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 Des Plumes et des Sabots [Poslan]

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Zeo
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MessageDes Plumes et des Sabots [Poslan] EmptySam 1 Mai 2010 - 16:51

L’aile brisée, le souffle coupé... c’est un ange qui dormait d’un œil dans la bibliothèque. Un petit coin en hauteur, surplombant les meubles, devenu un refuge d’un temps. La chance d’avoir survécu ? Ou le malheur de ne plus pouvoir sortir ? C’était une ange... gardienne. Une ange aux ailes tâchées d’un sang sec qui se morcelait déjà. Des cheveux emmêlés, un visage noir de poussière... son plus grand cauchemar était autour d’elle. Les démons, eux qui avaient blanchit ses cheveux autrefois d’ébène. Son gosier criait famine et sa gorge sèche réclamait de l’eau... oui mais elle était déjà bien trop faible pour manier son pouvoir.

Faible... elle avait vaincu le sommeil durant bien longtemps. Trop longtemps. Ses paupières étaient lourdes et s’inclinèrent face au repos et alors ses muscles abandonnèrent leur force. Un bruit sourd raisonna dans la bibliothèque... un ange venait de choir. Affalée sur le sol, réveillée par la douleur, une larme s’abandonna sur la joue. Zeo n’en pouvait plus... il fallait sortir. Oui mais... dehors... ce devait être un désordre monstrueux. Comment sortir ? Voler avec une aile brisée et des muscles endormis ? Non... bien sûr que non. Elle tendis l’oreille. Pas un bruit. La bibliothèque était intacte. Mais elle ne se faisait aucune illusion. Ses yeux cherchèrent Rÿo, le volatil de compagnie mais rien. Elle l’appela d’une petite voix craintive... toujours rien. Seule et démunie. Que lui restait-elle alors ? Son casque plumé, son bracelet à l’épaule droite et l’obsidienne du démon. Ni plus... ni moins. Un désastre, la fin d’une ère... la fin de tout ? ! Ses habits en lambeaux d’un tissu blanc taché de sang ne la recouvraient que très peu. D’autres petite larmes suivirent avant d’être écrasée par sa main. Ce n’était pas le moment. Il y avait toujours un peu d’espoir. Zeo prit appuie sur le sol, se relevant avec difficulté, les yeux plissés de fatigue, le corps tremblant et les ailes dépoussiérants le sol à chaque nouvelle enjambée vers la sortie. Elle n’avait d’autre choix que d’emprunter la grande porte, il y avait sûrement un autre moyen mais elle n’arrivait pas à le trouver ni à se souvenir du plan de la bibliothèque. C’était comme un rêve, spectatrice de son corps déambulant tel un zombi vers la sortie. Une main se posa sur la poignée, les poumons se gonflèrent et sans réfléchir, d’un amen prié tout bas... la porte s’ouvrit.

Et comme pour réceptionner son corps qui trébucha une fois de plus, poussé par une vague de torpeur, deux soldats contrèrent la chute. Deux démons plutôt ! Zeo reprit une fois de plus ses esprit pour se débattre. La peur n’était déjà plus présente, elle était dans un état second, ne voulant pas accepter la réalité. Préférant avancer sans trop se soucier de son avenir. Pourtant, elle cria et griffa par simple instinct de survie. N’avait-elle pas déjà assez vu de la vie ? Dans ses mouvements de panique, des plumes se détachèrent de ses ailes. Ses deux démons lui donnaient tout simplement envie de vomir. La haine fit surface, les poings sérés... mais une gifle claqua sa joue avant qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit. De retour contre un sol froid et puant. Dehors, c’était moche. Elle cligna des yeux sans se relever. Puis, le sol gronda... des sabots ? Elle ne savait pas... ça raisonnait tellement dans sa tête, tout était amplifié, même le rire des soldat qui la regardaient de haut. Le temps lui sembla long. Que disaient-t-ils ces deux-là ? Elle hissa lentement son corps comme pour s’il lui était encore possible d’aller plus loin. Un état tellement dérisoire que les démons ne firent rien, se moquant certainement de la situation.

Les yeux d’un bleu cristallisé se fermèrent une dernière fois après avoir vu trouble en face.

Le royaume des songes était à ses pieds... elle entendait des voix, des pleurs. C’était sombre, si sombre. Le visage d’un enfant entre les griffes d’un démon se dessina avant de se gommer. Puis elle vit un doigt écrire dans le sable de l’arène, c’était Iblïs. Après quoi, des flammes du sang... se mêlant au rire de Meiko... la demie portion à qui elle avait offert des sucreries. Tout devint beau, des couleurs merveilleuses. C’est si beau de rêver au milieu des cendres ! Mais le bruit des sabots la fit revenir à la réalité. Est-ce des sabots ? Ou une armée de démons prêts à la dévorer ?


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MessageDes Plumes et des Sabots [Poslan] EmptyLun 14 Juin 2010 - 15:26

La Cité était tombée, elle était aux mains "de l'ennemi", désormais les démons avaient remplacé les Elementaires. Les "bons" servaient d'esclave, de nourriture, de défouloir, ou étaient en fuite. Poslan avait observé et participé au carnage avec son apparente absence d'émotions habituelle. Le cheval officiait, mordait, écrasait, bousculait, déchirait les chair ou les déchiquetait avec les pics fichés dans ses sabots, et ce le plus sérieusement du monde. L'homme, perché sur sa moitié animale, tranchait les têtes à l'aide de son épée, son corps fragile protégé par une armure solide, concentré sur sa tâche macabre et sur sa préservation. On est prudent ou on ne n'est pas...

Cette prudence lui avait d'ailleurs bien servi : entre sa vitesse et son pouvoir du Chaos, il avait participé activement et efficacement au conflit sans récolter de blessure majeure. Des égratignures seulement, autrement dit de belles entailles, mais dans les parties charnues de son corps de cheval, ça n'avait pas tellement d'importance. Pour un Drewoor, qu'étaient quelques plaies de plus... Après tout, par chance, il n'avait pas croisé d'Aqua (la race honnie) trop puissant pour lui.

Ce furent le hasard et les bruits de lutte qui attirèrent Poslan par là, alors qu'il traînait dans les couloirs. Le Drewoor appréciait les vestibules haut de plafond de la Cité. Contrairement aux boyaux des Enfers, il n'avait pas de mal à s’y déplacer son corps humain juché sur le dos de l'animal. A l'abri, il attendait que le soleil disparaisse sous l'horizon, avant de sortir prendre l'air, peut être de sortir de la Cité pour se dégourdir un peu les jambes, si son souverain et le trône n'avaient pas besoin de lui.

Aux premiers cris de démons, il comprit qu'on avait découvert, encore une fois, un Elementaliste caché, un de ceux qui n'avaient pas réussi à fuir, et avaient choisi d'attendre, espérant l'occasion de sauver leur peau. Généralement il s'agissait d'élèves, ou d'adultes de faible puissance magique, à peine bons à finir en sacrifice, ou dévorés. Les forts, eux, avait réussi à fuir, ou s'étaient battus jusqu'à être capturés, ou mourir. Aussi Poslan fut il étonné en la voyant, et en la "sentant".

C'était un ange, une femelle, à bout de forces. Les Chevaliers Démoniaques avaient été longuement débriefés par feu la traitresse, ils avaient appris les noms et connaissaient les visages des principales forces de la Cité. Cette loque là, sale et exténuée, correspondait tellement à une des gardiennes... Le casque... Non, c'était elle. Elle avait beau n'être que fatigue, le Drewoor sentait de la puissance, sous la crasse et la faim. Avait-elle pleuré? Certainement, au vu des traces de saleté inégales sur son visage. Vu son état, elle devait attendre, planquée, depuis des jours... Un petit exploit en soi. Il sembla au démon qu'elle avait aussi une aile brisée.

Les soldats sur lesquels elle était tombée s'étaient reculés à l'approche du Chevalier Démoniaque. La hiérarchie dans les Enfers n'était respectée que grâce au rapport de force qu'il existait entre les démons, or ces deux là avaient des puissances bien moindres. Ils auraient volontiers continué leur petit jeu avec l'Ange, si le Drewoor ne s'était pas arrêté. Et même que là, il restait, et ça leur gâchait leur p’tit plaisir. Il leur prit même le loisir de se plaindre en marmonnant.

Poslan n'était pas toujours très locace, c’était le moins qu’on pouvait dire. Il se contenta donc de les poignarder de son regard rouge de cheval. Il renâcla ensuite, lâchant un nuage froid de ses naseaux, en leur montrant les crocs. Les deux vermines comprirent le message et quittèrent sagement la scène, évacuant même le couloir. Le drewoor, lui resta les quatre fers à la même place, son museau animal se tendant vers l'Ange pour la renifler, humant avec plaisir l'odeur résiduelle de sang. Avec cette proximité, il lui "offrait" son aura glacée, de quoi la faire grelotter. Bien, et maintenant, qu’allait il faire de cette chose…
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MessageDes Plumes et des Sabots [Poslan] EmptyLun 14 Juin 2010 - 19:51

Je vous maudit…

Tout avait cessé. Les yeux s’ouvrirent et les sabots d’un cheval d’une image encore un peu flou se présentèrent à l’ange. _ J’ai échoué _ Pensait-elle tout bas. Pourtant, Zeo n’était plus de ceux qui haïssaient autant les démons. Elle avait changé son regard sur le monde. Mais… c’était avant. Pourtant, elle ramena bien vite la main à son cou, serrant contre sa paume l’Obsidienne d’Iblîs. L’ironie de ce monde était bien grande. Ange et démon, que votre nom soit sanctifié, de noir et de blanc ils seront peint. Et derrière, les deux enfoirés bredouillaient des insultes en tout genre. Ha ! Le plus fort avait tout les droits chez les démons. Comme chez les chiens… le chef de la meute restera à sa place tant que sa gueule sera la plus meurtrière.

Elle releva son regard autant que faire ce peu, la douleur restait présente quoi qu’un peu endormie. Il était imposant ce cavalier. Un peu trop même… d’après sa stature et la force de caractère qu’il venait de déployer pour écarter la vermine, son rang devait être assez élevé. Une raison de plus pour le haïr. Non pas parce qu’il était un démon, mais parce qu’il faisait tout simplement partit de cette horde de dégénérés qui débarquèrent dans la cité pour s’en emparer de force, par le sang. Alors, l’étincelle fit rage dans son cœur, assez pour que son corps se relève. Elle tituba comme une ivrogne, cherchant encore ses repères. Décidément, ce démon dégageait un souffle glacial qui la fit frissonner. Les sourcils froncés de colère, les lèvres crispées et les points sérés, c’est un ange qui faisait face à la fatigue et la peur. Oui oui, la peur revint glisser dans ses veines, elle n’en avait pas honte et assumait cet état. Le corps se balançait, mais les yeux fixaient le démon. Il avait ce côté très carnetier, comme un bête affamée de sang et pourtant, elle lui trouvait qu’il avait une certaine classe, non pas dans ses vêtement tout miteux, mais dans sa poster sur son cheval.

Le cheval… elle n’avait pas vraiment remarqué le lien entre lui et le cavalier, peut-être ne connaissait-elle pas encore cette étrange race de démon, qui sait. L’ange se mit à râler entre ses crocs. Pouvait-elle vraiment puiser dans son élément ? Pas vraiment, le sort semblait jouer en la faveur de l’ennemi et ça ne pouvait qu’empirer son humeur massacrante. Elle cracha entre ses dents des mots qui raclèrent le fond de sa gorge. Les muscles de son visage montrant son dégoût.


" - Je vous maudit ! "

Évidemment… ce mot ne devait avoir que très peu d’importance pour lui, après-tout… les démons avaient été maudits depuis bien longtemps. Maudits par la haine et la peur des autres. Maudit par des millénaires de guerre. Mais ce mot décrivait très bien les pensées de l’ange. On pouvait être maudit de bien des manières.

L’ange restait planté là, comme si elle avait puisé le reste de sa force pour se relever et prononcer ces mots. On pouvait dire d’elle, qu’elle n’était bonne à rien, fragile pour des pacotilles, sans volonté propre. Mais ça lui faisait ni chaud ni froid car elle s’était battue pour eux. Oui, eux là, adultes comme gamins. Un sacrifice pour la protection des autres. Un être bon ? Bof, la conscience primait sur envies. Mais elle glissait dans une vague encore plus sombre que la nuit. L’ange se sentait choir à une vitesse vertigineuse. Le futur… ha ! On verra ça plus tard…
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MessageDes Plumes et des Sabots [Poslan] EmptyLun 12 Juil 2010 - 10:32

Poslan avait observé l'ange mal en point, ses mimiques, l'avait regardé titubé, et avait écouté ses paroles. A vrai dire, elle n'était, pour le drewoor, en aucun point impressionnante. Qu'elle le maudisse tant qu'elle le voulait, ça lui faisait une belle jambe. Une des six. Oh, il la comprenait, cependant. Quelle position délicate. Quel futur obscur s'annonçait pour elle... Le cavalier et sa monture ne savait pas tellement que faire de cette poupée de chair et de plumes, peut être pouvait il se l'approprier? Après tout, pourquoi pas, il avait le mérite de sa position pour choisir l'esclave qu'il voulait, et le Haut Roi, le seul à pouvoir légitimement la lui prendre, n'aurait certainement rien à faire d'un non Igni comme serviteur. Mais au fond, voulait-il d'un esclave?

Le Drewoor était en plein doute, sa liberté et son besoin de bouger n'était pas tellement compatible avec la conception même de chez soi, et de propriété. Mais qu'importe, il aurait tout le temps de voir... L'ange était au sol, aussi le cavalier dut il se pencher, plus que normalement possible, pour la ramasser. Un humain normal, surtout sans selle, serait depuis longtemps tombé de sa monture, avec une position pareille, mais pas un Drewoor adepte du chaos. La gravité, ça n'était qu'une contrainte de plus qu'il se devait de maitriser. Et pour rien au monde il aurait brisé le contact entre ses deux corps, surtout pour un Elementaliste.

Attrapant la base des deux ailes, comme on saisit le plus basique de tous les volatiles, Poslan souleva l'ange du sol, facilement, et la déposa en travers du garrot de son corps animal. Faisant volte face, il repartit vers la pièce qui lui était dédiée. On lui avait attribué une chambre, comme tous les autres Chevaliers Démoniaques, non loin des appartements royaux, et de ceux des conseillers. On lui avait dit que c'était l'ancienne chambre d'un professeur de l'école, que c'était confortable, et pas trop détruit... Bien grand leur fasse, il ne comptait pas y vivre réellement, encore moins y dormir. Il appréciait trop de ne pas avoir de toit sur sa tête.

L'ange fut déposé sur une banquette de velours cramoisie, et Poslan fit venir un démon versé dans l'art de sceller les esclaves. Entraver l'élémentaire était la première chose à faire, tant qu'elle était encore évanouie. Un démon mineur qui servait l'étage apporta ensuite à sa demande de la nourriture, et de quoi boire. Enfin, quelquechose qui y ressemblait. Quand l'ange se réveillerait, elle trouverait peut être quelques forces avec ça... Ou elle crèverait, tant pis.

Dehors, la nuit était belle. Poslan ne pouvait résister à l'appel de l'air frais, ses deux regards tournés vers la fenêtre. Il jeta un coup d'œil à l'esclave dont il ne savait encore trop que faire... Après un renâclement, le Drewoor sortit, laissant l'ange seule. Pour un soir, un jour, une semaine... Qu'importe le temps. Qu'importe s'il la retrouvait morte. Il prit quand même le soin de fermer sa porte à clefs, laissant un double au petit démon serviteur. Celui ci était juste chargé de la nourrir un peu en son absence, ou d'enlever le corps avant qu'il ne pourrisse complètement...
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MessageDes Plumes et des Sabots [Poslan] EmptyLun 19 Juil 2010 - 18:07

Longue somnolence… ça avait était quelques injures, une odeur forte de cheval… et un lourd sommeil.

Elle se voyait de haut, les ailes dans l’air de l’océan, sur un bateau aux voiles indigo, de la dorure sur les portes. Elle se voyait, oui, le sourire aux lèvres, une main dans les cheveux dorés. Le remue des vagues battait la mesure de la tranquillité, quelques poissons luisants aux petites ailes verdoyantes sautaient au dessus des flots en suivant le bateau. C’était un doux moment, peut-être trop beau. Le rêve chavira, il n’y avait déjà plus le balancement du bateau, plus de ciel bleu, plus de poissons… plus de fraîcheur. C’était sombre, moche, une végétation presque fanée. Un Vieil arbre lui servait d’appui. Autour tout était vide, la vie végétale s’abandonnait honteusement, laissant quelques ronces s’agripper plus loin jusqu’à ce qu’il ne reste rien d’autre qu’une terre déserte, sèche et morcelée. Une voix semblait balbutier quelques mots… qu’elle ne comprit pas. Il faisait froid, très froid. Les branches du vieil arbre étaient tellement hautes qu’elles s’estompaient dans le vide. Le tronc semblait venir à la vie, la sève courait sous l’écorce comme du sang dans les veines. Le tronc se déracina, faisant rouler l’ange plus loin, arrachant la terre et la végétation pour s’extraire du sous-sol. Petit à petit, un sabot pris forme sous les racines. D’en haut, elle put entendre le ronflement de l’air sortant des naseaux. L’arbre se changea alors définitivement en destrier noir… le sabot se releva lentement puis se laissa lourdement tomber sur elle, l’écrasant alors. Le bruit sourd du sabot contre le sol raisonna dans sa tête…

Elle ouvrit les yeux et inspira profondément, la main sous la gorge. Ses yeux firent les quatre coins de la pièce… elle revint alors à la réalité. La faim lui tordait le ventre et une douleur aiguë s’élançait dans son aile brisée. Quelle idée que de porter un ange comme une volaille… Plus loin, une infecte bouffe l’attendait. Elle se leva _ lentement _ se retenant sur la bordure de la banquette. Les pieds trainèrent sur le sol, jusqu’à ce que l’ange atteigne le repas qui lui était destiné. On ne pouvait pas vraiment appeler ça de la nourriture, d’ailleurs, elle ne pouvait pas vraiment dire la provenance des aliments. Verdure ? Viande ? Boue ? Un mélange de tout ça ? Mais lorsque la faim cri si fort, il est hors de question de lui refuser la nourriture aussi dégueulasse soit-elle. La survie ne tiens parfois qu’à ça. Elle grimaça à l’idée qu’elle s’apprêtait à manger ce truc visqueux. C’est du bout des doigts que des lambeaux de nourriture s’arrachèrent au plat. Elle tira la langue pour déposer cette chose d’un aspect infecte puis l’ange ne pris pas la précaution de mâcher le tout… ça glissa très vite dans la gorge. Elle retira la langue, de dégoût cette fois. En effet, ce n’était pas bon du tout. Mais son corps lui jura de survivre une fois le repas terminé. Ce fut long, elle n’en voyait pas la couleur du plat… mais au bout d’une bonne heure de combat mélangeant cette ignoble composition avec l’eau elle cria victoire.

Le temps étant long dans cette prison… prison étant bien le mot. Zeo rageait contre la situation déplorable dans laquelle elle avait été balancée, jetée comme un chiffon. Elle estimait avoir plus de valeur que du tissu… pourquoi les jours se mirent à défiler avec l’ennui sans que le cavalier ne revienne ? Elle n’avait droit qu’à cette bouffe répugnante qu’elle prit l’habitude d’avaler et aux paroles déplacées du démon qui lui servait le repas. Puis elle reprit des forces. La chambre n’était pas moche… elle lui disait d’ailleurs quelque chose, peut importe… tout lieu clos devient une prison lorsque la porte d’entrée ne peut pas faire aussi « porte de sortie ». Au début, elle cogna contre la porte, réclamant qu’on la laisse tout simplement sortir. Évidemment, c’était stupide. Puis elle s’énerva jour après jour contre la porte, envoyant des boules d’eau s’écraser contre elle. En vingt. Un soir, alors que la pluie lavait la cité de sa douleur pour un temps, l’ange pris conscience qu’elle avait toujours l’obsidienne à son cou. Elle brillait un peut. Mais à quoi bon connaître le chemin qui la mènerait à lui si elle ne pouvait pas sortir d’entre ces murs ? De nouveaux jours s’écoulèrent sur le monde ou Somnole Elament, rêvassant de battre Elament la sombre pour retrouver sa vitalité. La cité sombrait dans des jours noirs. Zeo pria la pierre à son cou, elle pria pendant des heures qu’elle guide son propre créateur jusqu’ici. Elle brilla un peu plus fort. Peut-être que ça marchait, peut-être pas. Une autre idée lui vint lorsque le serviteur, seul être plus ou moins _ surtout moins _ intelligent lui portait le repas. Finalement, pourquoi pas… ? Il suffirait peut-être seulement qu’elle lui dérobe les clefs pour sortir d’ici. Elle préféra finalement cette solution aux autres qui faisaient trop de bruit pour qu’elle ne sorte du bâtiment sans encombre. Ce fut long et presque laborieux. Elle a souvent été à deux doigts d’être surprise en plain vol. Mais à la longue, elle parvint à ses fins, quelques battements de cils qui ne menaient à pas grand-chose, une aptitude enfantine pour habituer le serviteur à ses gestes et ce fut dans la poche. Ou presque… sortir d’ici n’allait pas être une partie de plaisir, mais après-tout, elle connaissait un peu les lieux –ou presque, encore une fois _.



Au soleil couchant, elle pu respirer l’air de l’extérieur, seulement voilà, c’était presque un retour à la case départ, une cité désormais infestée de démons. L’ange s’éloigna du bâtiment dans lequel elle avait été prisonnière durant… combien de temps déjà ? Longtemps. Elle avait marché jusqu’à se retrouver dans de petites ruelles, elle n’était pas bien loin des anciennes résidences d’aristocrates. Pourtant, lorsqu’elle si trouva, c’était un silence presque dérangeant qui l’y avait attendu. Elle aurait presque pu marcher en chantant sans risquer de se faire embarquer, un risque malgré tout bien trop grand, l’ange préféra continuer sa marche en se cachant à droite et à gauche, prêtant une oreille aux alentours. Elle s’arrêta en face d’un grand manoir. Il y avait des marches presque en colimaçon pour attendre ce qui semblait être la porte d’entrée. A éviter. Mais l’ange leva les yeux, ça ne semblait pas si inhabité que ça finalement, les cheminées crachaient encore de la fumée et ça ne présageait rien de bon pour elle. Zeo continua alors timidement sa marche. Elle cherchait des lieux peu habités pour se sortir de ce pétrin, encore fallait-il atteindre le bord de la cité… et de passer de l’autre côté de la muraille.
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