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 Qui va à la chasse...

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Invité
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MessageQui va à la chasse... EmptyDim 27 Jan 2013 - 22:39

[Voilà, une semaine plus tard, le sujet ! Pardonne-moi l'attente. Au niveau de ma chronologie, donc, je ne reste qu'un voyageur arrivé récemment à Elament]

Cela faisait seulement deux jours qu'Olaf était arrivé dans cette cité en ruine qu'était Elament. Si elle eut été autrefois grandiose, ce n'est pas ce que pouvais en dire le guerrier à la vue des poutres effondrées et des murs calcinés. Il avait passé une première nuit plutôt désagréable dans une maison désormais abandonnée, à l'écart des remparts, qui sentaient encore très fort la chair calcinée. Sa journée s'était ensuite déroulée lentement. Dès son lever, il était parti dans la forêt toute proche poser de rudimentaires pièges. En effet, il avait déjà épuisé ses rations de voyage, et s'il voulait manger aujourd'hui, l'Elnihïn aurait à se débrouiller seul. Il en avait également profité pour faire un premier repérage de cette forêt sombre et apparemment évitée des habitants de la Cité. Il était vrai que la sylve n'était pas très accueillante, voire parfois même dérangeante. Même pour un homme des montagnes tel Olaf. En effet, la végétation prenait parfois des couleurs surprenantes, et les formes que prenaient parfois les mousses et les champignons étaient troublantes. Il avait eu également plusieurs fois l'impression qu'on l'épiait, qu'il s'agisse de bandit, de sorcières sauvages ou de prédateurs animés d'une intelligence trop développée pour être rassurante. Olaf n'avait pas peur à proprement parler ; il se sentait plutôt étranger, rejeté par la forêt, qui semblait observer avec dédain les actions de l'être humain qui l'explorait. Dès la fin de la matinée, le combattant était de retour à Elament.

Ici, il avait observé avec attention les hommes et les femmes qui s'activaient avec frénésie dans les décombres, à la recherche d'un ami, d'un parent... Ou tout simplement curieux de savoir qui étaient le cadavre qu'on allait sortir des décombres. Le guerrier avait néanmoins une idée précise en tête. Se déplaçant en cercles de plus en plus resserrés, il tentait de dresser dans sa tête le plan de la ville. Lorsque le soleil commença à descendre sur les monts de l'ouest, Olaf n'avait parcouru qu'un quart de la ville. Il était troublé par la grandeur de cette dernière. Lorsqu'il vivait encore dans les montagnes, sa tribu ne disposaient que de quelques cavernes éparpillées dans les montagnes. Des grottes de petite taille où s'entassaient tout les membres de sa tribu. Ou les feux, les chants et l'alcool parvenaient à réchauffer le cœur de tous. Tout le monde se connaissait. Ce n'était plus vraiment le cas dans cette communauté immense, ou le voisin ne connaissait pas le voisin et où chacun allait prendre ses provisions au marché sans connaître aucune des personnes qui l'entouraient. Ce genre d'attitude qui poussaient également les villageois dépenaillés à observer d'un œil mauvais le guerrier qui traînait en ville, ignorant de leurs problèmes. Et c'était vrai, Olaf restait sourd aux lamentations des villageois, pas plus qu'il n'aidait les rares individus qui osaient l'approcher pour lui demander de l'aide. Ils avaient voulu faire la guerre, et bien qu'ils assument...

Lors de son escapade à travers les ruelles défoncées de la ville, il avait néanmoins pu être témoin d'une bien étrange scène. Un individu emmitouflé dans une longue cape, de la tête aux pieds, tentait de fuir trois hommes armés de bâtons et de marteaux qui le poursuivaient sur un fond de "Attrapez-le ! Mort au démon !". Des démons ?! Le guerrier y voyait un certains amusement. Parce que la crédulité des habitants leur ôtait toute crédulité. Des démons ? Et pourquoi pas des dragons, des ogres et des gobelins ?! Si l'Elnihïn ne savait pas comment expliquer cela, il ne cherchait pas à y trouver une explication. Pour lui, il s'agissait d'une cité défaite à la guerre, et dont les envahisseurs étaient partis après avoir pillé la ville. Quant à l'individu qui avait été poursuivi, il mit cela sur le compte du manque de nourriture, d'hygiène et de confort dans la ville, qui poussait les gens à avoir des comportements irréfléchis et violents. Mais le soleil se couchait, et il faudrait pour le chasseur allait récupérer ses prises. Un gargouillement de ventre le décida à partir sur le champs.

Le voyage vers la forêt, alors que s'allongeaient les ombres et qu'apparaissaient les premières étoiles dans le ciel, lui paru plus longue que le matin même, dans la tiède aube. Un vent froid venait de l'est et couchait les rares herbes hautes qui n'avaient pas été calcinées autour d'Elament. Il rapprocha sa fourrure de lui. Et dire qu'il aurait sûrement à dormir dehors cette nuit. Il accéléra sur le sentier défoncé qui menait jusqu'à la forêt. De nuit, elle avait vraiment l'air sinistre. Bah, il n'aurait pas y rester longtemps. Il avait d'ailleurs repéré les ruines de ce qui avait du être une grange : les murs le protègeraient au moins du vent. En arrivant à la lisière de la forêt, il se rendit néanmoins compte que l'obscurité transformait totalement les repères qu'il avait pu avoir de jour. Au loin, les bruits d'un combat d'animaux retentirent, agitant la forêt qui s'éveillait à peine. Alarmé par le bruit, le guerrier convint de sortir sa hache et d'être le plus possible sur ses gardes. A travers la sombre frondaison, les buissons, les racines larges et tortueuses et la végétation torturée le danger pouvait venir de n'importe où. Il n'était pas resté assez longtemps en ville pour en apprendre assez sur les légendes qui parlaient de cette forêt. Mais nul doute qu'elles devaient être nombreuses, et de nature à effrayer les enfants... Quoi qu'il en soit, Olaf parvint, après de longues minutes de marche à retrouver la clairière où il avait posé ses collets. Curieux, il n'avait pas l'impression d'avoir autant marché le matin même. Lorsqu'il posa le pied dans la clairière, il put constater que ses pièges avaient été forcés par un animal plus gros qu'un simple lapin sauvage. Sûrement la créature qui se tenait dans la semi-obscurité où réapparaissaient les arbres, occupée à manger ce qui n'était plus qu'un morceau de viande sanguinolent. Furieux de s'être ainsi fait dérobé son repas, Olaf grogna sourdement, serrant plus fermement encore le manche de sa hache. La créature ne pu que le remarquer et montra les dents, avant de fuir dans la forêt, abandonnant les restes d'un renard dont il ne restait guère plus que la tête fracassée par des mâchoires d'acier.

Déçu par la tournure des événements, le guerrier décida néanmoins, malgré son appréhension, à s'arrêter pour cette nuit dans cette clairière. Il était de toutes façons inutile de tenter de s'y retrouver, de nuit, dans une forêt qui semblait vouloir vous jouer des tours. Avisant le bois mort qui trainait un peu partout autour de la clairière, Olaf eu tôt fait de faire apparaître un timide feu de camp qui le réchaufferait au moins un peu cette nuit et repousserait les prédateurs les moins agressifs. Quant aux autres... L'Elnihïn espérait ne pas s'être trop enfoncé dans les sous-bois pour en rencontrer. Replaçant son collet manquant non loin de lui, il se rapprocha du feu qui vivotait au centre de la clairière. Et pour se tenir compagnie et chasser les mauvaises influences qui semblait venir de la forêt, il entonna, d'une voix rauque et basse, l'une des chansons de son clan. De celles qui célèbrent les héros et enivrent l'auditoire. Celle des exemples à suivre et des hommes parvenus à accomplir leur destinée... Une nostalgie, emprunte d'une très petite dose de honte, commença à emplir Olaf...
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Sekhti d'Arden
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Sekhti d'Arden
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MessageQui va à la chasse... EmptyJeu 31 Jan 2013 - 9:25

Depuis la bataille qui l’avait laissée pour morte, Krymhild fuyait presque la lumière du soleil. Elle se sentait en sécurité dans l’obscurité. Ne pouvant apercevoir son reflet dans les cours d’eau, elle imaginait qu’elle n’avait pas changé, qu’elle était toujours une brillante Chevalière Démoniaque, l’une des plus puissantes et respectées. Elle imaginait que ses rêves n’étaient, justement, que des rêves et que la vérité n’était que mensonge. Elle fuyait donc le jour comme la peste, adorant la nuit, l’astre lunaire, vénérant le fantôme de son glorieux passé. Lorsqu’elle ne passait pas son temps à chasser et à dormir, les souvenirs de la terrible bataille revenaient. Ils étaient plus forts que tous les autres. Elle ne se rappelait que trop bien de la chute formidable de la maudite cité d’Elament. Elament la Damnée, Elament la Dévoreuse, Elament la patrie perdue. Flouée dans ses idéaux de grandeur, blessée à mort par une étrange fille aux yeux de chats, paria sans honneur : voilà ce que cette Elament revenue avait fait d’elle. Les Elémentalistes lui avaient tout pris, y compris la certitude d’être une Démone Majeure à part entière. Ses faiblesses ne pouvaient venir de sa mère, Matel et guerrière avant elle. Par conséquent, leurs origines se trouvaient chez son géniteur… Jaewys l’Elémentaliste. C’était pire qu’une trahison. C’était une déchéance, en un gouffre noir et béant ouvert sous ses pieds. Krymhild se surprenait parfois à désirer être morte ce jour-là.

Plusieurs fois, le spectre de ce qu’elle avait été, allié à sa volonté de fer, avaient mené ses pas vers les portes des Enfers, terre-mère de tous les démons. A chaque fois, elle allait plus loin que la fois précédente mais n’arrivait jamais à destination. Elle rebroussait chemin avant, en proie à une terreur paralysante. Elament avait d’elle une créature méprisable et faible, une de celles que l’on tuait rapidement chez les démons, sachant qu’elle ne survivrait pas longtemps. L’ancienne Cavalière des Vents songeait parfois à Arawn le Mutilé, celui qui lui avait appris la magie ténébreuse en échange de son bras armé. Peut-être finirait-elle comme lui, bientôt : seule, abandonnée, méprisée, résignée à trouver la mort glacée sur son chemin plus tôt qu’elle ne l’aurait jamais cru. Opportuniste au point d’oublier tout honneur. Et dépourvue de magie – c’était faux mais les Ténèbres lui échappaient fréquemment alors cela relevait de la même malédiction. Krymhild n’était jamais tombée aussi bas auparavant. Quand le désespoir ne l’emportait pas et que la chasse ne suffisait plus à calmer ses nerfs ainsi que sa faim, un maelstrom de haine l’engloutissait, ne laissant dans son sillage d’une féroce bête sauvage. La Cavalière des Vents devenue la Bête.

Ce jour-ci, la Bête Rouge ne sommeillait pas. Elle ne traquait pas de réelle proie non plus. Elle errait, laissant ses pas la conduire où ils le voulaient. Lorsqu’elle entendit du bruit, des sons d’animaux en pleine lutte. Ses sens exacerbés par tous ces jours passés dans les bois infectant sa magie et ceignant l’adorée et haïe Elament en détectèrent la source sans mal. Krymhild secoua son ébouriffante chevelure de feu et se précipita sans hésitation vers la source du bruit. Une créature sauvage, encore plus sale qu’elle, luttait contre un piège d’acier pour en tirer un malheureux renard au crâne fracassé. Alors qu’elle s’approchait, un homme entra dans son champ de vision. La Matel eut tôt fait de se dissimuler derrière un épais tronc d’arbre. L’homme en armes fit fuir la bête qui ressemblait à s’y méprendre à un démon à demi-fou, qui laissa là les restes de son déjeuner. De rares rayons de soleil filtrant le feuillage permirent à Krymhild d’Arden d’apercevoir le visage de cet humanoïde. Elle plissa les yeux, gratta une croûte sur une cicatrice toute récente sur son bras puis se désintéressa de la scène. Elle entreprit de retourner silencieusement à son campement au beau milieu de la Forêt Darke, dans la cime d’un arbre géant, là où reposaient son cimeterre, deux ultimes flacons de poison et un vieux livre maltraité par les intempéries. Pas de quoi cracher sur un peu de divertissement, non ? Krymhild fit demi-tour, tel un automate. La nuit assombrissait progressivement le ciel à peine visible. C’était son heure préférée. L’être qui s’installait dans la petite clairière se trouvait être un mâle d’une espèce au nom imprononçable d’après ses souvenirs. Son esprit écorché vif remua ses connaissances, faisant brièvement resurgir l’érudite évanescente. Qu’elle avait mal, rien qu’en regardant cet homme préparer son bivouac ! Qu’elle avait mal, en repensant à tout ce qu’elle perdu…

Se faufilant discrètement, à pas feutrés, derrière de touffus bosquets à lucioles, elle s’accroupit dans l’herbe et la boue, salissant plus encore son armure de cuir bouillis et ses bottes. Allongée sur le sol, elle épiait cet inconnu de ses yeux d’un vert spectral, luisant de méfiance comme de curiosité.
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