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 Surtout, ne pas paniquer (privé)

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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyLun 11 Sep 2006 - 17:58

Qu'il regrettait, mais alors qu'il regrettait d'avoir donné rendez-vous au professeur ici ! Lén savait bien évidemment qu'il faisait de plus en plus froid ces derniers temps, dehors, mais alors d'avoir choisi les falaises comme lieu d'apprentissage ! Ah ! Hélas c'était le seul endroit qui l'avait inspiré en matière de vent.

Enfin, même si en lui-même petit elfe s'en voulait un peu de s'être mis dans un froid pareil, il savait pourquoi il l'avait fait, et l'assumait pleinement. Dans un sens, c'était peut-être une partie de son entraînement… mais qui savait combien de temps son apprentissage lui prendrait ? Par ailleurs, était-ce un apprentissage ou un ré apprentissage ? Le jeune professeur ne savait pas très bien. Il avait eut ses cours bien des années avant, mais qu'avait-il réellement appris ?

Incapable de mettre en pratique correctement un seul sort demandé par le professeur, le petit elfe s'était contenté d'en apprendre de très faciles pour s'aider un peu dans les tâches quotidiennes. Sécher des vêtement, faire voler des objet très légers jusqu'à lui lorsqu'il avait la flemme de se lever. Mais très concrètement, à part gober toutes les théories de ses livres qu'il n'avait jamais mises en pratique, Lén n'avait rien appris.

Le professeur ordonnait d'attaquer. Lén refusait. Le professeur demandait de créer une grande quantité de vent tout en augmentant la puissance. Après avoir craché du sang, Lén s'évanouissait dans les quinze secondes qui suivaient le début de son sort. Une catastrophe on vous dit. Le seul sort qu'il avait réussi à former, en première année lors d'un cours en extérieur, résultait de ce qu'il croyait être bon : Il s'était servi de son vent à lui, mais formulant mal ses vœux pour sa première fois, son allié avait crée une brève tornade qui avait foncé droit sur la porte de la Cité. Petit elfe avait réussi à lui dire de s'arrêter avant…

Mais tout ce qu'il récolta au final ne furent que remontrances. Pas le droit d'ordonner au vent directement, de lui demander de l'aide. Le vent ne nous aide pas, c'est nous qui le contrôlons. Pas le droit de l'attirer et de le garder à soi, interdit d'en faire un outil personnel, le vent c'est universel et tu ne peux pas te permettre de jouer les êtres supérieurs en croyant pouvoir le commander sur toute la ligne. Tu dois te servir des directions changeantes, des courants, de sa puissance. T'en servir en étant opportuniste. Pas en le lui demandant.

Le vent c'est une tête de mule, comme toi mon pauvre enfant, et tu n'arriveras pas plus à en tirer quelque chose de lui que moi de toi… Strictement défendu de. Formellement interdit de. Tu n'as pas le droit. Lén, Lén, Lén.

Une larme échappa à petit elfe, mais elle resta unique. Ce n'était pas le moment de se laisser aller. Il espérait que cela avait changé. Le professeur n'était pas le même. Et ses élèves avaient l'air contents lorsqu'ils parlaient de lui, de ses cours ! Après tout, les autres élèves, dans la classe de Lén, eux aussi avaient l'air contents… Il secoua la tête. Il voulait demander au nouveau professeur de l'air de l'aider à trouver une utilité à son élément… Mais lorsqu'il avait quitté le bureau où il avait laissé son mot, il s'était rendu compte trop tard qu'il n'avait pas précisé quelle utilité il souhaitait ! Tant pis, s'était-il dit, après tout il aurait le temps de l'expliquer au professeur, là maintenant. Même si ledit professeur n'était pas encore arrivé.

Lén, tournant le dos à la mer et au bas des falaises pour ne pas voir à cause de son vertige, s'obstinait à regarder les arbres, par là où il était venu. Il attendait en se replongeant dans ses mauvais souvenirs. Ceux de ces cours si inintéressants, si violents.

Pourquoi tant vouloir former des guerriers de l'Air ? Toujours attaquer. Pas le temps de sentir le vent, de l'écouter. Pas le temps d'apprendre à faire des tas des choses différentes avec lui. Juste attaquer, même les sorts de protection étaient offensifs.

Lén avait à moitié oublié toutes les raisons que son professeur lui avait données de suivre ses méthodes, et non pas d'en faire à sa tête à lui, elfe insolent. Insolent bien malgré lui. Aujourd'hui encore il ne comprenait pas pourquoi on lui avait interdit d'utiliser son vent. Le professeur prétendait que ce n'était qu'une aura qui était toujours très répandue chez les elfes, et que ce n'était pas parce qu'elle sentait bon qu'il fallait la croire surpuissante. Lén n'avait jamais cru cela, lui qui criait haut et fort durant le cours que jamais il n'attaquerait quelqu'un avec son élément. Il ne voulait pas de cela, il voulait aider avec, mais pas en s'amusant à emprisonner les autres dans une tornade ou il ne savait quoi. Son maître lui avait rappelé cette tornade qu'il avait crée. Mais n'avait pas laissé le temps à son élève de s'expliquer.

En vérité, petit elfe n'avait pas demandé de tornade ! Il avait juste pensé quelque chose que son vent avait mal compris, étant donné que leur relation en tant qu'élémentaliste et élément n'avait débuté que quelques semaines avant. Depuis, Ils se comprenaient bien mieux. Le vent devinait ce que souhaitait Lén et s'exécutait, à petite échelle ben sûr puisque sa puissance était très faible. De son côté, petit elfe prenait toujours le temps de parler à son vent, de jouer avec lui, d'écouter ses messages. Et de le laisser libre, sans cesse libre.

Avec un soupir, Lén tenta d'arrêter ses pensées là. C'était fini, ça ! Méchant prof ! Il était parti de toute façon ! Et il y avait sans aucun doute moyen de parler avec le nouveau. Il comprendrait peut-être ! Il saurait sûrement faire quelque chose avec ce vent si particulier, qui n'avait ni nom ni indication précise, qui était indépendant du vent en général comme celui qui soufflait sur les falaises.

Les yeux perdus dans le vague, petit elfe repassa en boucle ce qu'il pourrait répondre aux éventuelles questions du professeur, lui expliquer pourquoi, lui dire combien c'était important…
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Archael
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyMer 13 Sep 2006 - 12:05

Pas si léger que les pierres branlantes des Falaises ne roulent même pas sous les sandales. Longue chevelure de neige, flottant librement dans la brise. Yeux couleur de rêve, semblant lire jussqu'au fond des coeurs, fixés pensivement sur la ligne lointaine où le ciel se confond avec la mer. Tunique blanche et azur pâle, aux teintes synonymes de liberté... tel était celui qui longeait le rebord rocheux, à quelques centaines de mètres de Lén.

Quand il avait reçu ce billet, hier soir, dans son bureau, il venait de revenir d'une épuisante série de recherches sur la téléportation. Il n'avait pas tout de suite réalisé. Il avait pensé à un habitant de la Cité désireux de se perfectionner. Puis le nom lui avait rapellé quelque chose. Lén... Lén... Lén! Un nom de brise d'été, un nom clair et chantant, qui sonnait joyeusement comme une clochette de carillon. Qui était-ce? Il avait massé ses tempes douloureuses, cherchant dans ses souvenirs. Peu à peu, des traits s'étaient dessinés devant ses yeux. Un visage aux traits presque enfantins... des yeux verts qui se posaient sur les choses, sans vraiment les voir, comme s'ils voyaient au-delà de la réalité de ce monde... une expression à la fois chaleureuse et rêveuse. Lén... Lén... Tannier?!? Le prof de Littérature?? Pour être sûr, il s'était rendu au bureau situé à quelques portes du sien, et avait comparé l'écriture du billet à celle du pannonceau sur la porte. Plus de doute...

Depuis la Cité, il avait marché une bonne heure pour venir au rendez-vous, délaissant la route toute tracée pour le plaisir de fouler la bruyère odorante, libre de tout sentier et de toute limite, libre de se perdre, libre de penser, libre de rêver. Souvent il volait pour se déplacer, habitant serein et agile de son ciel bien-aimé. Mais le si vol était source de sensations douces et puissantes, s'il apaisait les coeurs, la marche avait la qualité d'être propice à la méditation. Le rythme régulier des pas berçait l'esprit sans l'engourdir, permettant aux pensées de s'éclaircir et aux souvenirs de rescussiter pour un instant.

Tout en avançant dans les hautes herbes qui sentaient bon le thym, l'ange se souvenait... ces années d'errances, cet interminable cauchemar qui avait précédé son arrivée à Elament. Quand il errait encore, les yeux pétrifiés, le coeur gelé, incapable de même de trouver un réconfort durable quand il volait. Il lui arrivait de marcher des semaines entières, droit devant lui, sans chercher à savoir où il allait. Son organisme insensible à la fatigue puisant directement son énergie dans la lumière solaire, et la stockait dans ses ailes durant la nuit. Il avait franchi montagnes, déserts, plaines fertiles, parcouru le continent en tous sens pendant cent cinquante années. Il ne prêtait attention à rien. Son esprit était comme enfermé dans une muraille d'air solidifié. A présent qu'il était sorti de cet état de demi-vie, les souvenirs de ses voyages revenaient peu à peu. Le froid de la bise dans les steppes du Nord... les reflets du soleil levant sur les hauts sommets des Monts de l'Est... le bruit des tempêtes de sables dans les déserts méridionaux. Et puis, une odeur si semblable à celle-ci... la fragance douce des herbes marines qui poussaient sur les dunes, au bord de l'Océan du Couchant. Combien d'images, de sons, dormaient-ils ainsi dans sa mémoire, attendant que quelque chose lui permette de s'en souvenir?

Mais en pensant au passé, le présent avait filé comme l'éclair. En regardant le soleil, il estima son retard à une bonne demi-heure. Plus question de se laisser aller à la rêverie. En quelques minutes de marche rapide, il avait atteint le bord de la falaise. De là, on dominait directement la mer et le ciel semblait à portée de main. Personne? Si... là-bas... une petite silhouette immobile, assis sur un rocher. Elle se trouvait à quelques centaines de mètres à peine. En route...

Arrivé à quelques mètres, Archael avait souri un instant à l'elfe, puis s'était assis au bord de la falaise, les jambes dans le vide, une longue herbe à la bouche. Il n'avait rien dit. A quoi bon se presser? Tel le vent, qui semblait aller partout mais parvenait toujours à sa destination, on ne gagnait rien à vouloir hâter les choses. Plongé dans la contemplation de l'horizon, il laissa filer plusieurs minutes dans le silence, brisé seulement par le bruit du ressac et le cri mélancolique des oiseaux de mer. Le temps semblait avoir suspendu son cours, entre deux contemplatifs à peine conscients de la présence l'un de l'autre, perdus sur les chemins de l'âme et les sentiers du rêve. Pendant quelques instant seulement... quelques
fugaces fragments d'éternité.

"Que dit le vent?" fit doucement le Trône, comme s'il craignait de rompre l'enchantement. "Quelles sont les nouvelles du ciel?"

Les paroles, pourtant, ne s'adressaient pas à Lén. A qui alors? A lui-même? Au ciel? Au vent? Peut-être un peu de tout cela... peut-être à personne. Et cependant le vent, par une illusion mystérieuse, semblait s'enrouler autour de l'ange et chuchoter à son oreille les mots du soleil et des grands océans des cieux...


Dernière édition par le Ven 15 Sep 2006 - 15:47, édité 1 fois
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyJeu 14 Sep 2006 - 19:10

Ne sachant pas combien de temps il s'était passé depuis son arrivée jusqu'à celle de la personne qui devait sans doute être Archael, Lén secoua la tête comme s'il avait une hallucination. Il avait gardé les yeux dans le vague trop longtemps ! Il se frotta les yeux comme un enfant réveillé de trop bonne heure, mais il s'avéra lorsqu'il rouvrit les yeux que la silhouette lumineuse qui se rapprochait de lui était bien réelle.

Ses pensées s'envolèrent, aussi simplement que cela. Il était temps de faire place à d'autres. Lén était vraiment très organisé de bout en bout ! Il rendit son sourire un l'Ange, mais un sourire relativement faible, qu'il accompagna d'un signe de main.

Déjà, l'Ange lui passait à côté. Un instant encore, Lén resta debout. Par politesse. Puis il finit par s'asseoir à cause d'un début de mal de dos. S'asseoir d'accord, mais avec prudence ; comme à son habitude, il y alla lentement, en prenant soin de ne pas froisser ses vêtements. Surtout pas sa nouvelle tunique verte ! Du silence juste troublé parles bruits de la nature s'était installé, et petit elfe le supportait à peine. Il faillit ouvrir la bouche pour briser le silence, mais ce fut Archael qui le fit à sa place, le devançant.

Lén resta bouchée bée à ses questions. Mais ne répondit rien. Du moins pas tout de suite. Savait-il que cela ne lui était pas adressé ? Pas spécialement. Mais il trouvait les questions étranges et ne savait quoi y répondre… Cette entrée en matière fit posa une seule autre question hors-contexte : "Archael aurait-il changé ?", puis la question avait disparu aussi vite qu'elle était venue. Tout simplement parce que Lén n'avait vu Archael qu'une seule fois et qu'il ne le connaissait pas du tout. Comment se permettre alors de penser de telles choses ?

Petit elfe ne tourna pas la tête vers l'Ange. Retourné loin des Falaises, dans les méandres de ses rêveries éveillées, il réfléchissait. Même superficiellement, mais il réfléchissait, tout en jouant avec sa main, la laissant au ras des herbes qui, pliant au gré des vents, revenaient parfois lui caresser la paume. Il observait leurs mouvements très fixement, les sourcils légèrement froncés. Dans cette position et avec cette expression, on aurait cru que petit elfe faisait de l'exorcisme !


-Rien de bon, en tout cas, finit-il par lâcher tristement. Sûrement une des raisons pour lesquelles je veux vous voir.

Malgré lui, il venait de vouvoyer Archael, qui était son élèves il fut un temps et qu'il aurait tutoyé sans peine. Vouvoiement, signe que Lén se sentait écrasé par une force quelconque.

Sur ses derniers mots, le vent autour de lui sembla prendre toujours plus de force. Le capuchon qui recouvrait la tête de l'elfe tomba, et il ferma les yeux. Mais en souriant, ce qui contrastait bizarrement avec la phrase qu'il venait de dire et le ton qu'il avait employé pour cela… Ce vent alors !

Tout en se relevant, aussi lentement qu'il s'était assis, Lén fit travailler sa tête à toute vitesse pour parler mentalement à son vent. Il lui disait des choses que jusque là, il ne pourrait jamais dire à l'oral, où seulement en situation grave… Mais de jolies choses ! En même temps, des choses secrètes. Entre lui et cet élément qui s'affolait toujours plus, surtout depuis que petit elfe avait diagnostiqué que les messages apportés n'étaient pas bons. C'était vrai qu'ils n'étaient pas bons… Archael le sentirait bien tôt ou tard, Lén n'avait rien à lui apprendre là-dessus.

Lén se rapprochait justement de l'Ange, caressant au passage ses fées et ses bandelettes de couleur, pour les rassurer. Et leur faire comprendre qu'il les écouterait plus tard… Quand son esprit serait moins pris. Petit elfe ne pouvait pas tout faire ! Eal, les futurs - peut-être - cours sur l'Air, et les messages du vents… Des sujets tous très importants. Lén n'en avait jamais eu autant d'un coup !

Il s'accroupit de nouveau, tout près d'Archael. Et posa sa main sur son bras, sur la manche couleur azur, en souriant radieusement. Il dit d'une voix très douce mais assez claire et forte pour se faire entendre à travers le bruit du vent :


-Je suis de nature pressée, Et encore plus lorsque j'ai peur. Je veux apprendre à défendre ceux que j'aime, pour ne plus être un boulet pour eux. Pas attaquer, défendre. Même soigner si possible ! Et apprendre tout cela en fermant les yeux… Je crois que voir du sang ne serait plus que ma seule faiblesse, alors…

Au début de son discours, Lén avait regardé Archael droit dans les yeux, le regard brillant de détermination. Le vert dans le bleu. Mais progressivement, il avait dévié le regard en avouant avoir peur du sang. Ce n'était toujours pas facile à dire, il était vrai. Toutefois, dès les premiers mots, son sourire avait disparu. Sa voix, bien que comme d'habitude, portait une gravité peu coutumière.

Quoi vous n'aviez pas compris cela ? Vous n'avez pas vu qu'il n'y a qu'un seul point d'exclamation dans tout ce que Lén a pu dire jusque là ? Que son discours même change de tout ce qu'il peut déblatérer d'ordinaire ? Vous seriez alors aussi aveugles que lui.
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyVen 15 Sep 2006 - 15:48

Pendant quelques instants, le regard de ciel de l'Ange resta fixé sur l'horizon, comme s'il écoutait autant le vent que les paroles de son interlocuteur. Mais quand celui-ci posa la main sur sa manche et se mit à parler avec une détermination inhabituelle, Archael accepta son regard, lui accordant toute son attention.

Cependant, il ne répondit pas encore tout de suite, pesant chacune des paroles qui lui avait été adressée. Ainsi, après avoir été jadis son professeur, Lén voulait devenir son élève. Apprendre, non à porter la mort, mais à préserver la vie. A manier le bouclier plutôt que l'épée, être la main qui panse et non celle qui frappe.

Pourquoi, cependant? La réponse était dans la phrase du jeune elfe. Pour aider ses amis plutôt que d'être un fardeau. Il savait donc... il savait que viendrait le temps où il aurait besoin de ce savoir. Un instant, une peine profonde traversa les yeux clairs de l'Ange. Les nouvelles du vent... prenant la question à son compte, le jeune professeur avait répondu d'une façon qui confirmait les pressentiments du Trône. Ainsi, Lén, lui aussi, avait perçu cette ombre qui habitait l'air.... ce changement dans les courants du ciel.

Car comme lui-même, l'elfe faisait partie des rares êtres à avoir un coeur assez sensible pour écouter la voix du vent. Pour les Aeras, il était plus qu'un simple courant de magie. Il était un ami, un compagnon, un confident à qui l'on pouvait confier ses secrets. Ceux qui ne le considéraient pas seulement comme un pouvoir à utiliser pouvaient alors entendre sa voix à leur tour. La brise d'été, les rafales d'automne, les grands vents de printemps, même la bise froide l'hiver parlaient au creux de leur oreille. Ce n'étaient pas des mots, mais le vent portait la rumeur du monde. Le pouvoir de l'Air était rattaché aux mirages et aux rêves. On disait de certains grands Aeras du passé qu'ils pouvaient connaître les grands évènements présents ou à venir, rien qu'en entendant le vent souffler autour d'eux. Ils prédisaient les naissances, les moissons, les mariages... et les guerres.

Machinalement, Archael eut un geste dans le vide, comme pour caresser tristement la brise. Ces dernières semaines, cet éternel compagnon changeait peu à peu. Le vent était plus froid... il ne portait plus les clochettes tintantes du printemps. N'y sonnait plus aussi souvent les rires des êtres de l'air. Certaines nuits, quand les rafales gémissaient entre les roches et les branches, l'ange qui ne connaissait pas le sommeil restait des heures debout, à l'extérieur de la Cité. Jusqu'au matin, il demeurait à écouter ce chant sauvage, le coeur serré. Où était le chant doux du vent nocturne, celui d'autrefois?
Parfois, il aurait juré y entendre des ricanements ou des paroles de maléfices. D'autres fois, c'était des odeurs de sang, cette senteur maudite de corps étendus sur un champ de bataille déserté. Le vent était sombre, la nuit, depuis quelque temps. Il portait le reflet pâle de l'acier. Le monde, obscurément, tentait d'avertir ceux qui le respectaient, ceux qui savaient l'écouter, du danger imminent. Quelque part, l'Ombre s'étendait. Dans l'obscurité, quelque chose de sombre et de mortel était à l'oeuvre... l'Heure approchait où ce dieu maudit appellé la Guerre, cette pulsion stupide qui gangrénait l'univers, allait se réveiller. Longtemps, le Trône aurait voulu se voiler les yeux devant ce qui approchait. Il n'en était plus temps. La détermination de Lén lui avait fait prendre conscience que nul ne pouvait entraver la marche du Destin...

Doucement, mais fermement, Archael prit la main de Lén et la serra. Son regard scrutateur plongea au fond des prunelles de l'elfe.


"Les temps viennent," fit l'Ange gravement, "où les dons de chacun seront nécessaires, Lén. Les guerriers, autant que ceux de gens comme toi et moi. Si tous n'ont pas les talents de la guerre, chacun a reçu en dépôt quelque chose d'unique dont il doit faire bon usage. Souviens-toi... Tu n'es pas un fardeau pour ceux que tu aimes. Pour eux, ton sourire a plus de prix que l'aide d'une armée, parce qu'il leur redonne le courage et l'espoir."

Archael lâcha la main de l'elfe, mais ne détacha pas son regard du sien.

"A la condition que tu me promettes de ne jamais oublier cela, si tu veux apprendre à défendre et à soigner les tiens, je t'apprendrai..."
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyVen 15 Sep 2006 - 19:39

Un second silence, et enfin, Lén sentit la main d'Archael serrer la sienne. Petit elfe baissa les yeux sur cette main, aussi pâle que la sienne. Puis la voix de l'Ange s'éleva.

Même s'il écoutait, Lén ne pouvait s'empêcher d'être ailleurs dès la première phrase. Des temps, des gens nécessaires, des guerriers, la guerre en général… Il avait peur, de plus en plus.

Oui, oui, en effet, il avait senti dans son vent que quelque chose n'allait pas, qu'on préparait quelque chose, quelque part… Mais même s'il s'en doutait que très légèrement, il ne n'y croyait pas. Ou plutôt… Il refusait d'y croire. Il se cachait les yeux, comme il avait pris l'habitude de le faire avec Tina, pendant les combats. Il restait derrière avec un bandage sur les yeux. Le combat se passait près de lui mais il ne voulait pas s'en mêler… Tina gagnait toujours de toute façon. Ce serait pareil pour ce qui risquait d'arriver, n'est-ce-pas ? Il y avait tant de gens comme sa sœur ! Des gens forts, qui repousseraient le danger sans trop de peine…

Et lui, derrière, se bornant à s'inquiéter. Et lorsque tout serait fini, son petit bonheur recommencerait.

"J'y étais mais j'ai rien vu."

Pourtant, Lén était là, à demander des cours. Signe que même s'il faisait semblant de ne pas voir, au fond de lui une peur glaciale s'était installée. S'il voulait continuer à vivre, plus pour ceux qui l'aimaient que pour lui, et soutenir au mieux ces personnes pour les garder elles aussi en vie auprès de lui, il devait apprendre. Prouver qu'il avait du courage d'avoir du courage !

Déjà lorsqu'Eal lui avait promis la protection, petit elfe s'était soudain senti d'une inutilité flagrante. Cette histoire de rester derrière à ne rien faire, à attendre, ne serait plus possible longtemps. Et ce désir d'aider, de protéger toutes les vies qu'il aimait et même les autres, qu'il aimait toutes autant les unes que les autres, c'était… Son plus beau rêve. Il avait l'occasion d'en finir avec sa cécité. Il pourrait montrer tant de choses ! Les autres seraient fiers de lui, si fiers ! Et lui tout autant de lui-même !

Retour à la réalité, Lén…

Lén releva lentement les yeux vers Archael alors que celui-ci entamait une autre phrase. Mais les mots de celle d'avant résonnaient encore dans la tête de petit elfe. Il sourit presque malgré lui, sans savoir pourquoi car encore enfoui dans ses pensées.

Les sourires, l'espoir, le courage. On lui avait tant parlé de ça, mais Lén s'était bien dit que ce n'était que pour lui faire plaisir, pour ne pas qu'il se sente encore plus inutile, et qu'il se mette à pleurer, le rendant encore plus inutile. Il s'était déjà trouvé dans quelques situations très difficiles où l'on agonisait devant ses yeux bandés. Comment sourire quand l'autre est aux portes de la mort, que vous êtes seul avec lui et que vous ne connaissez rien en soins ?

Certes, Lén croyait aux pouvoirs des sourires, mais il voulait pouvoir sourire en disant "Ca va aller mieux !", et s'occuper lui-même d'une blessure. Là, l'autre pouvait repartir. Mais petit elfe se sentirait mal à l'aise devant quelqu'un prêt à mourir, sans qu'il ne puisse l'aider, et lui sourire. Ainsi lui donner un faux espoir. Tant de sentiments mêlés, trop difficiles à expliquer, voyez comme on s'embourbe !

Il y avait un contexte pour tout. Lén y allait au cas par cas, mais voulait faire tant de choses à la fois ! Pour tout ce monde qu'il aimait tant ! Pour Eal surtout. C'était grâce à lui et pour lui que Lén voulait faire tout cela. Il y avait toujours songé mais n'en avait jamais eu le courage. Peur d'avoir peur. Peur de tout. Il fallait… Y mettre un terme.

Petit elfe ne dit rien de tout cela. trop long, trop compliqué... Trop personnel, peut-être. Et ce n'était pas en parlant de tout cela qu'il ferait avancer les choses.


-Je n'oublie jamais ce genre de choses... Même s'il pouvait m'arriver de ne plus y croire quelques instants par faiblesse, je ne l'oublierai jamais. Alors...

Il acquiesca enfin, répondant aux derniers mots d'Archael prononcés. Il acquiesçait vivement, le visage portant une expression mêlant toujours cette détermination avec la fierté nouvelle et une pointe d'appréhension. Son coeur se gonfla. Il était si pressé ! Son sourire s'élargit.

-Je promets ! Je promets de tout mon cœur !

Il voulait, il voulait, pour Lui, pour Elle, pour les Autres, pour Tous… Et en dernier pour lui-même.

Il se releva presque d'un bond, cheveux, tunique et cape volant au vent. Il leva les yeux vers le soleil. Et fit un autre signe d'affirmation avec la tête. Il serra le poing et le posa sur son cœur. Dans sa tête, il promit encore une fois, dans sa langue si ancienne, sur le nom de son dieu. Lui aussi serait fier de son Enfant !

Finalement, l'elfe baissa de nouveau le regard en laissant tomber un moment son sourire, détaillant Archael, captant ses expressions, voyant au-delà de son visage, retrouvant cette habitude qu'il avait bizarrement perdue…


-Quand commence-t-on ?

Et le sourire fut retrouvé en un éclair !
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyLun 18 Sep 2006 - 8:31

En réponse au sourire de l'elfe, Archael sourit à son tour. C'était son premier véritable sourire, pas un mouvement des lèvres inquiet, ou une expression amicale mais lointaine. Non. Quand le Trône souriait vraiment, c'était une moisson de soleils qui brillait dans ses yeux clairs, fenêtres ouvertes sur le ciel. Et comme chaque sourire avait une signification, celle-ci était particulière. Si le sourire de Lén ramenait magiquement dans les coeurs l'espoir et la joie, le sien avait le don d'apaiser.

"Quand? Maintenant."

Il resta pourtant immobile, sans montrer la moindre intention de se lever. Soigneusement, il allongea le bras, cueillit une nouvelle tige de graminée et la porta à sa bouche. Puis il se laissa aller sur le dos, les bras croisés sous la nuque, le regard perdu dans le bleu, et invita du geste son compagnon à faire de même. Cela pouvait certes paraître une façon peu banale de mener un entraînement. L'idée qu'on se fait d'un entraînement à la défense est souvent celle d'un magicien entouré de flammes, bombardant son disciple de boules rougeoyantes que celui-ci apprend à bloquer. Ou d'un élémentaliste d'eau en train de maintenir un bouclier de glace devat lui, que son maître s'acharne à réduire en morceaux encore et encore.
Mais dans le domaine instable de la magie aérienne, se lancer sans préparation dans un entraînement frénétique conduisait dans le meilleur des cas, à beaucoup d'efforts pour pas grand-chose, et dans le pire des cas, à la catastrophe. Archael le savait. Par ailleurs, ni Lén ni lui-même n'étaient des magiciens physiques. Les Aeras en général n'étaient pas portées sur la puissance brute, mais eux, plus encore, préféraient la manier avec douceur et subtilité. Et curieusement, cela fonctionnait souvent mieux que la technique de certains primates qui ne savaient que déclencher tornades sur tornades en beuglant.


"La magie d'air est différente des trois autres, Lén, tu le sais. Elle est parfois plus complexe, souvent plus changeante, toujours plus floue. On a divisé la science de l'Air en plusieurs grands sujets qu'on nommait autrefois les Disciplines. Tout ce que je t'apprendrai aujourd'hui relève de deux Disciplines: Aegis et Ishtar..." énuméra l'ange en levant deux doigts vers le soleil. "Aegis est le domaine des boucliers et protections magiques de toute sortes, Ishtar l'art des guérisseurs et des exorcistes."

Ishtar... Aegis... les deux noms jumeaux des deux souverains de la légendaire ville elfique de Telin Amroth. Même les anges ignoraient si ces jumeaux avaient vraiment existés ou n'étaient que des légendes... Aegis le roi au bouclier d'or, et Ishtar la reine à la main guérisseuse. Deux élémentalistes d'Air, disait la tradition, qui avaient jadis fondé leur Cité au coeur des forêts elfiques. Un instant, il eut la tentation de demander à Lén s'il avait entendu ou lu quelque chose à ce propos. Il y renonça, ne voulant pas se lancer dans d'interminables discours. Il y avait déjà bien assez de théorie à faire comprendre à Lén pour qu'il puisse utiliser utilement ses capacités...

"Par lequel souhaites-tu commencer? Ou plutôt, dans lequel te semble-t-il que tu seras le plus à l'aise? Si tu ne sais pas, surtout ne réfléchis pas, dis-moi le premier qui te vient à l'esprit, le premier qui te fait envie. Ou peut-être celui que le vent choisira si tu lui demande..."

La question s'accompagnait d'un rgard scrutateur. En effet, les pouvoirs des Aeras étaient très variables selon les personnes. Certains étaient des télépathes puissants mais n'avaient aucun don en manipulation d'air. D'autres étaient des guérisseurs presques capables d'égaler les Aquas, mais n'arrivaient même pas à dévier une pierre lancée sur eux. C'était aléatoire, déterminé à l'apparition des pouvoirs de l'individu concerné. Les seuls moyens d'y changer quelque chose étaient la pratique, le temps et la persévérance. Mais le temps leur manquerait bientôt. Mieux valait tenter de trouver les points ou Lén se sentirait le plus à l'aise.
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyLun 18 Sep 2006 - 14:43

Ah, Maintenant ? Parfait ! Petit elfe faillit en sauter de joie, mais se retint juste à temps. S'ils pouvaient commencer tout de suite, cela était très bien ! Pourtant… Euh… Archael ne semblait pas aussi pressé que lui. Et s'était allongé dans l'herbe, invitant même Lén à faire pareil. Mais l'elfe resta encore un instant debout, assez surpris. Il détailla alors quelques secondes de plus le visage de son interlocuteur, avant de consentir à se baisser de nouveau. Toujours en prenant immense soin de ne pas froisser ses vêtements.

Archael souriait. Donc il savait ce qu'il faisait. Lén jugeait même qu'il n'avait pas besoin de sourire aussi joliment, détendu, pour savoir ce qu'il faisait. De toute façon, il avait d'emblée la confiance de petit elfe sur le travail à suivre.

Commencer tout de suite, physiquement ? Et jouer les primates ? Eh bien… Lén y avait songé. N'était-ce pas comme cela qu'on avait tenté de lui faire rentrer des sorts dans le crâne ? Certes, aucun n'était jamais rentré, mais même s'il avait toujours espéré une autre technique, il n'avait vu que celle-là. Heureusement, Archael n'était pas son ancien professeur. Tellement inintéressant dans sa manière de faire aux yeux de petit elfe qu'il était le seul élève à préférer regarder les oiseaux plutôt que ses démonstrations magiques.

Assis donc dans l'herbe, toujours en tournant le dos au vide, Lén écouta sagement les paroles de son nouveau professeur. Le discours du début changeait déjà de l'ancien. Cette fois-ci, petit elfe avait envie de l'écouter dès les premiers mots. Et jusqu'au bout.

Vaguement, il avait eu connaissance de cette histoire de disciplines. Aegis et Ishtar par contre, cela lui disait bien quelque chose. On en parlait tant, brassant plusieurs légendes à leur sujet chez les Solanestis. Un instant, Lén voulut croire qu'Aegis était l'ancien nom de son dieu Haeris, ou qu'il y avait un rapport quelconque entre les deux… N'y avait-il pas des statues, au Temple, représentant ledit Haeris avec un grand bouclier doré ? Et une épée aussi, mais dont il ne se servait jamais pour tuer.

Seulement, si Lén voulait vraiment pouvoir apprendre des techniques de défense, il voulait aussi soigner. Et cela allait parfois tellement vite dans les bagarres, les blessures ! Il allait donc à penser que le plus utile à ses yeux était le soin.

Le choix était fait ! On allait tous apprendre à sécher ses vêtements d'un claquement de doigts ! Non ? C'est pas une discipline, ça ? Oh, pardon.


-Je me sentirais sans doute très à l'aise dans les deux, mais dans l'éventuelle urgence je préfèrerai soigner !

Il joignit les mains et accompagna ses paroles d'un signe affirmatif de la tête. L'idée de soigner lui plaisait énormément… Pourtant il savait très bien qu'il ne supportait pas la vue du sang. Heureusement, comme il avait appris à se débrouiller les yeux fermés ou bandés, il savait qu'il n'aurait aucun mal à rendre les deux choses compatibles. Mais savoir soigner lui demanderait sans doute de mieux pouvoir se débrouiller encore sans la vue. Ce n'était pas un problème, il y arriverait !

Il avait appris récemment qu'on pouvait soigner en étant de la magie de l'Air. Sans forcément passer par de grands cours de médecine ou sur les potions. Il l'avait lu par-dessus l'épaule d'un élève du cours d'Archael, qui avait pris des notes de ce qu'avait dit oralement le professeur. Un coup de chance pour Lén. Sa curiosité lui servait bien, parfois ! En apprenant cette formidable nouvelle, Lén avait compris que son ancien élève était désormais le professeur qu'il lui fallait. Et il avait de la chance qu'il ait accepté de lui apprendre ce qu'il souhaitait !

Les yeux brillants d'envie, petit elfe continuait d'observer le visage de l'Ange, lui réclamant sans dissimulation son envie de connaître la suite ! Car il était vrai qu'il ne voyait pas vraiment comment on pouvait exploiter ses talents d'Aera (même si chez Lén "talent" était un bien grand mot) pour soigner des gens !

Alors l'air interrogatif, il agrippa sa tunique sur ses genoux et fit mine de la réajuster pour ne pas la froisser alors qu'elle était on ne pouvait plus aplatie !
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyMar 19 Sep 2006 - 22:06

Les mains toujours croisées sous sa nuque, l'ange au cheveux d'argent ne paraissait toujours pas pressé de se lever. Au contraire, il fermait les yeux et continuait à parler, sur sa lancée, avec autant de naturel que s'il était assis à un bureau devant 30 élèves. Non qu'il n'eût pas senti l'impatience de son compagnon, mais... il préférait avoir fini d'expliquer jusqu'à la dernière ligne une magie complexe, avant de la pratiquer ou de la faire pratiquer.

"Bien... Ishtar alors. La discipline qui forme à réparer les blessures du corps ou de l'esprit. Je vais commencer par t'expliquer le principe du soin physique. Ecoute."

Archael se redressa, s'appuyant sur le coude. Tout en fixant Lén, il releva la manche de son autre bras, mettant à nu sa peau si pâle qu'elle en paraissait livide. D'un geste à la fois précis et doux, il passa un index le long de son poignet, suivant le tracé des veines et des tendons, que l'on devinait sous la peau.

"Les techniques de guérison classiques sont nombreuses, mais elles reviennent souvent à la même chose. Quand une blessure doit être soignée, deux choses sont indispensables: primo, réparer les dégâts physiques, c'est à dire recoudre les parties déchirés ; secundo, redonner la vie aux cellules mortes ou sur le point de mourir. Les Aquas, par exemple, utilisent l'eau présente dans l'organisme. En s'en servant comme un outil à la fois précis, doux, tranchant, cautérisant, et capable d'arriver partout sans abîmer, ils peuvent guérir des blessures graves et même certains maladies mortelles. De plus, ils savent utiliser l'énergie de l'eau, sa résonnance magique, pour agir sur l'énergie du corps et donc sur ses cellules. Tu me suis?"

Question idiote... où voulez-vous que Lén aille? :p Mais certaines formules stupides sont bien utiles pour ponctuer une longue explication... surtout sur des éléments aussi théoriques.

"Je te le dis tout de suite" prévint l'Ange, "nous sommes incapables de faire aussi bien qu'eux. La magie de la vie par excellence est celle de l'Eau, c'est ainsi... heureusement, nous avons quelques petites astuces de notre côté. Si nous ne pouvons pas agir sur l'eau du corps, nous autres Aeras sommes spécialisés dans tout ce qui est manipulation énergétique: foudre, magnétisme, lumière, pression, et j'en passe. Or, qu'est-ce qui circule dans un corps en permanence grâce au sang, qu'est-ce qui maintient les cellules en vie, qu'est-ce qui relie le corps et l'esprit même dans l'inconscience? Eh bien, tu peux l'apeller force vitale, aura, magie corporelle, tout ce que tu voudras - mais c'est de l'é-ner-gie. Et à cause de cela, n'importe quel Aera peut s'en rendre maître."

Les dernières paroles avaient été fermes, sans réplique. L'ange de cristal se souvenait trop bien de certains élèves de sa classe. A entendre les mots "manipulation d'énergie", "courants magiques" et autres mots semblables, ils prenaient cela pour quelque chose d'effroyablement compliqué. Ils perdaient toute confiance en eux et ne progressaient pas. Et même si Archael faisait confiance à Lén pour ne pas tomber dans ce piège grossier qui se nomme "Doute", il prenait automatiquement le ton qu'il aurait utilisé pour l'un de ses élèves. Maladresse? Peut-être... réflexe d'enseignant? Peut-être aussi. Ce n'était pas parce qu'on était un professeur, ou un Aera expérimenté, ou un ange à la mémoire plusieurs fois millénaire, qu'on était infaillible!

Et puis... il y avait autre chose. Tout en expliquant les idées de base du soin par la magie de l'air, le Trône se concentrait sur Lén. Il y avait quelque chose qu'il devait absolument déterminer, pour savoir comment adapter son entraînement. S'ils voulaient progresser très vite, c'était autant à lui de mouler ses leçons exactement de la façon voulue, qu'à petit-elfe de s'appliquer de tout son coeur.
Aussi l'ange avait-il ses perceptions éveillées à leur maximum, tentant de cerner l'aura de son compagnon: sa forme, son caractère, son essence. Bref, de trouver ses prédispositions de naissance pour tel ou tel pouvoir de guérison. Parce que la question était la suivante... ah!? Au moment où il finissait sa dernière phrase sur l'énergie, il avait perçu une infime vibration dans l'esprit de Lén. Tellement subtile comme différence, avec lui-même par exemple, mais caractéristique. Il en était presque sûr à présent... autant poser directement la question.


"Une dernière chose avant que nous nous exercions à comment traduire tout cela en gestes pratiques... Lén..." fit l'ange après un instant de silence, "en plus de tous les grands vents du monde... tu possèdes un vent à toi, n'est-ce-pas? Un petit vent, toujours le même, que tu reconnais à chaque fois et qui t'accompagne en permanence... ton vent... je me trompe?"

Question étrange, n'est-ce-pas? Tous les Aeras n'avaient-ils pas le Vent comme compagnon?


...

Vraiment?
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyMer 20 Sep 2006 - 16:30

Ecoute, Ecoute… Toujours, chef !

Suivant attentivement les gestes d'Archael et l'écoutant avec autant de concentration, Lén tentait aussi, en même temps, de tout assimiler directement, sans s'encombrer de toutes les questions possibles et imaginables qu'il avait l'habitude de se poser. Il ne se posa qu'une question mentale, très globale et très directe : "est-ce que j'ai compris ?" Heureusement pour lui, ce n'était pas trop difficile comme théorie. Il avait pensé à plus dur. Tout au moins comprenait-il pour l'instant ! De toute façon, la théorie, c'était ce que Lén avalait le mieux !

Il acquiesça de nouveau lorsqu'Archael lui demanda s'il suivait.

Petit elfe suivait, là n'était pas le problème ! Mais plusieurs interrogations germaient en lui. Non en fait, une seule, mais frustrante : Râh, mais pourquoi n'était-il pas né Aqua ?! Mais cette frustration ne resta pas longtemps. Après tout il était très heureux d'être Aera, même s'il n'était pas un féru pratiquant de cette magie. Et puis il avait eu cette chance, peut-être un signe du ciel comme disaient certains dans son pays, d'avoir son vent à lui !

Alors comme il y avait moyen de jouer avec ses pouvoirs d'Aera, Lén relativisa très, très vite. Néanmoins pensait-il qu'utiliser l'eau contenue dans l'organisme relevait du plus pratique. Seulement on ne peut pas tout avoir ! Il faudrait faire très tranquillement avec ce que l'on avait. Et à tout avouer, si jamais cela était une difficulté de plus, Lén en était content !

La seconde partie ne fut pas plus dure à croquer que la première. En revanche, au "qu'est-ce qui circule dans un corps en permanence grâce au sang, qu'est-ce qui maintient les cellules en vie", Lén pensa non pas directement à de l'énergie, ou de la force vitale, mais simplement à de l'oxygène. Cela pouvait être considéré comme une énergie, dépendant du sens que chaque personne y donnait… La partie parlant de relier le corps et l'esprit dans l'inconscience posa un doute à petit elfe sur sa réponse. Encore mentale. Etait-ce réellement l'oxygène, ou Archael parlait-il d'autre chose ? Car l'oxygène ne relevait nullement de la magie corporelle.

Mais au moment ou petit elfe voulut poser sa question, ce fut le professeur qui en posa une lui-même. A propos du vent. Du vent de Lén. Tout fier, celui-ci mit sans peine sa question de côté pour l'instant et répondit :


-Oui ! C'est le mien ! Il n'est pas comme les autres, il n'a pas de nom, aucun sens précis dans lequel souffler, et il change constamment de place sur la Terre ! Enfin autant que je me déplace, cela ne fait pas énorme comme distance ! Et contrairement aux autres vents, il disparaîtra un jour, en même temps que moi ! Inclassable, donc !

Petit elfe marqua une pause. Il ne savait pas quoi dire à Archael hormis cela… En fait si, il voulait dire plein de choses, mais était persuadé que plus de la moitié n'intéresserait pas le professeur, au moins pas dans le cadre du cours. Lén ramena ses genoux contre son torse et les entoura de ses bras. Se balançant légèrement d'avant en arrière, il réfléchissait à toute vitesse en jetant de brefs regards autour de lui.

-Et en fait, dit-il en essayant de faire plus court et sans s'étaler sur sa vie, je ne le contrôle pas vraiment. Il ne m'obéit pas. Il m'aide, c'est différent.

Lén se mordit la lèvre inférieure. Il aurait aimé en dire plus encore, s'étaler et s'étaler, dire combien il aimait ce vent et à quel point leur relation était fusionnelle ! Comme ils parlaient tous les deux, comme ils jouaient ensemble ! Mais Archael n'avait pas besoin de cela !

-En général, aussi, je vois le vent. Ce qui le compose. Tous les vents ne sont pas pareils. Par exemple celui qui souffle sur Elament, celui qui est tout froid, qui siffle affreusement aux oreilles et qui sent la mort, a de grands courants rouges, pas de fées, et ses paillettes n'ont aucune vie. Au lieu de flotter dans les courants, elles tombent mollement par terre et s'éteignent.

Lén avait parlé de ce vent presque sur le ton de la confidence, comme s'il avait peur que ce vent-là ne l'entende et ne s'en prenne à lui, comme s'il avait découvert un secret interdit et qu'il fallait garantir son silence en le tuant.

Une autre pause. Lén hésitait. Il voulait aussi parler d'autre chose, qui pourrait sans aucun doute avoir un rapport avec ses pouvoirs. Mais on lui avait dit de ne pas en parler. Qu'il devrait se débrouiller tout seul, que c'était trop important pour être partagé. Et qu'une autre personne au monde soit au courant de l'existence de cela était déjà bien suffisant. Petit elfe se mordit un peu plus la lèvre, très indécis. Il… verrait bien. Peut-être à la fin de ce cours, ou dans un autre endroit. Il se contenta de conclure en hochant lentement la tête :


-Je pense que c'est tout sur mon compte. Mais je voudrais revenir sur un point… Tu… V… Vous parliez d'énergie corporelle… Comme vous aviez dit que cela circulait dans le sang et que cela maintenait les cellules en vie, je pensais à l'oxygène… Mais après, pour relier le corps et l'esprit dans l'inconscience… Ce n'est pas cela ? C'est vraiment une autre énergie à part, ou vous considérez l'oxygène comme une énergie ? C'est du vent, tout au moins un gaz, après tout… Si ?

Au fil de ces derniers mots, un air interrogatif s'était peint sur le visage de petit elfe, qui tenait vraiment à être sûr avant de faire n'importe quoi en pratique.
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyJeu 21 Sep 2006 - 21:22

D'un air amusé, Archael leva l'index et l'agita amicalement sous le nez de Lén.

"Hep là, Lén, je suis peut-être ton professeur aujourd'hui, mais tu as été le mien pendant un an! Laisse tomber le "vous"... tu me feras plaisir, tu sais!"

Puis, d'un claquement de doigt, il fit signe qu'il avait enregistré la question de l'elfe. Du reste, elle n'était de loin pas stupide. Elle prouvait qu'il écoutait avec attention. Et du reste, il aurait dû être plus précis sur ce point.

"L'oxygène? Oui et non. L'oxygène est un gaz, en effet, que tu peux utiliser par exemple pour aider quelqu'un à sortir de l'inconscience, ou pour l'aider à respirer. Mais si tu veux réellement réparer les dommages causés à l'intérieur d'un corps, il te faut recourir à... pour le dire simplement, au courant magique qui habite dans chaque personne au monde. Dans le cas d'une personne ayant des pouvoirs élémentaux, ce sera plus facile parce que cette énergie magique est plus importante. Tu vois de quoi je veux parler? En résumé, c'est... ça."

Archael tendit la main vers Lén, doigts écartés. La peau de l'ange, déjà presque trop pâle pour être vivante, parut devenir de plus en plus transparente, illuminée par une lumière intérieure. On voyait le jeu délicat des nerfs et des muscles, les tracés parfaits des vaiseaux sanguins et l'architecture sans défaut nommée la vie. Cette lueur chaude qui illuminait l'intérieur de l'organisme semblait pulser le long des nerfs, couler dans chaque veine et être l'architecture centrale de tous les os. Pourtant ce n'était pas du sang, ni de l'oxygène... c'était autre chose, impossible à voir à l'oeil nu ou même au microscope. C'était l'ingrédient, le composant supplémentaire qui différentiait un tas de chair morte d'un corps vivant.

En effet, quand on y réfléchissait, cette chose appelée aura, énergie corporelle, force vitale, courant ESP... avait beaucoup de noms selon les lieux, les époques et les savoirs, mais personne ne savait la définir totalement... Archael lui-même l'ignorait, et Lén devat voir pour comprendre. Cett énergie, il fallait la sentir, la REssentir, pour pouvoir l'utiliser. C'était comme jouer de la flûte. Savoir où placer ses doigts ne suffit pas pour jouer une belle mélodie. Il faut connaître la mélodie, l'écouter chanter dans sa mémoire, dans sa tête, pour la reproduire en sons. Et là, un autre élément intervenait...


"Ainsi donc, tu es du vent intérieur..." fit Archael d'un ton songeur.

Il s'interrompit une seconde, jeta sa tige de graminée et en cueillit une nouvelle. Puis il se remit sur le dos, plongé dans la contemplation de l'azur, et reprit le fil de son discours.


"Tout à l'heure, ma question n'était pas sans raison. Je voulais être sûr que ce que j'avais observé était juste. Après tout, il est difficile de savoir si quelqu'un d'autre possède un vent intérieur si soi-même on n'en a pas."

Il eut un clin d'oeil pour Lén, presque malicieux. L'ange aimait se ménager ses petits effets quand il parlait, que ce soit en cours ou dans une simple discussion. Petite manie comme une autre, qui pouvait peut-être paraître prétentieuse, mais jamais les gestes ou la voix ne se teintaient d'arrogance.

"Tu as bien entendu. Je n'ai pas de vent particulier, comme toi. Quand tu dis que tu "vois" le vent, tu distingues sans doute beaucoup mieux le tien que le grand vent d'Elament dont tu me parlais. Ce grand vent-là, et les autres seigneurs de l'air, ils soufflent sur le monde, mais ils sont loin pour toi. Au contraire, ton vent, tu l'aimes, tu vois ses Fées et ses paillettes, tu peux parler avec lui, danser avec lui... les autres Aeras ne le voient pas, ou très mal. Mais pour toi, c'est un ami. Et peut-être même... quelque chose de plus qu'un ami."

Une lueur étrange était passée dans les yeux d'Archael en mentionnant le grand vent changeant qui soufflait sur la Cité. Celui dont Lén, sans saisir tout le message qu'il portait ces derniers mois, avait pourtant capté l'essence: celle du danger et de l'ombre. Lentement, le grand ange retira la tige de sa bouche et s'assit, fixant sur Lén un regard pénétrant.

"T'es-tu jamais demandé pourquoi?"
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptySam 23 Sep 2006 - 18:34

Gêné par sa bourde, Lén serra un peu plus son étreinte autour de ses genoux, et il fit "oui" de la tête en entendant Archael lui dire de laisser tomber le vouvoiement. Un an déjà ? Impossible. Quelques mois, sûrement… Mais peut-être qu'à quelques mois près cela ferait effectivement un an. Déjà.

Enfin, peu importe le temps qui s'était passé, il valait mieux se concentrer sur le temps qui arrivait. Et Lén n'était pas là pour discuter chiffons, pour une fois ! Il reporta donc de nouveau toute son attention sur la réponse qu'Archael amenait à sa question. Il comprit rapidement la différence que son professeur voulait lui montrer… Et se dit qu'il n'avait pas besoin de voir ce qu'il y avait sous la peau de l'Ange !

Petit elfe eut un vif mouvement de recul en voyant, ou plutôt en devinant l'apparition des vaisseaux sanguins, et ferma aussitôt les yeux. Très mal à l'aise de réagir ainsi, il tenta d'ouvrir un œil et de se concentrer sur cette sorte de lueur. Il tenta. La suivit des yeux quelques secondes, et se hâta de refermer l'œil.


-Je comprends, assura-t-il à mi-voix.

Il attendit sagement avant de se risquer à rouvrir les yeux. Il ne le fit que lorsque son professeur reprit la parole, changeant alors de sujet. Lén leva de nouveau les yeux vers lui, plantant son regard interrogatif dans le sien.

Vent intérieur ? Qu'est-ce ? Petit elfe leva un sourcil. Un joli sens antinomique comme on les aime, ou pas. Bien sûr, il devinait que l'Ange se comprenait en disant cela, mais cette appellation sonnait de manière assez ridicule aux oreilles de l'elfe. Et pas que pour une raison de sens grammatical. Voilà pourquoi l'effet supposé dans la réplique suivante d'Archael tomba à plat, ne fut même pas saisi.

Lén n'avait jamais essayé de donner ce genre de nomination à son vent. C'était juste "son vent", justement. Pas "vent intérieur" ou quoi que ce soit d'autre. Un vent qui était né avec lui pour une raison qui lui était inconnue et qu'il aimerait découvrir, et un vent qui mourrait avec lui. Il était persuadé qu'il y avait une raison à ce lien. Et que plus il allait dans sa vie, plus il la devinait, en tout cas le croyait-il. Mais il évitait de faire des conclusions trop hâtives.

Par ailleurs, Lén savait que personne d'autre n'avait de vent comme le sien. En tout cas pas à sa connaissance. Et partout où il avait pu se renseigner à propos de ce vent, il avait trouvé des choses disant clairement que ce n'était pas du tout répandu. Très rare. Pour la simple et bonne raison, dans son pays tout au moins, que ce n'était qu'un mythe relié à des temps très éloignés, si éloignés que même les elfes de ce temps-là ne vivaient plus aujourd'hui.

En attendant, la relation entre petit elfe et le vent féerique s'était resserrée de belle manière, et le vent restait ce qu'il était. Cachant ses secrets aussi bien que son compagnon elfique.

Ce dernier se contenta tout de même de sourire aux phrases d'Archael, avec un regard très doux, mais montrant une certaine opposition. Il secoua doucement la tête et dit d'une voix posée mais ferme :


-Je distingue très bien tous les vents. Le mien, personne ne peut le voir, sauf si je le décide. En revanche, il est vrai que je m'intéresse bien plus à lui qu'aux autres, puisque effectivement je ne peux communiquer qu'avec lui directement et de manière très rapprochée.

Petit elfe soutint sans problème le regard pénétrant d'Archael. Il venait de monter d'un bloc une ligne de défense inébranlable pour protéger son vécu et sa manière de voir les choses. Une défense qui le rendait d'un coup plus assuré et moins sensibles aux attaques. Enfin, il en faudrait juste plus que d'ordinaire pour le toucher.

Le Trône n'était pas un ennemi, loin de là. Il n'était pas agressif. Mais Lén ne permettait à personne d'essayer de diagnostiquer, d'expliquer sa vie ou ses idées. Il était le seul à pouvoir dire ce qu'il se passait entre lui et son vent, et entre lui et les autres grands vents !


-Plus qu'un ami ? C'est vrai, continua-t-il mais sans s'emporter de joie cette fois. Il est d'une importance incroyable, il représente tant de choses pour moi…

Lén lâcha ses genoux, et étendit un peu les jambes. Il mit ses mains de chaque côté de son corps et posa un regard rêveur devant lui. Il ne pouvait s'empêcher de repartir dans ses réflexions à chaque fois qu'il évoquait ce sujet. Mais finalement il reporta de nouveau les yeux sur l'Ange, toujours avec ce sourire doux étalé sur ses lèvres.

"T'es-tu jamais demandé pourquoi ?"... Petit elfe émit un rire discret et répondit de nouveau :


-Je suis sûr qu'il n'est pas là juste en tant qu'ami proche, très proche ! On m'a dit que je méritais de l'avoir avec moi, mais je ne cesse de me demander pourquoi. En réfléchissant, je pense parfois comprendre... Hélas ceci est une autre histoire !

"On". Pourquoi ne pas avoir nommé Eal ? Lén ne savait pas. Il ne savait pas si l'oréade tenait vraiment à savoir reportés ses faits et gestes, ses paroles à l'égard de l'elfe ! Aussi préférait-il le laisser tranquille là-dessus.

Petit elfe espérait juste qu'avec cette dernière phrase Archael ne chercherait pas plus loin dans ses secrets.
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyMer 27 Sep 2006 - 11:46

[HJ: Ah zut! J'ai de nouveau oublié ce pb de chronologie... ("un an") Désolé d'avoir évoqué ça...]

Le regard de l'ange s'adoucit, et ses traits reprirent leur expression un peu lointaine. Apparemment, c'était le genre de réponse qu'il attendait. Non qu'il n'aie pas perçu le recul discret, mais net, de Lén quand il avait tenté de ... "décrire"... son vent. D'ailleurs, il ressentait le même sentiment quand quelqu'un tentait d'expliquer, sans l'avoir expérimenté, ce que l'on ressentait en volant dans les nuages. L'impression que l'autre n'avait rien compris. Qu'il parlait sans savoir. En fait, il existait sans doute certaines choses qui étaient trop intenses pour s'exprimer en mots. Les phrases étaient tout simplement des outils trop grossiers pour décrire certaines choses. Seuls les pensées et les rêves avaient ce pouvoir, et parfois, la musique. Si quelqu'un essayait d'en parler, on avait l'impression qu'il détruisait, qu'il souillait ces secrets fragiles. C'était presque une agression. Et pour ceux qui avaient reçu le don de l'air, leur communion avec le vent faisait partie de ses choses. Aussi comprenait-il que Lén se ferme. D'un côté, il s'en voulait presque, de l'autre...

"Les secrets de ton vent, ce sera à toi de les découvrir." répondit-il gentiment. "Je n'ai pas le pouvoir - ni le droit, d'ailleurs - de t'y aider."

Lentement, Archael se leva et fit face à la falaise, tournant le dos à Lén, tout en reprenant le fil de ses paroles. De toute manière, il était indispensable de terminer ce qu'il disait, quitte à laisser l'elfe l'accepter ou non.

"Ce que je voulais plutôt dire, en te parlant comme cela, c'est qu'aucun Aera ne perçoit son pouvoir comme les autres. Presque tous sont ce que l'on apelle dans les vieux manuscrits du "Vent Extérieur". Moi-même, par exemple, et tous les Aeras d'Elament, je pense. Nous faisons corps avec les grands vents du monde. Chacun d'eux est un prolongement de nous-mêmes, nous vibrons à leur rythme, nous les entendons chanter quand nous volons au milieu d'eux. Si tu veux, notre pouvoir peut être en quelque sorte "dispersé". Certains ont cette caractéristique poussée à l'extrême, au point de ... de ... de ne faire littéralement plus qu'un avec le ciel."

L'ange ferma les yeux et se tut. Là encore, il avait du mal à trouver des mots adaptés. Mais pendant un instant, toute son aura, toute sa "présence" avait disparu. Ou plutôt non, pas disparu. Elle avait paru se dissoudre dans chaque atome de l'air, fusionner avec chaque souffle de vent, devenir à la fois imperceptible et omniprésente, comme si son corps n'était plus qu'une coquille vide que l'âme avait désertée pour s'évaporer, disparaître en brise d'été. Certes, Chaque Aera savait entrer en communion avec la magie de l'air qui habitait tous les vents du monde. Certains savaient même le faire sur une zone de plusieurs mètres, arrivant à "voir" les yeux fermés, comme s'iles étaient eux-mêmes le vent. Mais là, la fusion était poussée à un tel point que l'esprit du Trône semblait avoir disparu, disséminé sur les ailes de l'été jusqu'au quatre coins de l'horizon.

Lentement, l'impression s'estompa, et quand Archael rouvrit les yeux, elle s'était totatement évanouie.


"Il existe une légende" fit-il doucement, comme s'il regrettait un peu d'avoir dû s'enchaîner à nouveau à son corps. "qui vient de très vieux manuscrits d'Elament. Elle dit que parfois, au fil des siècles, très rarement, naissaient des Aeras différents. Sans qu'on sache pourquoi, ils allaient aussi loin que les Extérieurs dans leur art, mais d'une façon diamétralement opposée. Les manuscrits ne sont pas précis sur ce point, mais ils disent que leur pouvoir, à l'inverse, pouvait se trouver "rassemblé". Au lieu de pouvoir être le vent, c'était le vent qui venait ne faire qu'un avec eux., de façons diverses mais toujours uniques. Faute de mieux, on les nomma ceux du Vent Intérieur."

L'ange se rassit au bord de la falaise, ses longs cheveux flottants librement, et les jambes pendant dans le vide. Devait-il continuer à décrire à Lén ce que disaient les manuscrits? Non. Il les lui confierait, et ce serait à lui de voir s'il les comprendrait. Car de son côté, il n'en était pas capable. Les mots le déroutaient, il ne comprenait pas leur beauté et leur signification.

En fait, il était probable que l'auteur des écrits était l'un de ces aeras ... différents. Ses mots parlaient de choses au-delà de la compréhension. Tout comme il échouerait certainement à faire comprendre à Lén ce que lui-même éprouvait lorsqu'il se livrait à un sortilège qui libérait son esprit de son corps et le laissait s'envoler librement jusqu'à l'extréminté du ciel.


"Une dernière chose" ajouta l'ange en roulant sur lui-même vers l'elfe, signe qu'ils allaient commencer l'entraînement pratique. "Sans qu'on sache pourquoi, même s'ils n'y en a eu que très peu, ils étaient parmi les plus grands guérisseurs de l'histoire d'Elament. L'un des textes disaient même qu'ils rattrappaient presque les maîtres-médecins aquas. C'est pour ça que je voulais te les citer. Je te donnerai ces écrits, de toute manière je ne les comprends pas."

Lén n'était pas forcément l'un d'eux. Mais son attirance pour les arts peu connus de la guérison par l'air, et cette sensation qui l'accompagnait... il pressentait quelque chose d'exceptionnel chez l'elfe. Quoi que cela puisse être, d'ailleurs.

"Mais laissons tomber ça. D'abord, je voudrais que tu me dises si tu as déjà essayé de manipuler des choses très petites avec la magie de l'Air."

[HJ: Pfiou: jamais eu autant de mal à taper un post. ^^ Ah, si tu n'aimes pas la façon dont je l'ai fait évoluer, n'hésite pas à me le dire Wink ]
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptySam 30 Sep 2006 - 18:09

[^^"" Oki, mais c'est bon^^
Pardon du retard]

Découvrir les secrets du vent par lui-même, Lén y comptait bien. Même s'il se disait qu'il avait tout son temps pour cela, et que pour l'instant il n'avait pas encore la clé qui lui permettrait de découvrir ces mystères. Et il ne comptait sur l'aide de personne ! Tout simplement parce que personne ne saurait l'aider, et qu'il ne voulait pas d'aide car il avait envie de réussir des choses importantes tout seul dans sa vie, au moins celle-là !

Alors il hocha la tête à la phrase d'Archael, en retrouvant un grand sourire. Et lorsque ce dernier se leva et lui tourna le dos, petit elfe ne le suivit pas des yeux. L'écouter lui suffisait, et il trouvait plus agréable de s'imaginer ce dont l'Ange lui parlait. Jusqu'à présent, il avait suivi chacune de ses paroles, et trouvait son langage rempli de jolies choses. Avec ce que lui disait le Trône, Lén prenait plaisir à suivre le discours et à voguer dans son imaginaire à la fois, sans perdre une miette de ce qu'il lui racontait. Chose rare !

Resserrant sa cape autour de lui, petit elfe écouta donc.

Cela devait être merveilleux de ne faire qu'un avec le ciel… Absolument unique ! Quand on n'a pas le vertige, forcément. Petit elfe tentait de s'imaginer comment on pouvait posséder une telle osmose avec son élément… Evidemment, comme le pensait Archael lui aussi, on s'imaginait mal ce genre de chose, on se voyait mal en parler sans les connaître. Certes, certaines personnes s'y risquaient, mais cela se voyait à travers ces mots si mal choisis, si mal placés dans un tel contexte, qu'ils n'y connaissaient rien. Ou qu'ils ne savaient en rien apprécier un moment aussi intense.

Lén finit par tourner la tête, un sourcil levé, vers l'Ange. Archael, êtes-vous parmi nous ? La perplexité de petit elfe disparut très vite, et un sourire éclaira son visage. Non, Archael n'était plus vraiment là. Il était un peu partout, en même temps ! Assez étonnant, mais Lén trouvait cela un peu embêtant pour lui. S'il avait su qu'il pouvait se sentir comme cela, comme observé par le vent ! Le vent a des "yeux" ! Brrr !

Il attendit sagement que l'esprit d'Archael veuille bien se remettre en place, et retirer cette sensation de flou à l'elfe. Ce qui se fit enfin, lentement mais sûrement. Le Trône parut enfin revenir dans son corps, toujours debout au bord de la falaise. Et il reprit la parole.

Petit elfe tourna donc de nouveau la tête pour pouvoir écouter l'Ange tout en s'imaginant de quoi il parlait. Mais cette fois ce lui fut impossible, et son unique réaction fut cachée des yeux de son professeur. Lén avait écarquillé les yeux, la bouche légèrement entrouverte.

Archael venait de confirmer ce que Lén avait pu lire sur son propre cas. Même s'il n'avait jamais pris connaissance qu'il y en avait eu à Elament ! Et encore moins qu'ils avaient été guérisseurs. Petit elfe fut surpris au plus haut point ; Suivrait-il la voie de gens qu'il pouvait considérer comme ses ancêtres ? Loin de lui l'idée que cela le dérangeait ! Mais pourquoi avait-il cette impression que plus le temps allait et plus il y avait de drôles de coïncidences dans sa vie qui l'amenaient sur une voie étrange. Qui anéantissait au fur et à mesures de multiples questions le taraudant depuis des années et des années. Amenant des réponses claires.

Il se sentit soudain si fier ! Nouveau but de petit elfe ? Devenir comme ces guérisseurs. Aussi doué qu'eux. Et priant pour même tenter de les dépasser !


-Je serais ravi de les lire, dit-il à propos des manuscrits en souriant, se tournant de nouveau vers Archael.

L'Ange ne comprenait pas ces livres ? De la même manière sûrement que Lén n'avait pas compris ceux parlant des "vents extérieurs". Et ce nom, oh la la… Les gens ne s'étaient pas vraiment cassés la tête !

Petit elfe hocha la tête pour accompagner sa phrase. Puis se releva enfin, pour de bon il l'espérait. Il répondit finalement, les yeux baissés par la gêne :


-De très petits sorts. Et bas de gamme, si l'on puis dire. Mais juste avec mon vent, je peux sécher des vêtements, faire voler jusqu'à moi ou déplacer sur une petite distance des choses légères comme du parchemin... C'est tout.

Il savait qu'il ne disait pas tout. Mais c'était si compliqué à exprimer ! Il tenta tout de même :

-Enfin… Je peux faire certaines autres choses, mais ce n'est pas moi qui manipule vraiment. C'est grâce à ma relation avec le vent que je peux faire de jolies choses, j'arrive même à me servir du feu et de l'eau avec mon vent ! Rien de bien fou, bien sûr… Oh la la, c'est compliqué !

Petit elfe fronça les sourcils, et rabattit délicatement sa capuche sur sa tête. Le regard planté dans celui d'Archael, il réfléchissait à toute vitesse. Comment lui dire ? Est-ce que cela répondrait à sa question, surtout ? Non, en tout cas pas au sens de Lén.

-Peu importe, acheva-t-il en souriant. Cela ne relève pas de magie offensive, défensive ou de guérison !

Il pencha légèrement la tête de côté avec un simple sourire, continuant gentiment d'interroger son professeur du regard, tenant à savoir ce qui l'intéressait dans sa réponse pour qu'il ait posé cette question !
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyLun 2 Oct 2006 - 16:28


Le dos toujours tourné, il était impossible de voir le visage de l'ange. Aussi son expression fut-elle perdue pour Lén quand celui-ci évoqua la possibilité de jouer avec d'autres éléments. Tant mieux d'ailleurs: il devait paraître totalement stupide, avec le mouvement de bouche en "O" qui lui avait échappé. C'était que l'elfe en parlait si légèrement... Pouvoir faire interagir ses pouvoirs avec un autre élémentaliste était possible - exemple pour créer des Cyclones géants avec l'aide des Aquas. Mais réussir à se servir du feu ou de l'eau, indépendamment, juste avec l'aide de ... "son" vent?

Lén se rendait-il compte que normalement, faire léviter un liquide ou agir sur le feu était un cauchemar de dificulté? La magie latente, présente dans chaque atome du monde, réagissait à l'action d'une magie d'un autre élément. Lui-même, malgré tout son savoir, avait des difficultés à faire léviter l'eau pour lui donner des formes, quand au feu, il n'avait jamais réussi à interagir avec lui, même lors de ses expériences avec Roland. Et Lén qui en parlait comme s'il s'agissait d'un sortilège mineur!

Néanmoins, il ne pipa mot. Ca, l'elfe le découvrirait tôt ou tard. Ce n'était pas à lui de vouloir le guider dans un domaine ou il était lui-même étranger. Bonne chance pour la suite, Lén, je cois que si vous vous intéressez de près à vos pouvoirs, vous aurez des surprises que j'ai du mal à imaginer. Mais revenons à nos moutons...


"Vraiment?" répondit-il à l'elfe, tout se se retournant vers lui. "Et tu ne penses pas que si un magicien est capable de faire bouger des éléments très petits dans un corps, il peut réparer certains dommages?"

L'ange s'accroupit face à Lén, et dessina de la main un cercle sur l'herbe, entre eux deux. Tout en parlant, il se mit à arracher à l'intérieur le peu d'herbe qui réussissait à pousser sur la falaise, jusqu'à ce qu'il obtienne une surface de rocher nu.

"Chaque cellule d'un corps est habitée par la magie, même à l'état latent. C'est de là que la plupart des élémentalistes tirent leur force magique de départ. Comme je te l'ai dit, notre but est d'utiliser l'énergie, l'aura du blessé, pour faire bouger ses cellules par blocs ou une à une. A partir de là, tu verras vite comment en faire une barrière en cas d'hémorragie, les tisser pour les rendre solides et ressuder les os, ou les faire se multiplier à grande vitesse pour fermer un muscle déchiré. Mais attention!"

Le regard de l'ange, sans être sévère, se fit scrutateur, sérieux. Là se trouvait le principal danger de la magie de soin.

"N'oublie jamais! La magie que tu utilises pour réparer un corps est puisée directement dans tes réserves. Si elles s'épuisent, parce que tu ne peux pas sur le moment puiser de nouvelles forces dans l'air autour de toi, par exemple, sais-tu ce qui arrivera? Si tu te forces à soigner une fois que tu n'as plus d'énergie, le sortilège arrachera l'énergie nécessaire dans les cellules de ton propre corps. Autrement dit, tu répareras la blessure tout en t'en infligeant une à toi-même à la place. Tu pourrais même en mou..."

Il s'interrompit au beau milieu de son avertissement, tendant l'oreille à un bruit dans les buissons.

"Attends-moi une seconde. J'attendais ça depuis notre arrivée."

Là dessus, l'ange se releva et plongea dans les broussailles situés quelques mètres plus loin, plantant Lén sur le champ, sans explication... ^^
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyMar 3 Oct 2006 - 16:53

"Tu ne penses pas que…"

Lén aurait voulu répondre tout de suite à Archael, mais sentit que, peut-être, il n'attendait pas de réponse. Et puis petit elfe savait qu'il se serait encore étalé trop longtemps inutilement, alors il bloqua simplement et bêtement en un :


-Euh…

De toute façon, l'Ange se baissait déjà pour continuer ! Lén avait eu raison de ne pas répondre, d'autant plus qu'on ne lui avait finalement pas demandé son avis, comme il s'en était douté ! Il se félicita un instant de savoir parfois retenir ses réactions au quart de tour !

Il se pencha finalement en avant, les mains sur les cuisses, observant le manège de son professeur, le regardant désherber avec autant d'intérêt que s'il eût fait un incroyable tour de magie. Et l'écouta parler avec autant d'attention. L'Ange commençait réellement à lui expliquer ce qu'il se passait durant les soins par l'air. Très étrangement, cela parut à petit elfe d'une facilité déconcertante, du moins à l'oreille. Il s'était, et de loin, attendu à un vocabulaire, à des théories sur le corps et la façon d'agir sur lui avec le vent bien plus compliqués.

Mais comme on le dit, à l'oreille. Lén se doutait bien que si on le mettait en face d'une blessure réelle, il allait facilement déchanter, surtout les premières fois ! Mais tout ce qu'Archael lui disait lui parlait bien, même en parlant de cellules, d'os, de muscles. Il voyait assez facilement ce qui lui restait à faire dans le concret.

Au "Mais attention !", petit elfe releva les yeux dans ceux de son professeur. S'étant vite habitué à son regard scrutateur, il n'eut plus de peine à le soutenir sans avoir besoin d'en revêtir un lui-même. Voilà le début d'une mise en garde qui l'étonnait bien.

Il n'avait jamais songé qu'il y avait du danger pour lui-même à soigner d'autres gens, pourtant lorsque son professeur parla de puiser dans ses réserves, cela parut très évident pour Lén. Archael n'eut même pas besoin d'aller jusqu'au bout, à la moitié même de son avant-dernière phrase que petit elfe se répétait déjà mentalement : "tu mourras, tu mourras, tu mourras". Il aurait pu finir lui-même la phrase de l'Ange !

Ce dernier ne devait sans doute pas deviner que mourir ainsi était pour Lén la seule mort "digne" qu'il avait ? Le sens du sacrifice était extrêmement développé chez lui. Se tuer pour garder quelqu'un d'autre en vie était pour lui un geste d'une beauté inégalable, même si à côté il savait pertinemment que mourir, c'était ne plus être là ensuite pour soigner encore tant de monde qui en auraient besoin, c'était quitter des êtres chers à jamais ! Donc un choix très dur, si cruel…

Retour à l'instant présent. Mis à part tout cela, si le Trône ne put finir sa phrase c'était pour une raison inconnue qui agaça un peu l'elfe. Ah bon, et lui, il attendait cela ?

Lén se redressa, croisa les bras en plissant les yeux, interrogatif. Qu'est-ce qu'Archael attendait depuis le début ? Dans des buissons, surtout ?! Une mauvaise idée lui traversa l'esprit : Celle que l'Ange avait posé un piège à lapin, ou quoi que ce soit de ce genre, pour blesser un animal et le faire soigner à son élève.

Pitié, pourvu que ce ne soit pas cela ! Archael n'agirait pas ainsi, n'est-ce-pas ? Petit elfe préféra ne pas transcrire à voix haute ce qu'il pensait. Il se contenta d'attendre en serrant ses bras contre lui, la tête rentrée dans les épaules à cause du froid. Il resserra encore un peu la cape sur son corps, se balançant légèrement de gauche à droite en cherchant des yeux Archael, ou plutôt pas lui exactement mais en cherchant à savoir ce qu'il mijotait dans les fourrés !
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyJeu 5 Oct 2006 - 21:04

Froissement de feuilles dans les fourrés. Et soudain, ce sont des grondements, un bruit de gorge irrité, produit par un animal inhabituel. Deux secondes plus tard, c'est un éclair de lumière blanche lui illumine les feuilles d'un éclat pur et mortel : la magie de l'air, la danse folle des foudres blanches, celle que l'ange répugnait tant à utiliser... Une forme sombre fait un vol plané dans l'air, rebondit une fois sur la pierre et vint s'affaisser mollement hors des fourrés. Puis c'est Archael qui s'extirpe des feuilles, manquant de déchirer sa tunique aux épines qui garnissent cette végétation de bord de mer, avec quelque chose au creux de ses bras.

"Saleté!" peste-t-il en essuyant son visage sur lequel le sang coule, d'une coupure à la joue.

Les yeux bleus, durcis, reflètent le dégoût en fixant le cadavre qui avait été projeté depuis les buissons. Il s'agit d'une sorte de lézard d'une soixantaine de centimètres de long, à la gueule menaçante de petit dragon et aux dents aigües. Couvert d'écailles vertes et noires, il était taillé comme un prédateur impitoyable. Non pas l'un des chasseurs habituels de la nature, qui tuent pour vivre, mais comme une machine à massacrer, à détruire toute vie sur son passage, inutilement.

Du pied, le Trône retourna le petit monstre. Celui-ci était bien mort, foudroyé par un sortilège.


"Un Kantar" commente-t-il sobrement. "Les démons ont dû en lâcher dans la nature pour qu'ils attaquent les élèves. Les gardiens d'Elament les avaient presque tous éliminés, mais ce n'est pas le premier que je vois aux Falaises. Celui-là, je l'avais vu de loin, en arrivant, et je savais qu'on l'entendrait tôt ou tard. Ils ne peuvent pas se retenir longtemps de tuer quelque chose."

D'un geste prudent, il passa la main sur sa blessure, laquelle saignait en abondance, comme les plaies au visage de façon générale. Heureusement, le sang des Trônes, couleur d'argent, se coagulait très rapidement. D'un geste de la main, il souleva le corps du Kantar et le fit bascule par-dessus la falaise. Puis, avec un profond soupir, vint se rassoir près de Lén. Ces créatures étaient bien des produits droits sortis des cavernes démoniaques. Elles n'étaient pas très grosses, mais elles bougeaient d'une façon trop rapide pour être naturelle. Certes, pour éviter de s'aventurer à portée de griffes, il aurait pu lancer sa magie à distance sur le Kantar, mais... il aurait certainement tué autre chose avec.

L'Ange écarta doucement les manches de sa tunique, dévoilant ce qu'il tenait au creux de ses bras. C'était un petit animal au pelage crème, et au museau amusant qui tenait à la fois du chaton et du chiot. Il tremblait violemment, visiblement trop choqué pour même songer à s'enfuir des bras protecteurs. Du reste, l'aura paisible d'Archael était presque magnétique envers les animaux, qui n'y sentaient aucune agressivité.


"C'est un fennec. Ils vivent loin au sud d'Elament, à la limite des sables du grand désert. Mais ils remontent parfois le long de la côte. Celui-là l'a échappé belle..."

En effet, sur la poitrine et la patte avant gauche du petit être, une griffure profonde s'étendait, qui avait manqué de peu la gorge. Il tremblait au mois autant de douleur que de peur. Mais il était toujours trop terrifié pour réagir. Archael avança le doigt et la posa sur le front du fennec, invoquant la magie le long de son bras. Lentement, les yeux d'or du blessé se fermèrent. Un dernier frémissement agita sa robe, puis il se laissa tomber sur ses pattes avant et ne bougea plus.

"Je l'ai endormi" annonça Archael en le déposant dans le cercle entre eux deux. "N'empêche, j'aurais préféré que tu t'entraînes sur une blessure plus légère. Je n'ai pas été assez rapide..."


Dernière édition par le Sam 14 Oct 2006 - 20:21, édité 1 fois
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyVen 6 Oct 2006 - 14:50

Les fées étaient allées voir le "spectacle", et lorsque la lumière aveuglante éclata, elles sonnèrent l'alerte. Lén, qui avait déjà eu le réflexe de faire le dos rond et de se protéger la tête avec ses bras, ferma les yeux. Il allait y avoir un mort !!

C'était évident, et il ne s'y trompa pas en entendant un espèce de beuglement-rugissement, puis le bruit d'un corps qui tombe ; l'elfe échappa un cri. Les bruits étaient proches !! Il ne voulait pas voir cette… Cette chose qui venait de s'écraser par terre !

Archael revenait en pestant. La chose l'avait peut-être touchée ? Lén ne savait pas, et ne tenait pas à y voir. Il se redressa tout de même, lentement.


-C-c'est fini ? s'inquiéta-t-il. V… Tu es blessé ?

Bonne question, tiens, quand on parlait de soins…

Lén avait encore failli dire "vous", il n'arrivait décidément pas à se faire à l'idée de pouvoir tutoyer son professeur. Il voulut le regarder, mais avait peur de voir du sang sur lui… Alors il resta sur place très bêtement, l'air bizarre avec son expression inquiète peinte sur son visage alors qu'il gardait les yeux fermés.

L'Ange revenait, il l'entendait se rapprocher. Un Kantar… L'elfe voyait à quoi cela ressemblait, mais même en gravure dans les livres il les trouvait infects. En vrai, il ne voulait vraiment pas savoir si c'était pire. Pire parce que cela ne pouvait pas être mieux, on parlait de créature démoniaque, tout de même ! Et la dernière phrase du Trône à leur propos n'arrangea pas l'idée que Lén s'en faisait. Il resta toujours sur place, sentant quelque chose bouger non loin de lui. Et après un instant, entre le grondement de deux éclats de vagues sur les rochers, il entendit un "plouf" sonore. Au moins était-on débarrassé du corps.

Encore un mouvement, Archael revenait s'asseoir, cela s'entendait au froissement de la tunique et de l'herbe. Lén en conclut que lui aussi, alors pour la énième fois il se rassit. Quel manège ! Petit elfe décida de rester assis. Il commençait à avoir mal aux jambes et au dos, à force…

Il se tourna dans la direction d'Archael, comme s'il allait le regarder. Mais ce qu'il ne fit pas, bien évidemment. Et maintenant ? interrogea-t-il silencieusement avec une expression qui se voulait interrogative.

L'Ange reprit finalement la parole. Un fennec ? Pauvre chose ! Petit elfe faillit rouvrir les yeux et se jeter sur l'infortunée bête pour la rassurer lui-même… Mais sans doute serait-ce inutile, le Trône devait bien y arriver seul.

Lén connaissait bien les fennecs. Quand ils remontaient vers les côtes, ils traversaient les montagnes dorées qui séparaient le Solan du désert à proprement parler. Plusieurs petits groupes traversaient ainsi le pays, et en tout premier la cour ou le jardin du manoir des Tannier : ainsi petit elfe passait, pendant plusieurs jours, son temps à guider hors du grand jardin les petits animaux, à libérer ceux qui s'étaient pris la patte dans les buissons magiques ou qui s'étaient perdus dans les plantations !

Autant certains enfants d'autres pays et d'autres races cherchaient des œufs à cette époque de l'année, chez lui on cherchait les fennecs !

L'elfe se pencha, et tendit les bras. Il n'arrivait pas à résister ! Il toucha le pelage au moment où Archael bougeait pour déposer l'animal au sol. Il suivit le mouvement pour ne pas le perdre du toucher, puis se rapprocha. Endormi ? Peut-être valait-il mieux en effet… Cette petite chose avait dû avoir si peur ! Mais en même temps, Lén n'allait pas lui faire de la chiurgie au couteau…

Enfin, le but était le même au bout : Le Trône avait voulu faire soigner quelque chose par l'elfe. C'était normal, pensait ce dernier. Il amassa tout ses souvenirs sur ce que son professeur lui avait expliqué pour procéder aux soins, tandis que ses mains cherchaient la plaie. Sans appuyer, il déposait ses mains à plat sur le corps du fennec, jusqu'à sentir enfin la blessure sous ses doigts… Aaah… Du sang, du sang, vite enlevez-moi ça !

Petit elfe fut parcouru d'un frisson mais ne fit pas de commentaires. Il avait intérêt à apprendre à se débrouiller avec le sang. Quitte à devoir garder les yeux fermés sans arrêt, il devait au moins pouvoir toucher du sang sans sentir son estomac se retourner. Et imaginez, cela ne saignait pas abondamment sur le fennec… Quelques gouttes, pas plus…

Lén n'attendit pas un feu vert de la part de son professeur. Il devait soigner le petit ! Ses souvenirs étaient bien rassemblés, mais il avait comme toujours peur de passer à la pratique. Et s'il ratait, qu'adviendrait-il du petit fennec ? L'elfe s'imaginait déjà le pire par sa faute.

Il tenta de ne pas y penser et se concentra du mieux qu'il put, d'une main effleurant la blessure de l'animal, de l'autre soutenant sa tête endormie. Que devait-il faire exactement pour faire bouger cette énergie à l'intérieur du corps ? Lui ne voyait qu'un moyen, qu'il croyait dur comme fer être le bon : se concentrer dessus, l'imaginer en mouvement, concentrant ses sensations sur elle pour mieux la guider. Il ressentait bien quelque chose, mais il avait peur que cela ne soit pas ça, qu'il se trompait de manière. Il força encore plus ça concentration, bougea un peu la main. Et c'est lorsqu'il la bougea qu'il ressentit exactement l'énergie corporelle dont Archael avait parlé !

Cela le surprit mais il ne dit rien, il continua, sûr ou presque de bien faire. Il passa donc sa main le long de la plaie, sentant avec un drôle de chatouillis dans la main cette énergie qui bougeait avec lui. Comme si la main et l'énergie étaient aimantées ! Il sentit même une banderole de son vent lui glisser sur la main, avant d'aller juste dessous, là où petit elfe déduisait qu'elle touchait la blessure elle aussi.

Tout son vent se mit alors en mouvement, Lén entendit une fée tinter. Malgré lui, il rouvrit les yeux. Mais il ne regarda ni Archael, ni la blessure. Avec un air très peur rassuré, il colla de nouveau sa main sur la plaie… Où était-elle celle-là ? Il crut qu'il avait trop bougé la main et qu'il l'avait déplacée loin de son point initial, mais n'osa pas tâtonner ailleurs. Il regardait le dos du fennec, son pelage doux et soyeux à vue d'oeil, d'une jolie couleur claire.


-Ca… C-ç-ça a marché ? interrogea-t-il, honteux à l'avance d'avoir raté, ce qu'il pensait et craignait très fortement.
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyLun 9 Oct 2006 - 10:23

Archael était en train de se passer la main dans les cheveux, d'avant en arrière, en ébouriffant ses longues mèches. Chez lui, c'était signe de profonde perplexité. Il tenta de se remémorer ce qui venait de se produire. Voyons... quand il avait déposé le corps endormi du petit animal sur le sol, Lén avait avancé la main et touché le pelage, les yeux toujours fermés.

L'ange avait souri en le regardant. Pour l'instant, c'était acceptable, mais en situation de combat, mieux valait apprendre à ouvrir les yeux tout en soignant, si on ne voulait pas se retrouver dans le même état que son patient. Quoique, d'un autre côté, si cela pouvait permettre d'augmenter la concentration, cela pouvait être une bonne idée. Oh, et puis, tant pis. Inutile d'être un professeur directif. Le petit elfe déciderait tôt ou tard quelle serait la meilleure solution pour lui. Là n'était pas le problème. Le problème, c'était... après.

La dernière chose qu'il avait vu distinctement, c'était la main de Lén se poser sur la blessure, et son visage se crisper nerveusement. Puis il avait invoqué la magie, et c'était là qu'il avait perdu le fil. D'habitude, quand un Aera utilisait ses pouvoirs de guérison, lui-même par exemple, une lumière blanche ou bleutée englobait leur main et leur avant-bras, puis semblait couler dans la blessure, laquelle, une fois que la luminosité était dissipée, aparaissait guérie ou réduite.

Seulement, là... Lén avait placé sa paume sur la coupure, mais la lueur guérisseuse n'avait pas enveloppa son propre corps. Elle avait semblé sourdre directement du corps du fennec, comme si l'elfe n'avait pas besoin de guider le flux avec son bras pour pouvoir le faire agir. Et il n'ouvrait toujours pas les yeux. Comment pouvait-il voir ce qu'il faisait, s'il n'était pas en train de reconstruire, mettons, un os trop long? On aurait dit qu'il "sentait" ce qu'il faisait, sans avoir besoin du sens de la vue...

Et puis enfin, il y avait eu une sorte de flambée magique assez brève, un peu avant que Lén rouvre les yeux. Cela, il ne savait même pas ce que c'était. Même avec toutes ces années d'études, il ne comprenait pas. Cela ressemblait à de la magie d'air, mais il n'avait pas vu le vent qui aurait dû être créé. Si Lén avait fait bouger quelque chose, ou si quelque chose avait bougé près de lui, il était probablement le seul à pouvoir le voir. C'était un peu la même impression que quand il lisait ces manuscrits... on comprenait les bases, mais la suite des équations magiques était floue, incompréhensible. Comme un texte dont on comprendrait l'aplphabet, quelques mots ici ou là, mais dont le sens restait fermé à ceux qui n'étaient pas faits pour le comprendre.

Et à présent? Après une légère hésitation, Archael tendit la main en avant et caressa le pelage de sable.


"Eh bien... pour être franc, je n'en sais fichtrement rien..."

La vitesse de guérison avait été au moins triple de la vitesse normale. Elle se rapprochait plus de celle des Aquas que de la sienne ou de celles des autres guérisseurs de l'air. Précautionneusement, Archael souleva la corps du petit fennec, examinant l'endroit de la blessure.

"Là, je suis soufflé, Lén... elle a disparu!"

L'ange posa la main sur la poitrine du petit animal et utilisa ses pouvoirs pour vérifier l'intérieur du corps. En surface, la peau et les muscles s'étaient reconstitués. En profondeur, les tissus étaient ressoudés. La zone de la blessure restait néanmoins fragile. Signe que la guérison n'avait pas été parfaite. L'essentiel était fait, mais les tissus réparés l'avaient été sans être renforcés. La peau avait été réparée, mais comme celle d'un bébé fennec, pas le cuir plus épais d'un animal plus âgé. Pour réparer totalement la blessure, il aurait fallu maintenir la magie quelques secondes de plus.

Mais malgré cela, Archael avait du mal à cacher sa stupéfaction. En guérissant pour la première fois! Lén avait pulvérisé tous ses records de vitesse, à lui qui connaissait Ishtar depuis longtemps déjà. Combien de temps l'elfe avait-il mis? Quelques minutes? C'était bien simple: pour guérir une blessure aussi profonde, il lui aurait fallu au moins une demi-heure sans relâcher son attention...


"La blessure est aux trois quarts guérie" fit l'ange en revenant peu à peu de sa surprise. "Les muscles et la peau sont ressoudés, il faut juste encore les renforcer en profondeur pour qu'il ne risque pas de se rouvrir dans un mouvement brusque. Tu as relâché ton emprise quelques secondes trop tôt. Mais cela te viendra au fur et à mesure."

Il posa la main sur la blessure et activa son propre pouvoir. Etait-ce pour comparer? Peut-être. Lui-même ne savait pas exactement pourquoi il montrait à Lén ses propres pouvoirs de guérison. La lumière blanche coula le long de son bras et iflua dans la blessure - ou plutôt dans l'endroit où elle avait été, un peu plus tôt. Pendant quelques minutes, Archael ne dit rien, fixant sa main et appliquant son pouvoir. Il mit, pour achever la guérison, un temps très légèrement supérieur à celui de Lén. Quand il eut fini, il souleva le fennec et le posa dans les bras de l'elfe. Le petit être au pelage crème commençait à bouger doucement, signe qu'il allait bientôt se réveiller. L'ange le considéra pendant quelques secondes, puis regarda franchement son élève d'occasion.

"Je dois te dire une chose, Lén... j'ai terminé le travail pour toi, mais j'étais à ma vitesse de guérison maximum."

Il n'ajouta rien de plus, laissant l'elfe conclure lui-même. Il n'ajouta pas qu'en plus, il avait consommé une énergie supérieure à celle de son élève, pour un travail inférieur. Mais intérieurement, il devait bien s'avouer qu'il ne comprenait pas. Il l'acceptait, c'est tout. Tranquillement, il se laissa aller en arrière, se recouchant sur le dos pour regarder le ciel.

"Monsieur Tannier" fit-il d'un ton pompeux, démenti par un regard malicieux. "Monsieur Tannier, vous venez de passer brillamment votre première guérison magique..."
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyLun 9 Oct 2006 - 19:38

Ne pas voir. Surtout, ne pas regarder. Lén se débrouillait mieux qu'on ne le pensait, mais il lui fallait toujours un temps d'adaptation, voire de réadaptation. Temps qui ne durait jamais bien longtemps, mais indispensable à petit elfe. Il savait parfaitement se repérer à l'ouïe, sens le plus développé chez lui comme chez tous ses confrères Solans. Il n'hésitait jamais lorsqu'il marchait, il pressentait magiquement une présence vivante ou un obstacle près de lui. Son vent lui servait par ailleurs de guide.

Il avait été habitué très vite à évoluer sans la vue en combat, s'il était devenu aveugle c'était par choix. Une cécité physique et mentale, nécessaire mais handicapante puisqu'elle lui permettait de ne pas tomber dans les pommes à chaque giclée de sang, mais qu'elle ne faisait que renforcer la peur de ce sang, et sa vulnérabilité face à la violence qui était la cause de cette effusion. Hélas il ne pouvait faire autrement, sa phobie était comme toutes les phobies : incontrôlable. Un remède possible : Se forcer à se confronter à cette phobie. Par principe et par peur d'avoir peur, Lén ne s'y était jamais risqué.

Pour le fennec, c'était la peur de mal faire qui l'avait fait hésiter. Aussi, s'il n'y avait pas eu le sang, il aurait encore fermé les yeux pour ne pas voir sa propre bêtise. Mais il avait finalement rouvert, les yeux, qu'il releva vers Archael en l'entendant répondre. Il n'en savait rien ? Petit elfe ne comprit pas bien… Il pensait que l'Ange saurait très évidemment ! Visiblement pas.

Il laissa le professeur soulever le fennec, et, oubliant le sang qu'il risquait de voir, son inquiétude étant plus forte, il se pencha et, fronçant légèrement les yeux, chercha lui aussi la blessure. Tandis qu'Archael examinait l'endroit où elle était censée être, petit elfe continuait de la chercher !


-Quoi ? s'exclama-t-il, ne sachant si on lui annonçait une réussite ou la mort du pauvre animal. M-m-m…

Pause réflexion. "Je suis soufflé" ? Lén reporta son attention sur le Trône, qui avait posé sa main sur la poitrine du fennec. Il le regarda intensément, croyant avoir mal entendu.

-Il est guéri, c'est vrai ?

L'elfe avait joint les mains en signe de prière, le regard plein d'espoir. Lorsqu'Archael lui annonça que la blessure avait été presque totalement guérie, il manqua d'exploser littéralement de joie. Il avait réussi ! Il avait réussi ! Comme il était ravi d'avoir rendu service à cet animal si craquant ! Lén s'agita sur place.

-Oui, oui, cela viendra ! Quelques secondes ? Je tiendrai ! Mais comment sait-on exactement lorsqu'on en a fini avec la blessure ? Une sensation comme celle que j'ai eue, ou juste parce que je le saurais au temps que j'aurais passé à la soigner ? Cela diffère d'un animal à un Homme, ou selon la gravité de la blessure ? Et…

Le temps qu'il sorte cette foule de questions, et Archael lui remettait déjà le fennec entre les bras. La bête s'agitait légèrement, et lorsque ses yeux dorés s'ouvrirent, Lén lui fit fête à grand coups de câlineries, caresses et autres baisers sur le museau. L'animal, comme se demandant si cette chose blanche se mangeait, avait ouvert légèrement la gueule et laissé ses crocs entrer en contact avec un doigt qui traînait par-là. Mais cela ne se mangeait apparemment pas, alors il laissa glisser ses dents sur la peau de petit elfe, sans l'avoir mordu.

Il n'avait pas fait le calcul de leur temps respectif passé sur la blessure, il ne sut donc que répondre à la réplique d'Archael concernant le temps passé sur la blessure. Lén se contenta de sourire doucement à l'Ange, rayonnant de bonheur et de fierté.

Puis il s'en retourna au fennec, qu'il avait posé dans son giron, et qu'il dorlotait toujours. Il s'amusa avec lui un court instant avant de reporter de nouveau son regard sur son professeur. Il recevait des félicitations ! Petit elfe rougit de plaisir, et regarda un instant le ciel.

Il se sentait si bien ! Capable de tant de choses ! Si seulement il n'y avait pas ce problème de sang ! Mais peut-être pouvait-il demander des cours, là aussi ? Il ne savait pas, il verrait ! Il était tellement bien, là, enfin en train d'apprendre sérieusement les bases d'un art si noble ! Réalisant enfin un rêve !


-J'ai encore d'autres choses à savoir ? Vous… Tu as prévu encore quelque chose à soigner ? Ou passons-nous à l'art de la défense ?

En disant cela, Lén s'était mis à quatre pattes, en équilibre sur un bras au lieu de deux devant, l'autre tenant le fennec contre lui, ce même fennec qui considérait Archael avec de grands yeux craquants, la tête à l'envers. Petit elfe, lui, penché de près sur l'Ange, la tête bien au-dessus de la sienne, souriait de toutes ses dents, et montrant avec les yeux qu'il était très pressé de savoir ce qu'il allait se passer ensuite ! Encore du soin ? Plus dur ? Ou allaient-ils passer à un peu d'entraînement de défense ?
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyJeu 12 Oct 2006 - 23:07

Laissant Lén cajoler le petit fennec, Archael avait fermé les yeux. S'accordant une pause de quelques seconeds, il écoutait le Grand Vent qui soufflait de la mer, chuchoter à son oreille les nouvelles du ciel et de l'océan et porter à ses narines les senteurs de l'iode. Chaque fois qu'il s'abandonnait à ce souffle immense et puissant, il retrouvait ce sentiment intense de liberté. Cette osmose qu'il ressentait quand il volait, cette joie qui l'avait retenu de sombrer dans l'autisme, autrefois. Une impression incoparable, celle d'être à la fois plus petit qu'un grain de poussière au milieu d'un monde immense, et à la fois d'être soi-même grand et infiniment libre comme l'univers. Il ne pouvait pas vraiment retenir les vents, ni s'en faire de vrais amis. Mais dans un sens, il était lui-même le vent. Archael ne connaissait pas ce que pouvait ressentir les Aeras qui développaient un lien tel que celui de Lén. Mais il n'aurait pas donné son pouvoir pour un empire. Tout comme probablement, l'elfe n'aurait pas échangé le sien contre rien au monde.

A propos de Lén... Archael ouvrit un oeil pour l'observer jouer avec le petit fennec. Amusant... l'animal semblait l'apprécier. Quand lui-même approchait des animaux, ceux-ci ne manifestaient aucune peur. Pas plus qu'ils ne seraient effrayés par une brise d'été qui les frôlerait. Mais jamais ils ne s'attachaient à lui. C'était comme si leur instinct ressentait obscurément l'ange comme quelque chose de lointain, quelque chose qui n'appartenait pas vraiment à leur monde. Comme le vent, ils n'avaient pas besoin de le fuir. Comme le vent, ils n'avaient pas besoin de l'aimer. Avec l'elfe, c'était différent. Sentaient-ils l'amour qui emplissait le coeur de Lén? Peut-être... en tous cas, le petit être semblait l'avoir adopté, au moins temporairement.


L'ange fut tiré de sa rêverie par la voix de son élève. Celui-ci le questionnait sur quelues points de la magie de soin. Archael rouvrit les yeux et le regarda.

"Normalement, quand on a fini de réparer une blessure, on voit que l'énergie magique ne veut plus rentrer aussi facilement dans le corps qu'on soigne. Je suppose que tu le sentiras d'une façon ou d'une autre. Quand à soigner une personne ou un animal, moi, je n'ai jamais senti de différence. Mais toi, peut-être."

En fait, d'après les manuscrits théoriques, soigner une personne ou un animal revenait à peu près au même, mais ils parlaient de "petites nuances" qu'il ne saisissait pas. Par contre, là où ils parlaient d'une impression différente, c'était pour soigner un autre élémentaliste. D'après eux, le courant magique qui existait dans le corps qu'on soignait créait une sorte d'effet de résonnance. Ils décrivaient les impressions que cela procurait, un peu curieuses d'après eux, mais non gênantes pour guérir. Personellement, il ressentait seulement une petite vibration supplémentaire, surtout quand il soignait quelqu'un d'un élément différent du sien, mais probablement qu'il n'avait pas une sensibilité suffisante.

"Eh bien, regarde et essaye." sourit-il en touchant du bout du doigt la coupure de sa joue. "Après ça, on parlera du soin de l'esprit ou des sortilèges de défense. Comme tu voudras."

Couché sur le sol, la tête non loin des pieds de Lén, on voyait nettement la blessure sur la peau. Elle était nette, une griffe tranchante ayant entaillé la joue sur quelques centimètres de longueur. Les plaies au visage saignaient beucoup, et même si celle-ci s'était vite coagulée, des traces de sang s'y voyaient encore. Mais c'était intentionellement qu'Archael avait donné cet exercice à l'elfe. En effet, le sang des anges était couleur d'argent, comme celui des Licornes. Quand on le regardait, cela ne touchait pas autant le coeur que la couleur chaude et rouge du sang des autres races. Trop surprenant, trop différent peut-être... cela permettrait-il à Lén de commencer, au moins, à surmonter sa phobie du sang?


Dernière édition par le Sam 14 Oct 2006 - 20:20, édité 1 fois
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyVen 13 Oct 2006 - 21:52

[Un fennec fait partie de la famille des canidés et non des félins^^]

Hochement de tête de la part de Lén. Oui, il verrait bien par lui-même ! Sa question lui parut soudain bien inutile face à la réponse de son professeur… Mais après tout s'il ne l'avait pas posée, il ne serait pas fixé ! Il se retira d'au-dessus d'Archael, et reprit le fennec entre deux mains. L'animal laissait son regard se poser tour à tour sur l'Ange et l'elfe, puis le ciel, et finalement le coin de verdure d'où on l'avait tiré ; Lén comprit très bien ce qu'il souhaitait, mais, avec un pincement au cœur, décida tout de même de le garder encore un peu.

Il le posa à côté de lui sur l'herbe, lui sourit. La bête resta encore sur place, se tournant de temps en temps vers Lén pour se dresser sur ses deux pattes arrières et poser celles de devant sur les cuisses de l'elfe. Ce dernier était resté tourné vers Archael. Les yeux fixés sur lui, il constatait la blessure à la joue avec un air d'étonnement.

Pause réflexion.

En effet, petit elfe n'avait aucune réaction face à ce sang argenté. Il n'avait ni la nausée, ni le sentiment de défaillir. Il n'avait pas peur de ce sang, pour une raison qu'il n'aurait su expliquer… Et pourtant cela était très simple, mais… Chut. Il aurait là aussi tout le temps de comprendre le pourquoi du comment.

Pourtant, une sorte de petite douleur, très brève, lui saisit l'estomac. Chose qui lui arrivait toujours lorsqu'il voyait un reste de blessure… Il avait l'impression de sentir en lui ce moment où la personne s'était faite blesser, et à quel point cela lui avait fait mal. Il frissonna très légèrement, mais cela fut tout ce qu'il fut tiré de réaction venant de lui. Lén, toujours souriant, se pencha de nouveau, un peu moins que tout à l'heure cependant, et tendit la main.

Il effleura la joue d'Archael, chercha son énergie. A quoi ressemblait-elle, celle-là ? Est-ce qu'elle était différente selon les personnes ? Cela aussi il le verrait bien, mais il était très pressé de le découvrir ! Il chercha donc dans son cœur, concentré sur la moindre sensation qui parcourait sa main, cette énergie à aimanter. Il ne tarda pas à la trouver, qui "gambadait" dans le corps de son propriétaire. Lén la sentit comme attirer sa propre énergie. L'attirer et pourtant ce fut comme si elles entèrent en collision, l'espace d'une seconde à peine. Le vent féerique bougea très légèrement, un ruban vint se poser, comme un pansement, sur la coupure. Encore une seconde et il repartait déjà, laissant derrière lui une peau neuve, comme s'il n'y avait pas eu de blessure venue la barrer.

Toujours autant surpris, autant en se voyant lui-même soigner qu'à cause de cette histoire de sang, Lén se retira. Il regarda ses doigts. L'un était taché d'une goutte de liquide argenté. Petit elfe l'amena à hauteur de ses yeux, l'air d'être dans un autre monde. Il fixa la goutte. Du sang restait du sang, quelle qu'en soit la couleur… Alors… Où était le problème avec le sang rouge ?

Il secoua doucement la tête, retrouva un sourire.


-Je te laisse vérifier que j'ai bien tenu pour ce qui est de "l'intérieur" ! Je me suis arrêté quand l'effet d'aimant entre ma main et ton énergie a fortement diminué !

Il avait donné cette indication comme cela, pour donner une raison ; Ainsi, si Archael affirmait qu'il avait encore manqué d'un peu de temps, Lén saurait que ce n'est pas quand l'effet aimant diminue qu'il faut retirer sa main ! Ce serait cela de pris.

-Je te demande juste un instant !

Petit elfe se releva en emportant de nouveau entre ses bras le fennec, qui était resté par curiosité. Mais maintenant, il commençait à gigoter, à faire du surplace. Lén, lui, ne voulait pas intervenir dans la nature. Ce fennec devait faire ce qu'il avait à faire, son périple jusqu'aux côtes. Et seul comme un grand !

Il l'amena près des buissons d'où Archael l'avait tiré, et le reposa au sol. La bête se tourna vers l'elfe, qui s'accroupit près d'elle. Penché sur l'animal, il lui donna quelques dernières caresses tout en lui parlant en elfe. En elfe Solan, pas dans cette langue elfique trop commune, répandue et argotée qu'était celle que partageaient plus de la majorité des peuplades elfes. Lén préférait largement le langage de son pays, une mélodie partagée entre un très ancien dialecte angélique et les premiers mots d'elfique que parlaient ses ancêtres forts lointains. Une langue qu'il utilisait très peu à Elament, et cela le chagrinait.

Elle était étrangement efficace avec les animaux. Petit elfe ne s'adressait à eux qu'avec ce langage lorsqu'il souhaitait toucher directement au cœur de l'animal. Aujourd'hui, il demandait au fennec de reprendre sa route avec courage, en portant en lui le rêve d'un doux séjour sur les côtes, d'avoir confiance en son instinct et en ses réflexes. Qu'Haeris t'accompagne et t'ouvre grand à ton retour les portes de ton désert natal.

Lén poussa légèrement l'arrière-train du fennec, souriant, et pourtant si triste de se séparer d'une chose aussi craquante. Mais s'il avait fallu qu'il s'attache autant qu'à Cynn avec tous les fennecs qu'il avait croisés dans sa vie ! L'animal serait bien mieux dans la nature, à bientôt retrouver les siens. Ce que la bête devait songer aussi, puisqu'elle finit par partir. Adieu, petite chose.

Petit elfe revint vers Archael d'un pas lent.


-Cela va mieux ? s'inquiéta-t-il en tendant de nouveau la main pour la poser sur la joue encore blessée quelques instants avant.

Puis il la retira, et dit en s'inclinant, souriant de nouveau pleinement
:

-J'aimerais apprendre les soins de l'esprit, à présent !
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptySam 14 Oct 2006 - 20:20

[Argh! ^^ C'est juste...!]

Cette fois, il avait pu sentir ce qui s'était passé, en partie au moins. Quand Lén avait posé ses doigts sur la blessure, l'aura magique qui habitait l'ange s'était mise en mouvement de sa propre volonté, rejoignant la main de l'elfe et s'harmonisant avec... avec quoi? Là aussi, c'était difficile de le dire. Quelque chose de flou et de mouvant entourait sa main. De cela il en était sûr, car il l'avait senti... même si en temps normal il ne le voyait absolument pas. Cela l'avait frôlé, à peine effleuré, harmonisant avec lui l'énergie d'Archael, puis s'était retiré. Et l'ange n'avait même pas besoin de porter la main à sa joue pour savoir que la blessure était refermée. Elle l'était même parfaitement, car même en se concentrant, il ne sentait plus de lésions dans les tissus intérieurs. Chapeau, Lén..

Celui-ci était en train de contempler rêveusement le bout de son doigt, où le sang d'argent de l'ange faisait une petite tache brillante. Visiblement, il ne ressentait pas la même tension que face à du sang rouge. Un instant, il réfléchit, tentant de se figurer pourquoi l'elfe pouvait bien connaître cette phobie. Voyons... en admettant que sa vibration magique soit axée sur la vie, comme cela semblait être son cas, et comme d'ailleurs les manuscrits le laissaient entendre... il pouvait fort bien avoir des interactions mentales, même inconscientes, avec le sang, car celui-ci était le support matériel de la vie, le lien entre la magie et la matière. Mais pourquoi un sentiment de répulsion, de peur? En lui-même, le sang est une belle chose. C'est quand il est versé par la violence qu'il est relié avec les concepts du sang et de la mort... mais alors...

Alors, Archael haussa les épaules et balança ses réflexions par-dessus bord, tout en se redressant pour s'assoir en tailleur. Cela ne servait à rien d'essayer d'analyser ce genre de choses. elle ne s'expliquaient pas, et surtout pas par quelqu'un d'extérieur. Où était Lén? Il se trouvait à quelques pas, accroupi, murmurant quelque chose. La brise vint porter quelques bribes de phrases aux oreilles de l'ange, qui sourit un peu tristement. Du Solan... cette langue aussi ancienne que l'Otulien, qui contenait à la voix la douceur du langage angélique et la beauté de l'elfique. Mais elle s'était perdue peu à peu dans les brumes du temps, et très rares étaient ceux qui la parlaient encore. Lui en comprenait quelques mots, mais guère plus.

Déjà, le jeune homme à la tête blonde revenait, les mains vides. Où était le fennec? Sans doute lui avait-il rendu la liberté. En cela, Archael l'approuvait du fond du coeur. Pour un ange pour qui vivre libre est quelque chose de vital, enchaîner une chose contre son gré est encore pire que la tuer. Il sourit à l'elfe, délaissant ses réflexions.


"Guérison parfaite au deuxième essai. Même si je le voulais, je ne trouverais rien à redire..."

Il acquiesca à la demande de Lén. Le soin de l'esprit... là, les pouvoirs les plus avancés étaient ceux des Aeras, et non des Aquas. Un instant, il laissa son esprit s'évader pour considérer les différences entre les éléments, telles qu'elles lui venaient instinctivement. Le Feu... chaleur, vie, beauté, mais aussi destruction. Venait ensuite la Terre: puissance, lourdeur, force lente. Puis l'Eau: glace, nuit, guérison. Et enfin, le Vent: rêve, légèreté... folie peut-être...

Mais revenons au sujet. C'était justement à cause de ces mots que l'Air était l'élément le plus indiqué pour tout ce qui relevait des pouvoir mentaux. Les meilleurs télépathes, par exemple, étaient en majorité des Aeras.


"Le soin de l'esprit, Lén, est différent de la guérison corporelle. Il est aussi plus complexe, aussi vu le temps que nous avons, je pourrai t'enseigner que son utilisation la plus fréquente. C'est aussi la plus utile en ces temps troublés. Il s'agit de tous les exorcismes et sortilèges associés."

Bien sûr, il existait bien d'autres sous-branches des pouvoirs mentaux: la guérison des cauchemars ou des peurs par l'hypnose, et le soin de la folie par la magie, etc... Mais ceux-là étaient des pointes extrêmes et floues de la magie d'air, et finalement, c'étaient les plus difficiles et les moins utiles. Mieux valait se limiter à ce dont tôt ou tard, Lén risquait d'avoir l'usage... malheureusement.

Archael étendit la main et saisit une petite besace de cuir qu'il portait en bandoulière quand il était arrivé, mais qu'il avait déposé à terre avant de bondir dans les buissons. Il en tira un objet étrange et merveilleux. Il s'agissait d'une sorte de lyre ou de petite harpe, taillée entièrement dans un seul bloc de cristal qui semblait un morceau de ciel solidifié. On ne savait pas s'il était argenté ou bleu pâle, car il scintillait et diffractait la lumière de façon différente sous chaque angle.
Les cordes de l'instrument, légèrement plus épaisses que des cordes normales, étaient également faites de cette matière cristalline. L'idée même de les faire vibrer semblait idiote. Et pourtant...

La main droite d'Archael s'entoura d'une lueur pâle, qui courut le long de ses doigts. D'un geste délicat, comme quand on caresse la joue d'une amante, il effleura les cordes de verre de bas en haut, comme quand on veut faire vibrer un verre à champagne pour un tirer un "La". Un accord très pur résonna dans l'air, comme la note d'un grand orgue. Doucement, l'ange le laissa s'éteindre, puis leva les yeux vers Lén.


"Que penses-tu de ce son? Que ressens-tu à l'entendre?"
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyDim 15 Oct 2006 - 10:43

Guérison parfaite ? Réussie seulement, songea Lén en rosissant légèrement, et en opinant du chef. Enfin, s'il y avait bien une personne qui pouvait sujet cela en étant sûr de ce qu'il disait, c'était bien Archael… Oublions. Petit elfe était déjà très heureux de pouvoir réussir ses sorts, et tant qu'ils fonctionnaient, tant qu'ils allaient au bout de leur rôle, cela allait à merveille ! Il ne fallait pas finasser le reste.

A présent, l'Ange acceptait de lui apprendre la guérison de l'esprit. Serait-ce plus dur que la guérison physique ? Lén n'en savait rien et ne parvint même pas à s'en faire une petite idée… Il se résigna à attendre d'en savoir plus pour mieux comprendre, et évidemment, d'attendre de pratiquer !

Archael s'était rassit, Lén hésita… Et opta finalement pour le choix de la station debout. Zut à la fin ! Il croisa donc les mains et écouta parler son professeur, prêt à tout assimiler comme pour les soins physiques. Et se promit bien évidemment de s'entraîner dès qu'une occasion se présenterait, de lire tous les livres qui pourraient se rapporter à ce genre de magie y comprit les manuscrits dont Archael avait parlé. Lén voulait tout savoir et tout comprendre, il ne se permettrait plus jamais de ne rien savoir faire à par le ménage et la couture. Comme il ne supporterait plus que d'autres prennent sa place en faisant pareil que lui, lui ôtant ainsi la capacité d'user des seules choses pour lesquelles il était doué.

Le Trône parlait d'exorcisme. Petit elfe réfléchit sur ce mot un moment, tout en suivant des yeux les gestes de son professeur. Exorcisme… Comme le fait de sortir les démons d'un corps possédé ? Le sens du mot ne s'arrêtait pas à là seulement. Ou plutôt, non, c'était le sens du mot "démons" qui était très large. De toute évidence, encore une fois, Lén aurait la réponse bien assez tôt, et il avait compris que cela était bien mieux de pratiquer pour comprendre. Comme soudain la magie de guérison s'était rendue bien moins lointaine à ses yeux qu'auparavant.

Il revint peu à peu sur Terre, et s'aperçut de la finalité de tous les gestes qu'avait esquissé Archael. Il avait sorti… Une harpe ? Une toute petite harpe en cristal ?

Un drôle d'effet secoua l'elfe, mais il tenta d'y contenir au mieux. Tout comme le sang le rendait fou d'angoisse, le cristal lui provoquait un vide immense, à la fois doux et cruel. Il sentit le rythme de son cœur s'accélérer mais évita de souffler comme un forcené. Quelque chose au niveau du haut de son torse le brûlait… Oui, il avait eu l'envie, l'idée, le pressentiment même de devoir emmener avec lui son Etoile de Cristal !

Quelle idée, quelle idée, et pourtant… Pourquoi ses pensées lui paraissaient soudain claires, trop claires, autant que ce cristal adoré et abhorré ? Calme-toi Lén, ce n'est qu'une harpe. Archael n'est pas un ennemi. Alors on respire par le nez et tout va bien !

Petit elfe changea tout à coup d'avis et… Préféra s'asseoir, tiens !

Ses yeux se fixèrent sur la harpe. Ce n'était pas la peur que cet objet lui inspirait, mais un doute profond. Il avait soudain envie de courir jusque chez lui, s'enfermer dans sa chambre et réfléchir, y passer tout le temps qu'il lui faudrait, mais comprendre un peu ce qui lui arrivait ces derniers temps ! Lén secoua légèrement la tête et reconcentra bien son esprit sur ce que faisait son professeur. Il allait jouer ?

Eh bien oui. L'Ange avait joué un accord, qui mit plusieurs secondes à s'éteindre, lentement. Petit elfe resta longuement silencieux devant cet accord, même lorsque le Trône lui demanda son avis dessus.

Que répondre ? Lén en avait une petite idée, mais ne savait pas tellement s'il était tenu de répondre quelque chose du genre. Mais il fallait être franc. Aussi, contre toute attente, alors qu'on se disait qu'il allait s'exclamer "C'est beau !", il répondit :


-C'est très pur, tellement que c'en est vide. Vide de sens tout seul, perdu dans le vent.

On avait demandé ce qu'il ressentait… Il avait répondu, après tout ! Sensation de vide, parce que l'accord était trop pur pour n'être joué que seul. Autre pause réflexion qui cette fois alarma Lén. Ce dernier s'efforça de ne rien laisser paraître, mais sans résultat.

-Cette harpe est-elle magique ? s'empressa-t-il de demander.

Il ne lui fallut même pas de réponse venant d'Archael, car elle sortit de l'elfe lui-même ; A peine quelques secondes après avoir posé la question, un autre accord se fit entendre, un peu plus aigu, comme une réponse à celui de l'Ange. Mais un accord étrange, un son musical dont on ne pouvait identifier l'instrument. Une petite lumière bleue clignota une ou deux fois au niveau du haut du torse de Lén. Ce dernier écarquilla les yeux en rougissant, trop étonné pour pouvoir même échapper une exclamation de surprise !

Uen fée de son vent vint se glisser à toute vitesse dans le col de son vêtement, pour savoir d'où venait la lumière ; petit elfe agrippa son vêtement à ce niveau-là, agrippant par la même occasion le collier où pendait son Etoile et empêchant sa fée d'aller se balader plus loin dans le vêtement.


-Oh, euh… fit-il, confus. Ce n'est rien ! Reprenons !
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Archael
Archael
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyLun 16 Oct 2006 - 22:19

A la réponse de Lén, l'ange hocha la tête. Exactement. C'était un accord d'une pureté infinie, tellement parfait qu'il en était presque abstrait. Il lui manquait un thème pour être réellement... beau.

"C'est juste."

Quand l'elfe lui posa une question, Archael hésita une seconde. Oui, en un sens, cet instrument était magique. Il était unique au monde, et même à Otulin, personne ne savait d'où il venait, ni quel ange l'avait créé ou ramené de contrées mointaines. Personne, d'ailleurs, n'avait jamais su en jouer. Car pour pouvoir faire chanter le ciel emprisonné dans ce cristal, pour pouvoir lui faire émettre la lumière des étoiles ou du soleil, bref pour insuffler la vie dans cet artefact étrange qui manipulait le son et la lumière... il fallait avoir au plus profond de son coeur à la fois l'amour du ciel et la magie du vent.

Aussi le ChantePierre - tel était le nom qu'on lui avait donné - était-il demeuré des années, des siècles peut-être, immobile sur une étagère des trésors d'Otulin. Jusqu'au jour où un Trône aux ailes tranparentes était entré, comme guidé par un appel. Il avait touché l'instrument, et le vent s'était mis à souffler légèrement, comme s'ils se répondaient l'un à l'autre. A l'instant où il avait frôlé les cordes de diamant, tout le palais avait été inondé de son. C'était comme si l'instrument n'attendait, se souvenir comment chanter, qu'un coeur de cristal qui lui ressemble. Quand le Trône était reparti d'Otulin, il emportait avec lui l'instrument merveilleux, dont il jouait sans se lasser, découvrant peu à peu ses pouvoirs et son message.

Il allait ouvrir la bouche pour répondre, mais quelque chose l'arrêta net. Là, sur la poitrine de Lén, quelque chose venait de vibrer soudain. Il pensait qu'en dehors du ChantePierre, rien au monde ne pouvait avoir cet écho, cette vibration qui rapellait le chant du vent, là-bas, sur les lointaines terres d'Arion, entre les grands champs de cristaux géants qu'on disait tombés des étoiles. Et cette lumière bleue... la même qui habitait le Chantepierre quand il en jouait en regardant le ciel nocturne, les nuits où il ne pouvait dormir. Il fut sur le point d'interroger Lén, mais la réaction de l'elfe aux cheveux d'or l'en dissuada. Alors, il ne demanda rien, et poursuivit son cours, remettant ses réflexions à plus tard.


"Tes yeux ne te serviront à rien pour les soins de l'esprit, il te faudra utiliser tes oreilles et surtout ton coeur. J'essaye de te le faire comprendre en utilisant la musique. Imagine alors que cet accord, c'est l'esprit de quelqu'un tel que ton coeur l'entend, justement. Tu as raison. Cet accord est vide, et même s'il est très pur, il lui faut quelque chose de plus. De la même façon, notre esprit à tous doit avoir une musique en lui. Mais la musique d'un coeur normal, même si elle est parfois étrange, est toujours belle."

Archael se tut et ferma les yeux. Il influa à nouveau la magie au long de ses doigts et vint effleurer doucement les cordes pétrifiées. L'accord se refit entendre, aussi pur et abstrait qu'auparavant, mais peu à peu, il s'y mêla un thème vivant et joyeux, libre comme un oiseau qui bat des ailes. La musique coulait des doigts et du cristal, comme une source transparente qui tinte au creux de la forêt. Elle ne lui ressemblait pas, car l'idée qu'on pouvait se faire de la musique du coeur de l'ange était plutôt celle de quelque chose de doux et mélancolique, de paisible comme le bleu du ciel. Mais le sourire affectueux qui planait sur les lèvres d'Archael indiquait qu'il pensait probablement à un ou des amis qui lui étaient chers. Doucement, il laissa s'éteindre la mélodie sur un dernier tintement harmonieux.

"Mais lorsqu'un esprit est malade, déséquilibré, ou - ce qui est bien pire! atteint par une malédiction d'un démon..." fit gravement l'ange, "son harmonie est brisée et son chant est perverti, comme cela..."

Il avança le bras pour se remettre à jouer. Le ChantePierre avait quitté la couleur pure d'un ciel du matin pour se teindre des tons gris-noir de l'orage. Il ne reflétait plus la lumière de façon limpide, mais entre les cordes de verre, semblaient danser les reflets livides des éclairs.

Mais à ce moment, Archael hésita visiblement. Ses doigts s'immobilisèrent, sans toucher les cordes de son instrument. Logiquement, après avoir illustré par une mélodie la sensation qu'émettait un esprit en paix, on s'attendait à ce qu'il donne un aperçu de celle que ressentaient ceux qui savaient entendre l'inaudible, quand ils écoutaient un coeur possédé. Mais curieusement, il paraissait y répugner profondément...
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MessageSurtout, ne pas paniquer (privé) EmptyMar 17 Oct 2006 - 19:00

Lén chassa discrètement sa fée de son vêtement. Interrogative, la boule colorée continua tout de même à lui voleter autour en émettant un roucoulement aigu et tendre. Petit elfe se contenta de la remercier mais lui pria de rester à distance. Il finit par lâcher son vêtement et en revenir au principal : son cours. Par chance, Archael n'avait rien demandé sur l'origine du son et de la lumière. Tant mieux, car sinon Lén en aurait eu pour des heures et des heures à expliquer, si bien sûr il voulait expliquer.

Petit elfe continuait de regarder la harpe avec des yeux légèrement écarquillés, intrigués, presque affolés. Et l'Ange qui en rejouait ! Lén craignait que l'Etoile ne se remette de nouveau à vibrer, à jouer, il la supplia mentalement de toutes ses forces, et, par miracle, comme si elle avait entendu les supplications de son propriétaire, elle ne réagit pas à la mélodie qui venait de se terminer. Une mélodie fort étrange que l'elfe ne sut associer à Archael, même s'il le devinait un peu.

Devait-il entrevoir l'âme des gens ainsi ? Comme une mélodie ? Et ne pas se servir de ses yeux ? Très facile, songea Lén. La vue, on avait compris que ce n'était pas ce qui lui importait le plus. Quant à la musique, c'était l'une des choses qu'il savait le mieux ressentir au fond de lui. Une question lui vint à l'esprit, mais Archael reprenait déjà la parole pour lui parler des mélodies contraires à celle qu'il venait d'entendre, les mélodies des âmes possédées.

La harpe qui changeait de couleur. Affreuse, cette nouvelle couleur. Grise de mauvais temps, de menace. Mais soudain, son intérêt presque angoissé pour elle chuta d'un coup. Il ne voyait plus l'instrument que comme tel, prêt à laisser entendre fausses notes en chaîne et accords macabres.

Alors Lén continua son écoute avec plus d'attention pour ce que son professeur voulait lui faire comprendre parla musique…

.. Eh bien ?

Plus rien ne venait. Archael s'était stoppé. Lén attendit encore un peu, hésitant. Il replia ses jambes contre lui, et entoura ses genoux de ses bras. Il tritura sa tunique, les yeux allant du Trône à la harpe.


-Archael ? finit-il par appeler timidement, un peu mal à l'aise de cet arrêt.

Y avait-il un problème ? Venant de lui, l'elfe ? Ou de l'Ange lui-même ? Ou même un souvenir, ou simplement le fait de ne pas aimer jouer cela qui le retenait ?

-Ne joue pas si cela te rend mal à l'aise…

En vérité, Lén avait dit cela sans trop savoir pourquoi. Ne connaissant pas la raison de l'arrêt d'Archael, il ne pouvait réellement prononcer une phrase telle qu'il l'avait dite… Et en même temps, il ne savait pas si cela était très utile pour la suite du cours ; si cela l'était, sans doute en résulterait-il des problèmes, des lacunes.

Lén ne savait pas trop et préféra attendre, immobile.

Son regard était de nouveau fixé sur la harpe. Noire, grise, striée d'éclairs. Mauvaise. La mélodie qui en sortirait n'en serait que plus épouvantable… Se rapporterait-elle à Archael, comme la belle mélodie de tout à l'heure ? Non, impossible, il ne pouvait avoir une âme équilibrée et possédée à la fois !

Mais qui sait, dans un tel monde rempli de magie étrange…

L'Etoile se mit à bouger. Bouger ? Comment cela ?! Elle ne bougeait jamais, d'ordinaire. Là, elle vibrait, sans émettre ni son ni lumière. Lén la sentait contre lui… C'était désagréable, tout cela !

Le cristal réagissait au cristal. Et étant donné leur – plus ou moins sûre – création divine, les deux objets avaient de bonnes raison de communiquer. Mais autant avaient-ils joué ensemble plus tôt, autant cette fois l'Etoile semblait prête à faire quelque chose contre la harpe devenue menaçante… Faire quoi ? Mais au nom des Dieux, Lén ne le savait pas !


[C'est nul... Pardon]
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