qu'au fur et à mesure qu'il s'approchait, voyait mieux, était un démon. Ah...

Plutôt jeune apparemment, Edhelorn Sackarith s'arrêta en face du démon ailé et se gratta pensivement le crâne.

Excusez-moi, c'est à moi que vous parliez ?

Il jeta rapidement un coup d'œil autour de lui, vérifiant que le gamin n'avait écrabouillé en se perchant sur la tombe quelques spécimens de champignons qu'il recherchait. Ces jeunes, aucun respect pour la recherche... A première vue rien, Edhelorn reporta son regard vers les yeux rouges du démon.

Thyrim s'était attendu à tomber nez-à-nez avec un Vampire, une Goule, peut-être bien un Dragon nain, ou un Troll dégénéré, mais sûrement pas avec ça.
C'était un Elfe -selon toutes probabilités, au vu de ses oreilles pointus-, vêtu d'une sorte de blouse, qui farfouillait dans les fougères, une loupe à la main. Loupe qu'il rangea dans sa sacoche lorsqu'il se redressa. Il émanait de lui, outre une irritation fort compréhensible -personne n'aimait être dérangé en pleine occupation, qui devait être fort constructive et passionnante, au demeurant-, une aura... de différence...
Oui... Différent, c'était le mot. Peut-être une légère folie, aussi...
L'étrange personnage regardait autour de lui et semblait ne pas l'avoir repéré... Finalement, il sortit ce qui s'avéra être une paire de lunettes, qu'il posa sur son nez.
Décidemment, les Elfes n'avaient pas fini de l'étonner... Lui qui les prenait pour des bêtes sanguinaires, sans cerveau -et, en plus, comme si ça ne suffisait pas, ils étaient dôtés d'un goût artistique des plus déplorables-, il découvrait qu'il s'agissait en vérité d'êtres singuliers, aux multiples facettes... Et fous. Irrémédiablement fous. Oh, certes, ça n'était pas cette démence, cette rage monstrueuse et terrifiante, mais une sorte de douce folie, d'étrangeté.
Alors que l'Elfe se battait farouchement avec sa sacoche, il sembla qu'il vit enfin le jeune Démon. En effet, il cessa de gigoter, ôta ses -soit dit en passant, affreuses- lunettes, et s'approcha de lui.
Il s'arrêta à quelques pas, ce qui rassura Thyrim, ne tenant pas spécialement à ce que cet individu à l'air légèrement dérangé ne s'approche trop de lui.

- Excusez-moi, c'est à moi que vous parliez ?

L'adolescent haussa les sourcils, l'air légèrement méprisant.

- Vous voyez quelqu'un d'autre ici?

Mépris, indignation...
Le jeune Démon ne savait pas trop à quoi pensait son vis-à-vis, mais ça ne devait pas être très flatteur... Ni très intéressant, c'était un Elfe, après tout, un "abruti en collant, qui mangeait des fleurs" -je tiens à préciser que les opinions de mon personnage ne sont en aucun cas les miennes.
Son regard descendit vers le sac de son interlocuteur. C'était une banale sacoche, sans aucun doute pleine de secrets... En tout cas, d'objets divers et variés, bizarres -à l'image de leur propriétaire-, inattendus...
Sa curiosité le perdrait -si ce n'était pas elle, ce seraient son ironie et son sarcasme perpétuels-, il le savait, mais il ne pouvait pas résister à son appel.
Seulement, là, il aurait du mal à découvrir ce qu'il voulait savoir... A moins qu'il ne se batte avec l'Elfe, ce qui n'était certes pas dans ses intentions immédiates -surtout au vu de ses capacités au combat.

- Il y a une question que je me pose, vois-tu (Le Démon opta pour un tutoiement moins conventionnel, et plus grossier: c'était un Elfe)... Que fait un Elfe si loin d'Elament? Et, plus intéressant, que fait un Elamentien dans un Cimetière à la tombée de la nuit?

Il ponctua ses interrogations d'un sourire inquiétant, peu convaincant lorsque l'on connaissait ses véritables capacités martiales. Mais son vis-à-vis n'était pas sensé connaître ses dons -ou, plus exactement, son absence de don- pour le combat... Alors, autant s'amuser un peu, non?

Le fait d'être tombé sur un démon n'était déjà en soi pas très joyeux. Il y avait eu paraît-il une assez grosse guerre contre les démons récemment, et £lament semblait encore s'en remettre. Difficile de dire de quel allégeance celui-là pouvait être, mais en soi Edhelorn s'en fichait pas mal. Non, ce qui l'avait surtout fait tiquer était le manque de distinction et de politesse de son interlocuteur. Il était déjà tombé sur des individus grossiers, parfois même des collègues un peu limités exprimant leur opinion sur ses recherches de manière déplacé, bande de vieux débris rétrogrades, mais surtout des paysans également un peu limités qui voyaient d'un mauvais œil un type qui sortait un peu de leur ordinaire crasseux et primaire. Les gens étaient si peu futés...

En l'occurrence ça n'avait pas grand rapport. Edhelorn était peut-être un médecin diplômé de l'académie de science et magie d’Elb’esariss, il se doutait que le démon n'en savait rien, et qui puis-est même si l'avait su n'aurait pas changer son attitude. Autant faire mauvaise fortune bon cœur, après tout il n'avait que très peu souvent eu l'occasion de converser avec un démon. Il n'allait pas se formaliser pour son manque de politesse, du moins pour l'instant. Il constata plus qu'il ne vit le sourire menaçant du démon et commença à échafauder mentalement plusieurs théories sur les intentions de la créature et autres choses du même genre allant jusqu'à supposer ses besoin financiers et sa propension à accepter de participer à une expérience scientifique. Fort peu probable.
Zut.

Non, c'est vrai, commença l'elfe distraitement pour ouvrir le dialogue, pour vos deux premières questions. Il n'y a apriori personne d'autres ici en excluant les individus froids et morts, et il n'est pas courant de voir un elfe ici.

Edhelorn marqua une pause pour reprendre sa respiration. Il lui vint en tête qu'il n'avait peut-être pas besoin de répondre à toutes les questions du démon, mais il ignorait comment pouvait-il le prendre. Autant être prudent pour le moment.

Pour tout dire je suis un scientifique, j'étais venu ici pour chercher une certaine espèce de champignon qui pousse sous l'effet des gaz de putréfactions des morts mit sous terre. Je pensais pouvoir en tirer quelques conclusions assez intéressante et faire progresser mes recherches mais jusqu'à présent je n'ai rien trouvé de bien convainquant...

Sa voix mourut tandis que le ciel continuait de s'assombrir. Il était vrai qu'il était un peu étrange de venir ici à une heure où toute sortes de bestioles pouvaient débarquer. Bah, pour l'instant il s'en était toujours bien sortit.
Il revint vers le démon et épousseta un peu sa tunique, faisant cliqueter les différentes fioles et autres instruments de travail que contenaient ses nombreuses poches. Peut-être se devait-il de demander au démon les raisons de sa présence ici. Après tout, il était davantage dans son milieux que lui, et il savait peut-être où il pouvait trouver ce qu'il cherchait.

Mmm, et vous ? Vous habitez dans la région ?

Ainsi, l'Elfe était un scientifique -ce qui expliquait la blouse. Et il cherchait un champignon.
Thyrim ne devait vraiment pas être doué pour impressionner ou effrayer les gens... A moins que ce ne soit les gens qui étaient trop incultes, stupides ou fous -ou les trois en même temps- pour avoir peur.
Avec un soupir déçu, il bondit lestement à terre, à quelques mètres de son interlocuteur -avec ces mangeurs de salade, on ne savait jamais.

- Mmm, et vous ? Vous habitez dans la région ?

Le jeune Démon se retint à grand peine de porter une main exaspérée à son front. Cet Elfe semblait n'avoir aucun sens des réalités. Pourquoi il pensait cela? Oh, et bien, il paraissait trouver normal qu'il converse avec un Démon -qui devrait en principe être son ennemi mortel-, en pleine nuit, dans un Cimetière. Comment sinon interprêter sa question -une simple question de politesse, comme s'ils parlaient de la pluie et du beau temps.

- Pas vraiment, non... Je m'ennuyais, alors je suis venu ici pour m'amuser un peu...

Il baissa les bras mentalement. Cet Elfe paraissait trop fou -ou stupide- pour être effrayé par ses quelques sous-entendus -mensongers, au demeurant.
Passant une main dans ses cheveux, il s'aperçut que quelques noeuds s'étaient formés, sans doute à cause de cette brise tenace qui éventée le lieu depuis le milieu du rouge.
Irrité, il sortit son peigne d'ivoire de sa poche, et entreprit de démêler soigneusement sa chevelure blanche.

- Tu cherche un champignon, donc... Pourquoi être venu à la tombée de la nuit? Tu ne dois rien voir. C'était vraiment stupide de ta part... Pas étonnant de la part d'un Elfe, évidemment, mais stupide...

Il secoua un moment son peigne, comme pour souligner ses propos.

- Et puis, pourquoi faire tant de tapage pour un simple champignon? Il a quoi de spécial? Des capacités hallucinogènes? Un bon goût à la poile? Des spores mortels?

Ses propres paroles étonnèrent l'adolescent. Pourquoi donc posait-il toutes ces questions? Certes il était curieux, et oui, c'était vrai, il s'ennuyait à mourir, mais... Bon, admettons, c'était peut-être des raisons suffisantes pour s'intéresser au cas de cet Elfe, qui pourrait, éventuellement, se révèler amusant -il est toujours plus drôle d'avoir un partenaire pour les joutes verbales.

Vous-vous amusez dans les cimetières ? Mmm-mmm, se dit Edhelorn en se posant quelques questions sur la stabilité mental et les penchants malsains du jeune démon. On lui avait toujours dit de se méfier des démons.

Edhelorn n'avait jamais prêté beaucoup d'intérêt aux inimitié de son espèce par rapports à d'autres êtres, et le démon en question semblait bien jeune. converser avec avec lui ne le dérangeait donc pas outre mesure si on excluait bien sûr l'interruption de ses recherches et le fait qu'il sentait que ce jeune impertinent se moquait de lui. Il fallait dire qu'à priori, à moins d'être un rusé changeforme, le démon ne semblait pas agressif. Taquin tout au plus, mais qui savait ce qui se cachait derrière ses jeux ?

Toutefois ce n'est pas le risque ou le danger qui fit réagir l'elfe, mais plutôt le manque de connaissances de la créature pour quelqu'un, ou quelque chose, qui prétendait prendre les elfes de haut. Sans doute avait-il ses raisons de mépriser les elfes, malgré son ignorance, mais à vrai dire Edhelorn s'en fichait pas mal au fond.

Non, pas vraiment non, voyez-vous les elfes Noldor voient dans le noir...

Mais là n'était pas l'important, le démon avait abordé le thème du champignon. Même si il n'était de toute évidence pas résident de la région, le médecin elfe pouvait peut-être tirer quelque chose de lui. Vu les piques et boutades que le jeune démon lui lançait il était fort possible que celui-ci ne disait pas tout ou lui mentait effrontément pour "s'amuser" comme il le disait.

La Lépiote brune des tertres est une plante assez rare puisque ne poussant que là où pourrissent des cadavres sous terre sous condition d'une certaine nature du sol. Elle se gorge étrangement d'ammoniaque et secrète une quantité dangereuse de muscarine. Elle m'intéresse car il semblerait qu'elle possède des propriétés assez intéressante lorsqu'on mélange ses spores à certaines substances...

Edhelorn se tut pour considérer son interlocuteur. Une fois au sol celui-ci était beaucoup plus petit. Le moment n'était peut-être pas venue de faire des cours sur la confection de potions expérimentales. En tout cas vu la manière dont le démon se peignait cela ne semblait pas l'intéresser outre-mesure de toute façon.

Donc en gros il est violemment toxique. Si vous en trouvez un, évitez de vous jeter au sol pour l'engloutir voracement.Je ne sais pas quels peuvent être ses effets sur les démons mais un coup d'épée dans le cœur serait plus rapide et moins douloureux si vous voulez en finir.

Edhelorn marqua une nouvelle pause et jeta un coup d'œil désintéressé à l'épitaphe de la tombe où s'était perché le démon. Ah ? Un épitaphe haineux, intéressant et peu courant ça.

Se faisant vous faites ce que vous voulez de votre vie, j'ose espérer que je vous "amuse" suffisamment ? Dans ce cas ou dans le cas contraire, peu importe à vrai dire, avez-vous déjà vu cette lépiote par ici ou non ?

Voyons voir si lui-même jetait des piques comment le démon réagirait-il.

Thyrim sentit une vague -très vague- curiosité qui n'émanait pas de lui. Ah... L'Elfe se posait des questions... Sur quoi? Il n'en avait aucune idée. Peut-être sur la façon dont il obtenait un tel éclat dans ses mèches fines et entretenues. Peut-être pas.
Son interlocuteur sembla enfin s'animait un peu, il s'empressa de rectifier les dires assez inexactes de l'adolescent. En effet, les Elfes Nol-quelque chose étaient nictalopes. Merci beaucoup, ça l'avançait grandement.

- Intéressant... ça doit être pratique pour lire, la nuit, répliqua-t-il en levant les yeux au ciel.

Mais son vis-à-vis ne sembla pas l'entendre, il enchaîna directement avec des explications compliquées, déblatérées à toute vitesse, d'une voix professionnelle.
Il rêvait où ce sinistre individu s'enflammait lorsqu'il parlait de ce champignon et de ses capacités. Mortelles. Très bien, il en déduisait que ça ne devait pas être très bon, cuit à la poêle.

- ça tombe bien, je ne suis pas fana de la cueillette de champinon au clair de lune..., lâcha le jeune Démon, désintéressé.

- Se faisant vous faites ce que vous voulez de votre vie, j'ose espérer que je vous "amuse" suffisamment ? Dans ce cas ou dans le cas contraire, peu importe à vrai dire, avez-vous déjà vu cette lépiote par ici ou non ?

- Franchement, non... Je m'ennuie toujours autant... Comme quoi, les Elfes sont vraiment inutiles, ils ne feraient même pas de bons animaux de compagnie -qui en voudraient, de toute façon? Quant à cette fameuse... lépreuse -ou quelque chose comme ça-, non, je ne l'ai pas vu. Pour la simple et bonne raison que je n'ai absolument aucune idée de son apparence. Par contre, tout à l'heure, j'ai écrasé un champignon, par mégarde. Je ne me souviens ni de la couleur, ni de la taille, ni de la forme, mais il était tout poreux... Il y en avait deux ou trois autres à côté qui doivent être toujours intacts à présent...

L'adolescent ne mentait pas. Il avait bel et bien écraser ce malheureux végétal -un champignon est bien un végétal?-, alors qu'il venait de se tordre la cheville, en sautant maladroitement d'une tombe. Fort heureusement, la douleur avait rapidement disparu: il n'avait rien.
Maintenant, restait à savoir si l'Elfe allait le croire ou non. C'était son problème de toute manière. D'ailleurs, Thyrim avait déjà été trop bon -du moins, de son point de vue- en lui donnant ces informations, fort peu utiles, si on y réfléchissait bien.
Tiens donc, maintenait qu'il y pensait, il se demandait s'il ne pouvait pas réussir à se faire passer pour un de ces fameux champignons... Enfin, il n'en voyait pas vraiment l'utiliter, et c'était sûrement un peu risquer vu ce que le scientifique comptait en faire.
Non, mauvaise idée. Pas tout de suite, plus tard, à la rigueur, pour passer le temps, et s'il se sentait d'humeur masochiste, puisqu'une migraine atroce lui transperçait le crâne à chaque utilisation de son pouvoir.
Enfin, avant de songer à cela, il allait rester un peu avec l'Elfe. Rien que pour l'embêter un peu -il ne souhaitait peut-être pas être dérangé durant son travail, n'est-ce pas?
Oui, lorsque le jeune Démon s'ennuyait, il n'était pas rare que tout le monde le sache et en subisse une mauvaise humeur et des sarcasmes chroniques. Même quand il ne s'ennuyait pas, par ailleurs...

Ah enfin ! Il avait finit par réussir à lui faire cracher le morceau. Il avait vu les champignon et pour peu qu'ils s'agissent de ceux qu'il cherchait cela allait faire gagner à l'elfe un temps précieux. Bien qu'un peu agacé par l'ignorance de celui qui avait avec si peu d'attention écrabouillé un de ces précieux fongus, Edhelorn ne voyait pas raison outre mesure de se scandaliser. Apparemment il n'y connaissait rien. Il devait avant tout s'assurer que le démon n'avait pas mentit. Il laissa patiemment le démon s'exprimer quand à une lépreuse et à l'absence de vertus domestiques des elfes avant de reprendre la parole un peu empressé.

Oui oui peut-être, personnellement j'ai toujours trouvé qu'il faudrait pouvoir utiliser les espèces inférieurs. A quoi servent-elles sinon ? Après c'est une question de relativisme et de points de vue je suppose... Mais passons, où sont-ils donc ?

Au final ce démon offrait peut-être plus qu'il ne pensait à première abords. Si il s'ennuyait tant que ça, il pourrait toujours lui proposer de servir la science en testant quelques mixtures. Après tout, quelqu'un qui avait goût du risque, de l'aventure et des expériences nouvelles ne pouvait considéré cela que d'un bon œil. Il lui demanderait, après avoir vu les champignons de ses propres yeux. Il sortit son carnet et en tourna les pages jusqu'à tomber sur ce qu'il cherchait, la reproduction d'une gravure de la Lépiote brune des tertres annotés à la hâte de quelques commentaires tiré d'un ouvrage de mycologie de l'académie d'£lament. "Poreux", "Poreux", ce n'était pas une façon de décrire un champignon ça ! Avec une description si pauvre aucun moyen de tirer conclusion sur la nature du fongus. Il devait vraiment aller voir ça lui-même, si le démon bien sûr voulait bien le conduire, ce qui en soi n'était peut-être pas gagné...

Thyrim sentit une sorte d'irritation, mêlée à de la satisfaction et à un peu d'impatience. L'Elfe tenait vraiment à mettre la main sur ce champignon -pauvre petit champignon, poursuivi par un scientifique déterminé à lui faire subir toutes sortes d'expériences. Mais, ne nous égarons pas.
Après un court monolgue sur l'utilisation d'espèces inférieurs, son vis-à-vis lui demanda d'une voix empréssé où donc étaient ces champignons dont il avait parlé. Mais, avant que l'adolescent ne puisse répondre -insolemment, ou pas du tout-, le scientifique tira de sa sacoche un papier sur lequel était griffonné un dessin d'il-ne-savait-trop-quoi, avec, également, quelques notes illisibles.
Le jeune Démon n'y jeta qu'un regard désinteressé. Oui, les champignons sur lesquels il était tombé -littéralement- ressemblait vaguement à cela.

- Où sont-ils? répéta-t-il en lui lançant un regard carnassier. Quelque part dans ce Cimetière sinistre... Allons, allons, vous ne penseriez tout de même pas que j'allais te donner toutes les informations, comme ça, d'emblée, pour le simple plaisir de parler?

Il marqua une courte pause, pour laisser à ses paroles le temps de faire effet -si jamais il y en avait un. Puis, pour ne pas trop décourager l'Elfe, il ajouta d'une voix mielleuse:

- Je suis sûr que tu n'y passeras que la moitié de la nuit, avant de tomber dessus. Ah, et, oui il s'agit sûrement de lépiotes. Je n'en suis pas vraiment sûr, vu la mauvaise qualité du dessin, mais... il y a des chances, oui. Es-tu chanceux, l'Elfe?

Il se jucha à nouveau sur une pierre tombale, grise, terne et abîmé, mais assez large pour lui donner un meilleur équilibre. Un peu surelevé, il avait trouvé un parfait point de vu pour regarder s'échiner le scientifique à la recherche de son champignon. Sauf si son interlocuteur essayait de le faire parler...
En cas de danger, et pour parer à toutes éventualités, il se prépara mentalement à lancer un sort d'hypnose qui "convaincrait" toutes personnes de la région que le jeune Démon n'était pas là. En des termes simples, courts et conçits, qui le rendrait invisible.

Cela commençait à bien faire à vrai dire. Edhelorn n'était pas là pour tailler causette avec un sale gamin insolent tout démon qu'il soit. Sa patience avait ses limites, et elle venait gentillement lui signaler en frappant à la porte de son intellect que celles-ci avaient été franchi. A peine le démon eut-il finit sa diatribe sur la mauvaise qualité des schémas de mycologie que l'elfe déclencha son Pouvoir. Avoir des connaissances en médecine était fort utile, car cela permettait de savoir où frapper pour faire mal. Avec un geste vif de la main le professeur Sackarith lui gela la gorge, laissant le froid s'infiltrer jusqu'à la trachée, bloquant sa respiration.

Je commence à en avoir assez à vrai dire, tu n'es qu'un petit démon mineur, par conséquent je ne pense pas que quelqu'un te regrette si tu venait à disparaitre.
Il laissa retomber sa main avec douceur, le visage froid et fermé.

Inutile d'essayer de t'envoler, j'ai suffisamment de portée pour te tuer net en te gelant les jugulaires, après tout, peut-être ton sang pourra t-il révéler quelques propriétés alchimiques des plus intéressantes... Je ne m'attend pas à ce que tu me guide toi-même, alors dit-moi où aller, précisément.

Bon, après le démon ne pouvait pas savoir si Edhelorn bluffait ou pas.
En tout cas, c'était une idée ça, le coup du sang de démon, à cogiter en tout cas, en absence de champignon il pourrait toujours triturer dans le corps du démon pour trouver autre chose d'intéressant. Voilà qui ouvrait des horizons forts variés, le champignon ou divers composants de démon, mmm. Enfin pour le moment il était venu pour le champignon, autant s'en tenir à ses recherches.
Toutefois Edhelorn fronça les sourcils, il avait la désagréable impression que même sous sa coupe la jeune créature ne parlerait pas facilement. Pourtant s'il tenait à la vie il parlerait. Quoi-que, mieux valait être sûr et prudent.
Edhelorn releva la main avec scepticisme, s'apprêtant à hausser l'emprise de son Pouvoir glacé.

Thyrim avait senti l'impatience et la colère de l'Elfe, mais il n'avait pas eu le temps -ni la présence d'esprit- de réagir. Quelque chose de froid -de terriblement froid- vint lui geler la trachée, l'empêchant de respirer. Suffoquant, il réussit pourtant à écouter d'une oreille attentive -néanmoins, être menacé de mort par la personne qui vous parle aidait sans aucun doute à la concentration- ce que lui disait le scientifique.
Gna gna gna... "Tu n'es qu'un Démon mineur"... "Sans importance"... "Personne ne regrettera ta disparition"...
Mais où était Alouqua -cette vieille Succube dégénérée- quand on avait besoin d'elle?
Tiens donc, il était inutile qu'il essaye de s'envoler. ça lui faisait une belle jambe, ses ailes ne le lui permettaient pas, il pouvait tout juste planer...
Et voilà qu'à présent, on le menaçait de mort, si jamais il ne parlait pas -ce qui était parfaitement stupide, puisqu'il avait la gorge gelée! Malgré son sarcasme mental persistant, le jeune Démon était terrifié, tant par sa situation pour le moins délicate -à moins qu'il ne soit tout à fait banale de se faire étouffer par ce qu'on pensait être de la glace, bien sûr-, que par la détermination et l'obstination qui émanait de son interlocuteur -adversaire serait peut-être un terme plus juste...
Il décida qu'il était peut-être temps qu'il relâche son pouvoir -pour sauver sa ô combien précieuse et jeune vie des mains de ce savant fou-, et tant pis pour les maux de tête!
L'adolescent ferma les yeux, se concentra et disparut. Tout du moins, aux yeux de l'Elfe. Il ne restait plus qu'à espérait que la surprise provoquait par sa disparition déconcentre son adversaire -car s'en était un, à présent- et qu'il le libère de son emprise glacée. Et vite, car il commençait à étouffer.
En ultime recours, si le scientifique persistait à lui geler la gorge, il essaierait de lui lancer une attaque mentale, ce qui devrait lui faire lâcher prise. Si jamais elle n'échoue pas, bien sûr...
Mais, après cela, la douleur ne manquera pas d'être vraiment insupportable... Enfin, il ne pouvait pas décemment laisser cet scientifique dégénéré l'étrangler sans rien tenter. Non, vraiment, il n'avait aucune envie de finir son existence dans ce lieu, un Cimetière -étrange paradoxe, vous ne trouvez pas- lugubre. Et, le pire de tout, ça serait à cause d'un Elfe! Un de ces satanés végétariens!
Et tout ça pour des champignons, en plus!

Et il n'y avait... rien. Personne.
Edhelorn fronça les sourcils, marque de la surprise chez lui, entre autres. C'était, c'était impossible, comment le démon avait-il réussit ce coup-là ? Juste un instant au paravent il était encore là, sous son emprise et maintenant il n'y avait rien, plus rien. Téléportation ? Changement de dimension ? Qui aurait pu croire qu'un démon si jeune bénéficie de tels capacités, mais en soi ce n'était pas cela le plus invraisemblable.

Si le démon n'était plus... là, aussi étrange que cela puisse paraître, comment se faisait-il que son Pouvoir était toujours actif ? Qu'il soit toujours en train d'enserrer par la glace une gorge pourtant absente ? C'était impossible, une telle aberration magique ne pouvait avoir lieu, à moins que son Pouvoir ait une plus grande portée qu'il ne l'aurait cru, non, cela aussi était impossible. Un maelström de théories divergentes fusèrent dans l'esprit de l'elfe, qui conçu que dans un tel cas de figure il était peut-être dangereux de maintenir son Pouvoir actif. Qui savait ce qui pouvait se passer ?
Mais Edhelorn était un scientifique, et en temps que tel il ne pouvait pas passer à côté de ça, il ne pouvait faire disparaître ainsi le seul témoin d'un phénomène magique aberrant.
Il avait toujours le contrôle de la glace dont il s'était servit pour geler la gorge du démon, ce qui en soi était également étrange. Il relâcha un peu son étreinte, si le démon avait été encore là il aurait sérieusement commencer à manquer d'air. Edhelorn s'approcha à pas de loup, il fallait qu'il essaye, il tendit la main là où s'était tenu le démon, à peine quelques secondes plus tôt, ses long doigts à quelques centimètres juste de son visage...

Non, le bras d'Edhelorn resta en suspend. C'était stupide, il n'y avait personne. Cette persistance magique devait juste être une conséquence du procédé magique que le démon avait utilisé pour partir. Le médecin elfe laissa retomber son bras et son Pouvoir. Le gel invisible qui enserré une gorge qui n'était nul part se dissipa lentement, ne laissant nul trace. Voilà qui était très... curieux.

Mais en tout cas il avait réussit à obtenir confirmation. Ce qu'il cherchait se trouvait bien là, dans ce cimetière. Au fond il n'avait pas grand chose à faire de ce diablotaillon à la manque. D'un autre côté il commençait à être tard, et il ne voulait pas demeurer ici au delà d'un certain seuil horaire. Autant se mettre à chercher tout de suite, mais auparavant prendre tout de même quelques notes. Il pourrait toujours étudier ces bizarreries magiques plus tard. Il tourna les pages de son carnet jusqu'à en trouver une vierge et entama l'énumération analytique de ce qui s'était passé.

Ce fut avec un instense soulagement que Thyrim sentit l'étau de glace qui lui opressait la gorge se relâcher. Soulagement remplacé par de la frayeur, lorsqu'il vit l'Elfe tendre son bras dans sa direction. S'il le touchait, il s'apercevrait obligatoirement qu'il était toujours là. Alors, il raviverait sûrement son sort, et l'adolescent serait obligé d'utiliser sa télépathie pour lui lancer une attaque mentale -ce qui serait très douloureux pour les deux protagonistes.
Tétanisé, le jeune Démon fixait le doigt du scientifique qui s'approchait lentement et inexorablement de son visage, pour s'arrêter à quelques centimètres à peine de son nez.
Le Soquior ressentit une certaine irritation dédaigneuse, qu'il crut d'abord être la sienne, pour s'apercevoir quelques secondes plus tard qu'il s'agissait en vérité de celle de son vis-à-vis.
Il poussa un solong soupir légèrement étranglé -inaudible pour le savant- lorsqu'il le vit baisser le bras. Soupir qui se prolongea lorsque la glace quitta sa trachée. Il pouvait de nouveau respirer normalement...
Dans son esprit la peur laissa la place à la colère. Il détestait -non, il haïssait- avoir peur, et il détestait plus encore les personnes responsables de sa frayeur.
Cela faisait une deuxième bonne raison d'en vouloir à l'être longinine qui griffonnait il-ne-savait-quoi dans un carnet -la première étant sa race: c'était un Elfe.
Il aurait pu choisir de fuir, de mettre les voiles loing d'ici, de courir le plus vite possible afin de s'éloigner de ce fou... Mais, il n'en fit rien. Tout d'abord, il avait décidé qu'il passerait sa nuit là, et il ne tenait pas à céder, surtout à cause d'un Elfe. Ensuite -et enfin-, il voulait faire payer à ce scientifique dégénéré pour la peur qu'il lui avait fait éprouvé.
Borné et vindicatif? Lui... Et alors?
L'adolescent se laissa glisser jusqu'au sol, tout en rangeant son peigne -il ne tenait ni à le perdre ni à le briser- puis s'approcha du savant. En prenant bien garde à ne pas le toucher, il se plaça de telle façon -en équilibre sur la pointe des pieds, juste à côté de lui- à pouvoir lire ce qu'écrivait le scientifique.
Il reconnut vaguement les mots "pouvoir", "champignon", "lépiote" et "cimetière", le reste était, pour lui, un gribouilli illisible. En plus, sa position étant un peu délicate, il n'arrivait pas à se concentrer de façon réellement satisfaisante.
Soudain, alors qu'il contemplait l'écriture de l'Elfe, une idée lui vint. N'attendant pas plus longtemps, et ne réfléchissant pas plus, il décida de la mettre en pratique sur le champ.
Il arracha violemment le carnet des mains de son propriétaire et, tout en tentant d'étendre son sort d'hypnose audit carnet, courut à travers les tombes. Il s'arrêta sur l'une d'elle, pour lever son sort juste un court instant, pour que l'Elamentien puisse reconnaître le voleur. Puis, il disparut de nouveau.
Vous trouvez cette réaction puérile? Oui, moi aussi... Mais, pour sa défense, ce pauvre petit être martyrisé -j'ai nommé, Thyrim- n'a que seize ans.
La suite, vous vous en doutez, ne fut pas d'une très grande originalité -ni d'une intelligence remarquable. L'adolescent sautillait de tombe en tombe, en tous sens, réapparaissant quelques fois pour signaler sa position à sa malheureuse victime, éclatant parfois d'un rire sarcastique et amusé. Puis, au bout d'une heure -environ- de ce petit manège, le jeune Soquior s'en lassa -sa migraine lancinante n'y était peut-être pas étrangère.
Il se demanda un moment ce qu'il allait faire du carnet. Le brûler? Le déchirer? Le garder? S'adossant contre un arbre -toujours invisible-, il se frotta pensivement le menton.
Après mûres réflexions, il ne valait mieux pas pousser cet Elfe dément à bout s'il ne voulait pas une nouvelle fois se retrouver étouffer par un gel glacé. Bon, et, d'accord, il lui faisait aussi un peu froid dans le dos -surtout depuis qu'il avait failli le tuer.
Ainsi, au lieu de détruire le petit ouvrage relié, il revint à leur lieu de rencontre -en faisant quelques détours-, et le jeta plus qu'il ne le déposa sur la tombe sur laquelle il s'était juché.
Puis, n'étant pas spécialement fatigué -et ne voulant pas subir les hypthétiques foudres du scientifique-, il se dit qu'il allait, tout compte fait, quitter ce lieu macabre pour trouver un endroit plus accueillant. Un endroit où il n'y aurait pas d'Elfe.
Sautillant sans se presser, il sortit du Cimetière, pour errer au hasard, à la recherche de l'endroit idéal. Mais, lorsqu'il y repensait, il n'avait pas été très... démoniaque avec l'Elamentien... Bah... Tant pis... Qui le saurait?

Edhelorn sourcilla lorsque le carnet lui sauta des mains puis lorsqu'il le vit réapparaître plus loin, dans les mains du jeune impertinent qui pourtant venait de le quitter à l'instant.
Zut, il s'était fait avoir. Edherlorn détestait qu'on farfouille ou fasse obstruction à ses recherches...

Très doué en tout cas, Edhelorn n'y avait vu presque que du feu, en tout cas voilà une explication logique pour le phénomène d'aberration magique qui s'était présenté devant lui quelques instant plus tôt. Il n'aurait pas penser pouvoir être abuser par une illusion, à moins qu'il y ait plus que cela. En tout cas ça valait la peine de se pencher sur la question, enfin, si il parvenait à rattraper ses notes.
A peine eut-il esquisser un geste que le carnet disparu de nouveau, et son odieux détenteur de même. Peste, voilà qui s'avérait fâcheux, et particulièrement agaçant. L'heure tournait, et Edhelorn n'avait ni l'envie ni le temps de jouer.
Il s'avança résigner vers le démon qui était réapparu un peu plus loin, près à déchaîner son pouvoir. Sauf que cette fois-ci il n'hésiterait pas à l'abattre, ça commençait à bien faire. Régulièrement son esprit lui indiquait que le démon n'était plus là, mais l'elfe commençait à piger le coup du sortilège employé par le démon. Le démon disparu de nouveau, mais à malheur quelque chose de bon, en tournant la tête avec exaspération pour essayer de voir où il allait encore apparaître, Edhelorn repéra enfin quelques intéressants spécimens de fongus.
Ah enfin !

L'elfe mit de côté le démon et ses soubresauts douteux et ressortit ses lorgnons pour observer plus précisément ces fameuses Lépiotes. Difficile à dire sans le carnet, mais ça devait être ça apparemment. Un spécimen en effet était écrasé, stupide démon, mais les autres semblaient intact. Bon, peut-être étaient-ils véreux, mais cela n'avait que peu d'importance en soi.
A l'aide d'une pince, l'elfe s'attela à extraire les champignons qu'il enferma soigneusement dans des bocaux prévu pour. Maigre pèche en soi, mais après ce qu'il avait subit Edhelorn jugeait avoir suffisamment errer des un cimetière pour l'année. Bon, voilà qui était fait, plus qu'à récupérer le carnet...

Il suivit des yeux les apparitions subites du démon, marchant sans se presser, tâchant d'analyser la manière avec laquelle la créature procédait. Pas un vrai sort d'invisibilité, puisqu'il semblait affecter l'esprit, un genre d'illusionnisme, mêlé peut-être d'un forme primaire d'hypnose. Très intéressant en tout cas.
Finalement le démon sembla se lasser, ce qui laissa l'elfe un peu déçu, il venait juste de trouver un moyen potentiel de bloquer ses pensées. Tant pis, au moins il était débarrasser de cet abruti. Edhelorn récupéra enfin son carnet, et tout en se dirigeant vers la sortit du cimetière, d'annoter ses derniers ajouts et d'ajouter quelques paragraphes sur ses dernières constatations. Il évita un Ravid qui patrouillait mollement, entouré de ce qu'il semblait être un vieux crâne édenté et une théière ébréchée, et sortit enfin de cet endroit glauque et douteux.